Mes Contes de Perreau (3)

Pour lire les deux premiers contes :
http://encreviolette.unblog.fr/2021/04/24/mes-contes-de-perreau-recit-de-quelques-semaines-hospitalieres-1/
http://encreviolette.unblog.fr/2021/05/09/mes-contes-de-perreau-recit-de-quelques-semaines-hospitalieres-2/

Mes « contes de Perreau » (du nom du créateur du premier service d’orthopédie du Centre Hospitalier de Versailles) avaient occupé de manière réaliste les six premiers mois de l’année qui vient de s’achever. Je ne vous promettais pas de suite, signe alors que mes ennuis de santé ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Mais … ! Je préserve le suspense.
Tout au long du mois d’août, je peaufinais, au soleil d’Ariège, ma rééducation dans le cabinet de Maxime et Quentin, deux frères spécialistes de kinésithérapie sportive. J’éveillai leur curiosité et gagnai rapidement leur sympathie en commentant les belles photographies de cyclisme accrochées aux murs.

Tour de France 1927 (2)

Tandis que les forçats de la route roulent en « fumant la pipe » lors de la dernière étape Dunkerque-Paris du Tour de France 1927, j’achève mes séances, avec moins de facilité, par une étape de vélo fitness avec vue sur la chaîne des Pyrénées ariégeoises. La route pour regrimper les cols locaux du Portet d’Aspet et de la Core est encore longue.
Auparavant, outre quelques exercices classiques de musculation, Quentin, pour tester et travailler la vivacité de mes hanches, en particulier celle percluse d’arthrose qui n’a pas été opérée, échange quelques passes avec des ballons de poids variés ou programme sur une tablette un « serious game » destiné à mettre à l’épreuve et mesurer réflexe, équilibre, précision du mouvement et anticipation du danger. Ainsi, par de simples tensions et mini déplacements de vos chevilles sur des semelles reliées à des électrodes, vous devez circuler au milieu d’un banc de poissons en évitant de vous faire happer par un prédateur à la dégaine omicronienne. C’est ludique. Algorithme et biomécanique à la rescousse, la kinésithérapie entre dans une nouvelle ère 2.0.
Au cours de l’été, j’ai repris le volant et pour me faciliter la conduite, la nouvelle voiture que j’ai commandée est automatique.
Motivé par mes progrès, je repris contact à la rentrée de septembre avec le service d’orthopédie de l’hôpital de Versailles afin d’envisager la pose d’une prothèse totale de la hanche droite pour retrouver enfin une autonomie de mobilité. J’étais d’autant plus confiant que le docteur PEP, succédant au docteur DJ mon ancien chirurgien parti s’occuper de hanches et genoux helvètes, parlait d’une opération, sinon banale, du moins de caractère plus classique. Rendez-vous fut pris pour le 10 janvier 2022, le temps de digérer des agapes des fêtes. Auparavant, comme il est d’usage, je procédais en décembre à la radiographie de la hanche détériorée, à un électrocardiogramme et à la consultation avec l’anesthésiste.
Il n’y avait plus qu’à attendre et savourer foie gras de canard mi cuit, confit et dinde, en croisant les doigts pour qu’une nouvelle vague de variant omicron n’entraîne pas de déprogrammation intempestive à l’hôpital ou ne déclenche ma propre contamination. Car, macarel, la population ariégeoise, aussi sympathique qu’elle soit, possède la fâcheuse réputation de grossir les rangs des « antivax ».
Même si une sale toux et un rhume tenace me taquinèrent jusqu’à l’avant-veille de l’opération, j’étais exact au rendez-vous du 10 janvier, un an presque jour pour jour après le début de mes soucis de santé.
Après les chambres 28, 32 et 24 auxquelles j’avais été affecté lors de mes précédents séjours, je prends possession de la chambre 41. Je vous signale d’emblée que je n’imagine en aucune façon l’occupation dans le futur d’une autre chambre afin d’obtenir le numéro complémentaire et la combinaison pour quelque gain aléatoire au loto ! Il ne manquerait plus qu’elle soit gagnante, moi qui ne joue jamais.
Même si la tension est un peu plus élevée qu’à l’habitude, je ne stresse pas tant je commence à être familier avec le protocole précédant l’opération. Confidence (private joke plutôt) que je réserve à ma kiné préférée, je suis peut-être simplement ulcéré par la prestation, la veille, de Colin Dagba arrière droit du Paris-Saint-Germain ! Car à l’unité Perreau, « Ici, c’est (aussi) Paris » !

