Archive pour le 2 juillet, 2021

Ici la route du Tour de France 1951 (3)

Pour retrouver le récit des premières étapes, cliquer ci-dessous :
http://encreviolette.unblog.fr/2021/06/12/ici-la-route-du-tour-de-france-1951-1/
http://encreviolette.unblog.fr/2021/06/25/ici-la-route-du-tour-de-france-1951-2/

 

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Nous voici dans la troisième et dernière semaine du Tour de France 1951 ! Le parcours nous promet encore de belles étapes et pourtant, il semble bien que la victoire finale ne puisse plus échapper au Suisse Hugo Koblet qui survole la course. Mais bon … le campionissimo Fausto Coppi a bien perdu 33 minutes dans la fournaise de l’étape Carcassonne-Montpellier…

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Au lendemain de la journée de repos, les 75 rescapés sont conviés à découvrir le Mont Ventoux, le mythique « Géant de Provence » pour la première fois. Il faut dire que pendant longtemps, une seule route côté Bédoin, ouverte en 1882 et goudronnée en 1934 permettait d’accéder au sommet, et ce n’était pas encore l’époque des arrivées d’étape en altitude.
Ce n’est que lorsque une seconde route, côté Malaucène, fut ouverte pour accéder à la station de ski du Mont-Serein que les organisateurs eurent le projet de faire escalader le Ventoux, mais la guerre passa par là.

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Ce dimanche 22 juillet 1951, les coureurs abordent l’ascension par le versant nord côté Malaucène et redescendent côté Bédoin pour rejoindre l’arrivée en Avignon.
Voici ce qu’en retient Félix Lévitan dans son roman du Tour, L’homme en jaune :
« C’est avec un grand geste d’impuissance que Geminiani avait confié aux journalistes noirs de poussière :
– J’ai tout fait …
C’est vrai, Raphaël avait tout fait !

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Le Ventoux était resté loin de nous, avec ses champs de pierres parcourus par des fourmis humaines, grimpées vers les plans les plus élevés en longues processions et abandonnant, sitôt le Tour passé, le géant méridional à son désert de silence.
– J’ai tout fait…
Le jaune de Koblet lui était monté à la tête dès les premiers lacets de la montagne. L’autorité avec laquelle il s’était installé au commandement ne trompait personne. Le Clermontois avait choisi son terrain. C’est là qu’il entendait charger l’ « Homme en jaune ». C’est là qu’il projetait de le culbuter, de lui arracher son trophée, de se parer de sa dépouille. Mais Koblet avait croisé le fer en preux résolu. Geminiani dut renoncer au terme de dix assauts conduits avec une égale furie.
« J’ai tout fait » expliquait-il encore plus calmement après avoir quitté la ligne d’arrivée et s’être débarrassé, dans un bain chaud, de son masque de poussière. Il me semblait qu’il faiblissait : je le croyais à des riens, à sa mine tourmentée, à ses yeux battus, à l’absence de tout sourire, à son application. Mais il a toujours résisté, toujours répondu du tac au tac. « Je le reconnais loyalement : j’ai échoué ! »
Ainsi le mont Ventoux avait trahi Geminiani qui, bien avant le départ du Tour de France, lorsqu’il avait connu le tracé de la course et appris que le Ventoux était, pour la première fois, inclus dans l’itinéraire, avait rêvé d’une envolée victorieuse sur les flancs décharnés de l’épouvantail provençal.
– Un bon col, reconnut Fausto Coppi mal remis de son malaise, mais qui se grimpe … et pourtant, je m’y suis lamentablement traîné.
– Moi aussi, j’y ai souffert, ça ne va pas toujours comme je le désirerais … Et pourtant, dans cet aveu, Louison Bobet avait triomphalement coupé la ligne d’arrivée.
Une grande journée de dupes, en vérité, qui n’apportait guère de satisfaction qu’à Lucien Lazaridès, premier au faîte du Ventoux … et à Jacques Goddet, directeur de la course, inquiet à Montpellier, à la pensée que ce mont Chauve put provoquer des effondrements si nombreux qu’on n’eût pas manqué de l’accuser de cruauté.
Tandis que les aboyeurs des voitures publicitaires retenaient, dans la nuit avignonnaise, des milliers de curieux alléchés par un spectacle gratuit et une distribution généreuse de bonnets en papier et d’échantillons de chocolat, nous nous étions enfoncés, avec l’animateur du Tour, dans les vignes environnantes. Point de direction : Châteauneuf-du-Pape. Au cœur même de la cité aux crus célèbres, éloignés pour quelques heures de l’atmosphère étouffante du Tour, nous avons fait ensemble un tour d’horizon. Nous avons tiré les déductions qui s’imposaient à la suite de l’escalade du Ventoux.
– J’ai vraiment redouté, au moment de l’aborder, avançait Jacques Goddet, que le Ventoux, en raison même de sa réputation, n’ait des répercussions fâcheuses sur l’ensemble du lot. J’ai craint des abandons multiples. Je me suis aperçu, moi qui ne le connaissais pas, qu’il était difficile, sans être un obstacle insurmontable, et qu’il entrait parfaitement dans le cadre général du Tour, comme animateur des étapes méridionales.
– « Il a servi de tremplin à la course, il a marqué la farouche obstination de Geminiani, l’envol gracieux de Lucien Lazaridès, le retour en condition de Bobet, il a souligné la valeur de Barbotin, coryphée au départ, grand sujet au seuil de la dernière semaine. Que pouvons-nous demander de plus ? »
Au retour sur Avignon, nous retrouvions un panneau de direction : Mont Ventoux, 18 kilomètres.
– Ah ! non, une fois c’est assez ! … tonna Henri Boudard qui nous avait tenu compagnie.
Et cette réflexion étant la seule qui ait dominé le vrombissement du moteur, nous avons eu tout loisir, en fermant les yeux, de revivre l’élégante ascension de l’aîné des Lazaridès.
Il avait grimpé dans un style d’une rare pureté, ne bougeant pas sur sa selle, la casquette enfoncée sur les yeux, des yeux très doux, très rieurs, et la bouche qui était amère, un peu plus tôt, à chacun des coups de boutoir de Geminiani, offrait aux spectateurs l’esquisse d’un sourire satisfait…
Lucien défilait entre deux haies de badauds grisés d’enthousiasme à la vue de son maillot tricolore. Son nom s’enflait démesurément : « Lucien Lazaridès, c’est Lucien Lazaridès ! » Des hommes couraient à ses côtés, l’aspergeaient d’eau fraîche, lui tendaient de la bière, lui criaient des encouragements, et des femmes hurlaient hystériquement en s’abandonnant à un enthousiasme longtemps contenu :
– C’est un Français, c’est un Français ! …
Un vent de folie, le paroxysme de la joie !
De quoi renverser les montagnes !
Bien plus bas, dans les lacets du dessous, un petit bonhomme grimaçait dans l’effort : Apo, le second des Lazaridès. Aiglon aux ailes atrophiées et qui, par sa faute, n’a pas connu l’épanouissement d’un aîné tombé du nid après lui… »
De manière plus prosaïque, Pierre Chany relate l’étape :
« L’étape Montpellier-Avignon s’est réduite en une course de 60 kilomètres avec départ au pied du Mont Ventoux. 60 kilomètres dont 20 de grimpée qui ont suffi à compartimenter le lot des rescapés selon la valeur de chacun.
Six hommes ont dominé dans le Ventoux, les meilleurs depuis Metz : Lucien Lazaridès, Gino Bartali, Geminiani, Barbotin, Koblet et Bobet. Tous les six ont pris les premières places en Avignon devant une foule enthousiasmée par l’arrivée solitaire de Louison Bobet.
Car Bobet qui a connu une dangereuse défaillance dans les Pyrénées, a trouvé assez de ressources pour se détacher dans les derniers kilomètres avec la complicité de ses coéquipiers, et remporter une victoire de prestige.
Le champion de France avait cependant beaucoup souffert dans le Ventoux, implacable sous la chaleur. Légèrement distancé au sommet, le fidèle Barbotin (auteur d’un sensationnel retour dans les quatre derniers kilomètres de côte) l’avait ramené dans le sillage de Koblet et Bartali avant le bas de la descente. Sur les six hommes composant le groupe de tête, quatre portaient le maillot tricolore. La victoire de l’un d’eux devenait logique. »

