Archive pour mai, 2020

Mon déconfinement … et surtout un hommage à Idir

Rappel des états d’âme précédents :
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http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/01/mon-confinement-au-1er-avril/
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http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/15/mon-confinement-merci-pour-le-rab/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/23/mon-confinement-bientot-le-joli-mois-de-mai/
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Dans l’effervescence et la cacophonie du déconfinement, une triste nouvelle a sans doute échappé à beaucoup d’entre nous : le chanteur Idir nous a quitté le 2 mai dernier au lendemain de son hospitalisation à l’hôpital Bichat pour des raisons indépendantes du coronavirus.

Adieu Idir

J’aimais beaucoup cet artiste pour les valeurs et les combats qu’il défendait dans et hors ses chansons. Je range son concert, auquel j’eus le bonheur d’assister dans une petite salle de la banlieue parisienne, il y a une vingtaine d’années, parmi mes belles émotions artistiques.
Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, fils de berger berbère, était né en 1949 dans un village perché sur les monts du Djurdjura, à 35 kilomètres de Tizi Ouzou.
Cette ville, capitale de la Grande-Kabylie, devint le titre d’une de ses chansons les plus populaires, adaptée de San Francisco, l’énorme succès de Maxime Le Forestier.

« C’est une maison bleue
Adossée à la colline
On y vient à pied
On y frappe pas
Ceux qui vivent la
Ont jeté la clef
Tizi-Ouzou élève, des enfants fous de rêve … »

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Mais Idir, si humble et si discret, avait déjà connu la gloire artistique, vingt ans auparavant, avec son inoubliable berceuse A Vava Inouva (« Mon petit père »), un tube planétaire diffusé dans plusieurs dizaines de pays et traduit en de nombreuses langues.
La chanson exprimait l’atmosphère des veillées de son enfance et le mode de transmission de la culture kabyle ancestrale. Elle acquit quasiment un statut d’hymne, pas seulement pour les Algériens, les Kabyles ou les Berbères, mais pour tous les Maghrébins. Comme un symbole, Idir l’interpréta, la première fois en 1973, un peu à la sauvette, dans un studio de Radio Alger, habillé d’un jean patt’ d’éph’ comme les jeunes de son époque et coiffé d’un burnous blanc comme ses ancêtres.

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Ses albums portaient dans leurs titres toute la générosité, l’esprit de solidarité, le profond humanisme qui le caractérisaient : Les Chasseurs de lumière, Identités, Deux rives, Entre scènes et terre, La France des couleurs, Ici et ailleurs.
Minoritaire de par son origine, ce chantre kabyle sut transcender ses singularités en des thèmes pluriels et universels.
Mes lecteurs les plus fidèles se souviennent peut-être que j’avais convoqué sa tendresse pour fêter ma maman à travers son ode Ssendu dédiée à toutes les femmes du monde.
« Quand j’ai fait cette chanson, j’ai automatiquement pensé à ma maman, donc inévitablement à la vôtre aussi…
Je me souviens, je devais avoir 7,8 ans, pas plus.
Nous étions en Kabylie, elle était là, à côté de moi, en train de battre du lait, qu’elle a mis dans une calebasse, – vous savez une espèce de baratte – elle le battait en faisant ce geste là (mouvements des mains tenant de chaque côté les cordelettes de la calebasse que le fait osciller), peut-être qu’un certain nombre d’entre vous ont déjà vu faire…
Et quand, elle faisait son acte, son travail, elle le rythmait aussi des mots, d’idées, de chants, de soupirs.
Ça lui arrivait de pleurer des fois même, d’esquisser un sourire à des moments aussi.
Mais vous savez sur le coup j’étais jeune, beaucoup trop petit pour comprendre. Ayant, bien sûr grandi, et surtout ayant emmagasiné toutes ces choses dans ma tête, dans ma mémoire, je me suis rendu compte alors qu’elle ne faisait que se confier à son instrument, parce qu’elle n’avait pas d’interlocuteur valable.
Et c’est là, où j’ai compris une chose, cette image de femme qui était là, subissant la loi du milieu, du mâle… et qui se confiait donc à une chose inerte…
C’est là où j’ai compris une chose assez importante dans ma vie, c’est que ce n’est déjà pas évident d’être une femme en général dans n’importe quelle société, qu’elle soit moderne, avancée, aboutie ou non, je crois que ça l’est encore moins dans des sociétés à fortes traditions telles que la mienne, et j’en voulais pour preuve cette dame qui se trouvait être ma mère… »
Prenez le temps d’écouter ce bijou de tendresse et d’amour dans son intégralité !

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« Je suis convaincu que vis-à-vis d’une femme en général et d’une maman en particulier, je crois que nous avons tous quelque chose à nous faire pardonner, ou à tout le moins à nous reprocher » …
Pour poursuivre mon modeste hommage, j’ai choisi de vous offrir un texte écrit par un autre discret, Jean-Jacques Goldman, à partir d’une chanson créée à l’origine en kabyle par Idir.

« Tant de pluie tout à coup sur nos fronts
Sur nos champs, nos maisons
Un déluge ici, l’orage en cette saison
Quelle en est la raison ?
Est-ce pour noyer tous nos parjures ?
Ou laver nos blessures ?
Est-ce pour des moissons, des terreaux plus fertiles ?
Est-ce pour les détruire ?
Pourquoi cette pluie, pourquoi ?
Est-ce un message, est-ce un cri du ciel ? »

Oui, pourquoi ? À l’origine, c’était un hommage au millier de victimes emportées par les trombes d’eau boueuse qui ravagèrent Alger, le 10 novembre 2001, des hauteurs de Bal El Oued jusqu’à la mer. Cela devint vite une allégorie sur la tragédie politique vécue par son pays.

