Paris, t’as de beaux Jeux tu sais!
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont clos. Je n’avais pas envisagé de les suivre en pleine période de rééducation après une opération surprise d’une hanche avec changement de prothèse. Á cet imprévu malheur est bon, comme dit le proverbe, je les ai vécus, depuis mon fauteuil de convalescent, avec une assiduité accrue.
Vous ne comprendriez sans doute pas, chers lecteurs, que je ne consacre pas un billet à cet événement qui a émerveillé la planète entière. Encore fallait-il que je trouve un angle de traitement personnel. Je me suis souvenu d’un regretté oncle*, mon cher « tonton Michel », qui rappelait souvent que, juché sur le toit de l’École Primaire Supérieure de Gisors, il avait vu passer le cycliste Armand Blanchonnet à l’occasion de l’épreuve sur route des Jeux Olympiques de 1924. Même en son absence, mon cher frère et moi évoquions quasi immuablement cette anecdote lorsque nous traversions la commune du département de l’Eure. Je me suis donc plongé avidement dans la plate-forme Gallica de la Bibliothèque Nationale de France, à la recherche d’archives concernant ces Jeux d’il y a cent ans, les seconds de l’ère moderne organisés en France, les premiers s’étaient tenus en 1900 mais avaient subi la concurrence de l’Exposition Universelle, au grand regret du baron Pierre de Coubertin.
Les Jeux Olympiques de Paris 1924 auraient presque mérité d’être baptisés Jeux Olympiques de Colombes tant ils se déroulèrent principalement, cérémonies d’ouverture et de clôture comprises, dans cette cité ouvrière du nord-ouest de la capitale. Plusieurs emplacements (site de Vaugirard, stade Pershing à Vincennes, Bagatelle, Champ-de-Mars, La Courneuve…) avaient été envisagés mais Colombes se lança dans la bataille grâce à un maire dynamique, bientôt relayé par le Racing Club de France qui proposa de construire seul un stade olympique de 60 000 places. En quelques jours, le Comité Olympique Français valida l’offre du prestigieux club Ciel et Blanc. Ce fut une véritable humiliation pour certains élus parisiens, Colombes devint ainsi le centre de la France sportive pendant près d’un demi-siècle.
J’eus l’occasion de consacrer, il y a quelques années, un billet** au Stade Yves du Manoir qui constitua le « grand stade » de mon enfance. Grâce à mon regretté père, parfois juché sur ses épaules, avec mes yeux émerveillés, j’y vis évoluer des footballeurs de légende, les magiciens hongrois Kocsis et Puskas, le gardien russe Yachine, Kopa bien sûr, Di Stefano, puis plus tard Pelé. Je me souviens en 1956, du sanglier Dudule promenant sa hure sur la cendrée du stade lors du tour d’honneur des footballeurs de Sedan après leur victoire en Coupe de France.
Je fus témoin aussi, certains me jalousent, d’un inoubliable France-Galles du Tournoi des Cinq Nations avec les frères Boniface. J’avoue avoir été ému que ce stade mythique connaisse en 2024 un nouveau statut olympique. Relooké avec son éclatant terrain bleu, il a accueilli la compétition de hockey sur gazon.
Soyez rassuré, rien de bien différent sous le soleil de l’époque, les Jeux de 1924 connurent, à leur approche, leur lot de polémiques. Le colonel Picot, fondateur de l’association des Gueules Cassées, député de la Gironde, interpella le gouvernement sur la question des étudiants expulsés de leur logement : « Les étudiants pauvres sont chassés des hôtels meublés parce qu’à l’approche des Jeux olympiques, les tenanciers de ces hôtels espèrent louer très cher leurs chambres. Le muscle est une belle chose, mais il ne faut pas qu’il opprime l’intelligence… Qu’on défende les étudiants sans quoi nous aurons de beaux biceps mais aussi des abrutis. »
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, un village olympique est construit pour accueillir les sportifs de toutes les nationalités, sur un terrain proche du stade de Colombes.
Il est composé d’une soixantaine de baraques en bois dont le manque de confort est épinglé par le journal Le Siècle le 1er juin 1924 : « Des «cagnas » dignes de la Première Guerre mondiale, posées à même le sol sans qu’aucun travail de viabilité n’ait été fait ! »
Le journal Paris-Soir, beaucoup plus indulgent, les compare à de coquets «cottages anglais» !
Dans L’Intransigeant, Gaston Bénac est encore plus élogieux : « Derrière des palissades et des fenêtres bien closes…le village olympique se dresse. C’est un vrai village, et un beau village même, installé avec tout le confort moderne, où les maisonnettes de bois contiennent lits spacieux et confortables. » Á vous de juger cher lecteur !