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Le quotidien L’Équipe, coorganisateur du Tour de France, tente, vente oblige, de laisser planer une certaine incertitude pour l’intérêt de l’épreuve : « Hugo Koblet cerné par les Français » titre Jacques Goddet pour son éditorial, « Pas fini le Tour ! » clame Claude Tillet, « Pour la première fois depuis le début du Tour, on a vu Hugo Koblet lui-même perdre passagèrement pied ».
Après l’arrivée, comme en réponse, Koblet déclarait : « Si Geminiani ou Lazaridès avaient tenté de se détacher comme Bobet, je m’y serais opposé, mais Bobet n’est plus dangereux au classement général. J’ai préféré conserver mes forces pour des tâches plus importantes... »

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Le départ de la 18ème étape est donné devant le château des Papes.
Avignon-Marseille, une étape sous la chaleur dépourvue d’intérêt jusqu’à la sortie d’Aix-en-Provence où Magni et Barbotin ont lancé une échappée avec Bauvin, Sciardis, Meunier, Job Morvan, Ockers, Buchonnet, Biagioni et Hilaire Couvreur. Derrière eux, les « grands » sont restés sur l’expectative peu désireux d’entreprendre la lutte directe, ce qui explique l’avance aux environs de trois minutes prise par les échappés.
Sur l’anneau en ciment du Parc Borély, Magni, bien emmené par son compatriote Biagioni, règle Ockers aisément au sprint.

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Du soleil, du mistral extrêmement gênant, le col de Sagnes extrêmement acrobatique en fin de parcours, la 19ème étape de Marseille à Gap s’est résumée à 165 kilomètres de promenade et 40 d’une course rapide et intéressante menée par Baeyens, Diederich et Ockers.
Les Belges étaient désireux de gagner cette étape avant la grande montagne alpestre. Les Italiens, de leur côté, souhaitaient la victoire de Gino Bartali qui s’était déjà acquis 20 secondes de bonification en passant devant Geminiani et le peloton au sommet du col de Sagnes.