Unité Perreau 1

7 heures, Perreau s’éveille ! C’est indéfinissable, mais je sens moins d’effervescence régner dans les couloirs qu’il y a un an. Il est vrai que c’est lundi, la plupart des entrées ne sont sans doute pas encore enregistrées.
Malgré leurs masques, je reconnais quelques regards parmi le personnel soignant. Diolaine, Véronique, quelques prénoms me reviennent en mémoire, elles procèdent aux premiers soins avec toujours autant de gentillesse. Opération prévue vers 10 heures 30, c’est le moment de la douche qui se trouve juste en face de ma chambre. J’en reviens revêtu de la si peu seyante chemise de patient avec les boutons pression dans le dos, une chance elle est d’une taille suffisante pour dissimuler quelques parties charnues du corps. Charlotte sur le crâne et surchaussons complètent la tenue.
10 heures, branle-bas de combat, le brancardier arrive dans la chambre. Isabelle la kiné se précipite pour me souhaiter quelques beaux rêves, en rouge et bleu il va de soi. Je pars sans appréhension d’autant plus que les murs et plafonds des longs couloirs qui mènent au bloc opératoire, ripolinés de neuf, ne dégagent plus cette sensation de plongée dans des bas-fonds sordides.
Je suis le premier patient en salle de préparation. Souvenirs des récentes fêtes, guirlandes et boules apportent une touche de gaieté.
On me prépare pour l’opération : perfusion, piqûre dans le bloc crural et paroles apaisantes presque inutiles, je connais la chanson. De temps en temps, on me fait décliner mon identité, j’ai encore bon pied (certes arthrosé) bon œil. On s’inquiète que j’aie mis un sucre dans mon café, ça fait cinq heures de cela, on ne va tout de même pas me sucrer l’opération pour un petit parallélépipède de glucose !
Midi, c’est le départ vers le bloc opératoire accompagné par un escadron d’infirmier(e)s et d’assistant(e)s anesthésistes. La suite…je ne la découvrirai que plus tard de la bouche du chirurgien … quant aux rêves en rouge et bleu, je repasserai !
Le compte-rendu post opératoire, livré à la sortie de l’hôpital, décrit une prothèse totale de la hanche droite par « voie mini-invasive de Röttinger ». Il est d’autres voies, je joue le savant, dites de Moore, Hardinge ou Hueter, finalement j’aime bien celle choisie, ça pétille comme du champagne ou un vin blanc du Rhin !
J’ai été installé en position « décubitus latéral », à savoir tourné sur le côté.
La tige fémorale (pour la vieille tige que je suis) est de type Avenir fabriquée par Zimmer Biomet, la tête fémorale est un col moyen en chrome cobalt. Á ce propos, je vous déconseille de lire sur internet les rapports de spécialistes sur les différents matériaux utilisés qui vous plongeront éventuellement dans des crises de doute. C’est aussi flippant qu’une émission d’information sur CNews ! Sinon, j’écoutais hier Thomas Pesquet de retour de son voyage interplanétaire qui est aussi un fascinant laboratoire pour notamment de futures applications dans le domaine médical.
J’ai dû revenir vers 15 heures en salle de réveil toujours aussi peu animée. Je remonterai dans ma chambre à 17 heures, je réserve mes premiers mots pour ma compagne au téléphone.
Une aide-soignante me propose une crème dessert Force+ riche en protéines, il est vrai que je n’ai rien avalé depuis bientôt vingt-quatre heures. Les repas sont servis tôt à l’hôpital, je mange sans déplaisir l’omelette forestière prévue au menu.
On m’installe un fil à la patte pour une perfusion, ce qui complique quelque peu mes mouvements. L’infirmière me concocte un petit cocktail d’antalgiques pour prévenir d’éventuelles douleurs. Va pour le Doliprane, par contre, je renonce à la morphine qui m’avait laissé quelque désagréable souvenir hallucinatoire après la première intervention.
De toute façon, je suis sous surveillance rapprochée et il est prévu des contrôles à fréquence répétée de tension artérielle et température tout au long de la nuit. Autant dire que mon sommeil sera léger. J’ai tout le temps de numéroter mes abatis.
Mardi 11 janvier, J+1. J’ai la visite, après la toilette, du chirurgien le docteur PEP. Il apparaît très satisfait de l’opération. Cependant, il me confie que je lui ai donné sinon du fil à retordre du moins de l’os à ronger ou rogner. Devrais-je lui dire en guise de boutade que je suis né dans une ancienne station thermale qui avait pour devise : « Les eaux de Forges forgent les os » ? Il m’avoue avoir dû taper comme un sourd. Un tube de mon adolescence nous alertait : « Si j’avais un marteau je cognerais le jour je cognerais la nuit j’y mettrais tout mon cœur ». Tout de même pas ? Il me signale aussi m’avoir allongé la jambe de quelques millimètres. Il y avait une pub sur un biscuit au chocolat (finger) dans laquelle un gamin suppliait Mr Cadbury : « Vous ne pouvez pas le faire un p’tit peu plus long ? » !
Je relèverai dans le compte-rendu post-opératoire que « la préparation du cotyle s’est effectuée aux ciseaux et à la fraise motorisée jusqu’à la taille 62 et que le fémur a été préparé à l’aide de râpes jusqu’à la taille 5 ». Il y a chez le chirurgien orthopédiste un côté artisan charpentier sans qu’il y ait une connotation péjorative, c’est également un artiste dans son domaine, je suis toujours admiratif qu’on puisse trifouiller comme cela dans le corps humain.
Le docteur PEP m’informe qu’on peut envisager ma sortie de l’hôpital dès le lendemain. Cela donne le moral pour prendre le taurus par les cornes afin de commencer le protocole dit de « réhabilitation améliorée après chirurgie » (RAAC).