Ce n’était pas le temps du pass Navigo mais les transports et la circulation constituaient déjà la préoccupation majeure des organisateurs et des Parisiens. En contrepartie des efforts financiers considérables consentis pour renforcer les liaisons entre Paris et Colombes, et le réaménagement de la gare de Colombes, les chemins de fer de l’État et la société des Transports en commun de la région parisienne décident d’augmenter leurs tarifs pour les Jeux olympiques. Le billet aller-retour entre la gare Saint-Lazare et Colombes est fixé à 5 francs alors qu’il en coûtait 1,70 franc avant la première épreuve olympique, lit-on dans Le Figaro du 7 mai 1924. « Ces prix exagérés risquent de compromettre le succès des Jeux. Et puis, vraiment, cela manque d’élégance », remarque Le Gaulois.
Côté automobilistes, on redoute les embouteillages. Le préfet de police s’attelle à un vrai casse-tête pour réglementer la circulation et le stationnement. L’administration de l’octroi exigé à l’époque sur les marchandises à l’entrée de Paris promet de simplifier les formalités, rapporte Le Figaro du 25 avril 1924. Une bonne nouvelle pour les Parisiens qui, somme toute, vont faire un bon accueil aux VIIIème Olympiades.
Colombes la grise devient bientôt une grande kermesse populaire. Le long des rues qui mènent au stade, fleurissent des brasseries de fortune aux noms évocateurs : Bar des Olympiades, Select Olympic, Tabac du Sport, Jardin du Stade, Sportman Bar, L’Athlète Bar. Sandwichs et boissons y sont vendus à un prix exorbitant.
Le matin du 5 juillet, jour de la cérémonie d’ouverture, une messe est célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Avant de bénir les Jeux de 1924, l’archevêque de Paris rappelle que Saint-Paul recommandait aux Corinthiens de participer aux jeux du stade « car la force physique, quand elle accompagne l’élévation morale, est agréable à Dieu » !
L’après-midi, Le Figaro relate que ce sont 25 000 spectateurs qui se pressent au stade de Colombes pour assister à une cérémonie « merveilleuse de pittoresque ».
Le gratin aristocratique s’affiche dans les tribunes : le prince régent de Roumanie et son épouse, le prince royal de Suède, le maharajah de Kapurthala, le prince de Galles. À son entrée dans la tribune d’honneur le Président de la République Gaston Doumergue est acclamé pendant que retentit la Marseillaise. Il est accompagné du baron Pierre de Coubertin, président du Comité Olympique International, et du comte de Clary, président du Comité Olympique Français.
Le clou de la cérémonie est le défilé de plus de 3 000 athlètes représentant 45 nations (l’Allemagne est absente), venus des quatre coins du monde, s’extasie le journaliste du Figaro, « pour lutter sur la piste en cendrée qui ceinture d’un anneau rouge la vaste pelouse où se disputeront, les concours athlétiques de sauts et de lancers. »
À l’issue du défilé, Gaston Doumergue proclama l’ouverture de la VIIIème Olympiade de l’ère moderne. Le journaliste du Figaro devint lyrique : « Alors sonnent les trompettes de la garde, détonnent des bombes et s’envolent des milliers de pigeons, pendant que le drapeau olympique aux cinq anneaux enlacés monte lentement au sommet du mât olympique où flotteront, par la suite, les couleurs des athlètes vainqueurs. On exécute ensuite la Marche Héroïque de Saint-Saëns. »
Devant la tribune d’honneur, l’athlète français Géo André proclama alors le serment olympique : « Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux Olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque, pour l’honneur de nos pays et pour la gloire du sport ».
Les Jeux 1924 pouvaient commencer !
Précurseur des fan zones d’aujourd’hui, un Bal Olympique fut organisé le 11 juillet 1924 à la taverne de l’Olympia, à l’initiative de l’Union des artistes russes de Paris. Il était recommandé d’y venir en tenue de sport, le « caleçon de bain étant même autorisé ». « Tous les assistants pouvaient s’imaginer être des dieux ou pour le moins des demi-dieux. Beaucoup avaient d’ailleurs revêtu (c’est plutôt dévêtu qu’il faudrait dire) des costumes qui devaient leur donner l’allure de ces personnages allégoriques si utiles à la décoration des timbres-poste, médailles, billets de banque, diplômes et autres œuvres d’art officielles et gouvernementales. Seulement, comme c’étaient les habitants du mont Parnasse qui s’étaient ainsi travestis, il y avait beaucoup plus de fantaisie, d’originalité, d’imprévu qu’on n’est accoutumé d’en trouver chez les doctes pontifes du mont Olympe. Jupiter ne daigna point paraître, il lui eût fallu descendre chez Vulcain, puisque la fête avait lieu au sous-sol, et il n’y voulut consentir. Par contre, les muses, bacchantes et autres féminines beautés vinrent nombreuses et assez peu habillées. » (Comœdia 13 juillet 1924).
La vedette incontestée de ces Jeux fut l’athlète finlandais Paavo Nurmi, le « Finnois volant », qui remporta 5 médailles d’or qu’il faut ajouter aux 3 glanées, quatre ans plus tôt aux Jeux d’Anvers. Dans la même journée du 10 juillet, il survola l’épreuve du 1 500 mètres avant de revenir sur la cendrée 55 minutes plus tard pour s’adjuger le 5 000 mètres.