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Ce fut finalement le petit Baeyens qui parvint à se détacher avec la complicité de son coéquipier Ockers, à 14 kilomètres de Gap, pour terminer avec une minute et quelques poussières d’avance sur le peloton regroupé in-extremis. La seconde place revenait à l’inusable Gino vainqueur au sprint de Ockers et Robic. Un malin ce Gino, qui reprenait 50 secondes aux « grands » sans avoir fourni de gros efforts.
Les journalistes en particulier, ceux qui s’intéressent au Tour en général, ont envie de croire que la grande étape alpestre Gap-Briançon avec le franchissement des deux difficiles cols de Vars et Izoard, peut encore bouleverser le classement général et battre en brèche la suprématie d’Hugo Koblet.
Une petite histoire allait contribuer à la grande histoire du Tour de France : « Il faut bien reconnaître que le Tour de France, épreuve sportive difficile, comporte une part de représentation presque théâtrale. Ainsi, faire le Tour ne sert à rien et peut même être nuisible s’il ne sert pas aux coureurs à se faire connaître et, partant, à décrocher de fructueux contrats sur piste.
Donc, il faut se faire connaître.
Qui connaissez-vous, surtout dans ce Tour de France ? Bien sûr, Koblet, Geminiani, Lazaridès et Coppi. Et encore : Bartali, Bobet, Barbotin.
Et puis encore ? Et bien, avouez que vous connaissiez très bien Abdel Kader Zaaf. Sans doute pas à cause de sa place au classement général, dont on ne peut dire qu’elle soit brillante. Mais le coureur Nord-Africain a eu l’intelligence de comprendre que, dans ce métier inorganisé où le spectacle est payant, une bonne personnalité vaut mieux qu’une place moyenne, fût-elle honorable au classement.
Abdel Kader connut une certaine célébrité l’an dernier, dans l’étape Perpignan-Nîmes. Alors qu’il était échappé en compagnie de son coéquipier et ami Molinès et qu’il filait tout droit vers une victoire certaine, il eut la malchance d’absorber, sans en vérifier le contenu, un bidon que lui avait tendu un vigneron languedocien. Or, le bidon contenait un de ces vins de Corbières qui « pèse » facilement douze degrés. Il s’écroula au pied d’un arbre, puis se releva brusquement et prétendit repartir en direction de … Perpignan ! (c’est une version mais l’abus excessif d’amphétamines fut plus sûrement la cause de la défaillance ! ndlr).
La leçon a servi à Zaaf. Cette année, il est sobre comme un dromadaire. Il s’est établi en Belgique d’ailleurs où le vin est fort rare, on le sait.
Dans ce Tour 1951, il a prononcé quelques phrases qui suffisent à le faire entrer à jamais dans l’histoire de la « grande boucle ». Ainsi, lorsqu’il eût lancé l’attaque qui devait amener l’écroulement de Fausto Coppi, il se tourna vers Hugo Koblet et lui dit avec le plus grand calme : « Hugo, tu me laisses gagner l’étape, et moi, je te laisse gagner le Tour ! »
Il n’arrive pas souvent à Hugo de perdre son calme, mais cette fois, il en eut le souffle coupé. Le soir à l’arrivée, Zaaf avait été lâché et il était fort en colère. À peine descendu de machine, il prenait les journalistes à témoin : « Puisque c’est ainsi, à partir d’aujourd’hui, tous les jours je fais le massacre … » Et il fit comme il dit. Certes, lui-même termine chaque jour très loin. Mais il fut à l’origine de bien des attaques décisives.
Voulez-vous une bonne petite attaque bien meurtrière ? Demandez donc à Zaaf de vous préparer ça ! » … »
Voici donc comment le sympathique Zaaf éclaire sa lanterne rouge :
« Pauvre Coppi, c’est quand même vilain, ce que j’ai fait pour lui. En cassant la baraque, je ne croyais pas que les débris lui retomberaient sur le nez. »
« Je pensais à tout cela, le jour de repos de Montpellier. Je cherchais un moyen de prouver à Coppi que je ne lui en voulais pas, mais que j’en voulais seulement aux Italiens. Ils m’en voulaient aussi, eux, maintenant, presque autant que les tricolores, et, dès que je tentais de démarrer, ils venaient me dire : «. Mollo, mollo, tu es bien là, Zaaf, reste avec nous! » Et ils n’hésitaient pas à me retenir de force, par mon maillot, ou par les boyaux que l’on a toujours accrochés sur le dos. Je devais donc changer mes plans. Je compris que, si je ne pouvais pas me mettre d’accord avec une équipe, j’aurais peut-être plus de chance avec un homme. J’ai bien réfléchi et j’ai pensé que mon homme pouvait être Coppi. Il était, comme moi, parmi les malheureux qui avaient perdu tout espoir de gagner le Tour, mais, à nous deux, nous pouvions encore faire un « bon coup » et je favoriserais sa fugue, pour lui faire oublier ses malheurs!
Au départ de la grande étape des Alpes, je fis donc à Fausto Coppi la proposition suivante :
« Ils » ne vont pas vouloir attaquer avant la montagne, Vars et Izoard, tout cela leur fait peur, alors, sur le plat, moi, je pars à droite sur la route, je fais semblant de casser la baraque, ils viennent tous dans ma roue, et toi, pendant ce temps, tu pars à gauche… Je les amuse et ils ne te voient pas partir. Comme tu grimpes mieux que moi, tu peux prendre assez d’avance pour affronter les cols… Et, dans tes « cols », ils y regarderont à deux fois pour te mener la chasse. »
Coppi m’a paru un peu étonné. Il ne savait pas trop si je plaisantais… il a souri, ce qui pouvait signifier qu’il acceptait.
J’ai encore recommandé à Fausto : « Surtout, que tout cela reste entre nous, n’en parlez pas aux autres et à Binda, ils ne comprennent rien! » Quelqu’un avait cependant plus ou moins suivi notre conversation. J’avais remarqué que Buchonnet nous espionnait. Et mon plan n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car Buchonnet fut le seul à ne pas se laisser surprendre par notre attaque. Sur la route de Barcelonnette, je n’hésitai pas à passer aux actes. Je doublai Coppi dans le peloton et lui dis : « Attention, je pars… Moi à droite, toi à gauche… et rendez-vous plus loin, si possible. » Ah, évidemment, je n’étais pas au rendez-vous! Je n’ai retrouvé Coppi que le lendemain, car il est arrivé à Briançon avant moi. Il était à son hôtel depuis longtemps, lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée. Mais, que voulez-vous, j’avais franchi, avant, les cols des Alpes, que je ne connaissais pas. Et je suis content d’avoir vu ces montagnes, parce que c’est beau, mais c’est dur ! Ah, oui, pour les coureurs, c’est très dur ! Tout de même, je me sentais un peu vainqueur à Briançon, car mon plan avait réussi, il avait surpris tout le monde. Lorsque j’ai démarré, ils sont tombés sur moi et tombés dans le panneau du même coup. J’ai mis le frein, en sentant que tout le monde était dans ma roue, et, lorsque nous avons relevé le nez, Coppi n’était plus qu’un point noir à l’horizon. Il s’était envolé bien tranquillement, pendant que les autres tempêtaient après moi, et, seul, Buchonnet, qui avait entendu notre conversation, avait pris la bonne roue… celle de Coppi. Voyez, il faut avoir de la tête pour courir à vélo ! Et les « tricolores », les « Belges », et même les « Italiens », ils se sont laissés « rouler » comme des enfants par le brave Zaaf. Ils avaient tellement peur de mes folies, qu’ils ont préféré me surveiller, moi, la « lanterne rouge », et laisser s’échapper Coppi, qui est un grimpeur. Et ils viendront me dire qu’ils sont des tacticiens, ces gens-là! Bidot, Binda, Maès, vous appelez ces « gars-là » des « stratèges ». Ils sont comme les généraux, Ils savent surtout perdre les batailles. La preuve : Koblet. Il a gagné le Tour de France tout seul, et Coppi, ce n’est pas Binda qui l’a fait gagner à Briançon, mais c’est Zaaf ! Et, d’ailleurs, Binda, parait-il, en a sportivement convenu! »

Coppi et Buchonnet

Sur un démarrage impromptu du Nord-Africain dans la vallée de l’Ubaye, après Barcelonnette, Coppi s’en fut, accompagné de l’Auvergnat Roger Buchonnet, un coureur filiforme et très bon escaladeur.
Le sympathique Zaaf se donne sans doute un peu la part belle dans l’échappée du jour, d’ailleurs il rétrograda dès les premières pentes du col de Vars.

Castellania blog65

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C’est l’occasion d’admirer l’élégante chapelle du hameau du Mélézen. J’avais déjà vu, dans sa maison natale de Castellania, Fausto en action dans le même paysage lors de l’étape de légende Cuneo-Pinerolo du Giro 1949 qui empruntait les mêmes cols français. Cette étape est célèbre pour le récit que Dino Buzzati, l’auteur du Désert des Tartares, en fit*, ainsi que la phrase du radioreporter Mario Ferretti qui devint un leitmotiv lors de tous les exploits de Fausto : « Un uomo solo é al comando, la sua maglia è bianco-celeste, il suo nome è Fausto Coppi » (« Un homme seul est aux commandes, son maillot est blanc céleste, son nom est Fausto Coppi »).
Sans atteindre les mêmes accents d’épopée, l’étape fut limpide : Coppi passa en tête au sommet du col de Vars, lâcha Buchonnet dans l’interminable faux-plat rectiligne entre Arvieux et Brunissard, traversa en solitaire la Casse Déserte où une stèle lui rend hommage aujourd’hui (ainsi qu’à Louison Bobet) avant de plonger vers Briançon.
C’est en cette circonstance (et non en 1949 ou 1952 comme il est écrit parfois) que fut prise la merveilleuse photographie dont la belle revue Miroir du Cyclisme fit sa Une, dix ans plus tard, lors de la parution de son premier numéro mensuel.

