Archive pour le 12 juin, 2021

Ici la route du Tour de France 1951 (1)

Après mes mésaventures de santé qui m’ont éloigné de vous pendant quelques semaines, vous ne pouvez pas imaginer la délectation avec laquelle je me plonge, comme chaque année à l’approche de l’été, dans l’évocation des Tours de France d’antan. C’est une forme de rééducation intellectuelle. Je sais bien que si ça ne transportera pas de joie une certaine partie de mes lecteurs, ça en ravit d’autres. Au-delà du caractère strictement vélocipédique des comptes-rendus, chacun peut trouver plaisir à lire les brillantes plumes de l’époque ainsi que le caractère documentaire de cette France populaire en reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, je suis persuadé que personne de ma ma génération, même béotien de la chose pédalante, n’ignore les noms de Fausto Coppi, Gino Bartali, Ferdi Kubler, Hugo Koblet, Louison Bobet, Jean Robic inscrits au Panthéon du cyclisme. Je suis fier d’avoir vu courir en chair et en os tous ces champions. Cette fois, je vous emmène, soixante-dix ans en arrière, sur les routes du Tour de France 1951. J’avais 4 ans : je mentirais sans doute si je n’avouais pas que les souvenirs vivaces que je garde de cette grande boucle proviennent exclusivement des centaines d’heures, qu’enfant, j’ai passé dans le grenier de la maison familiale à feuilleter toutes les belles revues consacrées à l’illustre épreuve. Je conserve toujours jalousement ces précieuses collections et lorsque j’ai quelques manques, l’ami Jean-Pierre, cyclotouriste émérite, blogueur* astucieux et archiviste, vient à mon secours. Pour son plaisir solitaire, cet ancien enseignant conçoit des petites expositions dans son minuscule bureau, une véritable caverne d’Ali Baba dédiée au sport cycliste. Première surprise, le départ du Tour de France est donné à Metz. C’est seulement la deuxième fois, depuis sa création, que l’épreuve part d’une ville de province, après Évian en 1926. Les coureurs repassèrent même sur les bords du lac Léman en fin de Tour, l’idée de l’organisateur Henri Desgrange étant de réduire le temps entre la sortie des Alpes et l’arrivée à Paris. Une première pas vraiment concluante, puisque le Tour reprit ses habitudes parisiennes pendant vingt-cinq ans.