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Ce magnifique poème prend une résonance particulière en ce temps de pandémie. Pourquoi ce coronavirus ? Comme les dix plaies d’Égypte, ne s’abat-il pas pour nous faire expier nos dérives ?
Le sociologue Pierre Bourdieu disait d’Idir : « Ce n’est pas un chanteur comme les autres. C’est un membre de chaque famille ».
Le gouvernement algérien a présenté ses condoléances à sa famille : « L’Algérie perd une de ses pyramides ». Idir avait choisi d’être inhumé au cimetière du Père-Lachaise, ce qui n’a pas manqué de susciter de sordides polémiques sur les réseaux sociaux.
Défenseur de la culture berbère, il chanta tout au long de sa carrière avec des artistes de toutes nations et origines : Alan Stivell, Cheb Mami, Maxime Le Forestier, Manu Chao, Akhenaton, Zebda, Geoffrey Oryema, Aznavour et Goldman entre autres.
Idir est un prénom, issu d’une langue très ancienne dérivée du berbère, signifiant: « il est vivant, il a survécu ». Les parents le donnaient à un nouveau-né après qu’ils aient perdu un enfant.
Survivra dans mon cœur cet artiste essentiel (au sens que ses chansons nous enrichissaient) au visage doux et souriant qui dégageait bienveillance, bonté, fraternité, humanisme.
La transition est brutale : on « déconfine « à tour de bras sous la pression économique. Peu à peu, la France se remet à essayer de vivre, au moins, comme avant. Il me semblait avoir entendu pourtant qu’inexorablement, il y aurait un monde d’après … le coronavirus. Alors que beaucoup trépignaient d’impatience pour retrouver le monde extérieur, certains seraient victimes d’un mal étonnant baptisé « syndrome de la cabane » ou « syndrome de l’escargot », en somme l’angoisse de ressortir de son cocon. Je connaissais le syndrome de Stendhal, l’émerveillement jusqu’à la panique devant une surabondance d’œuvres d’art, que j’avais d’ailleurs partiellement ressenti aussi en visitant Florence, et que nous ne risquons pas, pour le moment, de contracter avec la fermeture des musées et certains monuments. Je ne sais pas si cela vous fait le même effet, par contre, je suis pris par instant d’une sorte de « paranoïa cinéphilique » en étant gêné, lors de la projection d’un film, devant le non respect par les acteurs des gestes barrières. C’est grave, docteur?
Malgré ses écailles, le pangolin se tord de rire. Chez nous, la campagne présidentielle est quasiment lancée. C’est à qui dézinguera nos gouvernants actuels sur la pénurie de masques, la gestion des tests etc … Ils ont sans doute cafouillé, possiblement menti par omission, mais QUI AURAIT FAIT (vraiment) MIEUX ? Certains journalistes politiques, plutôt que faire bientôt leur beurre en publiant des livres sur le scandale de la pandémie, devraient cuisiner « ceusses » de l’opposition qui savaient. Soyons humbles et reconnaissons que nous reviennent en pleine face nos errements sur une société que, peu ou prou, nous avons laissée se lézarder.
Je rédige ma lettre comment ? Façon Gérard Lenorman ?

« Si j’étais Président de la République
J’écrirais mes discours en vers et en musique
Et les jours de conseil on irait en pique-nique
On f’rait des trucs marrants si j’étais Président
Je recevrais la nuit le corps diplomatique
Dans une super disco à l’ambiance atomique … »

Ou manière Boris Vian ?

« Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps … »

Monsieur le Président, vous n’avez plus le temps, invitez-les sur les Champs-Élysées pour le 14 juillet, offrez-leur des médailles et des chocolats, mais SURTOUT, « quoiqu’il en coûte », revalorisez substantiellement les super héros du quotidien, infirmières et aide-soignantes (le féminin prévaut pour une fois) qui constituent « les veines du corps de la France » et ont redonné un vrai sens aux mots responsabilité, dévouement, solidarité, humanité et, osons même ajouter, travail !
Eh bé, est-ce le déconfinement, mais je me lâche !
J’en apprends tous les jours. Je connaissais une agriculture biodynamique, je découvre un usage dynamique de nos plages, dit à l’australienne, un concept né aux antipodes en raison de la pratique répandue du surf.

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À gauche, c’est NON, à droite, c’est OUI

Interdiction de bronzer idiot, les inconditionnels du littoral sont dans l’obligation de marcher, courir, glisser, se baigner. Au titre de la dynamique des fluides, est-il permis de faire pipi dans l’eau, en avançant bien sûr ?

Je pédale sur ma serviettePlage nudiste sans masque200514-Plages-Covid19-chereau-full

Qu’en est-il des bambins, architectes en herbe, privés des châteaux de sable et … de la méduse de la plage de Saint-Malo chère à Yvan Dautin ? Sa fille Clémentine, la députée insoumise, va peut-être réagir !

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Autre dégât collatéral de ces mesures coercitives, provisoires, les estivants des plages de Deauville et Trouville ne pourront admirer les fameux parasols immortalisés par le photographe John Batho que j’eus le privilège d’accompagner dans certaines de ses croisières dans la Couleur.

Parasols de John Batho

http://encreviolette.unblog.fr/2009/09/16/croisiere-dans-la-couleur-avec-john-batho/