Le nageur américain Johnny Weissmuller s’inscrivit aussi dans la légende de ces Jeux, moins en remportant trois médailles d’or que par son futur rôle de Tarzan dans douze films.
Autre belle histoire, celle du tennisman américain Richard Norris Williams, médaille d’or du tournoi de double mixte avec sa compatriote Hazel Hochkiss Wightman : il avait failli être amputé des deux jambes après avoir nagé dans l’eau gelée lors du naufrage du paquebot Titanic en 1912.
Á Argenteuil, en bord de Seine, « les 1 162 spectateurs (dont 727 payants) assis dans la tribune couverte construite le long de la ligne de chemin de fer pour les plus riches, ou sur de simples pierres pour les autres, assistent au triomphe du rameur américain John Brendan Kelly dans la compétition du deux de couple ». Il s’agissait là du père de l’actrice Grace Kelly, future princesse de Monaco et maman du prince Albert II.
Statue de John B. Kelly à Philadelphie
De leur côté, les sportifs français présentaient un bilan honorable de 38 médailles dont 13 en or, permettant à la France de se placer au troisième rang du classement par nations.
Parmi les heureux vainqueurs, on retrouve le cycliste Armand Blanchonnet qui impressionna tant mon cher oncle, à l’occasion de l’épreuve sur route. La course se déroula quelques jours à peine après la victoire dans la liesse populaire de l’Italien Ottavio Bottecchia dans le Tour de France, réalisant l’exploit rarissime de porter le maillot jaune de leader de la première à la dernière étape. C’était l’époque des « forçats de la route »*** chers au journaliste Albert Londres qui avait couvert l’épreuve pour le Petit Parisien.
Á l’observation des photographies de presse, il faut reconnaître que l’engouement pour la course olympique apparaît bien moindre, du moins dans l’enceinte du stade de Colombes où étaient jugés départ et arrivée.
Elle ne fait d’ailleurs l’objet que de quelques lignes dans Le Petit Parisien :
« Certes, nos représentants ont peu brillé en athlétisme. En tennis, en natation et en bien d’autres sports qui ont fait grand fracas, nous avons été totalement éclipsés par les Américains, les Finlandais, les Britanniques, les Uruguayens même.
Par contre, nos succès sont, sinon éclatants, tout au moins remarquables, dans les sports de « deuxième zone » tels que l’escrime, la lutte, ou dans les « grands sports » tels que le cyclisme, mais dont l’olympisme n’est pas garanti bon teint.
Ce sont des victoires, cependant, et de fort belles victoires. La seule journée d’hier nous en a rapporté deux.
Au matin se disputa l’épreuve cycliste sur route : cette compétition se disputait sur un parcours de 188 kilomètres : Colombes-Argenteuil-Pontoise-Gisors-Gournay-en-Bray-La Feuillie et retour, avec départ et arrivée au stade olympique.
Le règlement imposait la course « contre la montre » au lieu de partir en groupe. Les conditions de l’épreuve étaient terribles : les coureurs partaient isolément de deux en deux minutes. Cette formule de course exige un maximum d’efforts. Seul sur la route, sans renseignement exact sur sa position, le coureur doit pousser sans cesse et faire preuve d’une grande énergie et d’un moral excellent. »
Traversant les départements de la Seine-et-Oise, l’Eure et la Seine-Inférieure, suivant l’ancienne Nationale 15 jusqu’à quelques kilomètres du domicile familial, l’itinéraire m’était évidemment familier. C’est celui exactement que, dans mon enfance, mon père empruntait au volant de sa Peugeot pour nous rendre au stade Yves du Manoir, à l’occasion des matches internationaux de l’équipe de France de football. Á l’époque, le franchissement du pont de Bezons posait déjà des soucis de circulation !
Gisors, la cité du Vexin Normand, s’est souvenue de ce jour mémorable en accueillant, au début de l’été, la flamme olympique et en organisant une rétrospective photographique sur l’épopée héroïque des valeureux coureurs, il y a juste un siècle.
Á défaut de retrouver mon oncle adolescent, j’ai apprécié l’émouvante valeur documentaire de l’exposition : état de la chaussée, coureurs bardés de chambres à air et de pneus, maillots tricotés en laine et à grosses mailles, tenue vestimentaire d’un public plein de compassion pour les champions.
« Évidemment, seul un homme endurant et d’une énergie rare pouvait espérer triompher. Or, ce fut un des nôtres, Blanchonnet, qui remporta la victoire, et ce fut notre équipe qui se classa en tête des équipes des vingt nations représentées dans la course. »
Armand Blanchonnet survola la course, accomplissant les 188 kilomètres en 6 heures 20 minutes et 48 secondes et laissant à près de dix minutes, le second, le Belge Rik Hoevenaers, futur champion du monde sur route amateurs en 1925, dont le fils Jos fut un excellent professionnel dans les années 1950-60 (il y a un petit air de famille sur la photo).