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Les écarts à l’arrivée étaient édifiants : Buchonnet terminait second à 3’43’’, Hugo Koblet à 4’ 09’’, Gino Bartali à 7’ 36’’, Ockers et Lucien Lazaridès à 9’ 03’’, Geminiani à 11’ 39’’.
Cette fois, Jacques Goddet revient à plus de lucidité dans ses analyses et reconnaît la supériorité incontestable de Koblet dans son éditorial qu’il titre : « Coppi, vainqueur du jour, Koblet, vainqueur du Tour ».
« Alors que le peloton remontait la sinueuse vallée de l’Ubaye dans la paix superficielle qui cache le tumulte des cœurs au moment d’affronter la plus grande montagne, M. Zambrini –directeur de la Bianchi donc patron de Coppi- qui se trouvait dans ma voiture, me confia : « Fausto, bien qu’il ne soit pas fétichiste, a été très impressionné par une lettre qu’il a reçue d’une jeune fille, s’exprimant en un style charmant et avec une très grande élévation de pensée. Elle lui disait sa confiance en lui et, afin de lui rendre la foi, elle le pressait de prendre l’offensive dans cette étape, de passer seul en tête à l’Izoard. Et alors des nuages arrêteraient la marche des poursuivants.
Miracle ! Ces prédictions intuitives se sont réalisées à la lettre … à ce léger détail près que, toute la journée un ciel immaculé a tendu sa limpide tulle de fond derrière les cimes cisaillées du massif du Pelvoux et de toutes les Alpes environnantes. Et que, à la suite de Fausto retrouvé, splendide éclaireur du Tour de Barcelonnette à Briançon, tout le monde put continuer le course sans avoir eu à redouter l’intervention d’un moindre nuage, un certain Hugo Koblet en particulier, ce qui était justice.

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Coppi1951-07-27+-+Miroir+Sprint+-+101951-07-27+-+But+Club+-+307+-+09ABartali dans Izoard

Retenons de cette anecdote que le coureur du Tour se trouve généralement en déficience du point de vue psychique et qu’il réagit favorablement à toute sollicitation suggestive. La petite lettre sentimentale remarquée par des milliers d’encouragements un peu frustres a fait germer son intention. Tout s’en est suivi ! Le démarrage, 60 kilomètres après le départ, cette expédition qui ressemblait plus à la précaution prise par un second plan avant l’attaque des cols qu’à une échappée royale, le retour progressif de la confiance chez cet être sensitif si durement choqué depuis un an et demi et, avec au retour du moral du champion, le retour miraculeux des forces, la reconstitution de la classe.
Oui, après une poursuite à sensation entre Koblet volant vers son triomphe définitif dans le Tour, et Coppi, la victoire d’étape de Fausto ne puisse influencer d’aucune manière l’épreuve qui s’achève, cela va de soi. Mais elle représente un événement capital pour le sport cycliste : elle rétablit l’incomparable champion dans sa personnalité vraie, elle lui redonne le goût de son art, elle dirige son avenir vers ce qui est, nous pouvons l’affirmer, son objectif principal : le Tour 1952.
Je sais que le service de ventes de ce journal ne sera pas content si je vous le dis tout cru. Mais il est impossible de vous dissimuler que Hugo Koblet, sujet suisse, habitant Zurich et montant les cycles français La Perle-Hutchinson, a pratiquement gagné le Tour de France, son premier, grâce à une étape au cours de laquelle, exceptée la fugue inspirée de Coppi, il a tout décidé, tout conduit, tout réussi … »
Le loyal Hugo félicita Fausto, d’ailleurs, magnanime, il ne s’était pas opposé au baroud d’honneur du campionissimo et se réjouit de sa propre crevaison dans la descente vers Briançon qui lui a évité le cas de conscience de revenir sur lui, « la plus belle crevaison de ma carrière ».

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La 21ème étape mène les 71 coureurs de Briançon à Aix-les-Bains en passant par le col du Lautaret au sommet duquel est disputée la prime du souvenir Henri Desgrange, et surtout en fin de parcours, la trilogie du massif de la Chartreuse, les cols de Porte, Cucheron et Granier.

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« Le Lautaret allongeait ses méandres entre des pics majestueux recouverts de neige. L’air était si frais qu’on frissonnait dans le peloton. « Il ne manquait plus que ça » grimaça Louison Bobet dont la pâleur avait alerté les journalistes au départ de Briançon. « Que se passe-t-il Louison ? » Et Louison avait exposé ses nouveaux malheurs : une intoxication alimentaire probablement due à un poisson, une nuit blanche consacrée aux soins, et le matin, après s’être enfin assoupi un peu, veillé par l’excellent Le Bert qui ne l’avait pas quitté, le réveil douloureux des lendemains d’indigestion : la bouche pâteuse, pas de forces, mal au ventre ! « C’est affreux, croyez-moi, quand on vous dit de vous lever, dans ces conditions, alors qu’on eût aimé rester allongé entre les draps, avec une bonne boisson chaude. » Mais Jean Bidot ne l’entendit pas de cette oreille. Il se fût rendu odieux à Bobet plutôt que de renoncer à l’embarquer dans cette galère. Et le champion de France se rendit aux raisons de son mentor. Et le froid de la montagne n’était pas fait pour durcir sa volonté…