Thaurus 1

Cette fois, il ne s’agit pas de décevoir Isabelle la kiné qui garde des souvenirs peu glorieux de la pose de ma première jambe au sol, il y a tout juste un an. Cette fois, oui je marche, assez bien même me dit-elle, c’est une sensation jubilatoire, une résurrection bientôt peut-être ? Dans le fameux épisode biblique, Jésus aurait intimé l’ordre à Lazare : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche ! ». Isabelle, plus amène, se contente de demander à la stagiaire qui l’accompagne d’aller récupérer mes cannes anglaises dans ma chambre. La séance se poursuit avec la montée d’un escalier, sa descente un peu moins aisée puis le retour jusqu’au fauteuil de la chambre.

Perreau escalier 1

En début d’après-midi, je descends pour une radiographie de contrôle de la hanche opérée. Pour pasticher Magritte, ceci n’est pas une hanche mais le cliché d’une hanche, des deux même. Tout va bien !

dav

En visite, ma compagne assiste à ma seconde séance de rééducation. Elle est étonnée, et intérieurement heureuse, de me voir déjà aussi entreprenant, le bout du tunnel se profile. En l’absence de juge roumaine, les notes technique et artistique devraient être encourageantes ! Tout n’est pas parfait. Isabelle constate une forme de paresse dans ma posture. Le poids des ans ? Je dois être fier de moi et me redresser. Elle allonge légèrement la hauteur de mes cannes.
J+2 : prise de sang pour contrôler les plaquettes puis douche puis abandon du pyjama pour une tenue plus civile. Le docteur PEP me rend à nouveau visite et donne son feu vert, cet après-midi, c’est la quille ! Isabelle m’emmène pour une ultime séance de rééducation. Au cours de notre déambulation dans le couloir, au grand étonnement des soignants et patients que l’on croise (ainsi que la kiné stagiaire qui comprendrait mieux qu’on parle de muscles quadriceps et ischio-jambier), on s’échange les dernières nouvelles footballistiques. Il faut dire que celle-ci est cocasse. Le club de Versailles, petit Poucet de la Coupe de France, qualifié en huitièmes de finale pour la première fois de son histoire, devrait accueillir le club professionnel de Toulouse dans son stade Montbauron. Programmé à 16 heures trente, la rencontre ne peut pas se dérouler dans des conditions satisfaisantes de visibilité en cette période hivernale car, ô surprise, l’enceinte versaillaise ne dispose pas d’éclairage au nom d’un privilège du Roi Soleil : la Chambre du Roi ne doit pas être éclairée par une source lumineuse extérieure dans un rayon de 5 kilomètres. Á cause de Louis XIV donc, le lieu de la rencontre est inversé et les valeureux footballeurs versaillais devront se rendre fin janvier dans la cité des Violettes !
Les cannes ne m’en tombent pas mais presque. J’ai une rampe pour me rattraper car, ce matin, exercice supplémentaire, je descends et remonte un demi étage de vrai escalier.
De retour dans ma chambre, je constate qu’une aide-soignante a vidé les placards et préparé ma valise. Une infirmière me confie, avec moult explications, le dossier avec toutes les préconisations pour les soins et ma rééducation à domicile.
En début d’après-midi, une ambulance assure mon retour à la maison. Elle porte le joli nom d’Embruns, un petit air iodé de vacances.
Isabelle me souhaite le meilleur rétablissement possible … et beaucoup de succès pour le Paris-Saint-Germain. Il y a une pointe d’émotion de quitter l’hôpital et son personnel soignant plein d’attention, de prévenance, d’humanité, ce sont des valeurs que l’on partage tellement de moins en moins dans notre société.
Je retrouve mon environnement familial et croise quelques voisins surpris de me voir déjà de retour.
Dès le lendemain, tout un protocole de soins à domicile a été mis en place : piqûre pour anticoagulant, prise de sang plaquettaire, surveillance de la cicatrice et changement du pansement. Ma compagne me soigne à sa façon : ce midi, elle sort du four une succulente tarte tatin.