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Dès que fut connu le tracé de l’édition 1951, les commentaires allèrent bon train, ainsi ceux d’Albert Baker d’Isy : « Quand je lui ai montré, tracé sur une carte de France, le parcours du Tour 1951, mon père m’a demandé : – Qu’est-ce c’est que cela ? Une nouvelle ligne de démarcation ? Il est certain que rien ne ressemble moins aux contours de la France que ce tracé bizarre et son appendice nordiste lui retire même le droit de s’appeler « Tour ». Certes, on en a déjà vu d’autres. Pourtant un Tour de France qui part de Metz, ne passe ni par la Bretagne, ni par la Côte d’Azur, ni par l’Alsace … mais en revanche fait une pointe dans les Flandres belges, s’enfonce en Auvergne et fait étape à Genève est, pour le moins, d’une conception bizarre … On avait déjà supprimé la grande étape du Nord, le Galibier et le Ballon d’Alsace. Les modifications apportées cette année à l’œuvre de Henri Desgrange achèvent de détruire ce qui subsistait de la conception que nous nous faisions d’une telle épreuve à l’époque où nous inscrivions chaque soir les classements dans les petites cases d’une carte à trois sous achetée faubourg Montmartre, devant le tableau d’affichage. Partir de Paris pour y revenir près d’un mois plus tard, après avoir touché toutes les côtes et toutes les frontières de notre pays, c’était cela l’idée même du Tour de France. Faisons-nous une raison. Nous allons suivre à travers la France et la Belgique une épreuve d’un caractère différent, mais qui peut présenter tout autant d’intérêt, sinon plus. Ainsi l’idée de faire une étape à Paris après quatre jours de course est motivée par des raisons purement commerciales. Il s’agit de réaliser une grosse recette supplémentaire et de donner satisfaction aux « caravaniers » qui préfèrent de beaucoup une arrivée sur circuit à celle du Parc des Princes dont la porte leur est condamnée … … Il est certain que le fait de ne pas longer le littoral méditerranéen évitera au Tour de languir. Mais il nous privera de belles images … Le jour de repos à Nice était une des raisons d’être du Tour de France, une de ces récompenses si utiles au moral des coureurs. Nous en voulons pour preuve ces belles vues panoramiques – en couleurs et couvertes de signatures- que l’on retrouve aux meilleures places dans les intérieurs des routiers flandriens qui ont couru le Tour … » Le jeune Maurice Vidal y allait aussi de son couplet : « On plaisante beaucoup et, dans ce numéro même, le parcours tourmenté de l’épreuve qui n’a plus guère de « Tour de France » que le nom. En vérité, il s’agit bien plutôt cette année d’un « Tour dans la France ». Mais il faut bien reconnaître qu’il n’y a aucune raison sportive valable pour s’en tenir à un parcours formel, sous le prétexte de respecter le contour exact de notre pays. Si ce contour ne comportait pas une seule montagne, il y a bien longtemps que l’épreuve serait allée la chercher là où elle est. Par ailleurs, l’enthousiasme manifesté par les sportifs stéphanois recevant l’an dernier le Tour pour la première fois depuis des lustres, était un encouragement à continuer dans cette voie. On se réjouit d’avance pour tous ceux du Massif Central qui ne pensaient certes pas que le Tour de France passerait un jour par Clermont-Ferrand … » Jusqu’alors, le Tour suivait scrupuleusement les limites de l’hexagone pour le seul bonheur des spectateurs frontaliers et littoraux. Il faut dire que la situation des massifs pyrénéens, alpins et vosgiens sur son pourtour offrait un parcours sélectif. Tant pis pour les conservateurs et les géographes pointilleux, cette fois, le Tour ne verra la mer qu’en deux occasions, au Tréport et à Marseille, et les coureurs rejoindront les Pyrénées par le Massif Central. Le Miroir des Sports, humoristiquement, relate une conférence du comité d’organisation du Tour : « L’itinéraire du Tour de France 1951 n’a pas manqué de surprendre. Bien sûr, il y a longtemps qu’on a renoncé au rigoureux pentagone inscrit entre mers, montagnes et frontières. Mais de là à adopter un tracé en forme de tête de Nimbus stylisée dont la pointe du cheveu serait Metz et le fond de la gorge Clermont-Ferrand- il y a une marge que les organisateurs ont allègrement franchie. Écoutons leurs explications à l’occasion d’une conférence T.D.F. J.GODDET. – Messieurs, j’ai déjà exposé dans les colonnes de mon journal MES vues à propos … (F.LÉVITAN entre à ce moment à pas feutrés) F.LÉVITAN (l’interrompant). – Nos vues … J.GODDET. – Tiens, vous êtes là … (Aimable) Bonjour mon cher Félix … (Ferme) Savez-vous que nos conférences doivent commencer à l’heure militaire ? F.LÉVITAN (finement) – Mon cher Jacques, je suis un Parisien … libéré. (Moins finement) … Libéré, j’insiste … J.GODDET (solennel) – N’acoquinez pas, Félix, la sainte Liberté à l’Anarchie honteuse … (Il reprend son exposé) Je disais donc que la géographie de la France est absolument déplorable. Elle s’obstine, dernière séquelle de … l’obscurantisme, à ignorer la réalité vivante du Tour, cette œuvre de Chair et de Sang … (Il reprend son souffle) La mer nous tend ses trois mille kilomètres de filet. Nous ne nous laisserons pas prendre. Nous fuirons à toutes pédales cette maîtresse lascive et irons nous réfugier ; tel Moïse, au sommet de la montagne où nous attend Dieu. Bref, nous violerons la géographie et foulerons au pied un symbolisme décadent. F.LÉVITAN – Pour vous résumer, mon cher Jacques, disons que dix étapes sur vingt-quatre seront assaisonnées de cols répartis au mieux. Le Massif Central et le Ventoux renforceront le Tribunal du Tour… J.GODDET – Et les Alpes seront instamment priées de se rapprocher de Paris. F.LÉVITAN (enthousiaste) – Le départ de Metz récompensera les vaillantes Marches de Lorraine. IL nous permettra de gagner deux journées … Colonel BEAUPUIS (pratique) – … Et d’encaisser au Parc des Princes deux recettes au lieu d’une … J.GODDET (sévère) – Le Tour n’est pas une affaire d’argent, colonel, mais une entreprise nationale de santé et de moralité publiques. Savez-vous pourquoi nous évitons soigneusement, cette année, les stations balnéaires et barrons d’un trait rouge la Côte d’Azur. F.LÉVITAN (chantonnant) – « Nous n’irons plus au bain/Les crédits sont coupés » J.GODDET – Je disais donc qu’il devenait urgent de protéger les âmes et les corps des tentations diaboliques de la Riviera. L’air salin abîme le coureur. Pis, il rouille vélos et stylos. Nous nous baignerons à Aix, messieurs, et irons prendre des eaux d’Auvergne. R.LETOREY (lyrique) – Par la même occasion, nous rendrons hommage au caoutchouc français, poumon de la bicyclette ! J.GARNAULT (facétieux) – Dans le Tour 1951, en somme, Clermont, c’est le « bleu » d’Auvergne. E.WERMELINGER (naïvement) – Un excellent fromage ! Colonel BEAUPUIS (au garde-à-vous et légèrement à côté de la plaque) – À moi Auvergne, voilà Geminiani ! J.GODDET (poursuivant) – … D’un souffle puissant le Tour a brisé les frontières. Nous passerons donc à Gand … F.LÉVITAN (traduisant) – Il faut prendre des … Gand avec Karel Steyaert, maître du cyclisme flamand. R.LETOREY (complétant) – Pour mieux saisir les francs belges. J.GODDET (qui en est arrivé à sa péroraison) – En somme, messieurs, le Tour tournera mal cette année afin que coureurs et suiveurs n’aient pas la tentation de mal tourner ! R.LETOREY – Le budget du Tour la voilà bien la Grande Boucle qu’il s’agit de boucler ! J.GODDET (soudain songeur et attendri) – C’est égal, j’aurais aimé traverser Cannes encore … J.GARNAULT – Impossible, patron, nous n’avons plus de Vietto de rechange … (Tous se lèvent, Jacques Goddet sort religieusement de sa serviette une photographie d’Henri Desgrange, puis se signe) J.GODDET – Saint Roi René ! Tous en chœur.- Priez pour le Tour ! » Pour conclusion, je cite Roland Barthes qui écrivait dans ses Mythologies : « La géographie du Tour est entièrement soumise à la nécessité épique de l’épreuve. Les éléments et les terrains sont personnifiés, car c’est avec eux que l’homme se mesure et comme dans toute épopée il importe que la lutte oppose des mesures égales : l’homme est donc naturalisé, la Nature humanisée. Les côtes sont malignes, réduites à des « pourcentages » revêches ou mortels, et les étapes, qui ont chacune dans le Tour l’unité d’un chapitre de roman (il s’agit bien, en effet, d’une durée épique, d’une addition de crises absolues et non de la progression dialectique d’un seul conflit, comme dans la durée tragique), les étapes sont avant tout des personnages physiques, des ennemis successifs, individualisés par ce mixte de morphologie et de morale qui définit la Nature épique … » Pour ce qui est de la revue des effectifs en présence et des candidats à la victoire finale, Miroir-Sprint affiche en couverture de son numéro spécial d’avant Tour, le trio maître du Tour 1950, Ferdi Kubler en tête, Stan Ockers et Louison Bobet, auquel il ajoute Fausto Coppi victorieux en 1949.

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But et Club Le Miroir des Sports, plus cocardier, présente dans sa une les portraits des douze tricolores portant les couleurs de l’équipe de France, avec Louison Bobet comme leader.

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123 coureurs sont engagés, répartis en 7 équipes nationales et 5 équipes régionales dont une … d’Afrique du Nord. Le doyen du peloton est le breton Jean-Marie Goasmat, 38 ans, surnommé le farfadet de Pluvigner, amical clin d’œil à un ami.