Charles Ravaud, l’envoyé spécial du quotidien L’Auto, écrivait au lendemain de son exploit : « Blanchonnet a été remarquable de bout en bout. Il faut avoir vu le jeune coureur sur la route, luttant contre un vent terrible à l’aller et prenant jusqu’à dix minutes aux meilleurs représentants de dix-huit nations qui voulaient la victoire à tout prix, pour se rendre exactement compte du magnifique effort qu’il a produit. Blanchonnet a été renversant, effarant ! Et il m’apparaît, aujourd’hui, que je l’ai vu sortir si aisément d’une lutte terrible, monotone, insipide, effroyablement dure, comme un futur grand as de demain. »
Sa médaille d’or s’accompagna d’une autre, celle du classement par nations. Outre Blanchonnet, l’équipe de France était formée de René Hamel, Georges Wambst et André Leducq (ce dernier détint plus tard et longtemps le record de victoires d’étapes sur le Tour de France avant qu’un certain Eddy Merckx ne l’en dépossède). Les quatre champions appartenaient au prestigieux Vélo Club de Levallois animé par Paul Ruinart.
Blanchonnet, surnommé le « Phénomène » pour sa classe insolente, n’effectua pas la carrière qui lui était promise. Dans un article de But&Club d’avril 1950, Georges Berretrot, le populaire speaker du Vel ‘ d’Hiv’, confiait : « Le “bel Armand” comme tout le monde l’appelait, adorait courir… surtout après les femmes. Il avait infiniment de tendresse pour le beau sexe. Ce n’est pas défendu mais, quand on doit pédaler, ce n’est pas très indiqué. Il avait une nature indolente, une démarche nonchalante, il ne s’énervait jamais. C’était un grand gabarit, fin, mais musclé. »
Les cyclistes tricolores furent également brillants sur la piste de la Cipale****, à l’orée du bois de Vincennes. Le « Gosse de Saint-Denis » Lucien Michard s’adjugea la médaille d’or de la vitesse individuelle, tandis que Jean Cugnot et Lucien Choury remportèrent l’épreuve en tandem.
Ma passion pour le cyclisme naquit de l’éclosion de Jacques Anquetil, à une vingtaine de kilomètres du domicile familial. J’avais cinq ans lorsqu’après être devenu champion de France amateurs, il remporta la médaille de bronze par équipes sur route, à l’occasion des Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952. Il devint bientôt l’idole de ma jeunesse, en raison notamment de son hégémonie incontestée dans les courses contre la montre.
Cette passion ne s’est jamais démentie et j’ai encore pu la vivre pleinement lors des récents Jeux de Paris 2024, avec d’autant plus d’acuité que la majorité des épreuves cyclistes se sont déroulées dans le département des Yvelines, à quelques coups de pédale de chez moi.
Un œil rivé sur l’écran, je voyais et entendais l’hélicoptère de la télévision qui tournoyait au-dessus de la colline de la Revanche choisie pour les épreuves de VTT.
Ma terre d’adoption s’est avérée riche en or puisque Pauline Ferrand-Prévôt en VTT et Benjamin Thomas en omnium sur la piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, ont conquis la plus prestigieuse des médailles, tandis que les trois coureurs français de la discipline du BMX ont colonisé les trois marches du podium.
« Performance » de téléspectateur, j’ai regardé la course en ligne sur route dans son intégralité, 273 kilomètres tout de même (!) dans les paysage bucoliques de la Vallée de Chevreuse et le décor majestueux des monuments parisiens avec en point d’orgue, l’escalade à trois reprises de la butte Montmartre.
Je me retrouvais en pays de connaissance, tant j’ai pédalé, il y a quelques décennies, sur ces routes mythiques de l’Ouest Parisien chères aux amoureux de la petite reine et théâtre de courses légendaires aujourd’hui disparues comme Bordeaux-Paris et le Grand Prix des Nations.
Cernay-la-Ville s’est souvenue … d’Armand Blanchonnet qui vint y couler sa retraite et repose dans le cimetière communal. La municipalité a prévu de lui rendre hommage au mois de septembre.
Le peloton a peut-être jeté un œil, au sommet de la côte de Châteaufort, vers la stèle érigée en hommage à … Jacques Anquetil, l’ « homme chronomètre », roi pour l’éternité du Grand Prix des Nations ?
La foule immense était joyeuse, colorée, et aussi, olympisme oblige peut-être, plus intelligente et disciplinée que celle sur les routes du Tour de France.