C’est l’occasion encore de se lamenter que la Culture « vivante » soit l’un des derniers espaces encore bâillonnés. Les comédiens ont hâte d’installer leurs tréteaux, dresser leur estrade et tendre des calicots !
Est-ce dû aux deux mois de confinement, je deviens un peu paresseux mais je ne résiste pas à vous « resservir » le savoureux hommage que l’écrivain Daniel Pennac rendit, dans un ouvrage de photographies de Robert Doisneau, à Léo Lagrange, socialiste et sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs au temps du Front Populaire.
En cette période de déconfinement, ne retrouve-t-on pas un parfum déraisonné de l’été 1936, l’année des premiers congés payés ?
« Gloire à vous, Léo Lagrange, à qui nous devons nos vacances, tous les squares vous le diront ! Et les stades, et les CES et les piscines qui portent votre nom, sans parler des avenues… tous les coins de rues… votre nom semé sur tant de pierres ! L’intention est louable, mais la plaque commémorative, quoi qu’on fasse, c’est le faire-part de l’oubli. La matière l’emporte sur l’homme et bientôt il ne reste plus que la piscine, le stade, le CES, la rue, avec, parfois, tout de même, cette question : Léo Lagrange ? Qui c’était Léo Lagrange ?
Je suppose que vous vous fichiez des plaques. Léo, et vous aviez raison : votre gloire est ailleurs. Je la vois dans les premiers rayons de l’été dans les ateliers qui débrayent, les ordinateurs qu’on débranche, les valises qu’on boucle, les portes qui s’ouvrent, les trains supplémentaires, les avions qui s’envolent, le temps qui s’arrête, ces photos de Doisneau, et les cartes postales si gentiment vides de l’été …
… Aller au travail, en 1936, se disait encore « aller au chagrin ». Cette indignation, Léo, autour de votre projet de loi ! Quinze jours de congés payés dont douze jours ouvrables, vous vous rendez compte ? Toute la presse bien pensante s’y était mise, et les chansonniers ! On ironisait sur l’existence même d’un sous-secrétariat d’État aux Loisirs. On vous soupçonnait de vouloir « embrigader le rêve », vous vous souvenez ? On avait taillé les crayons très pointus pour faire le compte de ce que vos « largesses » coûteraient au pays : paralysie générale, flambée des prix, faillite de l’État, de l’industrie et du commerce international. Le manifeste des Croix de Feu hurlait : « La notion du travail, de l’ordre et du courage a été abolie ! » Il se trouva même des spécialistes de la vertu sans alcool pour prédire une affreuse épidémie de saoûlographie ! D’après eux, les prolos livrés à l’oisiveté plongeraient tout habillés dans le pinard. La cuite nationale ! Sans rire ! Ce qui induisait que douze mois de turbin sur douze constituait la meilleure garantie de la sobriété publique. À moi, Zola ! Jusqu’au directeur du réseau d’État des Chemins de fer qui reprochait à votre billet réduit d’être antiferroviaire ! Antiferroviaire, Léo ! Par votre faute, cet été-là, 560 000 personnes s’offrirent un billet antiferroviaire, jetant sur les rails des centaines de trains antiferroviaires ! Convois hilares que « Je suis partout » qualifiait de « trains rouges ».
C’est tout de même bizarre, la politique. Ça ressemble parfois à une nouvelle de Marcel Aymé. Un jeune sous-secrétaire d’État aux Loisirs, Léo Lagrange, mitonne une petite loi qui flanque la basse-cour sens dessus dessous ; il finit par emporter le morceau : messieurs les députés déposent leur bulletin, et qu’est-ce qui sort de l’urne ? Une saison toute chaude. À qui ressemblait l’été, Léo, avant que vous l’inventiez ?
Finalement, Léo, vous avez arraché l’unanimité à une assemblée qui pourtant ne vous était pas acquise. L’unanimité moins une voix … 563 votes pour, un seul contre ! Sans qu’il encombre mes nuits, je me suis souvent demandé qui était ce type qui n’avait pas payé les congés payés. Un hobereau qui considérait la France comme son jardin personnel ? Un stakhanoviste à la mode de chez nous ? Un hyper démocrate soucieux de faire entendre son unique différence, fût-ce contre le bonheur ? Un atrabilaire redoutant le face à face familial ? Un vieil enfant qui n’a jamais aimé jouer ? Ou un type qui ne voulait aucun souvenir … surtout pas de souvenirs gratuits…
Non content d’avoir inventé une saison, savez-vous mon cher Léo qu’en faisant passer votre loi vous avez engendré le « récit de vacances », notre dernière et peut-être notre unique tradition orale ? Comme si nos plus précieux souvenirs se concentraient dans ces brèves semaines d’éternité où il ne se passe rien, rien que du ténu, de l’infinitésimal, de l’intime et du répétitif, rien que nous autres face à nous autres, sans la prothèse du travail … où le moindre événement tourne en sujet d’épopée, motif lyrique que la famille enjolivera d’année en année … »
Possiblement, après celle du pangolin, on aura droit, cette fois, à l’épidémie de soûlographie avec cette nouvelle « soif d’apéros » et de picolade en terrasse : vous avez le choix entre Les eaux troubles du mojito cher à Philippe Delerm, le « Perniflard » le breuvage préféré des deux héros de La Soupe aux choux, ou pour conjurer le sort quelques bières Corona.
Mais, au moins, trinquez (encore que … avec la distanciation) à Léo à l’origine des grandes migrations saisonnières dont la privation nous semble intolérable !

Goéland

Vous avez pensé au goéland qui n’a plus rien à se mettre sous le bec ? C’est ballot, il vous aurait peut-être renseigné sur la manière de calculer le périmètre de 100 kilomètres « à vol d’oiseau » autour de chez vous. Le dessinateur Chaval disait que les oiseaux étaient des cons … mais pas qu’eux !
Daniel Pennac s’interrogeait sur l’unique député qui avait voté contre le projet Lagrange. Je voudrais bien connaître le technocrate olibrius qui a pondu cette notion de vol d’oiseau ! Non mais tout de même, vous ne croyez pas ?! J’ai quand même, par curiosité, tenté une simulation sur une carte interactive pour voir s’il m’était possible de me rendre à Orléans sur les traces de Maurice Genevoix dont on devrait célébrer à l’automne l’entrée au Panthéon (si cela n’est pas reporté). Je vous promets que c’est vrai, je me suis retrouvé à plus de 5 000 kilomètres, sans doute vers  La Nouvelle-Orléans !!!
Chères lectrices cuisinières, je ne vous oublie pas. En ce premier week-end du monde d’après, ma compagne a préparé un canard d’Ariège, ni confit, ni déconfit (ça, c’est moi qui le dis !), mais rôti.
À propos, selon des informations de première main, le si coloré marché de Saint-Girons a rouvert ce samedi au mépris des plus élémentaires mesures barrière. Nous autres de la France rouge, nous allons « descendre » le plus vite possible pour faire partager notre expérience. Dans l’esprit de Claudius de Cap Blanc, le délirant af(fabuleux) artiste du Mas d’Azil* qui inventait des objets utilitaires surréalistes comme le sèche-larmes, le pèse-mots, le redresseur de torts ou l’extracteur de quintessence, voilà un nouveau métier : déconfineur d’épidémie.
J’ai envie de conclure avec un ultime adieu à Idir. Accompagnons-le à sa dernière demeure (sur un pas de danse) avec Manu Chao et le beau manifeste Une Algérienne Debout tiré de l’album Identités.

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Prenez toujours soin de vous !

