Un écrivain, un stade : Olympique de Marseille par Christophe Fourvel
Cocasserie du calendrier, alors que les deux équipes viennent de se rencontrer en ce début de saison de ligue 1, j’entreprends la lecture, après le « Geoffroy-Guichard » de Lionel Bourg, de On dira qu’on a gagné, l’opus de Christophe Fourvel sur l’Olympique de Marseille dans le cadre de la collection « Un écrivain un stade » initiée par les éditions MÉDIAPOP.
L’auteur nous met rapidement en garde : « Je ne vais pas refaire cette histoire tombée dans le domaine public de l’écriture, de la nostalgie vraie ou fausse peu importe. Il doit y avoir plus vieux que moi et encore plus nostalgique de gazons mal entretenus, de ballons plus lourds, de victoires et de shorts plus larges. Je n’ai pas connu André Tassone, Emmanuel Aznar ou Jean-Jacques Marcel. Ni Gunnar Andersson, joueur au destin romanesque passé sur la Canebière. Le meilleur buteur à ce jour sous le maillot phocéen … »
En effet, et pourtant, n’en déplaise à Christophe Fourvel, la passion pour le foot du « minot » normand que j’étais dans les années 1950 germa, à l’écoute des inoubliables radiodiffusions du dimanche après-midi, sur la station Paris Inter, grâce notamment à l’exceptionnelle voix ensoleillée de Bruno Delaye qui assurait la majorité des commentaires des matches au bord de la grande bleue. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le talent de ce reporter qui possédait l’originalité de considérer notre radio transistor comme le centre de la tribune d’honneur : « à gauche de votre poste, dos au mistral qui souffle violemment, les joueurs de l’Olympique de Marseille, maillot blanc, culotte blanche, bas bleus à revers blanc ». C’était un temps où les couleurs des clubs étaient immuables, les retransmissions sur l’écran gris des téléviseurs étant quasi inexistantes, il n’était donc pas nécessaire, ô sacrilège, de modifier la teinte d’un attribut de la tenue pour satisfaire la vision du téléspectateur. J’étais présent à Colombes, en 1956, lorsque pour la réception du onze de l’URSS, nos joueurs tricolores avaient enfilé d’étonnants bas blancs cerclés de rouge. Aujourd’hui, pour des raisons de merchandising, les clubs prennent beaucoup de largesses avec les couleurs originelles, mettant ainsi en vente des « seconds » maillots ou des tenues spécifiques pour les rencontres à l’extérieur. L’O.M a cédé également à ces mœurs commerciales en imaginant des maillots orange comme le sponsor du stade voire même dorés.
Bref, le vieux passéiste que je suis se rappelle avoir vu jouer l’excellent Jean-Jacques Marcel lors de matches internationaux à Colombes ou sous le maillot cerclé bleu et blanc du Racing Club de Paris. Roger Scotti est un autre phocéen fidèle de cette époque, il me semble d’ailleurs qu’il effectua toute sa carrière sous les mêmes couleurs immaculées, que je vis évoluer également à Colombes lors du match France-Hongrie, oui l’extraordinaire Onze d’or magyar avec les légendaires Grosics, Bozsik, Kocsis, Puskas, Czibor, Hidegkuti. J’avais 9 ans, peu avant l’insurrection de Budapest.
Grâce à Bruno Delaye, je me souviens évidemment de l’avant-centre suédois Gunnar Andersson qui demeure encore à ce jour le meilleur buteur de l’histoire de l’OM riche pourtant de sacrés attaquants : Buttt ! la voix du reporter azuréen claquait comme le cuir au fond des filets.
Incomparable joueur, on le surnommait « 10 heures 10 » à cause de sa démarche particulière. Il prit trop goût à l’apéritif local à la couleur de son équipe nationale. Il mourut quasi misérablement à la quarantaine à peine atteinte.