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En bonne position en tête de la troupe bariolée, Jean Robic scrutait l’horizon : c’était elle ; Madame Robic, venue la veille l’encourager, accompagnée de Mme Brulé et d’André Brulé, grand ami de « Biquet ». Au passage, Mme Robic eut le cri d’une admiratrice parmi tant d’autres : « Vas-y Jeannot !… » et André Leducq pronostiqua : « Ce sera aujourd’hui l’étape de Biquet ! »
Ce fut aussi celle de Bernard Gauthier, l’enfant de la région, et de Bernardo Ruiz, un hidalgo égaré sur les routes de France à cheval sur une bicyclette, alors qu’avec son teint pain d’épice, ses petits favoris noirs, et ses yeux étincelants, on l’eût plus volontiers imaginé enfourchant une rosse, la pique à la main, dans une arène ruisselante de soleil.
Sans Ruiz qu’il a maudit, Robic eût apporté à sa femme le bouquet de la victoire. « Je suis peut-être parti trop tard, reconnut-il la ligne d’arrivée franchie, mais ce n’est pas si facile d’échapper à la surveillance de Koblet, Bartali et Geminiani. Si encore j’avais pu les gêner au classement général, mais au point où j’en suis ? »
C’était assez émouvant d’entendre Robic s’exprimer sans passion. Il devenait un tout autre homme. « On nous l’a changé » admit Gaston Bénac qui s’était enthousiasmé à son retour fulgurant du col du Granier.
Dans Aix-les-Bains, on allait croiser sans arrêt des voitures immatriculées en Suisse dont les occupants n’avaient qu’un nom à la bouche : Koblet. À son apparition, ce fut du délire : Ko-blet … Ko-blet … Et « l’Homme en jaune » qui avait pris soin, comme tous les jours, de s’essuyer le visage et de se recoiffer avant la fin de l’étape, distribua à la ronde de grands signes de tête, des gestes de la main, des sourires de jeune premier.
« À Genève, ce sera de la folie », prédit Alex Burtin son directeur sportif. »
La veille, le quotidien régional, le Courrier de Genève, annonçait dans ses colonnes : « Le service de la CGTE sera renforcé et la police a pris des dispositions pour régler la circulation ». Qu’arrive-t-il donc à la bonne vieille Compagnie Genevoise des Tramways Électriques ?
« Genève connut un raz-de-marée. On se piétina dans le stade, on se bouscula dans les rues, on s’empila dans les hôtels. De mémoire de Genevois, on n’avait été témoin de pareille cohue dans la cité. C’était tour de même autre chose avec la Société des Nations. On ne se fut pas permis d’interpeller Aristide Briand ou Stresemann … Leur présence inspirait du respect, de la déférence, de l’ordre, tandis que que le Tour …
Dès la frontière, on avait senti le « climat ». C’était chaud. Les acteurs qui pénètrent sur la scène au lever du rideau s’y trompent rarement : ils « sentent » leur public. À leur retour en coulisse, le mot d’ordre est donné : « Attention, dur à dégeler », ou : « Ça va gazer »…
Vendredi, à deux jours de l’arrivée du Tour à Paris, c’était déjà l’apothéose. Une « dernière » avec tout ce qu’elle comporte de faste, d’invités, d’honneur, d’élégance de jeu et de fantaisie dans l’action. Une seule grande vedette qui tient la scène, du début à la fin, une vedette dont les tirades laissent le spectateur sous le charme : Hugo Koblet. Soixante musiciens, mais un Toscanini : Hugo Koblet. Pas d’habits noirs, un maillot jaune ; pas de baguette magique, une bicyclette ; un décor naturel la Savoie ; pas de religion du silence, mais celle de l’enthousiasme ; et des cuivres, des tambours, des cymbales, une explosion wagnérienne !
Que ceux qui n’ont pas connu l’entrée de Koblet à Genève ne nous jettent pas la pierre. De la « folie », c’était le mot de Burtin. Mais la folie n’a pas en elle, cette intense ferveur de la masse, elle n’a pas davantage cet amour dépouillé du prochain : de la frénésie, pas d’admiration. Genève, c’était mieux que de la folie : c’était par les cris, les sourires, la liesse populaire, l’expression de la reconnaissance …
Koblet n’avait rien négligé pour satisfaire son prochain suisse. Bondissant à la poursuite de Gino Bartali dès la sortie d’Aix-les-Bains, il l’avait rejoint, terrassé après un corps-à-corps farouche ; puis il avait absorbé Bernardo Ruiz sidéré de se voir tendre un bidon d’eau fraîche par ce météore disparu dans la poussière avant qu’il ne l’ait remercié, et aux portes de Genève, c’était au tour de Geminiani d’être atteint, devancé, dominé.

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Quand il eut franchi la ligne d’arrivée, le stade, qui n’était qu’un immense murmure, se tut dans l’attente du miracle : le temps, quel était le temps de Koblet ?
« Deux heures, trente-neuf minutes, quarante-cinq secondes … »
Les secondes se perdirent dans les applaudissements. Trente-neuf minutes … Decock tenait la tête, jusque-là, avec quarante-quatre minutes …

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« Ko-blet, Ko-blet, Ko-blet … »
Il était perdu au sein d’une nuée de journalistes, de photographes, de personnalités, et il collait des baisers sonores sur les joues d’une miss hypocritement rougissante.
« C’est la fin du Tour ? » s’enquit candidement le chansonnier Jacques Grello. C’était tout comme.
Geminiani, totalement « cuit » -ce fut son terme- en était pénétré, de son côté : « Maintenant, nous n’avons plus qu’à rentrer à la maison : ce n’est plus un coureur cycliste, c’est un monstre ! »
Geminiani avait perdu la bagatelle de douze minutes en cent kilomètres. « De quoi vous dégoûter à jamais de la profession ! »… »
Deux tricolores Apo Lazaridès et Raoul Rémy, arrivés hors des délais de 15%, étaient éliminés. Les commissaires restèrent inflexibles. Hugo parut peiné : « C’est bien dommage, ils étaient très gentils tous les deux. Mais alors, c’est peut-être de ma faute, j’ai dû rouler trop vite … » !

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Jacques Goddet titra son éditorial : « L’embrasement » :
« On attendait un peu un récital. On pensait bien que le chevaleresque Koblet tiendrait à porter à ses compatriotes un maillot de soleil ; à verser dans les eaux du grand lac tranquille l’inépuisable torrent de ses forces. On ne croyait pas que sa supériorité éclaterait aussi complètement et qu’il ferait de sa victoire, déjà fortement établie, un triomphe aussi éclatant.
Il a, entre Aix-les-Bains et Genève, organisé une zone de séparation entre lui et tous les autres coursiers du Tour 1951. Jusqu’ici, il régnait, maintenant son étonnante performance l’a placé dans un monde à part. Des exploits pareils n’ont pas d’histoire.
Il partit vite, continua vite, termina encore plus vite. Il fut le premier du début à la fin ; il augmenta son avance avec une constance impitoyable. À deux jours de la fin, sans égard, mais avec naturel, il corrigeait le classement général à son idée… »

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23ème étape, par un très beau temps et un ciel bleu, les 66 coureurs rescapés quittent Genève et la Suisse pour se rendre, de l’autre côté de la frontière, au départ réel de Ferney-Voltaire, en l’absence du seigneur du lieu .. ; et pour cause !

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Peu après, Gino Bartali franchit en tête le col de la Faucille, dernière ascension répertoriée. Pour un point, Geminiani assure son succès final au Grand Prix de la Montagne Saint-Raphaël-Quinquina … priez pour lui !
La course s’effectue à un train de sénateur et le peloton groupé comptera jusqu’à 40 minutes de retard sur l’horaire. Les vedettes autorisent juste, à partir du 91ème km, une échappée de 10 hommes bientôt réduite à 9 de par le fait que l’Espagnol Langarica doive s’arrêter pour attendre son leader Bernardo Ruiz. La composition du groupe : Teisseire (France), Walkowiak (Ouest – Sud-Ouest), Mirando, Deledda et Brambilla (3 coureurs de l’Est – Sud-Est), les Belges Rosseel et Derijcke ainsi que Mayen et Zaaf, tous 2 de l’équipe d’Afrique du Nord et classés respectivement avant-dernier et dernier du classement général.

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La victoire se dispute entre ces 9 coureurs sur la piste en cendrée de Dijon. Le Belge Germain Derijcke l’emporte facilement et reçoit sur la ligne d’arrivée les félicitation du chanoine Kir, député-maire de la ville, qui donna son nom à un célèbre cocktail. Ce jeune Flamand accrochera, par la suite, à son palmarès, les quatre plus belles classiques de printemps, Paris-Roubaix 1953, Milan-San Remo 1955, Liège-Bastogne-Liège 1957 et Tour des Flandres 1958.

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Dimanche 29 juillet 1951, c’est la dernière étape, longue de 322 kilomètres, qui mène les 66 rescapés de Dijon à Paris. Même si Jean Robic avait conquis le maillot jaune dans l’ultime étape du Tour 1947, comme souvent, le peloton adopte un train paisible et 85 kilomètres seulement sont parcourus lors des trois premières heures.