* http://encreviolette.unblog.fr/2013/06/18/claudius-de-cap-blanc-un-artiste-affabuleux/

Publié dans:Ma Douce France |on 18 mai, 2020 |1 Commentaire »

Mon déconfinement

Rappel des états d’âme précédents :
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« Servais, Pancrace et Mamert font à trois un petit hiver. » Qu’ils m’excusent si je pense moins à ces saints dont le tempérament glacial* vient souvent troubler le joli mois de mai.
Quand je serai (encore) plus vieux, je me souviendrai désormais du lundi 11 mai 2020, jour 1 du déconfinement ou plutôt, dans un exercice d’équilibrisme sémantique, « levée progressive du confinement ». Peut-être, apparaîtra-t-il un nouveau dicton : « À la Saint Estelle, on se fait la belle » !

3 Siné mensuel 2020-05-05 à 13.37.16

Siné Mensuel mai 2020

C’est la veille du jour de naissance de ma regrettée maman, et plus encore qu’à l’habitude, je pense à elle, à mon père aussi : comment, s’ils étaient encore de ce monde, vivraient-ils la pandémie qui nous accable, eux qui traversèrent, enfant puis adulte, les deux grandes guerres mondiales ?
J’ai eu l’occasion dans mon premier billet « spécial confinement » d’évoquer la période de l’Occupation, dans ma Normandie natale, durant laquelle l’ennemi, bien visible celui-là, avait investi l’école primaire et le Cours Complémentaire dont ma mère était la directrice.
À aucun moment, l’enseignement ne fut suspendu: il n’était pas question de mesures barrières et de distanciation, sinon lors des exercices des chars allemands, les cours étaient alors dispensés si besoin, à la mairie, dans un café et même à l’école du Sacré-Cœur. L’administration de l’Éducation Nationale continuait à fonctionner, ainsi ma maman fut inspectée à deux reprises.
Surréaliste n’est-ce pas ? Il est possible que vous ne me croyiez pas, et pourtant, je possède des documents et des témoignages écrits d’enseignantes et jeunes filles alors élèves pour valider mes propos de boomer.
Beaucoup plus dérisoire mais cependant instructif, je lisais ces jours-ci une chronique teintée d’humour intitulée « Les anciens comprendront … les moins de 50 ans, pas sûr … » :
« 1958-
Je suis instituteur, il gèle à pierre fendre, je jette des seaux d’eau dans la cour de récré pour que les élèves puissent faire des glissoires. Tout le monde est content ! On prolonge les récrés.
2018
Je suis directeur, la cour est verglacée, je demande aux ouvriers municipaux de jeter du sel de déneigement sur toute la cour. Tout le monde est content ! On abrège les récrés extérieures. »
J’avais 11 ans en 1958 et je me souviens –il y eut des hivers rigoureux- de mon père qui se levait vers 6 heures et qui allait, un seau de boulets de charbon à la main, pour déneiger un couloir dans les deux cours de récréation. Se formait plus tard une file indienne d’élèves qui damaient progressivement un coin de la cour en patinoire. À ma connaissance, il n’y eut jamais d’accidents, de sanctions d’enseignants, d’arrêtés municipaux, de remarques réprobatrices des parents d’élèves.
Peut-on encore jouer à la balle au prisonnier (attention aux carreaux !) ? Aux osselets, aux billes ? Il est vrai que la chute des calots sur le carrelage de la salle de classe …
Si vous saviez combien ça me coûte de fustiger les comportements d’aujourd’hui… qui seraient d’ailleurs possiblement les miens si j’étais un enfant du XXIème siècle ! Autre temps, autres mœurs, comme dit le proverbe. Beaucoup revendiquent un désir de participation citoyenne et nombreux fuient leurs responsabilités quand on les leur délègue.
Il est même un petit chefaillon de Biterre qui procéda à l’enlèvement des bancs publics pour « mieux » faire respecter le confinement. À Biarritz, ce n’était pas possible de :

« …m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Et regarder les gens tant qu’il en a
Te parler du bon temps qu’est mort ou qui reviendra
En serrant dans ma main tes petits doigts
Puis donner à bouffer à des pigeons idiots … »

… le maire ayant limité (puis renoncé quand même) la pause à deux minutes ! À Angoulême, on envisagea de les engrillager, ailleurs de les raccourcir pour qu’on ne puisse s’y allonger que recroquevillé.
Le banc est un répit, un instant, une pause …un abri, un havre, un refuge…une scène …un carrefour …juste un peu de bois et d’acier, comme l’affirme le dessinateur Christophe Chabouté, en quatrième de couverture de son livre Un peu de bois et d’acier.

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Une page de « Un peu de bois et d’acier » de Christophe Chabouté

En tant que président du conseil de ma copropriété, j’étais au contraire heureux de voir les résidents se prélasser sur les bancs et pelouses de la résidence, dans le respect de la distanciation métrique (les amoureux chers à Brassens vont râler, tant pis).
De fil en aiguille, au lieu de confectionner des masques, j’en vins, impénitent boomer, à égrener mes souvenirs d’enfance de l’émission culte de Radio-Luxembourg Sur le banc avec les histoires quotidiennes de Carmen et La Hurlette, un couple de clochards sur un quai de Seine interprétés par Jane Sourza et Raymond Souplex (le non moins célèbre inspecteur Bourrel des Cinq dernières minutes, une autre émission culte de la télévision en noir et blanc).
Raymond Souplex était né place des Grands Hommes (Panthéon) de Zélie Ernestine Pesloux, anagramme de Souplex !