Bien que scandinave, il avait acquis l’accent local, ce qui faisait dire au capitaine Scotti : « Ton arrière-grand-père a dû fauter avec une petite de la Belle de Mai, et il en est resté quelque chose dans la famille ! »
Bien qu’il se défende de tomber dans la nostalgie, à son corps défendant, l’auteur a exhumé des souvenirs de mon enfance, je lui en sais gré. Comme il l’écrit : « En comparaison à ce siècle où tout se sait et se voit en un clic, nous tâtonnions dans le réel avec une boussole en noir et blanc et un poste de radio hertzien … »
Ont resurgi ainsi les noms de Angel, gardien de but au patronyme pagnolesque, de Johansson, un autre « gunnar » des surfaces, de Mésas, Mercurio, et surtout la « Perle noire » l’élégant ; Larbi Ben Barek, d’origine marocaine, auteur de la plus longue carrière en équipe de France entre 1938 et 1954. L’Institut du Monde Arabe, à Paris, a consacré récemment une exposition à cet artiste du ballon rond au sujet duquel Pelé déclara : « Si je suis le roi du football, Ben Barek en est le dieu ! »
Je m’efface et laisse l’auteur raconter sa première fois au stade vélodrome : « Cette première fois, c’était le 16 septembre 1972, l’OM a battu Rennes 3 à 0. Je crois me souvenir que Josip Skoblar, en marquant un but, s’était assommé contre le montant des cages. Et puisque ce fait n’est mentionné nulle part sur la toile, je peux cultiver à ma guise la légende… »
Il en court beaucoup des légendes, hors celle fameuse de la sardine qui boucha le Vieux Port, ainsi ce 23 avril 1965 où « 434 inconditionnels se sont « massés » dans l’immense Vélodrome pour un OM-Forbach devenu un symbole de fond abyssal en matière de marketing sportif ».
« L’affluence » est parfaitement exacte, mais longtemps, vous pûtes rencontrer plusieurs dizaines de milliers de Marseillais qui, la main sur le cœur, prétendaient avec moult détails être présent au stade lors de ce match.
« Ce premier soir de ce premier match, je fus saisi par une beauté que je n’avais jamais anticipée. Ce n’était pas la grandeur de l’enceinte, l’importance de la foule qui me subjugua mais … le vert de la pelouse. Car je n’avais alors vu des matchs ou des extraits de matchs que devant une télévision en noir et blanc et une pelouse grise. Ce jour-là, le vert était vraiment … vert, d’un vert de livre, de paradis, d’exotisme inaccessible ! Un vert qui disait que l’on sortait de la vie pour entrer dans un conte ; une histoire d’oasis, de princes à cheval et de nomades à la peau cuivrée… »
Cela me renvoie à une chronique d’Antoine Blondin au lendemain de la première finale de Coupe d’Europe des champions entre Reims et Real Madrid : « Il y avait l’autre soir, de la crèche et du berceau dans ce Parc des Princes ouvert à la belle étoile, sous laquelle la première Coupe d’Europe de football affrontait les regards de quarante mille rois mages venus lui apporter la myrrhe et l’encens d’un enthousiasme neuf. » Au bras de mon papa, j’étais un divin enfant pour célébrer la naissance du football européen.
Ici, l’écrivain décrit la liturgie païenne qui accompagnait ce lieu de culte qu’il commença à fréquenter à l’âge de sept ans. Curieux de tout, fin observateur, le gamin s’intéressait, un peu à la manière de Philippe Delerm, à des instants minuscules, marginaux qui s’inscrivaient dans l’histoire d’un match.