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Je l’ai tant feuilleté qu’il a beaucoup souffert !

C’est le moment choisi par les photographes pour réunir sur leurs clichés les principaux protagonistes du Tour de France autour du maillot jaune.
Les premières attaques fusent vers le ravitaillement de Nangis (km 244) ; Au 294ème kilomètre, Fiorenzo Magni s’enfuit et le tricolore Adolphe Deledda saute dans sa roue. Second la veille, Deledda choisit de fournir le minimum d’efforts en refusant les relais. Tactique payante puisqu’il l’emporte facilement au sprint sur la piste du Parc des Princes comble pour acclamer Hugo Koblet qui a survolé l’épreuve.

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Challenge par équipes

« Princes de la route bronzés par l’aventure, que saluent, admiratifs, tous ceux qui, depuis la « Chanson de Roland » et les romans de la « Table Ronde », aiment les épopées chevaleresques et les exploits surhumains.
Et quel charmant prince que le vainqueur de cette année ! Blond comme son maillot, beau comme Jason ramenant la Toison d’Or, courtois comme Renaud saluant Armide (héros d’une tragédie en alexandrins de Jean Cocteau, ndlr),, ayant rejeté son armure, ce bagage de pneumatiques qui ligotaient ses épaules, et le torse ceint désormais d’une simple écharpe de soie frissonnante et légère. »
Gaston Bénac met l’accent sur l’esprit offensif du champion suisse qui a défendu son maillot en attaquant et en s’envolant.
« Le trait essentiel du Tour qui vient de se terminer aura été la victoire écrasante d’un homme isolé, ou presque, faisant à peu près ce qu’il voulait, répondant à toutes les attaques, s’employant lorsque tel était son vouloir. Le mot « dominateur » n’est pas trop fort pour exprimer le sentiment qu’on éprouvait en voyant ce grand garçon jongler littéralement avec ses adversaires, leur imposer sa loi.
Je crois bien n’avoir jamais vu s’étaler, tout au long des précédents Tours de France (tout au moins dès que la véritable action fut engagée) une telle supériorité, et, cela sur tous les terrains. Hugo Koblet aura donc prouvé que le Tour de France peut être gagné sans le concours d’une équipe, par le seul épanouissement de qualités individuelles exceptionnelles. Il devait être encerclé, harcelé, taillé en pièces par l’esprit d’équipe des tricolores. Or, c’est lui qui lâcha ses attaques et qui, sans changer le rythme de son action, s’envola quand il voulut. Il s’évada lorsque les circonstances l’imposèrent, comme le fait l’écureuil, chassé par une meute, sautant de branche en branche et disparaissant dans les sommets.
Et, aujourd’hui, alors que le bruit des acclamations s’est apaisé, la question suivante se pose : qu’eût-il fallu pour battre Hugo Koblet dans le Tour de France qui vient de se terminer ?
Tout d’abord un Fausto Coppi aussi fort qu’il y a deux ans. Car, le Coppi, atteint moralement au départ, malade par la suite, que nous vîmes cette année, n’était plus le grand Coppi. Ensuite, un Bobet aussi fort qu’il l’était au départ du Tour, sans son indisposition. Également, un Geminiani plus sage, dispensant moins ses efforts, un Lucien Lazaridès plus chanceux dans les Alpes, enfin un Bartali plus jeune et un Kubler venant au Tour en aussi grande forme que l’an dernier.
Mais ils n’étaient pas là, ou, plutôt, à l’heure H lorsqu’il s’agissait de conclure par quelques coups de pédale victorieux. Pour aucun des Grands, l’attentisme du premier tiers de la course n’a payé.
Si Koblet laisse ses rivaux loin derrière lui, il faut reconnaître que notre bouillant Geminiani a l’âme d’un futur vainqueur. Il gravit, un à un, les échelons et peut-être 1952 sera pour lui l’année faste. Car on n’a pas toujours, pour vous barrer la route, un sujet exceptionnel, un véritable phénomène du cyclisme, devant soi.
Lucien Lazaridès a fait un magnifique apprentissage du métier de « presque » leader. Barbotin sera un des favoris du prochain Tour, et le petit Bauvin a marqué sa place, une place de choix, dans la future équipe de France qui devra être sérieusement rajeunie… »

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René de Latour, pour brosser le portrait du vainqueur du Tour, choisit l’angle du « champion gentleman » :
« Tout d’abord, lorsqu’on le voit, on songe immédiatement à un jeune lord anglais, frais émoulu d’Eton. Avec le haut de forme classique et la jaquette traditionnelle, la gentry britannique le reconnaîtrait à coup sûr pour un des siens.
Et comme par ailleurs, il parle un anglais presque impeccable … Mais il est suisse et en est fier, comme il est fier de sa belle ville de Zurich propre comme un sou neuf et pimpante comme une jeune mariée.
Quel magnifique hasard a fait de ce garçon, assurément né pour pédaler, un coureur cycliste à la classe folle et à l’élégance indiscutable…
… Une élégance innée l’enveloppe des pieds à la tête. Le maillot jaune le moule comme s’il avait été fait à sa stricte mesure. Il tient à cette netteté de ligne au point de perdre en pleine échappée (nous l’avons vu sur la route d’Agen) de précieuses secondes à tirer tous les cinq cents mètres sur son cuissard de soie qui faisait un pli peu seyant et qui eût sans doute été visible sur les gros plans dont les photographes le mitraillaient pendant sa fugue.
Yeux fermés, on peut le suivre à la trace sur la route tant il sent bon l’eau de Cologne de qualité. Et s’il devait se débarrasser de quoi que ce soit pour s’alléger avant un sprint ou pour grimper un col, ce serait n’importe quoi mais surtout pas son peigne, ni la petite éponge de caoutchouc qui lui sert à se faire une beauté entre la ligne d’arrivée et le moment où les photographes s’emparent de lui.
Pourtant il n’est pas cabot, ni pédant, ni prétentieux… Il est seulement charmant, discret, bien élevé. Et s’il tient à soigner son aspect, c’est parce qu’il pense bien servir le cyclisme en donnant à la foule l’image d’un garçon correct et jamais dépenaillé. Il sourit volontiers aux femmes et son autographe qu’il ne refuse jamais, s’accompagne bien souvent d’un bref compliment.
Lorsqu’il pédale, les compétences essaient en vain de trouver dans son style la faille, le minuscule défaut qui permettrait de dire : « Il est comme ceci ou comme cela, oui mais… » Pour Koblet, il n’y a pas de mais.
Lorsqu’il roule au train au sein d’un peloton, il est toujours placé là où il faut pour parer à l’attaque de l’adversaire. Son harmonie attire l’œil. Il est là comme un échantillon presque unique de la perfection du style.
Monte-t-il une côte qui fait se courber les dos et tirer les langues ? Il suit sans un déhanchement, le buste droit, les avant-bras reposés et non crispés pour une traction venant au secours des reins trop faibles. On jurerait qu’il accompagne ses pédales plutôt qu’il ne les pousse.
Enfin, dans l’effort solitaire du « contre la montre », le suiveur ne se lasse pas du spectacle qu’il offre tandis qu’il fonce, ne quittant la route du regard, droit devant lui, que pour jeter un bref coup d’œil sur son chrono au passage des bornes kilométriques. Inutile de lui dire à combien il roule : il le sait.
Chez lui, dans son pays où le cyclisme est roi, il a déjà presque fait passer au second plan la popularité de Ferdi Kubler, l’homme qui se déchaîne le plus à vélo. Lorsqu’on lui parle de ce dernier, il n’a jamais un mot pour le diminuer : « C’est un beau champion. J’aimerais avoir autant d’énergie dans mon corps tout entier qu’il en a dans son petit doigt ».
Mais à quoi servirait l’énergie à Hugo Koblet, sinon à le rendre laid. Et comme il ne veut pédaler qu’en beauté !... »
Au lendemain du Tour de France 1951, Hugo se rendit aux usines « La Perle » à Saint-Maur-des-Fossés -les cycles qui l’équipent-, en rendant hommage à ceux qui ont participé dans l’ombre mais de manière efficace à sa grande victoire. Il y vint en compagnie du patron des Cycles, Maurice Guyot, depuis longtemps conquis par la gentillesse, la correction, la classe de l’homme, de son champion qui, dans les moindres détails, sait servir sa marque. Ainsi, interviewé après un Critérium des As, ne l’entendit-on pas affirmer : « Je dois aussi remercier ma belle bicyclette La Perle.