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Dans son éditorial, Maurice Vidal annonce pour « ce festival du demi-siècle », un quatuor de virtuoses mais aussi (heureusement) des amateurs de fugue » : « L’an dernier encore, avant son accident, Fausto Coppi dominait tout son monde de la tête et des épaules, et c’est avec beaucoup de circonspection qu’après sa victoire dans le Tour d’Italie, on avança que le raffiné Hugo Koblet avait peut-être une classe égale à celle de maître Fausto. Mais depuis, il y eut la victoire de Ferdi Kubler dans le Tour 1950, victoire à panache acquise par K.O, et cette année son extraordinaire triplé Rome-Naples-Rome, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le tout en une semaine. Pour Louison, la chose s’est accomplie plus doucement à partir du moment où il endossa le maillot tricolore de champion de France. Il se trouva transformé. Jamais maillot ne fut plus dignement porté. Que ce soit après le Tour, sur piste, dans le Critérium des As, autour du lac Daumesnil, sur la route, partout il était à la pointe de la bataille. Et cette application, cette volonté, cette ambition, cette fierté devaient tout naturellement aboutir à la grande semaine de mars où le champion français triomphait des meilleurs routiers italiens et internationaux dans Milan-Sa Remo, et des meilleurs français dans le Critérium National. Aujourd’hui, Louison Bobet a largement gagné, surtout après son Tour d’Italie, le droit de figurer honorablement dans le groupe des super-champions du cyclisme. » En contrepoint des « virtuoses », Maurice Vidal cite quelques « amateurs de la fugue », entendez des baroudeurs nullement décidés à subir la loi des maîtres de la route : l’équipier de l’équipe de France Raphaël Geminiani, des régionaux comme Marinelli, Meunier, Piot, Redolfi, dans la montagne Dotto et Vitetta et l’Espagnol Gelabert. Ce sont les conséquences des délais d’édition des magazines de l’époque, finalement Ferdi Kubler, récent vainqueur du Tour de Suisse, ne défendra pas son maillot jaune au départ de Metz. Et il s’en faut de très peu qu’on enregistre le forfait du campionissimo Fausto Coppi. Décidément, la semaine qui précède le départ de la grande boucle est funeste. Après l’accident mortel de Camille Danguillaume lors du championnat de France 1950, le cyclisme est à nouveau endeuillé avec la chute qui coûte la vie à Serse** Coppi, le frère de Fausto, lors du Tour du Piémont.

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On craint alors que Fausto, atterré par l’affreuse nouvelle, renonce à disputer le Tour. Touché par la vague d’émotion et de sympathie du public français et italien, Fausto est présent au départ en Lorraine, dans quelles conditions morales, ça c’est autre chose.

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Ainsi, peut commencer le roman du Tour 1951 sous la plume de Félix Lévitan : « Le titre de ce récit eût dû porter la marque du pluriel. Certes, le plagiait eût été total, mais André Soubiran nous l’eût d’autant plus volontiers pardonné que « Les Hommes en jaune », à l’image des héros magnifiques de son œuvre « Les Hommes en blanc », sont des êtres plongés tour à tour dans la joie, la souffrance, la délivrance, la disparition. Restons cependant à « L’Homme en jaune ». Hier il était brun, demain il sera blond ; aujourd’hui il était petit, dans quelques heures il sera sans doute grand, gai ou triste, souverain ou bon enfant. Qu’importent le visage, le poids, la taille, le caractère, il est « l’Homme en jaune » et comme tel le nombril du Tour. Quelques fils de laine d’or et voilà les populations en éveil, les appétits aiguisés, les journalistes déchaînés, les photographes alertés…

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Le peloton resta compact jusqu’à Gravelotte, 12ème kilomètre, lieu où le Luxembourgeois Diederich poussa la première pointe. Escarmouche vite réprimée dont s’emparèrent les journalistes pour faire valoir leur culture historique à travers l’expression « Ça tombe comme à Gravelotte ». Il faut remonter aux journées des 16 et 18 août 1870 pour en comprendre l’origine. Nous sommes alors en Lorraine, à Gravelotte, tout près de Metz, au début de la guerre franco-prussienne, avec d’un côté, la France et ses 113 000 hommes commandés par le maréchal Bazaine, et de l’autre, la Prusse, forte d’environ 190 000 soldats aux ordres du maréchal von Moltke. L’affrontement est sanglant. Près de 5 300 morts et 14 500 blessés sont à déplorer dans les rangs prussiens ; 1 200 morts, 4 420 disparus et 6 700 blessés dans les troupes françaises. Toujours est il, qu’au cours de cette bataille, il est dit que les balles et les obus d’artillerie s’abattaient avec une telle densité et violence qu’on pouvait dire qu’il pleuvait de l’acier ! Ainsi, métaphoriquement, cette expression s’emploie lorsque la pluie tombe de façon très violente mais aussi lorsque divers événements, généralement non souhaités, se succèdent rapidement.

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L’étape longue de 185 kilomètres mène les coureurs de Metz à Reims à travers des régions fortement marquées par les batailles de 1870 et 1914-1918. Ce ne sera cependant pas une guerre de tranchées. Dès le 45ème kilomètre, Apo Lazaridès, « l’enfant grec », le grimpeur ailé qui a la fâcheuse habitude de perdre de nombreuses minutes en plaine, lance la bonne offensive du jour. Il emmène avec lui les Suisses Giovanni Rossi et Marcel Huber, l’Italien Silvio Pedroni et deux « régionaux », le lorrain Gilbert Bauvin et Gino Sciardis de l’équipe d’Ile-de-France. Sur la piste du stade vélodrome Auguste Delaune, Giovanni Rossi règle facilement au sprint ses compagnons d’échappée.

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« L’Homme en jaune « était absent à Metz, en raison du forfait de Ferdi Kubler, vainqueur 1950, mais six heures après avoir entendu tonner les canons du général Zeller, commandant la région militaire de Metz, le mal était réparé : un maillot jaune s’étalait sur le lit de Giovanni Rossi, commis d’architecte, polyglotte, coureur cycliste de son état, vingt-six ans, célibataire. Les cheveux bruns, le sourire facile, la répartie prompte, Giovanni Rossi n’a pas senti sa poitrine se gonfler d’orgueil lorsqu’il s’est regardé, le lendemain de son succès à Reims, dans l’armoire à glace de sa chambre de l’hôtel des Arcades. « Le jaune me va au teint, bien sûr, mais il serait sans doute sage de ne pas m’y habituer ! » Son leader Hugo Koblet a testé sa forme et les favoris en se lançant à l’attaque à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée mais n’a pas insisté.

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La deuxième étape de Reims à Gand (228 km) se dispute sur un parcours difficile en montagnes russes et devant une foule immense. Dans le Miroir des Sports, Gaston Bénac se réjouit : « Des spectacles, des échappées solides, conduites avec décision, nous serions mal venus de nous en plaindre, après avoir gémi les années précédentes sur la monotonie des courses dans la plaine… … La caractéristique essentielle de la course, c’est l’offensive des Belges que Sylvère Maës et Karel Steyaert avaient sermonnés ainsi la veille : « Vous n’avez rien à perdre. Il faut donc attaquer pour prouver que le cyclisme belge n’est pas mort comme l’écrivent nos détracteurs. De plus, vous allez vous trouver sur un terrain très favorable, des routes pavées les plus mauvaises de Belgique, de la poussière, des trottoirs de temps à autre et un public immense et enthousiaste qui ne demande qu’à vous encourager. Les Belges obéirent dès la sortie de Maubeuge où Germain Derijcke s’envola avec beaucoup d’autorité pour conduire seul la course vers la frontière… »

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Ay Derijke Derijke le ciel flamand pleure avec lui de Bruges à Gand ! Le valeureux Belge, victime d’une chute au pied du mur de Grammont, brise son dérailleur abandonnant toute chance de victoire. « Il faut reconnaître que, si les grands animateurs de cette ruée vers Gand, capitale des Flandres, furent les Belges et les Français, le principal bénéficiaire fut le vaillant petit Luxembourgeois Diederich. Il sut admirablement profiter du coup de boutoir des Flamands, désireux de se distinguer à l’arrivée sur les routes pavées. Il faut reconnaître qu’il mérita amplement son succès en lâchant irrémédiablement ses deux camarades de lutte dans cet extraordinaire mur de Grammont, côte aussi dure qu’un escalier et qui en 3 rallonges passe dans une petite ville qui nous rappelle les cités touristiques de montagne.