« « L’expérience » commençait par les pissotières ; il fallait impérativement en passer par là avant le début de la rencontre … après, il serait trop tard, au moins jusqu’à la mi-temps car nous n’avions pas de places numérotées et l’on craignait toujours, si nous devions aller aux toilettes une fois installés, que celles-ci nous soient prises par des retardataires jaloux et sans scrupule. Il était inimaginable aussi de déranger la longue ribambelle des corps assis et absorbés par l’insoutenable suspense d’une action pour atteindre les escaliers de sortie. »
Il y avait le cérémonial du tableau d’affichage : « j’aimais ce moment où la magie d’un but devenait laborieusement la réalité d’un chiffre. Ce passage du fantasme au tangible, de la jouissance à l’algèbre, de la seconde enfuie à la durabilité attestée par un tableau d’affichage. Bien sûr, il fallait aussi subir le score de l’adversaire. Des types en équilibre sur leur colère tentaient, sous le panneau, de renvoyer à coups de parapluie ou de journal roulé le carré honni aux oubliettes. »
L’auteur nous restitue la magie de l’arrivée de la fée électricité dans le stade : « L’ambiance des rencontres nocturnes était toute différente. Nous plongions lentement et délicieusement dans la pénombre annonciatrice de l’arrivée des héros tandis que les imposants pylônes disposés aux quatre coins du rectangle dispensaient leurs faisceaux de plus en plus puissants. C’était sublime et progressif. Les joueurs finissaient par entrer s’échauffer puis retournaient au vestiaire pour une ultime frustration appétitive. Le speaker dévoilait la composition des équipes. Tout le monde s’époumonait à siffler le nom des arbitres, les stars et les éventuels transfuges du camp d’en face. Cela au moins ne change pas. Les gardiens de buts adverses sont toujours autant enculés et cocus qu’avant. Le premier que j’ai connu à avoir ainsi subi l’irréfutable infidélité de sa femme s’appelait Marcel Aubour…. » Connaissant la truculence du personnage, il devait en sourire, lui qui joua à la pétanque avec des artichauts lancés par des supporters bretons lors d’une finale de Coupe de France opposant Rennes et Lyon.
Suite aux événements d’Algérie, mon oncle et ma tante s’installèrent à Marseille durant quelques années. Amoureux de foot, et en particulier de son invincible Football Club de Sète, tonton Eugène me fit alors connaître l’ambiance du Vélodrome. Elle n’engendrait pas la mélancolie et certaines invectives proférées par les spectateurs n’auraient pas déparé quelque conversation entre Panisse et Escartefigue. « Les gradins se marrent et c’est vrai que c’est drôle. 50 000 stand-up pour faire baisser la pression. »
Christophe Fourvel consacre quelques (trop ?) belles pages aux supporters. Comme Lionel Bourg avec le peuple vert, il en pointe les excès relatant le souvenir désastreux d’un déplacement en Avignon avec le car des ultras, mais ne peut cacher non plus sa « tendresse pour certaines de ces vies égratignées, accrochées aux exploits possibles d’un club de football » : « La mauvaise foi est un attribut essentiel du supporter. C’est d’ailleurs grâce à elle, paraît-il, que l’on distingue le vrai supporter de l’amateur de football. La mauvaise foi est un ciré indispensable pour traverser les tempêtes inévitables, une potion qui facilite la digestion des couleuvres, la flamme minimale qui maintient en veille la passion quand celle-ci sort en lambeaux d’un match minable, d’une série interminable de défaites, d’une saison ratée. La mauvaise foi du supporter est l’ancêtre débonnaire et circonscrite de la fake news virale. Elle est la juste revanche de l’individu après sa dissolution dans le groupe. Seul Dieu, a priori, peut s’autoriser à affirmer le contraire de l’évidence. Dieu et le supporter marseillais bien souvent. D’ailleurs, il est dit quelque part que l’OM, « plus qu’une passion, est une religion ». »
L’écrivain s’autoflagelle même : « On a beau être snob, on appartient à la masse des aficionados, des ultras, des fans, des fidèles parmi les fidèles du club de ma ville de naissance que l’on aurait mille raisons de détester pour ses excès, ses tricheries passées, pour sa manière animale de se pelotonner dans le strass et le fric comme dans de la boue et pour tirer sans arrêt sur la corde qui l’éloigne de l’éthique que l’on valorise. Ne cherchons pas une cohérence à tout cela. Les gens de gauche comme moi devraient applaudir Guingamp, Reims ou Lorient… Ne jamais oublier qu’il y a tromperie sur le message. Mais je suis resté tout petit. Je n’ai pas quitté la main de mon grand-père… » Comme Lionel Bourg avec ses « Verts », comme moi !
J’adhère même si, incompréhensiblement, mon cœur bat depuis près de cinquante ans pour le « PéSGé » !