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Sur les chaînes d’info, l’actualité elle-même déconfine en retrouvant une certaine légèreté. Souvenez-vous, cela fait tellement longtemps, près de quatre mois : sur fond d’élections municipales à Paris, le sujet principal était la bite à Griveaux, puis survint la sortie médiatique de l’actrice Adèle Haenel lors de la cérémonie des César et la reconnaissance trop marquée envers le cinéaste Roman Polanski, « On se lève et on se casse » !
Et voici qu’apparaît désormais en bandeau de nos écrans le pince-fesses (trois fois quand même !!!) de notre ancien président nonagénaire Giscard d’Estaing sur la personne d’une journaliste germanique de 37 ans ! Ah la « touchante » amitié franco-allemande ! Comme auraient dessiné Reiser ou Wolinski, le moral revient !
Entre temps, notre vocabulaire s’est enrichi de quelques mots, noms et expressions : Wuhan, Covid-19, pangolin, cluster, chloroquine, gestes barrières.
Gardiens sourcilleux du bon usage de la langue française, nos académiciens (par visio-séance ?) ont décidé que si le coronavirus est bien du genre masculin, il fallait dire, par contre, la Covid : en effet, Covid-19 est un acronyme d’origine anglaise, coronavirus disease, qu’on peut traduire par « maladie du coronavirus », et la règle en langue française veut que l’accord se fasse en fonction du genre du noyau, ici la maladie. CQFD ! Ces mêmes « immortels » tiqueraient devant le terme de « distanciation sociale », suggérant plutôt « respect des distances de sécurité ».
Tempête sous les crânes, et sur aussi ! Il faut se shampouiner la tête, et justement, dans la nuit du déconfinement, à 0 heure précise, quel hasard, quatre équipes de télévision se retrouvèrent dans le même salon parisien pour retransmettre en direct la première coupe de cheveux du client zéro nullement étonné de susciter un tel engouement médiatique. Le degré zéro aussi de la vacuité de l’information !
C’est du moins ce que j’ai ressenti, le grand cirque médiatique semble avoir changé de logiciel, comme on dit maintenant, en manifestant, depuis ce week-end, une confondante humilité qu’on peut résumer ainsi : on ne savait rien de ce fichu virus, on le découvre encore quotidiennement, est-il parti ? reviendra-t-il et quand ? Aux dernières nouvelles, il pourrait circuler dans l’air, il s’agirait d’un phénomène d’aérosolisation. Bref, le pangolin n’a pas fini de nous en faire baver.

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La vérité d’un jour est souvent démentie ou contredite le lendemain. Et pour ne pas perdre la face, on associe dans le même opprobre, médecins, experts, spécialistes, journalistes, seuls les politiques (au pouvoir) n’ont pas le droit à cette mansuétude et ce mea culpa général.
On semble sortir d’un mauvais rêve, d’une parenthèse surréaliste d’une dizaine de semaines. La France se réveille, sonnée, abasourdie, le cerveau embrouillé, affaiblie physiquement et économiquement.
Oiseau de mauvais augure, j’ai le sale pressentiment que le monde d’après ressemblera vite … à celui d’avant (en « moins bien » même peut-être). Les affaires reprennent et certains, déjà, à visage découvert, font leur beurre avec la vente des trop fameux masques. Pour ce qui me concerne et ma compagne, une charmante voisine nous a offert deux jolis masques confectionnés dans un tissu chatoyant ramené de Bali. Qui sait si à l’automne, nous n’assisterons pas à une fashion week masquée, ohé, ohé !
Je médis, je dénigre, mais j’encense tous les « premiers de cordée (ou corvée) », l’ensemble héroïque du personnel soignant en première ligne qui a sauvé des vies, les éboueurs, les caissières, les livreurs, une majorité d’enseignants aussi, beaucoup d’autres anonymes encore, qui ont porté notre pays à bout de bras. On nous a conté d’admirables et émouvants témoignages et initiatives de solidarité qui font chaud au cœur.

Banksy

œuvre de Banksy en hommage aux nouveaux héros

J’ose espérer (mais …) qu’à l’heure du bilan et des comptes, on n’oubliera pas de les placer dans l’échelle sociale au rang qu’ils méritent.
Pour célébrer ce premier jour de déconfinement, mon ami Jean-Pierre m’a fait la divine surprise de me dédier et publier dans son blog un billet autour de la « petite expo » de son cabinet de curiosités vélocipédiques consacrée à Jacques Anquetil l’idole de mon enfance.

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la « petite expo » (photographie JPLP)

« Mon » champion normand, incomparable dans l’art de courir en solitaire contre le temps au point qu’on le surnomma le « chronomaître », ne fut-il pas, en y réfléchissant bien, un précurseur des gestes barrières. Héros proustien, il pédalait à la recherche du temps gagné.
https://vlosvlo.blogspot.com/2020/05/ma-petite-expo-jacques-anquetil.html
La « ménagère de cinquante ans » attend désormais cet instant, ma compagne a fêté notre nouvelle vie déconfinée, menu zone rouge, en concoctant un clafoutis de patates douces et ricotta aux herbes que j’ai accompagné d’un Côtes-du-Ventoux rosé. Vous savez, si la montée à vélo du géant de Provence est un calvaire notamment sous la chaleur, sa descente dans le gosier est une passion!

clafoutis paptates douces ricotta

Les Français, aspirant à bronzer idiot, réclament la réouverture des plages. Puissent-ils aussi afin de vivre intelligemment leurs vacances demander la réouverture des librairies, des salles de spectacles, le retour des manifestations culturelles. Nos artistes sont censurés pour raisons sanitaires.

Rideau-Baissé-ParisBazaar

Quel beau message d’optimisme nous envoie Étienne Daho avec sa chanson Le premier jour du reste de ta vie … déconfinée :

« Un matin comme tous les autres
Un nouveau pari (s ?)
Rechercher un peu de magie
Dans cette inertie morose … »

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« Clopin-clopant sous la pluie
Jouer le rôle de sa vie
Puis un soir le rideau tombe
C’est pareil pour tout le monde

Rester debout mais à quel prix
Sacrifier son instinct et ses envies
Les plus essentielles
Mais tout peut changer, aujourd’hui
Est le premier jour du reste de ta vie
Plus confidentiel

Pourquoi vouloir toujours plus beau
Plus loin, plus haut
Et vouloir décrocher la lune
Quand on a les étoiles

Quand les certitudes s’effondrent
En quelques secondes
Sache que du berceau à la tombe
C’est dur pour tout le monde

Rester debout mais à quel prix
Sacrifier son instinct et ses envies
Les plus confidentielles
Mais tout peut changer, aujourd’hui
Est le premier jour du reste de ta vie
C’est providentiel

Debout peu importe le prix
Suivre son instinct et ses envies
Les plus essentielles
Tu peux exploser, aujourd’hui
Est le premier jour du reste de ta vie
Non accidentel

Oui, tout peut changer, aujourd’hui
Est le premier jour du reste de ta vie
Plus confidentiel
Confidentiel
Confidentiel »

Alex 2020-04-21

Continuez surtout à prendre soin de vous et de vos proches !