Le plus beau était à venir … rue Lepic :
« Dans le marché qui s’éveille dès le premier soleil
Sur les fruits et les fleurs, viennent danser les couleurs
Rue Lepic, voitures de quatre saisons offrent tout à foison
Tomates rouges, raisins verts, melons d’or z’et primevères
Au public, et les cris des marchands s’entremêlent en un chant
Et le murmure des commères fait comme le bruit de la mer
Rue Lepic, et ça grouille et ça vit dans cette vieille rue de Paris
Rue Lepic, il y a des cabots et des gosses à Poulbot
Aux frimousses vermeils qui se prélassent au soleil
Mais surtout, il y a une belle fille aussi belle que l’été
Elle marche en espadrilles et rit en liberté
Rue Lepic, et la rue est toute fière de son beau regard clair
Et de sa belle santé, et qui l’a enfantée
Et toujours la fille avec amour, à sa rue dit bonjour
Et la rue extasiée la regarde passer
Et la rue monte, monte toujours
Vers Montmartre, là-haut, vers ses moulins si beaux
Ses moulins tout là-haut, rue Lepic. »
« La belle fille aussi belle que l’été », c’est aujourd’hui la petite reine. Les danseuses du Moulin Rouge lèvent leurs gambettes et « French cancanent » pour lui donner du courage. Au Café des Deux Moulins, Amélie Poulain a délaissé sa crème brûlée pour la voir passer. Les marches du Sacré-Cœur servent de gradins naturels pour la voir dévaler la butte.
J’avoue qu’étreint par l’émotion, mes yeux se sont mouillés.
Sur les réseaux sociaux, certains ont mis en perspective l’extraordinaire liesse populaire de la rue Lepic avec le tableau La Rue Montorgueil que Claude Monet peignit à l’occasion de la fête du 30 juin 1878 célébrant la paix et le travail.
Quand cyclisme rime avec impressionnisme ! Un cyclisme épique (ça rime avec Lepic) à l’ancienne où les coureurs, dans leurs beaux maillots d’équipes nationales, sont débarrassés des oreillettes qui annihilent tout esprit de stratégie de leur part ! Scène cocasse, les spectateurs et clients du café cher à Amélie Poulain eurent la surprise de voir s’y engouffrer le coureur allemand Nils Politt pour satisfaire un besoin naturel.
Le champion belge Remco Evenepoel célébra son fabuleux destin, médailles d’or de la course en ligne et de l’épreuve contre la montre, en brandissant à bout de bras son vélo au pied de la Tour Eiffel.
Cependant, n’en déplaise au truculent romancier René Fallet qui affirmait que le vélo était la plus noble conquête de l’homme, ce sont des chevaux qui m’ont procuré possiblement les émotions les plus vives : le cheval argenté galopant sur la Seine lors de la grandiose cérémonie d’ouverture, et Sertorius lors de l’épreuve de dressage, aux ordres de sa cavalière Pauline Basquin, qui invita le public à l’accompagner sur une musique de Stromae. Alors on danse, avec le château de Versailles en toile de fond ? Magique !
Je parlais de Fallet, il me faudrait relire son roman Paris au mois d’août qui se situait dans le Paris populaire des sixties, celui des zincs, du tiercé, de la belote, des courses de vélo et de l’accordéon, un Paris qui n’existe plus depuis que les classes les plus modestes sont parties garnir les barres d’immeubles en banlieue, un Paris où l’on gouaillait du Audiard sans le savoir :
« Quittez pas mon raisonnement. Au point de vue politique, si l’homme peut plus en causer avec des copains, qu’est-ce qui lui reste ?
-La télé ? insinua Bitouillou ?
– Tu m’as compris ! L’opinion à domicile comme l’eau courante. Plus besoin de bouger un arpion. L’homme faut l’isoler, le mettre sous un béret. Sans quoi il attrape la réflexion. »
Le quotidien Libération s’est éclaté dans son exercice favori, les calembours de ses Unes.
Allusion au caractère impérial de la domination insolente de notre nageur, mais surtout clin d’œil à une chanson réaliste de Rezvani pour Jeanne Moreau : « T’as p’t-être pas des bras d’athlète/ T’as p’t-être pas l’torse velu … »
Il faut s’attendre à tout, qui sait si sur les réseaux sociaux, un mauvais esprit fan de Bobby Lapointe (il n’est donc pas si mauvais que ça !) n’aura pas soupçonné qu’ « il est camé Léon » !
Flash back ! Retour sur les Jeux Olympiques de 1924 qui s’achevèrent le lendemain du triomphe de Blanchonnet. Le journaliste Gustave Milet en établissait le bilan dans le journal Paris-Soir du 24 juillet : « Les Jeux Olympiques ont fait un tonnerre de tous les diables. 70 000 personnes ont fait le voyage de Colombes le jour de la finale (de football ndlr) Uruguay-Suisse. On peut estimer que la semaine athlétique a déplacé 150 000 à 200 000 spectateurs. Tout est à l’olympisme, depuis les mouchoirs de poche jusqu’aux parapluies ! J’ai même vu à un étalage un amour de petite chemise de linon rose dont le devant s’ornait des cinq anneaux olympiques !
Excellente propagande pour la cause sportive que tout ce bruit, tout cet « excitement », que ce bluff même. Il faut frapper fort, très fort, trop fort sur les clous pour les enfoncer !