Publicité La Perle

Koblet se conduit en véritable ambassadeur de sa marque. Durant les tournées d’après Tour de France, il repérait dans les villes et villages les panneaux publicitaires « La Perle » et entrait dans le magasin de cycles, serrait la main du marchand de vélos, signait les photos qu’on lui réclamait et repartait heureux. Heureux d’avoir si bien servi sa marque. Un comportement à l’opposé de celui du « miraculé Wim Van Est et sa Pontiac, la marque de sa montre.
En cette saison 1951, Koblet gagna encore magistralement le Critérium des As et le Grand Prix des Nations, 140 kilomètres contre la montre, laissant Fausto Coppi à 1 minute et 42 secondes. Il fut aussi un remarquable pistard vainqueur de nombreux 6 Jours et américaines avec son compatriote Armin Von Büren.

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J’ai vu, de mes yeux vu, courir le bel Hugo. Deux fois ! C’était en 1954 ! D’abord, le dimanche 11 juillet, à l’occasion d’une demi-étape du Tour de France disputée contre la montre par équipes sur deux tours du circuit de Rouen-les-Essarts, en lever de rideau du Grand Prix automobile remporté par Maurice Trintignant, l’oncle de Jean-Louis. Avec ses coéquipiers de l’équipe de Suisse, tous vêtus de l’éclatant maillot rouge à croix blanche (qu’ils étaient beaux les maillots de cette époque !), ils remportèrent l’étape et accomplirent un tour d’honneur du circuit dans une 203 blanche Peugeot.

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L’autre fois, c’était en septembre autour de l’hippodrome de Longchamp, au bras de mon père « venu, gai et content, voir et complimenter tous les As du vélo … parmi lesquels apparaissait mon idole Jacques Anquetil.
Haut comme trois pommes normandes, j’étais ébloui par Hugo par tout ce que je lisais sur lui, sans parfois bien comprendre, et que j’ai essayé de restituer ici dans mon âge de maturité. Conquis par la pureté de leur style, je n’en avais que pour les deux coureurs des cycles La Perle. Quel beau nom pour une bicyclette !
Jean Bobet, le frère de Louison, écrivit dans Les Cahiers de L’Équipe en 1961 : « Et puis Koblet vint… Alors, tout ce que le cyclisme comptait de plus solide, de plus efficace, de plus stylé dans les années 1950-51, apparut fragile, petit et gauche.
Il était si beau le bel Hugo. Il avait tout pour lui : l’élégance du prénom, l’élégance du geste, l’élégance de la parole. On a tout dit du pédaleur de charme, de ce coureur qui se souciait de son coup de peigne dans les difficultés et qui régnait sur les basses-cours des pelotons en gardant les mains aux cocottes. On a moins parlé de l’homme, sinon pour dire qu’il faisait tourner la tête aux femmes.
Et pourtant quel homme était Hugo Koblet ! Grand seigneur, il était le champion du fair-play
Hugo croula sous les dithyrambes, n’en jetez plus ! Trop peut-être ?
En 1956, Yvan Audouard, homme de lettres et conteur au délicieux accent provençal, écrivit un article satirique sur les journalistes du Tour de France, intitulé Le Tour change le goût du café :
« Pendant le Tour de France, le café-crème se boit salé. C’est René Buffet qui l’a écrit naguère :
« Margot ne va plus pleurer au mélodrame, mais sanglote chaque matin dans son café-crème en lisant la prose de Monsieur Goddet. »
Quelques favorisés le suivent, certains le regardent passer, mais la majorité se contente de le lire. Le Tour de France est avant tout un exercice de style et c’est à ce titre qu’il m’enchante.
Depuis que Monsieur Goddet a écrit : « Le peloton roule comme une larme au pli amer de l’estuaire de la Loire », on ne peut plus douter que le Tour de France ne prenne sa pleine signification qu’une fois imprimé. Rien ne ressemble autant à un kilomètre qu’un autre kilomètre quand il n’a pas son contenant de poésie et de café du commerce.
Deux écoles s’affrontent tout au long de son parcours : les poètes épiques et les petits farceurs.
Le genre épique a été créé en même temps que le Tour par Henri Desgrange, mais sa façon d’écrire n’est pas morte avec lui. Gaston Bénac et Jacques Goddet demeurent ses fils spirituels et appellent le Tour tantôt « un drame cornélien », tantôt « une tragédie eschylienne ».
Un journaliste qui n’avait pas la tête épique télégraphiait à son journal au soir d’une étape particulièrement morne : « Rien à signaler. »
Puis, la conscience professionnelle en repos, cet honnête garçon partit dîner. IL ne fut pas mis à la porte mais de justesse, car c’est précisément lorsqu’il ne se passe rien que les suiveurs se doivent de pousser le grand braquet des métaphores.
En 1951, Hugo Koblet gagna un Tour de France remarquablement insipide, mais que ses historiographes parvinrent à maintenir quasiment jusqu’au bout sur le plan de l’épopée. Les chroniqueurs se « sortirent les tripes » et Pierre About écrivit alors une phrase qui mérite de demeurer dans toutes les mémoires : « Il n’y a pas d’urée dans la sueur des dieux … »
Il s’agissait évidemment du grand Hugo, mais il n’est pas jusqu’au modeste Séraphin Biagioni, domestique de Fausto Coppi et leader inattendu de l’équipe italienne pendant quelques étapes qui n’ait eu sa part d’épopée. « Il pédale mieux depuis qu’il a brisé ses chaînes », écrivait Gaston Bénac, et René Dunan soulignait : « Qu’il avait changé son gilet de porteur d’eau pour le rôle de chien de berger. »
Parfois, sur un seul homme s’abattait un essaim compact de métaphores aventureuses. Un des plus gâtés fut le brave Jean-Marie Goasmat, homme d egrand âge et grand mérite, mais de fragile apparence musculaire. On l’appela d’abord « le farfadet », puis les années venant, il fut le « menhir qui pédale ». Le coup de grâce fut porté par Jean Quitard qui le nomma « le kroumir breton ».
Le Tour de France va vite et il ne faut pas s’étonner si les métaphores évoluent au fil des kilomètres. En moins de cinquante bornes, Hugo Koblet, le pédaleur de charme, fut comparé à une des Trois Grâces, à une nymphe, à un demi-dieu et subitement, aux approches de l’arrivée, il devint un aigle serré de près par une bande de chacals…(et même une mouette planant sur la mer démontée du Tour 1951, ndlr)