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Mais Diederich ne se contenta pas de ce succès de grimpeur. Il le consolida par une longue séance de train pendant 45 km, augmentant son avance et décourageant en partie ses poursuivants. Il nous apparut sous l’aspect d’un routier complet et son maillot jaune est d’une qualité plus solide que celui que Giovanni Rossi avait endossé la veille à Reims. » Pour Miroir-Sprint, Maurice Vidal a été ébloui par Hugo Koblet : « Je ne peux résister au désir de vous parler d’Hugo Koblet, la personnalité la plus marquante de ce Tour de France. Bien qu’ayant suivi quelques étapes du Tour d’Italie, j’avais eu l’occasion d’apprécier surtout son élégance et sa gentillesse. Ce que nous lui avons vu faire jeudi restera une des plus belles choses qu’il soit possible en cyclisme. Immédiatement, après la frontière belge, Giguet sortit du peloton sur un trottoir cyclable, bientôt imité par Geminiani. Les deux hommes prenaient vite 150 à 200 mètres. À ce moment, surgissait du peloton un maillot rouge déposant les Magni, Bartali, Coppi et Bobet. Nous pouvions rouler sur la chaussée à sa hauteur et admirer tout à notre aise l’allure du champion suisse. Mains en haut du guidon, sans un déhanchement, sans un rictus, activant avec une grande beauté de geste ses jambes fines, il rejoignit les fuyards en un kilomètre. Puis sautant du trottoir, il démarra et surprit Geminiani. Cent mètres plus loin, il le surprit à nouveau en sautant sur le « cyclable ». Cette fois, Geminiani était décroché. Après quoi, Hugo, satisfait, se releva. D’autres vous diront sans doute qu’il est imprudent, qu’il se dépense beaucoup. Quant à nous, nous avouons que nous trouvons pleine de panache cette parti d’intimidation qu’il livre à ses grands rivaux. Cela nous promet de belles batailles… » Un coureur qui a échappé dans le final à la vigilance des favoris, c’est le rusé et discret belge Stan Ockers, deuxième du Tour 1950, pour empocher la seconde place et grappiller 1 minute et 30 secondes. « On les a comptés par milliers le long des routes, ces Flamands, mordus de cyclisme ! Ils n’avaient, pour la plupart, jamais vu le Tour de France et s’ils ont été déçus par la défaite de leurs compatriotes, ils ont, par contre, été émerveillés par la caravane, à telle enseigne qu’on ne sait plus si, le soir, dans les rues illuminées de Gand, ces hommes titubants avaient noyé leur chagrin ou arrosé leur enthousiasme. – Une bière ! Ce fut la seule fantaisie que se permit Diederich, le héros du jour, l’homme du mur de Grammont, une grande côte raide aux pavés inégaux. – Je vais pouvoir me marier. Ce fut le premier aveu du bonhomme aux journalistes groupés autour de lui. – J’ai un magasin de cycles, mais je voyage tout le temps. Il est nécessaire d’avoir une femme pour le tenir. Je n’étais pas tout à fait riche. Je vais gagner un peu d’argent avec le maillot et j’en profiterai pour m’installer. – Mais il faut trouver une compagne ! Diederich daigna laisser fleurir un sourire : – Oh ! je suis fiancé … Et ses joues pâles s’empourprèrent légèrement. » Le vendredi 6 juillet, la troisième étape, longue de 219 km, ramène les coureurs de Gand jusqu’en France, sur les bords de Manche, dans la station balnéaire du Tréport. Les cinquante premiers kilomètres, avant le passage à la frontière, sentent bon le cyclisme flamand avec la traversée de communes comme Harelbeke et Wewelgem, théâtre de fameuses classiques. On doit à la combativité du Nord-Africain Abd-el-Kader Zaaf, le « casseur de baraque », de rompre la monotonie du début d’étape. Les mordus du cyclisme le connaissent depuis le Tour de France précédent où il « s’illustra » avec sa mémorable défaillance lors de l’étape Perpignan-Nîmes qui s’acheva contre un platane du côté de Vendargues, suite à un usage abusif d’amphétamines. Zaaf est un personnage haut en couleurs qui fait les choux gras des journalistes friands de ses confidences. Ainsi, livrera-t-il en exclusivité pour Miroir-Sprint : « À Gand, j’avais dit a mes amis de Belgique : « Demain, vous me verrez sur la route, car je partirai dès le départ. L’étape vaut la peine qu’on se mette un peu à plat ventre. » Je savais, que de Gand à Courtrai, se trouvaient réparties les primes les plus importantes de tout le Tour de France. Vous pensez que je ne l’avais pas chanté sur les toits, je l’avais dit aux amis mais pas aux autres coureurs, tout au moins pas à ceux qui étaient plus forts que moi. Et le lendemain j’ai guetté, je n’ai pas attaqué à la première prime, d’abord parce qu’elle n’était pas importante el ensuite parce que je ne voulais pas éveiller les soupçons… Je pouvais faire des jaloux. Pour la seconde prime, j’ai encore laissé glisser, mais je me suis approché et pour la troisième, je suis franchement parti. J’ai ralenti dans le pays de Rosseel, parce que je passais devant sa maison et comme j’ai habité chez lui, je connais bien sa femme. J’ai ralenti donc pour serrer la main de Madame Rosseel, elle est enceinte et je devais faire attention de ne pas la bousculer. Mais j’avais le temps ; le tableau indiquait que mon avance était de 4 minutes. Alors j’ai commencé à rouler à ma main, en me disant que j’avais bien gagné ma journée. Car je ne voulais pas gagner l’étape, mais pas du tout, je me contentais des primes. Avec 4′ 40″ d’avance, je me suis arrêté pour attendre le paquet. J’ai vu arriver Rosseel et De Rycke, qui s’étaient détachés. Je les ai laissé passer, puis en réfléchissant, je me suis dit : « S’ils partent devant, c’est qu’ils savent qu’il y a encore des primes à gagner en France… », alors, je suis remonté sur mon vélo pour les rattraper. Ils n’étaient pas frais, les deux Belges, ils commençaient même à flancher… De Rycke a été Iâché le premier. Je pouvais aussi lâcher Rosseel, mais celui-là, c’était mon ami, et c’était vilain de ma part de le laisser… Heureusement, iI avait soif. « Arrête-toi pour boire de la bière», que je lui ai dit, parce que les Belges aiment bien la bière… Il s’est arrêté, et comme moi, je n’avais pas soif, j’ai continué tout seul. Il me restait 30 kilomètres pour atteindre le ravitaillement — Je me suis renseigné pour savoir s’il y avait une prime. — Oui, m’a répondu un officiel, il y a 20 000 francs à gagner ! Alors, j’ai calculé : 20 000 francs pour 30 kilomètres, cela me fera presque 1 000 francs par kilomètre, je pouvais donc faire un nouvel effort. Au ravitaillement, je me suis arrêté pour déjeuner au bord du trottoir, et me laver, j’ai attendu le peloton et je suis reparti avec Iui. Comme j’avais fourni des efforts, je ne pouvais pas suivre le peloton… ce qui n’avait pas d’importance, je suis rentré à ma main. D’autres attardés voulaient que je chasse avec eux pour rejoindre. J’ai refusé, je leur al expliqué que je devais maintenant me reposer pour pouvoir attaquer le lendemain… »