Les boniments et les coups de grosse caisse de l’arracheur de dents sur la voie publique ont toujours produit leur effet sur la foule, moutonnière par tradition. Il s’agit maintenant de ne pas laisser s’éteindre cet engouement qui ne doit pas être passager. Les lampions sont décrochés, soit, il importe que vivent le souvenir et surtout l’idée. Sans cela, à quoi auraient servi les Jeux de Paris ? Que nous laisseraient-ils ?
Au passif : la preuve de notre infériorité athlétique dans les compétitions mondiales. Á l’actif : un stade somptueux, une piscine magnifique. C’est quelque chose, mais c’est insuffisant. Ce n’est pas avec un unique stade et une seule piscine que nous formerons des générations solides.
Car tout le problème est là ! Nous autres, les apôtres de l’éducation physique, nous avons accepté les Jeux Olympiques, parce que c’est un excellent instrument de propagande. C’est tout. La masse a été remuée par une vague de fond. Elle a entendu parler de sports, de champions et de records. Elle paraît bien disposée en notre faveur. Le moment est venu de lui faire comprendre que rien n’est fait, que tout est à faire, et que l’olympisme n’est peut-être pas le fin du fin en matière d’éducation physique rationnelle. Les grands problèmes restent posés. L’heure paraît favorable à leur solution. Insistons. Battons le fer quand il est chaud. Au travail !
Nous avons d’abord à lutter pour assainir la race, pour la débarrasser du vieux trio des calamités nationales : tuberculose, syphilis, alcoolisme. Il faut, hélas, ajouter aujourd’hui la coco et la morphine qui exercent leurs terribles et grandissants ravages dans quelques classes sociales ou plutôt chez quelques… déclassés.
L’hygiène publique, si on la compare à ce qui existe dans les nations voisines, n’est pas, chez nous, sortie de la période des tâtonnements et des hésitations. Les importants problèmes de l’urbanisme moderne sont soulevés seulement au moment où ils devraient être en voie de résolution. Á quand les grandes artères bien aérées dans nos grandes villes ? Á quand des jardins publics, des espaces libres, des terrains de jeux pour la marmaille ? Á quand les logements salubres pour les classes moyennes et pauvres ? Á quand la petite maisonnette avec jardinet pour tous les travailleurs de l’usine ou du bureau ? Á quand la ceinture de stadelets sur l’emplacement des anciennes fortifications de nos cités ? Á quand, en nombre suffisant, des établissements de bains et de douches, et des piscines propres et bien agencées ? … Plan vaste mais de réalisation indispensable dans une nation moderne, dans la France du vingtième siècle.
Nos jeunes générations pourront alors, et alors seulement, naître et croître dans des conditions physiques favorables.
Il faut songer aussi à leur développement. Attaquons de front le double problème de l’allègement des programmes et des horaires scolaires et de l’éducation physique de l’enfance et de l’adolescence. Songeons aussi à l’éducation sportive, utile complément de l’éducation physique et salutaire dérivatif du besoin d’activité de la jeunesse.
Dans une nation qui se targue d’être sportive, qui s’enorgueillit d’avoir organisé mieux qu’on ne l’avait jamais fait, la foire olympique, il est de toute nécessité de créer un Office National des Sports qui sera non pas comme un rouage supplémentaire, mais un organe de concentration et de simplification.
Voilà, au lendemain des Jeux Olympiques qui ont attiré vers la France les yeux de l’humanité entière, les problèmes qui se posent dans toute leur singulière étendue. »
Qu’en a t-il été un siècle plus tard ? Je partage volontiers le plaisir d’Alexandra Schwartzbrod, la journaliste de Libération, lorsqu’elle décrit la parenthèse enchantée qu’a vécu la capitale :
« Après des mois à anticiper le pire, les Parisiens et les Parisiennes se sont laissés gagner par l’ambiance des JO et ont redécouvert avec étonnement et bonheur une ville qu’ils pensaient connaître.
Pendant quinze jours on n’aura vu qu’elle, sous des trombes d’eau ou écrasée de chaleur, entre avenues périphériques désertes et centre-ville grouillant de touristes et amateurs de sport heureux. La ville de Paris a ébloui le monde entier et l’on a même croisé des Parisiens et des Parisiennes étonnés de (re)découvrir une ville qu’ils croyaient connaître mais ne voyaient plus. Ceux qui, depuis plusieurs années, n’en finissaient pas de ronchonner ou ricaner devant les travaux qui ne seraient jamais terminés à temps, les métros qui s’avéreraient impraticables, les espaces que certains privilégiés s’apprêtaient à privatiser, les embouteillages qui allaient paralyser la ville, et les grilles qui allaient transformer les habitants en animaux en cage, se sont enfuis dès la mi-juillet ou sont restés cois devant tant de fluidité, de bienveillance, de joie collective et de beauté. Oui, assumons notre béatitude, Paris n’a jamais été si beau et agréable que durant ces Jeux olympiques, accueillis en son cœur, immense première dans l’histoire des JO, terriblement risquée mais finalement réussie. Il fallait oser sortir le sport des stades pour l’implanter au cœur de la place de la Concorde (skateboard, BMX, breaking), sur l’esplanade des Invalides (tir à l’arc, arrivée du marathon), dans la Seine (triathlon), au pied de la tour Eiffel (beach-volley), sous la verrière du Grand Palais (escrime et taekwondo), sur la butte Montmartre (cyclisme). Cela a payé, participant de la magie. Il suffisait de se mêler à cette foule joyeuse, vibrante et complice, de demander son chemin à un policier ou un gendarme que cette liesse rendait bienveillant, pour comprendre à quel point le collectif, quand il n’est pas nourri de fake news et de haine, peut avoir du bon.