tarte Tatin

 

La légende colporte que la recette de ce populaire dessert naquit de la maladresse de deux sœurs Caroline et Stéphanie Tatin, hôtelières à Lamotte-Beuvron, qui auraient renversé les pommes. Explication souvent contestée mais j’aime bien l’idée de concocter une tarte renversée pour quelqu’un qui aspire à tenir debout.
Trois fois par semaine, le kiné vient à domicile à 7 heures 30. L’avenir, comme le modèle de ma tige fémorale, appartient à ceux qui se lèvent tôt. L’essentiel des exercices s’effectue sur le lit. D’une séance à l’autre, il y a comme une sorte de jouissance de sentir un progrès même minime dans l’usage de la jambe opérée. Travaux pratiques, à l’extérieur, je reprends mes promenades quotidiennes dans les allées de ma copropriété, chaque fois un peu plus longues, j’abandonne vite une de mes deux cannes anglaises.
Lundi 24 janvier, il y a quinze jours de cela, j’allais passer sur le billard. Comme un jeu ou un défi, je ferais presque tournoyer, telle une majorette, ma canne, ma marche tient de la danse des canards, la voix de la sagesse, du côté de l’hôpital, me conseille une certaine prudence.
Est-ce un vent d’optimisme qui me booste, je me suis attelé depuis quelques jours enfin à la lecture d’un gros pavé de 800 pages : L’or du temps de François Sureau. Quel beau titre tiré de l’épitaphe sur la tombe du surréaliste André Breton au cimetière des Batignolles !
L’écrivain descend la Seine depuis sa source sur le plateau de Langres jusqu’à Paris et les lieux qu’il rencontre évoquent des personnages du passé que nous suivons au fil des innombrables digressions par lesquelles il se laisse entrainer. C’est dense, érudit, passionnant souvent, ça foisonne, comment accumuler tant de savoir pour relater les faits marquants des vies de parfaits inconnus pour moi ? C’est un peu ennuyeux aussi parfois mais comme au bout d’un exercice physique fastidieux dont on sort plus fort, on se sent plus riche quand on referme le livre.
Ainsi le clochard de Troyes, un avocat de la capitale de l’Aube au comportement singulier : il s’était mis peu à peu à dire la vérité à ses clients « Que croyez-vous ? Votre affaire est mauvaise et c’est la vôtre. Tout de même, frauder ainsi, c’est aussi bête qu’immoral. », « Je ferai de mon mieux, mais vous allez morfler, mon bonhomme. » Il appelait ainsi aussi bien les dignitaires de l’industrie locale que les malfrats de rencontre. Á ce jeu, il perdit évidemment sa clientèle en moins de deux ans. Tout jeune encore, il quitta le barreau, sa famille et son métier, épinglant sur la porte de son cabinet : « Tu l’as voulu. Tu l’as eu. DÉMERDEZ-VOUS ! » Il s’installa à la fin des années 1950, à Paris, sur les berges de la Seine, entre le Pont-Neuf et le pont Alexandre III, le plus souvent dans une alvéole aménagée sous une pile du pont du Carrousel. On l’appelait Pierre l’ermite et jusque dans les années 1960, des avocats de Paris, stagiaires ou ténors du barreau, venaient consulter son génie juridique sur des questions délicates.
Pour vivre, il déchargeait des légumes aux Halles, arrangeait la crèche à Saint-Eustache. Sa trace s’est perdue en 1968, fut-il victime des événements de mai ?
Mon « or du temps » qui passe inexorablement, à moi, c’est mon cotyle Quattro et insert double mobilité !
Le comédien (et ami) Bruno Putzulu m’a envoyé un mail : « Fais pas de conneries si tu veux être là le 12 février ! » En effet, il vient à cette date jouer son spectacle Les Ritals à quelques centaines de mètres de chez moi. J’avais partagé avec vous mon enchantement lorsqu’il l’avait présenté dans un modeste village d’Ariège. J’y serai. N’en déplaise à certain(e)s candidat(e)s à la présidence de la République, j’aime ces souvenirs d’immigrés italiens qui venaient manger le pain des Français. Avec Bruno, je parlerai de Cavanna, de foot aussi dont il est un amoureux, de Molière peut-être dont on célèbre actuellement le 400ème anniversaire de son baptême et qui se gaussa dans son théâtre des médecins, de la médecine et de la maladie : Le Médecin volant, L’Amour médecin, Le médecin malgré lui, Monsieur de Pourceaugnac. Á travers mes « Contes de Perreau », vous aurez constaté par contre que je ne suis pas un malade imaginaire !
Mardi 25 janvier : ma marraine, non pas de Lorraine comme le chantait Jean Ferrat, mais de Normandie, célèbre ses cent ans. Je dois avouer que quelques aïeules m’ont gâté : après ma grand-mère paternelle et la sœur de ma maman, c’est la troisième qui atteint le siècle d’existence. Surréaliste, on leur refusait leur rôle de citoyenne dans la société. Ce n’est que le 21 avril 1944 que le général de Gaulle octroya par ordonnance dans le cadre du gouvernement provisoire d’Alger le droit de vote aux femmes françaises. Elles deviennent « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Elles se rendront aux urnes pour la première fois lors des élections municipales d’avril 1945.
Ne me demandez pas si je voudrais égaler la longévité de mes aïeules, dans un mois j’aurai effectué les trois-quarts du chemin. C’est beau la vie, non ? malgré Omicron et Zemmour !
Passent les jours et passent les semaines (c’est beau comme du Guillaume Apollinaire !) selon le même rite : en matinée, visite quotidienne de l’infirmière et séances de kiné trois fois par semaine, l’après-midi, une vingtaine de minutes de marche dans le parc.
Á l’intérieur, j’effectue quelques allers et retours sans canne. Ce sont quelques pas vers l’autonomie. Il y a plus de deux décennies, une petite fille rampait à quatre pattes dans le même couloir. Me revient en mémoire ce jour merveilleux où elle se dressa soudain et, ivre de liberté, partit dans une course joyeuse à travers l’appartement. Elle venait de découvrir la marche. J’espère connaître comparable embellie prochainement.
Dernier dimanche de janvier, plaisir simple mais intense, ma compagne a préparé un pot au feu à l’ancienne, comme je mangeais chez ma mémé de Picardie. Pour l’accompagner, il y a le gros sel, le pot de moutarde en grains et … le bocal de cornichons maison, cultivés dans la famille et nettoyés par ses soins. Ce soir, ce sera bouillon vermicelle, des souvenirs d’enfance qui perdurent.
L’actualité fournit à mon conte un happy end, une conclusion royale : malgré l’ubuesque édit du Roi Soleil, les footballeurs de Versailles ont réussi l’exploit en Occitanie d’éliminer les professionnels de Toulouse et se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe de France.