* http://encreviolette.unblog.fr/2009/05/10/les-saints-de-glace/

Publié dans:Ma Douce France |on 13 mai, 2020 |2 Commentaires »

Mon confinement … déconfinement ou déconfiture?

Rappel des états d’âme précédents :
http://encreviolette.unblog.fr/2020/03/23/mon-confinement-j8/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/03/25/mon-confinement-j10-avec-lassistance-de-cavanna/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/03/27/mon-confinement-j13/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/01/mon-confinement-au-1er-avril/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/06/mon-confinement-deja-3-semaines/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/15/mon-confinement-merci-pour-le-rab/
http://encreviolette.unblog.fr/2020/04/23/mon-confinement-bientot-le-joli-mois-de-mai/

Ça y est, notre Premier ministre a tracé les grandes lignes du plan de déconfinement envisagé après le 11 mai.

-felix-confinementavril

Parodiant la célèbre chanson de Juliette Greco, un quotidien régional en a fait sa Une :

Déconfinez moi

En tant que francilien, un peu de patience, j’ignore quel sera mon espace de liberté conditionnelle, mais je ne vais pas hurler avec les millions de loups qui, avant même que le plan leur ait été présenté, avaient choisi la critique.
C’est affligeant : deux jours avant qu’Édouard Philippe prononce son allocution à l’Assemblée Nationale, les médias glosaient, supputaient voire affirmaient sur sa probable teneur en tombant a priori dans le procès d’intention et la critique sournoise. Et que dire, de nos parlementaires d’opposition qui, fustigèrent illico le gouvernement dans l’hémicycle. À l’écart d’esprit partisan, je ne me fais humblement que le défenseur d’une certaine mesure. Bien malin celui qui trouvera la vérité dans ce foutras de masques, tests ou respirateurs.
Quel dommage que la Chaîne parlementaire (LCP) n’existât point au temps où Chateaubriand, Victor Hugo et Alphonse de Lamartine siégeaient à l’Assemblée ! Lisez ou relisez les discours de Hugo sur la peine de mort et les États Unis d’Europe, vous comprendrez ce que signifie tout simplement hauteur de vue ou critique constructive.
Je me « réjouis », à l’occasion de cette pandémie sur laquelle on apprend (ou désapprend parfois) quasi quotidiennement, que la France compte plusieurs millions d’épidémiologistes, infectiologues, virologues de tout poil, et tout autant d’économistes qui savaient même parfois avant que le virus ne frappe notre continent.
Je n’ai pas lu le livre-tract d’Emmanuel Klein mais j’en apprécie le titre : « Je ne suis pas médecin mais je … »
Rien de plus irritant et fielleux, en effet, que tous ces commentaires commençant ainsi ou aussi « il n’est pas temps d’entrer dans la polémique mais je pense que … » ! L’art ou plutôt l’artifice avec un simple mais de dire tout et son contraire.
Heureusement, en marge du jugement de (professeur) Salomon nous annonçant quotidiennement le nombre de décès, il y a aussi les déclarations moins anxiogènes de certaines figures éminentes du monde de la santé indiquant que le confinement, aussi contraignant qu’il soit, aurait déjà sauvé la vie de près de 60 000 personnes. Honte à ceux qui répondront encore : « oui c’est vrai mais … » !
À l’aune des premières annonces concernant le déconfinement, chaque corps de métier, chaque entreprise, chacun de nous, tentons d’en imaginer le scénario et les conséquences.
Pour ce qui me concerne, retraité de l’Éducation Nationale, égoïstement, je n’ai pas grand chose à redouter, sinon peut-être, qu’a minima, dans quelques mois, je serai lourdement « céessegisé » ! Par contre, nombreux sont ceux qui risquent de connaître des lendemains de coronavirus douloureux voire dramatiques.
Je ne parle évidemment pas ici de tous les acteurs du football professionnel véritablement catastrophés et affolés face à l’interdiction annoncée par le Premier ministre de reprendre toute compétition avant le mois de septembre.
Certains connaissent ma passion pour le jeu de football inoculée sans doute par mon père dès ma plus tendre enfance. Je me surprends moi-même, mais je ne ressens étonnamment aucun manque dans la totale pénurie actuelle liée à l’épidémie. Si je prends encore souvent beaucoup de plaisir devant les retransmissions télévisées, il y a bientôt une vingtaine d’années que j’ai abandonné le chemin des tribunes pour faits de racisme, chauvinisme, violences*.
Je souris devant certains scenarii échafaudés par les présidents de clubs ne voyant que leurs enjeux économiques. Furent-ils aussi impliqués et combatifs, clin d’œil à mes amis ariégeois, lorsqu’il y a quelques années, on refusa la valeureuse accession en Ligue 2, acquise à la force du jarret, du petit club de Luzenac pour de médiocres raisons de capacité de stade. « Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » … vous connaissez.
Je vais tout de même vous parler un peu de foot même, bien que cela soit bien dérisoire en cette période ! En effet, décidément ça devient chaud pour mes artères, cette semaine, on a appris le décès de Robert Herbin, sans lien avec le coronavirus.

Herbin foot magazine

Après Michel Hidalgo, c’est une autre figure sportive de mon enfance et de ma jeunesse qui disparaît. Même les moins férus de ballon rond d’entre vous se souviennent peut-être qu’il fut l’entraîneur emblématique du club de l’A.S. Saint-Étienne au temps de la grande épopée des Verts au milieu des années 1970.
Resurgissent des photographies en noir et blanc ou sépia de la fin des années 1950. C’était encore une époque où les matches se disputaient immuablement le dimanche après-midi à 15 heures, les cheminées d’usines se dressaient encore derrière les tribunes du stade Geoffroy-Guichard. Le tout jeune Herbin, fils du premier tromboniste de l’Opéra de Nice, débutait sa carrière au milieu d’une pléiade de joueurs talentueux, pour la plupart internationaux, le Camerounais Eugène N’Jo Lea à l’origine du syndicat des footballeurs professionnels (UNFP), l’Algérien Rachid Mekhloufi qui rejoignit en 1958 l’équipe du FLN, Claude Abbes gardien de but de l’équipe de France lors de la Coupe du monde 1958 en Suède, Yvon Goujon, René Ferrier, Bernard Bosquier, sans oublier Aimé Jacquet le futur sélectionneur de l’équipe tricolore victorieuse de la Coupe du Monde 1998, ce sont ceux qui me reviennent immédiatement en mémoire.