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Ainsi, un trio composé du Hollandais Rinus Wagtmans, du Belge André Rosseel (vainqueur de Gand-Wewelgem quelques semaines auparavant) et de l’ « impayable » (si ! les primes quand même) Zaaf fit la course à l’avant pendant 130 kilomètres.

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L’échappée décisive se constitue à 15 kilomètres de l’arrivée avec le Suisse Rossi, vainqueur à Reims, le Luxembourgeois Kemp, les régionaux Meunier et Cogan de l’équipe de l’Ouest, et Bauvin de l’Est/Sud-Est. Georges Meunier, le « facteur de Vierzon », révélation du Tour 1950, l’emporte de justesse au sprint sur l’esplanade de la plage au Tréport. Bim Diederich conserve son paletot jaune.

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Le Parisien Maurice Quentin, victime d’une chute à vingt mètres de la ligne d’arrivée, est transporté à l’hôpital et doit se résigner à l’abandon. Âme fifties, Aronde « Plein Ciel », Vedette Vendôme, Peugeot 203, 4CV Renault, âme fifties, Georges Meunier sur cycle La Perle, pneus Hutchinson et dérailleur Simplex !

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Les premiers congés payés ont fait le succès du Tréport, la station balnéaire la plus proche de Paris. Bien que le week-end ne fut pas encore ancré dans la France rurale des années 1950, en ce samedi 7 juillet, la quatrième étape du Tréport à Paris (188 km) exhalait un parfum de vacances avec le temps chaud et ensoleillé.

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À cette époque, il y avait classe le samedi jusqu’au 13 juillet, autant dire que le Tour allait nous « passer sous le nez ». Sinon, mon professeur de père nous aurait sans doute emmenés, mon frère et moi, le voir à Aumale situé à mi-distance entre le domicile familial et la ferme picarde de ma grand-mère. Dans mon enfance, Aumale était le théâtre d’une course amateur de qualité qui réunissait les meilleurs coureurs de Seine-Inférieure et de la Somme. Certains routiers du prestigieux club parisien de l’A.C.B.B. venaient y participer. J’adorais leur maillot gris perle ceint d’une bande orange. Quel dommage ! Nous aurions assisté à une échappée royale déclenchée par Marinelli à Saint-Germain-sur-Bresle. Au km 47, le groupe de tête composé, outre la Perruche, de Louison Bobet, Fausto Coppi, Hugo Koblet, le tricolore Pierre Barbotin et le Hollandais Voorting, traversait Aumale avec une avance de 1 minute et 10 secondes.

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La bataille fait rage durant une soixantaine de kilomètres mais sous l’impulsion notamment de Fiorenzo Magni, Robic, Diederich et Ockers, tout rentre dans l’ordre avant Beauvais. À la sortie de la ville de Jeanne Hachette, le Belge Hilaire Couvreur prend la poudre d’escampette, vite rejoint à Noailles par Gino Sciardis de l’équipe Ile-de-France-Nord-Ouest, puis à Méru par le Tourangeau Roger Lévêque de la formation Ouest-Sud-Ouest et le Parisien Forlini.

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Tandis que Sciardis crève, trois tricolores de l’équipe de France, Baldassari, Teisseire et Apo Lazaridès effectuent la jonction dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Il semble que la victoire ne peut leur échapper mais dans la descente de Suresnes, Lévêque leur file entre les doigts et s’impose en solitaire autour de l’hippodrome de Longchamp, haut-lieu du cyclisme où se déroulait chaque année le prestigieux Critérium des As*** derrière derny.

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« Gais et contents, les Parisiens, le cœur à l’aise, s’étaient rendus nombreux à Longchamp pour fêter, voir et complimenter les géants de la route ». À une semaine près, l’étape du Tour à Paris possède un petit côté de revue du 14 juillet. À partir de 1880, le 14 juillet devint fête nationale et un défilé militaire fut organisé dans le cadre champêtre de l’hippodrome de Longchamp jusqu’en 1914. Sur fond de revanche et de « boulangisme » mouvement symbolisant le renouveau de l’armée, cet événement inspira la chanson En revenant de la revue, immense succès comique troupier racontant un pique-nique patriotique virant à la bacchanale. Je vous offre la version chantée par Bourvil, passionné de vélo et normand comme moi !

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En prologue de la cinquième étape, le Tour a été passé en revue, les coureurs défilant sur le pont Alexandre III, avec les Invalides en toile de fond, puis empruntant l’avenue des Champs-Élysées avant de filer vers Chatou lieu du départ réel. Sont-ce ces grandes pompes qui vont interdire toute velléité offensive de la part des favoris ? Finalement, l’étape va se jouer peu après le départ, le long des rives de la Seine. Deux « sans-grade », le toscan Serafino Bagioni et le lyonnais à consonance italienne Angelo Colinelli profitent de l’apathie générale pour s’enfuir peu avant Épône (km 25). On ne les reverra plus de la journée.