Une L'Equipe

Je me faisais opérer il y a trois semaines. Je reverrai le chirurgien en mars. Je ne résiste pas à vous faire partager d’ores et déjà ce bulletin de santé dans lequel transpire une profonde reconnaissance envers toute la chaîne du personnel soignant.

Mes remerciements à Isabelle qui a réalisé les photographies à l’Unité Perreau.

Publié dans : Ma Douce France |le 1 février, 2022 |2 Commentaires »

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 2 février, 2022 à 11:34 encreviolette écrit:

    Quelques encouragements familiaux:
    « Nous retrouvons avec joie ton style épistolaire et littéraire dans ce dernier bulletin de santé .Comme dans les deux premiers , tu nous fais naviguer allègrement du présent au passé ( voire au futur! ) avec des évocations de Perreau, le docteur PEP ( ça ne s’invente pas) ,Thomas Pesquet…Nous découvrons ton environnement à l’instant T ( clinique, maison, extérieur) grâce à un texte émaillé de descriptions d’une précision chirurgicale tempérées par des images humoristiques et tendrement nostalgiques.
    Nous saluons ta gourmandise et ton optimisme et te remercions pour ce bon moment de lecture. »

    Répondre

  2. le 7 février, 2022 à 16:17 Renée Bonneau écrit:

    Cher ami vous m’avez bien eue!! A l’instar des feuilletonistes du XIXème, vous avez mis en place au début de votre aventure un avertissement pas rassurant concernant la fin!!Si bien que, suivant les étapes de votre convalescence, j’attendais avec angoisse une chute dans l’escalier, une erreur de jambe du chirurgien, incidents que me suggérait mon imagination de conteuse. Ouf, vous allez bien, et comble de sadisme, présentez l’image d’une tarte tatin que j’aurais volontiers partagée pour me remettre de mes émotions.
    Bravo, et à bientôt.

    Répondre

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