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Auguste Vermot, l’auteur de l’almanach, est de tous les comptes rendus. Il y prend une place de plus en plus envahissante. Le calembour, désormais, tempère l’épopée, et dans les étapes où il ne se passe rien, il meuble les temps morts.
Monsieur Goddet compte autant sur lui que sur le nouveau règlement pour renouveler l’atmosphère du Tour. Il paye lui-même de sa personne et c’est lui qui à dit d’Ockers qu’il était « du bois dont on fait les Flahutes. »
On lui doit aussi un à peu près de belle facture qui sauva une étape de l’ennui : « Tout est perdu for lini. »…
Les princes du calembour, Alexandre Breffort et Antoine Blondin, sont venus depuis quelque temps apporter un sang neuf à ce genre toujours vivace. Avec eux, on a découvert « qu’il n’était Peyresourde que celui qui ne veut pas entendre… »
J’ai bonne mine, moi qui, à travers trois billets, vous ai relaté un Tour de France d’anthologie.
Pierre Chany, le Michelet du cyclisme, l’homme aux 50 Tours de France, tempéra aussi les louanges concernant l’inoubliable échappée entre Brive et Agen :
« J’ai affirmé qu’il y eut exagération et que les choses ne se sont pas déroulées comme on se plait à l’écrire aujourd’hui. Que Koblet ait réussi un exploit ce jour-là, je ne le conteste pas, c’était une échappée formidable. Mais qu’on ne me dise point, pour parfaire la légende, que tout le monde, derrière, était « au plancher » … En vérité, les Italiens n’ont pas roulé tout de suite. Voyant que les Italiens ne roulaient pas, Bobet en a gardé sous la pédale. Gem non plus n’a pas réagi sur le champ. Dites ! vous pensez vraiment que Koblet aurait pu tenir pendant cent-trente-cinq kilomètres si Coppi, Bartali, Magni, Bobet, Geminiani, Robic, Van Est, Brankart et Ockers s’étaient relayés derrière lui … Non, impossible !
Ce qui est exact, en revanche, c’est que le final, étalé sur deux heures, fut grandiose. Coppi, Bartali, Bobet et tous ceux que je viens de citer, de plus en plus excités par l’enjeu, se relayaient de plus en plus vite. Au même moment, mais deux minutes devant eux, Koblet avançait comme un métronome. Il ne perdait rien, il avançait ! J’étais en moto, j’allais d’un groupe à l’autre. Quelle bagarre ! Et quel athlète, il faisait ! … »
Styliste d’exception, Hugo Koblet mérite bien d’entrer au panthéon du cyclisme même si ca carrière, contrariée par de graves soucis de santé, fut éphémère. Sa mort prématurée, en 1964, dans un accident de voiture aux causes pas vraiment élucidées, participe à sa légende digne d’un James Dean.

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Le Tour de France 1951 est terminé, mais il en est un qui est décidé à casser la baraque dans les critériums d’après tour. C’est la lanterne rouge Abdel Kader Zaaf qui a fini à 4 heures 58 minutes et 18 secondes de Koblet :

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« Ils m’ont fait des misères… Ne croyez pas que cela va en rester là. J’ai cassé la baraque sur le Tour de France, mais ce n’est pas fini, je ferai des massacres sur tous les vélodromes. Bobet m’a dit l’autre jour : « Maintenant, mon petit Zaaf, nous sommes sur piste, le Tour de France est fini. Il faut être sage et ne pas attaquer à tort et à travers. »
— Tu vas voir si je ne vais pas attaquer, ai-je répondu à Bobet, pour moi, le Tour de France continue et puisque vous m’avez fait des misères, lorsque j’étais seul contre vous tous, eh bien maintenant venez-y. Je vous prendrai si je peux, un tour… deux tours… quatre tours Je veux faire un massacre tous les jours — comme à Montluçon, comme à Lyon…
Voilà ce que je lui al dit, moi, à Bobet, et il ne me fait pas peur.
D’ailleurs, il est fatigué. Moi je crois qu’il ferait mieux de se reposer. Tous les coureurs sont fatigués. Ils ont « décollé » avec ce Tour de France, mais moi, j’ai récupéré en 3 jours. J’avais a peine maigri d’une livre en 3 semaines, et maintenant je suis frais comme une tomate. Alors, je ne me laisserai pas intimider par leurs menaces. J’ai un vélo, c’est pour faire le coureur, et non pas pour jouer au facteur. Tous ces gens-là, qui sont profession¬nels, ils font des courses, mais quand ils sont sur la route, ils prennent le petit train tranquille, et on croirait qu’ils vont porter des lettres dans les fermes.
S’ils se contentaient de faire les facteurs et de laisser ceux qui veulent courir… faire les coureurs… mais non ! »

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Pour décrire ces étapes de ce Tour de France 1951, j’ai puisé dans les magazines bihebdomadaires Miroir-Sprint et Miroir des Sports But&Club, dans le numéro spécial d’après Tour de France du Miroir des Sports, avec l’aide de Jean-Pierre Le Port pour combler mes manques, dans Miroir du Cyclisme n°52 de décembre 1964, dans « Hugo Koblet le pédaleur de charme » de Jean-Paul Ollivier (éditions Glénat), dans La fabuleuse Histoire du Tour de France de Pierre Chany et Thierry Cazeneuve (Minerva), dans Arriva Coppi de Pierre Chany (La Table Ronde), dans Entretiens de Christophe Penot avec Pierre Chany, l’homme aux 50 Tours de France (Christel)
Remerciements à tous ces écrivains journalistes, photographes et … coureurs qui, soixante-dix ans plus tard, me font toujours rêver.

Publié dans:Cyclisme |on 2 juillet, 2021 |1 Commentaire »

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