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Le parcours, truffé de bosses sévères, présente un faux air de la classique normande Paris-Camembert. Les deux courageux comptent  près d’un quart d’heure d’avance sur le peloton amorphe, à Livarot. Selon le bon mot d’Yvan Audouard digne de l’almanach Vermot, « à Livarot, ne se sentant plus, comme de juste, Biagioni partit seul »! Peu après, dans la côte de la Trabotière (km 174), Colinelli, épuisé, lâche pied laissant Biagoni finir seul à Caen qui porte encore les stigmates des terribles bombardements lors du débarquement de juin 1944. Félix Lévitan, dans son roman du Tour, « L’homme en jaune », évoque les fortunes contraires de Diederich et Biagioni :

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« Diederich connut à l’issue de cette matinée radieuse à la fois le plus beau et le plus triste jour de sa vie. À Caen, le maillot jaune ne lui appartenait plus ! Avoir tant peiné, tant souffert pour se l’approprier, avoir créé de Reims à Gand, une étape dont on parlera encore dans vingt ans, et abandonner sa casaque sans même l’avoir défendue … Diederich fut l’innocente victime de l’engourdissement des « grands » tellement peu préoccupés de l’échappée de Biagioni et Colinelli. Et lui, Diederich, seul avec cette meute à ses trousses, quel était son pouvoir, tous ses compatriotes, Goldschmidt excepté, s’étant terrés dans le gros peloton ? – Ils n’ont même pas le respect du maillot jaune ! s’étonna André Leducq. Diederich en a, paraît-il, sangloté. Il eut la volonté de s’en cacher, et celle d’affirmer, après avoir vertement tancé ses compagnons défaillants : – Ça ne fait rien … je me marierai tout de même !

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Quant au troisième « Homme en jaune » de ce Tour 1951, l’Italien Serafino Biagioni, il eut pour la tunique d’or l’irrespect d’un porteur d’eau : – J’ai l’air d’un canard là-dedans ! Le mot est authentique. Authentique également et d’un goût douteux l’allusion de Gino Bartali à une infortune conjugale possible du « gregario » pince-sans-rire : – C’est pas possible autrement, insista lourdement Gino, qu’on eût imaginé de mœurs plus rigides. Biagioni, entre deux bons mots, se contenta de sourire béatement. Tout cet apparat : maillot, fleurs, baiser de divette en mal de publicité, journalistes, photographes, tout le dépassait, l’anéantissait, le pulvérisait : – Ma mère, ma mère, si tu voyais ton fils comme il est ridicule… Fiorenzo Magni, son patron en course, eut le bon esprit de ne pas ironiser le soir dans leur chambre. – Serafino, c’est très bien. Mets ton maillot jaune demain matin, sans fausse honte ; tu ne l’as pas volé, moi je regrette encore celui que j’ai laissé l’année dernière à Saint-Gaudens. Serafino Biagioni fit une longue prière au réveil : « Notre Père qui êtes aux cieux, que votre volonté soit faite… » Nous verrons si huit heures plus tard, son vœu sera exaucé … En attendant, la presse italienne rend compte avec ferveur de son jour de gloire.

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« Huit heures plus tard, à Rennes, « L’Homme en jaune » avait changé de nom, il s’appelait Lévêque, un grand gars de Touraine, simple, gentil, marié, deux enfants : Serafino Biagioni avait été exaucé ! Lévêque, le vainqueur de Paris, le chef encore orné d’un énorme pansement collé à l’albuplast (souvenir d’une chute dans le peloton) n’était pas atterré comme l’avait été Biagioni, seulement un peu stupéfait : – Ce qu’on va être fier de moi à la maison ! »

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Pierre Chany stigmatisait la nonchalance des seigneurs qui avait favorisé Lévêque ! « Une fois de plus, les vedettes ont laissé courir dans l’étape Caen-Rennes. Après avoir donné au début de la course l’impression qu’elles se disposaient à contrôler celle-ci, elles renoncèrent bien vite. Et nous assistâmes une nouvelle fois à la réussite d’une échappée qui n’aurait jamais dû se développer avec autant d’ampleur sans la passivité du gros du peloton, au sein duquel les Coppi, Koblet, Bobet se pavanaient tout à leur aise. Sans doute, la perspective de l’étape contre la montre du lendemain préoccupait-elle ces messieurs. Et voulaient-ils conserver toutes leurs forces intactes en vue de cette explication singulière qu’ils savaient ne plus pouvoir éluder.

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Toujours est-il qu’à Rennes, à l’issue d’une étape rondement menée, Roger Lévêque, le courageux Tourangeau, est leader du classement général, alors que le tricolore Muller enlevait l’étape. Biagioni, précédent maillot jaune, étant resté toute la journée aux côtés de ses maîtres italiens, n’eut aucune velléité de défendre son bien. En raison des gros écarts enregistrés, de profondes modifications sont intervenues au classement général.. Van Est, l’un des principaux animateurs de l’échappée victorieuse, est aussi, avec Lévêque, le grand bénéficiaire de cette opération. Le Lorrain Bauvin, de presque toutes les offensives depuis le départ de Metz, se hisse à la seconde place du classement général. C’est un résultat qu’il n’espérait certainement pas. Quant aux « grands, leur retard est maintenant de plus d’un quart d’heure. Précisons que cela ne les émeut en aucune façon. » Il fallait noter aussi l’élimination du Suisse Giovanni Rossi, le premier maillot jaune à Reims, souffrant d’un genou.

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Mardi 10 juillet, nous y voilà enfin : cette fois, les cadors ne vont pas pouvoir se défiler lors de cette 7ème étape disputée contre la montre sur 85 kilomètres entre La Guerche-de-Bretagne, petit bourg d’Ille-et-Vilaine, et Angers, la cité du roi René qui ne fut pourtant pas roi de France mais eut notamment les titres de comte de Guise, duc de Bar, duc consort de Lorraine, duc d’Anjou, comte de Provence et de Forcalquier, roi de Naples et de Sicile, roi titulaire de Jérusalem, roi d’Aragon, n’en jetez plus, quel palmarès !