C’est la magie de la balle ronde que l’auteur cristallise autour d’un dribble sorcier de Roger Magnusson : « Tous les centres d’entraînement et leurs machines musculaires, toutes les hordes de kinésithérapeutes et de coachs mentaux ne feront jamais de l’instant à venir un temps plus béni des dieux que celui pendant lequel, ce jour de juin 1972, en plein Moyen Âge de la préparation physique, un million d’années avant le début de l’ère du travail vidéo, Magnusson tricote sur son aile ce qui deviendra un centre puis un but puis une victoire, puis un doublé coupe-championnat. »
Il y a aussi le récit inouï d’un boulet de canon de Franck Sauzée « qui traversa [sa] radio FM dans un appartement de Serre-Chevalier, à quelques secondes de la fin d’un match contre l’ennemi juré, Paris, en 1989. » De mon côté, dès que le ballon partit de la chaussure du joueur marseillais, je compris que le portier parisien Joël Bats ne pourrait s’interposer et que s’évanouissaient les derniers espoirs du P.S.G d’être champion. Cruellement somptueux !
« J’ai souvent pensé que si je passais une soirée entière avec un joueur, je serais à jamais guéri de mon assuétude, percevant en sa compagnie tout le vernis craquelant du décor et l’incommensurable distance qui demeure entre un buteur et un véritable héros. » L’occasion se présenta mais « manque de chance » l’auteur tomba sur Jean-Pierre Dogliani , l’une des plus subtiles intelligences de jeu du football français, l’un des caractères les plus trempés. Je me souviens des élogieux articles que mon beau Miroir du Football lui consacrait avec ses compères du SCO d’Angers, Jean-Marc Guillou, Deloffre et Poli. Accoudé à la main courante du terrain du Camp des Loges, je connus le bonheur de le voir participer activement au début de la grande aventure du PéSGé avec la montée en première division.
Et voilà que l’auteur évoque brièvement le mythique stade de l’Huveaune, aujourd’hui démoli, que l’Olympique de Marseille occupa de 1904 à 1937, année de la construction du vélodrome.
Adolescent, avec l’oncle Eugène, j’eus l’occasion d’assister à un entraînement dans cette enceinte : c’était tout au début des sixties et, il me semble, l’OM évoluait en seconde division. Je me demande même si ce n’est pas à cette époque que, pour de basses raisons de subvention municipale, le président du club choisit d’y jouer toute la saison de championnat. L’Autrichien Fritz Kominek, Fanfan Milazzo et Jean-Pierre Knayer apposèrent leur paraphe sur mon carnet d’autographes entre ceux de Sacha Distel et Silvia Monfort, cela mériterait une analyse de la notion de notoriété.
L’Huveaune fut le théâtre en 1921d’un match international France-Italie et servit aussi de cadre à une séquence du nanar Les Rois du Sport avec Fernandel et Raimu et quelques joueurs de l’OM. Il fallut le Coup de tête de Jean-Jacques Annaud pour que le cinéma français produise enfin un film légitime autour du football. Allez Trincamp !