Á Paris, ces jours-ci, s’entremêlent sans animosité ni rancœur les milieux sociaux, les générations, les genres, les identités, les origines et cela fait un bien fou après les tensions politiques de ces derniers mois. Ce rêve absolu restera à jamais symbolisé par cette vasque lumineuse qui, chaque soir s’élève lentement au-dessus du jardin des Tuileries, provoquant une émotion difficile à décrire, comme si toute la lourdeur du monde s’évaporait d’un coup. Paris n’a jamais mieux mérité son surnom de « ville lumière », au sens propre comme au sens figuré. Et l’on a même vu des athlètes oser des demandes en mariage, illustrant cette autre image d’une capitale « ville de l’amour ». Bien sûr tout n’est pas rose, bien sûr le retour au réel risque d’être difficile. Mais peut-être avons-nous justement aimé cette ville et ces Jeux parce qu’ils incarnaient une parenthèse de légèreté et d’enthousiasme dans un monde devenu fou et cruel. Au moins savons-nous désormais qu’il ne tient qu’à nous de rouvrir cette parenthèse à tout moment. »
Une réaliste, poétique, romantique comme la cultissime déclaration d’amour de Jean Gabin à Michèle Morgan dans le film Quai des Brumes.
Cela nous a fait tellement de bien, à moi en tout cas, d’être délivré, durant cette quinzaine, du spectacle consternant que nous infligent nos gouvernants et ceux qui veulent le devenir.
Ne nous emballons cependant pas, il va sans doute bientôt falloir redescendre du mont Olympe sur la terre ferme. Ce ne furent que quelques images aériennes proposées par l’hélicoptère lors de la course cycliste sur route, mais je fus interpellé par un ballet de moissonneuses-batteuses en action dans la plaine des Yvelines, alors que les coureurs passaient en bordure de champ. Il ne s’agit pas de sur-interpréter, à tout le moins, cette indifférence pouvait être une scénarisation pour montrer qu’il existe une France qui continuait à travailler pendant que certains « jouaient ».
En bordure des Champs-Élysées, une sculpture officielle des Jeux Olympiques et Paralympiques a été inaugurée au début de l’été. Baptisée Salon, elle consiste en six chaises en bronze, représentant les six continents, disposées en cercle autour d’une femme noire tenant entre ses mains un rameau d’olivier et une flamme dorée, deux symboles de paix et de victoire.
Selon Thomas Bach, président du Comité Olympique International, cette œuvre « est une invitation au dialogue, à l’échange, à la rencontre, au partage, célébrant l’unité de l’humanité dans sa diversité. »
Je crains les prochaines diatribes « zemmouriennes » visant nos représentants aux Jeux. Nos champions ont délivré le plus beau et efficace message d’intégration, d’inclusion et d’insertion qui soit.
Le Sport a cette faculté, mettons le paquet pour qu’il prenne toute sa place dans la société. Car, à la lecture du bilan des Jeux de 1924, il semble que les choses n’ont pas si sensiblement évolué que ça dans le domaine des installations sportives et la place du sport et de l’éducation physique à l’école.
Pour l’avisé Claude Onesta, ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, aujourd’hui manager de la Performance à l’Agence Nationale du Sport, « les Jeux ne sont pas des dépenses mais un investissement, la vitrine qui donne aux plus jeunes l’envie de s’inscrire dans un club pour pratiquer leur sport préféré ».
On est certes à l’ère de la mondialisation, mais j’ai été surpris qu’un certain nombre de nos champions, notamment des volleyeurs, soient obligés de s’expatrier dans des clubs étrangers pour vivre décemment de leur passion.
Plus que des « mesurettes » populistes comme l’interdiction du smartphone ou du port de l’abaya, il faut donner au Sport toute la place dans le parcours scolaire qu’il mérite, déjà en respectant les horaires de pratique inscrits dans les programmes depuis longtemps.
Je me souviens, je n’avais malheureusement que 10 ans, une administration tatillonne m’interdisant d’entrer en sixième au collège, mes parents eurent la judicieuse idée, plutôt que me faire redoubler le CM2, de m’inscrire en première année de Certificat d’Études. Mon vénéré maître, 95 ans aujourd’hui, eut le merveilleux projet en activité d’éveil de nous faire construire, sur le terrain vague derrière l’école, un véritable petit stade d’athlétisme avec piste et sautoirs. Point de départ d’une respectueuse amitié, nous devînmes plus tard coéquipiers dans le club de handball local et partenaires de double dans les tournois de tennis.