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Comme on la nomme communément, c’est l’épreuve de vérité et Jacques Goddet, directeur de L’Équipe, va même titrer son éditorial: « C’est la vérité toute nue ! Il y a des chiffres qui ne mentent pas. Celui de la moyenne réalisée par Koblet, au-dessus de 40km/h, illumine la performance. De la pluie, du vent aux trois-quarts défavorable, et c’est la plus forte vitesse réalisée contre la montre depuis deux ans. Les rois Coppi, en 1949, Kubler le forcené, en 1950, n’ont jamais atteint le 40 de moyenne. Ce La Guerche-Angers a donc été une compétition de valeur élevée … » Le champion suisse dominateur est pointé en tête partout sur le parcours, sauf au 5ème kilomètre où le maillot jaune Roger Lévêque le devance de 11 secondes, et …surtout à l’arrivée où Louison Bobet est déclaré vainqueur pour une petite seconde ! On connaît la légendaire précision suisse en matière d’horlogerie, et Hugo Koblet, surpris de son fléchissement final, va partir à la recherche du temps perdu. Après s’être fait masser, il lui a paru bizarre d’avoir possédé plus d’une minute d’avance sur Bobet, à 5 kilomètres de l’arrivée, et d’être déclaré battu d’une seconde par ledit Bobet à son passage sur la ligne. Sur le moment, il n’a pas protesté, mais lorsqu’il observe le classement de l’étape, il constate que l’Espagnol Bernardo Ruiz est classé avec un écart de 5 minutes et 44 secondes par rapport à son propre temps, alors qu’il est parti 6 minutes derrière lui. L’ayant doublé, cet écart aurait dû se chiffrer par 6 minutes et 44 secondes. Accompagné de son directeur sportif Alex Burtin, Koblet décide, sans aucune animosité, de se rendre auprès de Jacques Goddet, directeur du Tour, afin de lui demander respectueusement de faire vérifier les feuilles de chronométrage : « Il y a certainement une erreur d’une minute ! » Les commissaires internationaux décident de se réunir et convoquent le chronométreur Raoul Adam qui, par chance, a pris tous les temps deux fois, d’abord au premier passage sur la ligne, ensuite à l’arrivée après le tour de circuit. La double confrontation laisse apparaître pour Koblet un dernier tour en 2 minutes et 30 secondes alors que tous les autres coureurs l’ont bouclé en à peu près 1 minute et 20 secondes. Il faut se rendre à l’évidence : on a bien lésé Hugo Koblet d’une minute au classement. C’est ainsi que, cinq heures plus tard, un communiqué officiel de l’organisation du Tour déclare Koblet vainqueur de l’étape avec 59 secondes d’avance sur Louison Bobet ! Vous imaginez le branle-bas chez les gens de la presse sous les coups de 22 heures : appels téléphoniques en urgence, contre-appels, articles à refondre, titres à modifier etc… Le célèbre radioreporter Georges Briquet clama sur les ondes : « C’est un comble ! Adam n’a pas pu désigner le premier homme ! » Ce à quoi, je journaliste Jacques Marchand répondit : « N’est-ce pas en épousant Ève qu’Adam a montré que l’erreur était … humaine ! ».

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La couverture de Miroir-Sprint montre Hugo Koblet et Louison Bobet, souriants, accomplissant leur tour d’honneur. À cet instant, c’était le champion de France qui était déclaré vainqueur. Pierre About, un envoyé spécial de L’Équipe est émerveillé par le style du champion helvétique : « Hugo, une fois encore, a séduit la manière et les éléments. J’ai retrouvé pendant les trois-quarts de la course, le spectacle artistique qu’il nous avait offert sur les routes de Suisse et d’Alsace entre Bâle et Boncourt. Impression dominante : harmonie des gestes. De son front aussi coulait la sueur –est-ce un effet de l’imagination-, elle m’a semblé plus pure, moins amère. Il n’y a pas d’urée dans la sueur des dieux ! Inversez ce que l’on a emprunté pour l’image à la mécanique moderne : il semble, lorsqu’on regarde Koblet, que son moteur possède une prise directe sur le plat, une surmultipliée pour les descentes, une troisième pour passer les bosses. Alors que les autres peinent, ahanent, lui actionne sa boîte Cotal d’un doigt léger et passe sans ralentir. Hugo, c’est beau ! »

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Au final, malgré le remarquable exploit athlétique du Suisse, les positions entre les favoris ne se sont guère décantées. Koblet, Bobet et Coppi se tiennent en 1 minute, Magni est 4ème, un peu en retrait, à 3 minutes. Bartali et Geminiani qui ne sont pas des spécialistes ont bien limité la casse avec un débours de moins de 5 minutes. Le maillot jaune, le courageux Roger Lévêque, rescapé d’un camp de concentration, s’est sorti les tripes : seizième à 7 minutes et 33 secondes de Koblet, il sauve aisément son paletot de leader. Son second Gilbert Bauvin, qui le talonne à un peu plus d’une minute, apparaît comme sa principale menace dans les étapes à venir. Douze coureurs ont terminé hors des délais parmi lesquels Robert Chapatte, le futur téléreporter, et 4 éléments de l’équipe d’Afrique du Nord. Ça passe pour le populaire Zaaf bon dernier de l’étape à 18 minutes et 47 secondes de Koblet.