Robeert Herbin-france-suisse-2-2

Robert Herbin sous le maillot bleu lors d’un match France-Suisse dans l’ancien Parc des Princes

Herbin Coupe de France

J’ai vu, en chair et en os, ce joueur élégant, reconnaissable immédiatement avec sa chevelure rousse, Herbin évolua notamment sous les ordres de deux entraîneurs de grande valeur, humanistes et pédagogues : Albert Batteux (on ne disait pas coach mais Monsieur Batteux !), précédemment entraîneur du Stade de Reims à sa grande époque européenne, et Jean Snella, les deux dirigèrent d’ailleurs en duo l’équipe de France en Suède.
À l’issue de sa carrière de joueur, Herbin devint tout naturellement entraîneur du club légendaire du Forez. Formé à belle école, il ajouta une touche athlétique au beau jeu inculqué par ses maîtres, avec le succès qu’on connaît qui mena à la fameuse finale de Coupe d’Europe de Glasgow perdue, peut-être, à cause de maudits poteaux de but carrés. D’un caractère flegmatique voire énigmatique, guère loquace, il se vit attribuer le surnom de « Sphinx ».

Herbin-L'Equipe

Robert Herbin possède un des plus beaux palmarès du football français : 5 titres de champion de France, 3 Coupes de France et 23 sélections en équipe de France comme joueur, 4 fois champion, 3 Coupes de France et une finale de Coupe d’Europe des clubs champions en tant qu’entraîneur.
Transition audacieuse : un sphinx peut en cacher un autre. En mettant quelque ordre dans une pile de magazines, j’ai remis la main sur le catalogue de l’exceptionnelle exposition que le musée du Louvre consacra, en 2017, à l’illustre peintre hollandais Johannes Vermeer, surnommé parfois le « Sphinx de Delft », eu égard à sa biographie obscure et son œuvre énigmatique.
En feuilletant l’ouvrage, et attardant mon regard particulièrement sur ses scènes de genre, j’imaginais que Vermeer, présenté souvent (et possiblement injustement) en artiste solitaire vivant en ermite, se serait facilement adapté au confinement qui nous est prescrit.
J’ai retrouvé l’émotion qui m’avait étreint lorsqu’au musée, je fus physiquement face à ses tableaux, petits par le format mais immenses par leur beauté.
Comme il y a plusieurs cadres dans le cadre des peintures de Vermeer, il existe aussi une forme de confinement dans l’isolement de ses personnages que ce soient la Laitière, la Femme en bleu lisant une lettre, le Géographe, l’Astronome, la Joueuse de luth.

la-laitier-veermer-museumtv-01VERMEER_-_El_astrónomo_(Museo_del_Louvre,_1688)Vermeer Geographe

Il s’agit de voyages à l’intérieur d’une demeure néerlandaise du XVIIème siècle. Même si les éléments du décor changent suivant la position sociale du personnage, le coin de pièce nous devient presque familier avec la récurrente fenêtre à gauche dans un but d’éclairage naturel de la scène. Avec Vermeer, le temps est suspendu.
Pour refermer cette parenthèse batave, je vous conseille Bleu de Delf, l’agréable roman de Simone van der Vlugt. Vermeer y apparaît en arrière-plan, Rembrandt aussi : l’héroïne Catrijn, embauchée dans la faïencerie de Fabritius ancien maître et ami de Vermeer, va mettre au point la technique du célèbre bleu de Delf. On lit, au hasard de ses déplacements, quelques pages saisissantes sur la terrible épidémie de peste qui ravagea la ville en 1654.

Bleu-de-Delft

La lecture (et l’écriture, par exemple d’un blog !) est peut-être l’activité la mieux adaptée pour tuer le temps du confinement.
Je sais que certaines de mes lectrices (pourquoi ce féminin ?) guettent les idées de recettes de cuisine que ma compagne effectuent en cette période de confinement.
« Quand on aime les poulets, on aime tout d’eux. La gentillesse qu’on leur donne, ils nous la rendent en sortant du four. »
Quitte à les décevoir, qu’elles ne comptent pas sur moi pour émoustiller leurs papilles avec un poulet basquaise ou à l’estragon, voire en franchissant les frontières de l’espace Schengen, avec un colombo de poulet ou un tajine.
Cette semaine, je leur propose à tout le moins une variation de poulet à la catalane sortie de l’imagination de Lucie Rico avec son curieux roman Le Chant du poulet sous vide qui risque de vous donner … la chair de poule.