Règlements académiques, arrêtés municipaux, voire même tracasseries écologiques, interdiraient sûrement aujourd’hui ce type d’initiative.
En conclusion, je suis reconnaissant envers tous les sportifs et sportives, toutes disciplines confondues, de m’avoir fait vibrer devant mon écran. En provenance de tous les coins du monde, ils et elles venaient défendre avec ferveur les couleurs de leur pays. Nous aurons été nombreux à découvrir que Sainte-Lucie, une des îles du Vent, entre Grenadines et Barbade, est une nation à part entière faisant partie du royaume du Commonwealth, et sa jeune athlète, la rayonnante Julien David, a transcendé la devise du baron de Coubertin en remportant, aux dépens des sprinteuses américaines, la médaille d’or du 100 mètres la distance reine de l’athlétisme, ainsi que la médaille d’argent du 200 mètres.
La préparation empirique des concurrents des Jeux Olympiques de 1924 est révolue. Nous sommes entrés dans l’ère des datas et des staffs de préparateurs physiques et mentaux et de nutritionnistes qui accompagnent chaque sportif. Chaque geste ou séquence de jeu est analysée, les compétitions sont de plus en plus serrées. Pour un centième de seconde, la délicieuse Cyrena Samba-Mayela rate la médaille d’or dans le 100 mètres haies, décrochant cependant la seule médaille de l’athlétisme français. Larmes de joie ou pleurs de déception, une médaille se gagne ou se perd pour une touche en escrime, une barre d’obstacle tombée en équitation, un dixième de point mégoté par un juge privant de podium le touchant gymnaste Samir Aïd Saïd dans l’épreuve des anneaux.
J’ai été ébloui par la vertigineuse virtuosité des compétitions de badminton et de tennis de table, nos frères Lebrun en tête. J’ai tremblé que notre surfeur Kauli Vaast, médaillé d’or, ne sorte jamais de la vague. J’ai rêvé de rencontrer la fille d’Ipanema en regardant les sculpturales beach-volleyeuses sur le sable au pied de la Tour Eiffel.
Avant l’ouverture des Jeux de 1924, Gustave Milet, le journaliste de Paris-Soir, écrivait dans une envolée lyrique : « Oui, l’art sportif sera ! Pour l’artiste d’aujourd’hui, le sujet sportif est un sujet nouveau. Il faut quitter les sentiers battus, travailler seul, faire un rude effort de compréhension.
J’irai même plus loin : il faut pratiquer pour pénétrer le secret des attitudes et des gestes, pour mettre la technique sportive au service de la technique artistique. Rude préparation. Mais tout chef-d’œuvre, quel qu’il soit, n’exige-t-il pas une fantastique somme de travail ?…
Je crois bien que notre génération n’est pas mûre pour le chef-d’œuvre sportif. Celui-ci ne sera que lorsque notre race aura en quelque sorte dans le sang une hérédité sportive, comme elle a un atavisme militaire qui nous a valu les Delacroix, les Detaille, les Scott, etc…
Et cette époque d’épanouissement de l’art sportif viendra fatalement. Les artistes finiront bien par se rendre compte de l’immensité des horizons nouveaux que leur ouvre le sport.
Au fond, athlètes et artistes ne sont-ils pas les grands-prêtres d’une même déesse : la beauté ?… Aux travailleurs du pinceau et du ciseau de se mettre à l’œuvre pour saisir et comprendre la somme de beauté incluse dans le geste sportif ! »
Le journaliste oubliait que déjà en 1906, le baron Pierre de Coubertin souhaitait voir « les lettres et les arts harmonieusement combinés avec le sport. » Cinq concours d’architecture, sculpture, peinture, littérature et musique furent institués sur des sujets en lien avec le sport. Le sculpteur Paul Landowski gagna une médaille d’or pour son Pugiliste en bronze, lors des Jeux d’Amsterdam.
Un siècle plus tard, le Sport est devenu une féconde source d’inspiration pour l’Art et la Culture en général. La grandiose cérémonie d’ouverture des Jeux 2024 a brillé par ses nombreuses références, audacieuses parfois, à l’histoire de l’art. Dans une séquence clin d’œil à son vol au Louvre en 1911, La Joconde s’est faite à nouveau la malle pour voir tous les champions et championnes descendant la Seine.
Le plasticien Laurent Perbos a installé devant l’Assemblée Nationale, durant la période des Jeux, six Vénus de Milo en forme olympique, ce n’est malheureusement pas le cas de nos parlementaires !
J’ai trop aimé Paris en ce mois d’août !
*http://encreviolette.unblog.fr/2009/05/19/mon-oncle-et-mon-oncle/
**http://encreviolette.unblog.fr/2008/05/06/le-stade-de-colombes/comment-page-1/
***http://encreviolette.unblog.fr/2018/03/16/vas-y-lormeau-les-forcats-de-la-route-a-la-comedie-francaise/
****http://encreviolette.unblog.fr/2008/10/01/la-cipale-paris-xiieme/