L’écrivain a connu les installations pittoresques mais vétustes de l’Huveaune, probablement lorsque le Vélodrome fut délaissé pour des travaux de rénovation avant le championnat d’Europe 1984 : « J’ai assisté à un jubilé de je ne sais plus qui sous la pluie avec quatre mille autres fadas, vu jouer Saint-Dié, Cuiseaux-Louhans, Gueugnon, Montluçon, Villefranche-sur-Saône mais je n’ai jamais payé ma place pour un match de coupe d’Europe. »
« Il y a du beau et du grand à ramasser à la pelle dans n’importe quel stade alors arrêtons de nous concasser hardiment les gonades, nous les snobs, en dénonçant les vociférations arythmiques, les gueulantes glaireuses, les rodomontades alimentées par des chauvinismes hissés au rang de prétendus faits de guerre. Les « vrais » supporters sont bien ces individus debout, torses nus, époumonés. Peut-être pouvons-nous simplement exiger d’eux qu’ils reconnaissent le talent des autres, qu’ils accueillent leurs semblables du camp d’en face comme des hôtes d’honneur, qu’ils n’oublient pas que l’on peut jouer sans ballon, que celui qui rate est l’audacieux … Chérissons le beau désespoir d’une passion qui ne cesse de nous mettre hors- jeu…Oui, nous aussi, les supporters, nous aimerions exister pour une habileté et plus tard nous essaierions, mais en attendant, nous ne sommes là que pour applaudir, alors applaudissons intelligemment. »
Après la scène, le stade, et le public, les supporters, l’auteur s’intéresse aux acteurs : les joueurs. Il encense Roger Magnusson et Chris Waddle pour « la magie de leurs dribbles, les courbes enchanteresses qu’ils dessinaient tous deux en l’air avant de s’effacer sous leur générosité de passeur » ainsi que les buteurs Papin et Skoblar « qui étaient là pour la jouissance finale… Il met en perspective ces « quatre migrants venus illuminer le ciel d’une ville » et « les poignées d’extranjeros débarqués « de Palos ou de Moguer », de pistoleros aux souliers d’or et au déhanché de légende qui n’ont fait que claudiquer sur la pelouse du stade vélodrome, incapables d’atteindre la cheville de leur statue usée. Des bonimenteurs brésiliens et argentins à la pelle, des Yougoslaves aux tibias usés par des années de dribble et d’exil. » Il y avait parfois contrefaçon sur la marchandise !
Christophe Fourvel a souvent l’œil plus perspicace que beaucoup de journalistes et dans la litanie de joueurs qu’il décline, on relève une analyse concise et juste, en réhabilitant certains, ainsi Jocelyn Gourvennec, actuel coach du champion de France en titre, dont il affirme que le QI était au moins deux fois plus élevé que celui de son entraîneur de l’époque, pourtant popularisé pour sa truculence et sa roublardise.
L’écrivain consacre quelques pages à ces joueurs singuliers que sont les gardiens de but : « Un drôle de personnage. Ni figurant, ni vedette la plupart du temps. Un type qui est là pour réparer vos bourdes. Pour assumer la défaite au nom du groupe. Pour recevoir des bananes sans pouvoir quitter la zone de tir. » Son chouchou Joseph-Antoine Bell fut cible de cet agissement abject quand il revint au vélodrome sous les couleurs des Girondins de Bordeaux.
C’est en tressant des louanges au joueur uruguayen Enzo Francescoli que Christophe Fourvel achève son autoportrait au club de foot de son coeur: « Je pense souvent à ce merveilleux technicien et à son regard sombre, si sombre dans son maillot bleu azur de la Céleste. Je n’ai pas souvenir d’un joueur plus beau que Francescoli sur un terrain, même si à Marseille, il lui est souvent arrivé de rater. » Pour l’avoir vu évoluer sous les couleurs du Racing, je ne suis pas loin de partager son admiration et de le ranger parmi les plus grands artistes de la balle ronde avec son compatriote Juan Alberto Schiaffino et l’Argentin aux bas baissés Omar Sivori*. On dit que Zidane prénomma un de ses fls, Enzo, en référence à celui que le Monumental du River Plate appelait il Principe, le prince.
Invité à Montevideo à faire une conférence sur Henri Calet, « écrivain français venu se perdre en 1930 dans cette élégante et douce ville dispensatrice d’artistes-footballeurs », Christophe Fourvel fit référence en préambule au ténébreux Enzo.
Il reste sur les rives du Rio de la Plata berceau du tango et du foot des « potreros ». Dans le film El secreto de sus ojos, le magnifique homme de comptoir, Pablo Sandoval, nous l’explique du tréfonds de son alcoolémie. « Tu peux changer de vie, de femme, de ville, de nom … tu ne changeras pas de passion. » C’est ce qui perd le suspect du film, fugitif retrouvé dans les gradins d’un stade. Son stade : su pasiòn. »
… « La victoire ne change pas le papier peint de la chambre, ne rallonge pas la nuit de repos, n’efface pas les créances. La victoire a parfois le goût des bouteilles d’eau frelatée. Mais tant pis, on dira qu’on a gagné. »
Mon meilleur compliment à l’auteur ? J’aimerais assister à un classico à ses côtés, chacun vibrant pour ses couleurs.