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Maurice Vidal, moralisateur, fustige sur son bloc-notes dans Miroir-Sprint le dilettantisme de certains coureurs : « La pratique d’un métier peut hélas, n’être qu’un moyen de gagner durement sa vie. C’est le cas de bien des travailleurs qui n’ont pas eu la possibilité de choisir leur gagne-pain. Mais l’exercice d’une profession choisie, comportant dans son accomplissement des satisfactions certaines, peut être une fin en soi, en même temps qu’un exaltant moyen, non seulement de conquérir le bien-être, mais de faire œuvre valable. L’amour du métier est l’un des grands sentiments des hommes libres. Le métier de sportif professionnel est dur, très dur, puisqu’il exige de ceux qui le pratiquent, qu’ils y consacrent la totalité de leurs forces vives, qu’ils n’en prélèvent aucune parcelle pour l’un des quelconques plaisirs de la vie qui sont le droit et la joie des autres. Mais c’est aussi un métier qui apporte de belles satisfactions morales et matérielles. À condition, précisément, qu’on le fasse sérieusement. La classe n’excuse pas le laisser-aller, l’esprit de facilité. Elle comporte au contraire pour celui qui la possède des devoirs, ne serait-ce que par respect pour ceux que la nature n’a pas doté de moyens aussi grands. Ceci est valable pour un certain nombre de coureurs du Tour de France. Je ne me donnerai pas le ridicule de conseiller des hommes qui connaissent leur affaire et que personne ne remplace lorsqu’il s’agit de souffrir. Il y a dans ce Tour des humbles, des sans-grade, des sans-classe, qui font obscurément leur travail, sans espoir de grandes victoires, ni même de profit matériel. Ceux-là sont limités et font leur maximum avec le maximum de privations. Il y a également de très grands champions richement doués, comme Coppi, Bobet, Koblet, Bartali, Geminiani, Magni et quelques autres. Ceux-là aussi font leur métier sérieusement, car à la base du succès, même pour un champion, il y a le travail. Le soir de l’étape contre la montre, alors qu’il aurait pu savourer en paix ce qu’il croyait encore être une victoire, Louison Bobet faisait le tour des chambres de ses coéquipiers et donnait des conseils, reprochant à certains d’abuser des canettes de bière ou de s’alimenter avec excès. Hugo Koblet, crédité d’un temps qui devait s’avérer faux, réfléchissait à sa course, se penchait avec attention sur les feuilles de chronométrage, et, s’étant fait une opinion précise, déposait une réclamation si bien argumentée qu’elle devait lui donner la victoire. Par contre, nous avons vu arriver à leur hôtel des coureurs comme Demulder, Van Ende, Forlini et même Ockers, ne sachant pas leur temps exact et donc les conséquences de leur course. À peine descendu de machine, Rosseel nous demandait du feu et grillait la première cigarette de la soirée. Un garçon comme Chapatte, qui fut un coureur brillant, et qui se trouvait éliminé à l’issue de l’étape contre la montre, s’étonnait de ne plus obtenir de résultats. Charles Pélissier lui fit observer qu’il n’avait sans doute pas assez sacrifié à son métier au moment de ses succès. Après discussion, Chapatte finit par reconnaître : « En effet, je crois qu’il vaut mieux commencer durement dans cette carrière. Ainsi on acquiert le goût de l’effort, on apprécie mieux chaque parcelle de succès, et les progrès sont obligés de précéder les avantages acquis. » Eh oui, c’est la grande loi du travail. Et puisque nous parlons de Charles Pélissier, arrêtons-nous un instant sur ce cas attachant : le temps n’est pas si loin où je n’étais qu’un admirateur parmi tous ceux qui lui témoignent chaque année leur sympathie sur le bord des routes. Mais je peux honnêtement dire que mon estime a bien grandi depuis que, le côtoyant fréquemment, j’ai appris de lui ou de son admirable compagne, de quelles luttes, de quelles privations est fait le succès qui couronne aujourd’hui une brillante carrière. Charles possédait un nom difficile à porter et qui pouvait être un sérieux handicap, comme le savent bon nombre de fils ou de frères de champions. Moins doué que ses frères, il dut mener contre lui-même, contre son tempérament, une bataille de tous les instants. Attentif au moindre écart, menant une vie monacale, sacrifiant tout à un métier qu’il adorait, trouvant intelligemment une personnalité, il finit par triompher de préjugés souvent hostiles, et à force d’acharnement et de courage, les petites victoires au bout des grandes, il finit par devenir l’un des plus brillants coureurs de son temps, et l’un des plus populaires du cyclisme français. Il avait certes hérité du nom de Pélissier, mais il s’était fait celui de « Charlot ». C’est un exemple qui a fait ses preuves. Il est bon à suivre. » La fatigue des efforts de la veille, le temps pluvieux, un fort vent de côté défavorable et la perspective de la journée de repos du lendemain n’incitent pas aux offensives entre Angers et Limoges. Les crevaisons sont les faits principaux du début d’étape avec la chute et l’abandon du Normand Roger Creton.

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« Dix coureurs se retrouvaient ensemble à trente kilomètres de Limoges sur une route accidentée comme on en trouve énormément dans le Limousin : Rosseel, Lauredi, Geminiani, Voorting, Diederich, Cogan, Desbats, Diot, De Hertog et Van Steenkiste. Dix kilomètres plus loin, Lauredi, désireux d’améliorer sa position au classement général et … de gagner une étape, démarrait avec le Belge Rosseel dans son sillage.

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Geminiani, alors, s’ingéniait à ralentir les autres, ce qui n’était pas une tâche facile, Diot et Diederich se montrant particulièrement agressifs. Lauredi faisait le forcing avec un Rosseel passif dans son sillage, car ce dernier, appliquant les consignes données par Sylvère Maës, refusait de relayer l’Azuréen, ce qui explique sa trop facile victoire à l’issue d’un sprint disputé sur la piste aux virages plats de Limoges (je ne sais si Rosseel avait lu l’article de Maurice Vidal !). À l’arrivée, Nello Lauredi avait cependant repris cinq minutes au trio des « grands ». Quant à Geminiani, paralysé par l’esprit d’équipe, il tenait la gageure de protéger Lauredi tout en prenant de l’avance sur le peloton, détruisant définitivement la légende du Gem « tout fou ». Il reprenait pour sa part quatre minutes au trio « K.B.C. » et il s’offrait même le luxe de la troisième place au sprint devant des routiers-sprinters comme Voorting, Diot et Desbats. » De bonne augure alors que se profile sa région d’Auvergne ! La venue du Tour pour la première fois en Limousin constitue un événement exceptionnel et notamment la caravane publicitaire enthousiasme le public, la palme de l’originalité revenant au car des laines SOFIL, parrain du maillot jaune, avec sa coque en plexiglas en forme de pelote et 4 immenses aiguilles à tricoter. C’est toujours Roger Lévêque qui revêt la tunique aux fils d’or offerte à chaque étape par l’entreprise textile de Tourcoing.

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Durant la journée de repos, Fausto Coppi reçoit de la municipalité un superbe vase en porcelaine locale. Très touché par ce geste, Fausto remet un mandat pour les pauvres de la ville. Pendant que Louison Bobet reste aux soins dans sa chambre, Lucien Lazaridès se rend en visite au village martyr d’Oradour-sur-Glane. Le populaire radioreporter Georges Briquet, natif de Limoges, retrouve sa maman. Scène extraordinaire : le public limougeaud, en « tenue du dimanche » (nous étions le jeudi 11 juillet) admire sagement Hugo Koblet déjeunant de tranches de jambon avec de la mayonnaise.

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Une décennie plus tard, je mangeais avec mes parents, au buffet de la gare de cette même ville de Limoges, à la table voisine d’Anquetil, Darrigade, Graczyk et Nencini qui disputaient un critérium dans les environs. Les cars pullman aux vitres fumées, les espaces réservés aux invités VIP interdisent aujourd’hui telle liesse populaire. Détendons-nous ! Je vous retrouve après la journée de repos pour vivre la suite de ce Tour de France prometteur.

* Vélos…VELO ! https://vlosvlo.blogspot.com/ ** J’ai évoqué la mémoire de Serse Coppi, le frère de Fausto, lors de ma visite dans le village natal où ils reposent : http://encreviolette.unblog.fr/2016/08/27/vacances-postromaines-10-les-cerises-de-castellania-village-natal-de-fausto-coppi/ *** http://encreviolette.unblog.fr/2013/12/01/histoires-de-criterium/ Pour décrire les premières étapes de ce Tour de France 1960, j’ai puisé dans les magazines bihebdomadaires Miroir-Sprint et Miroir des Sports But&Club, dans le numéro spécial d’après Tour de France du Miroir des Sports, « Hugo Koblet le pédaleur de charme » de Jean-Paul Ollivier (éditions Glénat), La fabuleuse Histoire du Tour de France de Pierre Chany et Thierry Cazeneuve (Minerva) Remerciements à tous ces écrivains journalistes, photographes et … coureurs qui, soixante-dix ans plus tard, me font toujours rêver.

Publié dans:Cyclisme |on 12 juin, 2021 |Pas de commentaires »

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