Chant du poulet sous vide

Paule l’héroïne revient à la ferme familiale à l’occasion de la crémation de sa mère Evelyne Rojas éleveuse de poulets « à l’eau de source » dans la campagne catalane (même si le lieu n’est pas clairement décrit), à deux pas de la frontière.
Paule, unique héritière, est chargée d’accomplir la dernière volonté de sa maman : tuer Théodore son poulet préféré, une mission pas si facile que cela à assumer quand on est devenue citadine et végétarienne depuis une vingtaine d’années.
Je pourrais lui donner quelques conseils, j’ai tellement vu, dans mon enfance, faire ma chère mémé Léontine : la tête à l’envers (mais non, pas la grand-mère !), elle tranchait la jugulaire en enfonçant d’un coup sec son couteau entre le bec et le jabot. Par contre, elle ne récupérait pas le sang comme le faisait une aïeule d’Ariège pour frire à la poêle la délicieuse galette de sanquette.
Âmes sensibles s’abstenir, le pauvre Théodore -sent-il sa fin imminente- picore avec tendresse, dans le salon, le bout des chaussures de Paule. Allez, devant l’urne remplie des cendres de sa mère, elle tord le cou à ses tourments et Théodore. Les os craquent, l’animal est passé à trépas.
Une dernière volonté doit être respectée de façon solennelle. Paule attrape le registre de condoléances déposé à l’entrée et griffonne tout ce qui lui vient à l’esprit sur Théo. Puis, elle part vendre le poulet au marché sur l’étal occupé autrefois par sa mère.
« Théodore a eu un traitement de faveur : il a une étiquette, et sur l’étiquette, son nom en grand, Théodore, au-dessus de sa biographie manuscrite. Paule a bien écrit le mot entier pour que l’on ne confonde pas avec une simple appellation « BIO ». Il y a même les dates réglementaires : 14 février 2018-20 septembre 2018.
Une belle pierre tombale en plastique »
Incapable de prononcer quelques mots à l’enterrement de la vieille, Paule s’est rattrapée en écrivant une petite biographie du poulet après lui avoir brisé le cou :
« Théodore naquit au milieu de vases champs. De caractère libre et indépendant, malicieux, Théodore souffrait pourtant d’un handicap, un œil borgne, qu’il surmontait par son allure désinvolte et néanmoins racée. Théodore aimait marcher en rond tout en piquant l’herbe, jamais dans le même sens que ses congénères, courrant toujours à sa façon, comme s’il dansait. Il entretenait une relation particulière avec sa fermière, un lien intense d’amitié qui ne fut brisé que par la mort. »
Un gamin fait son malin devant son frère en pointant du doigt la faute d’orthographe dans le texte, celui-là n’a peut-être pas besoin de retourner en classe le 11 mai !
Sur un étal voisin, « Nicolas (ancien bon camarade de classe, autrefois « ils tailladaient l’écorce des arbres à l’unisson ») dispose ses vaches déclinées en plusieurs morceaux à poêler, griller ou rôtir : gîte, bavette, collier, tendron … »
C’est vrai ça, le poulet est l’un des rares animaux de la ferme qui conserve la même identité quand on mange sa viande.
Théodore vendu, Paule décide de ne pas repartir à la ville où l’attend pourtant Louis, son compagnon architecte qui a la particularité de n’avoir que quatre doigts à chaque main (« des pattes de poulet ») ! Elle choisit de poursuivre l’élevage des poulets, de les prénommer, de vivre avec eux, de les tuer puis de leur rendre hommage en écrivant leur biographie avant de les vendre. « Elle ne peut pas écrire sans tuer », la serpette d’abord, le stylo ensuite.
C’est ainsi qu’elle renouvelle sans cesse le deuil de sa mère, constamment présente dans son urne et dans le roman.
C’est comme cela aussi que l’on trouve au fil des pages des biographies de poulets, Lacet « (« C’était un poulet unique et supérieur, qui brillait par son intelligence et sa malice. Si son cœur s’est éteint, dans le nôtre il vit », Gervaise (« Grande fluette, avec une jolie petite face ronde ; son infirmité était presque une grâce », Lolita (« Tout au long de ses cent un jours, de ses cent deux nuits, Lolita vécut libre et heureuse, courant plus vite que les hommes, plus vite que la tramontane, comme pour échapper au sort ».. Vous découvrez, essaimées comme du bon grain, une quantité d’informations sur le poulet, savez-vous par exemple comment l’on reconnaît un mâle d’une femelle ? Pas si évident à repérer, ainsi un poulet mâle a été victime d’une erreur de « sexage » de la part de Paule qui l’a prénommé Gertrude. !Vous apprendrez que le poulet a perdu son pénis et que le sperme aviaire se transmet pas un baiser cloacal. Voilà un détail qui pourrait frustrer certains coqs de village !
Jalousies de voisinage, attaques de renard ou belette ? La basse-cour de Paule sera dévastée. En renouvelant son cheptel, elle en profitera pour remplacer la race Faveroles chère à sa mère par des Crèvecœur. Je me redresse du jabot, bon sang de normand : la Crèvecœur est une des plus anciennes races françaises qui doit son nom au village de Crèvecœur-en-Auge. Le seigneur local l’aurait ramenée des Pays-Bas au XIIème siècle.
Mes connaissances en matière d’aviculture viennent de ce que j’ai réalisé, il y a une vingtaine d’années, un documentaire sur la poule de Houdan, une poule princière favorite des palais. J’avais évoqué cette aventure dans un ancien billet**. J’y parlais aussi un peu de cyclisme … mais n’y a-t-il pas de cocottes aux freins des vélos de course !
Paule s’attache tellement à ses poulets prénommés et biographiés qu’elle en vient à faire la fête avec eux, à inventer des jeux, à mettre à leur disposition des toboggans et autres installations ludiques. Certains, notamment Aval, vont devenir des animaux de compagnie.
Jusqu’au jour où Fernand, une de ses connaissances, lui suggère de retourner en ville en lui soumettant un projet d’exploitation révolutionnaire et de grande ampleur qui « humanisera » l’existence des poulets. Très tentant puisque cela lui permet même de se retrouver auprès de Louis son compagnon qui dessine les plans de la ferme citadine.
Dérives du marketing et de la productivité à outrance, progressivement, Paule ne reconnaît bientôt plus ses poulets dans l’anonymat du nombre. La rédaction de leur biographie n’a plus aucun sens. Je m’interdis de vous dévoiler la fin de cette jubilante farce allégorique que l’écrivaine nous développe avec humour, fraîcheur, simplicité aussi (son style n’est pas ampoulé !). À travers ses poulets, elle fait crisser sa plume sur les travers des humains.
Pour poursuivre ma rubrique « nos amis les bêtes », je vous livre une des lettres que les animaux adressent aux humains confinés, chaque semaine, dans Charlie-hebdo. Dans celle-ci, c’est le pangolin qui nous interpelle, oui le trop tristement célèbre Manidae (hâtivement ?) accusé du mal qui nous frappe.
Sur le site du journal satirique, nous pouvons même découvrir la « voix » du pangolin à travers la chronique lue par Coraly Zahonero sociétaire de la Comédie Française. Mes fidèles lecteurs se souviennent peut-être du billet que j’avais consacré à sa lecture de Nel est mort, le livre émouvant de Sylvie Caster***. En toile de fond, on devinait la figure de Reiser. Nul doute que s’il était encore de ce monde, l’iconoclaste dessinateur de la grande période de Hara-Kiri et Charlie-Hebdo nous gratifierait de crobars féroces et hilarants sur l’époque « formidable » que l’on vit.

reiser une époque formidable

Voici donc la tentative de réhabilitation du pangolin :
« Ça y est, me voilà en haut du podium ! Le panda n’a qu’à bien se tenir, c’est moi désormais qui incarne la faune sauvage en péril. J’ai même une journée mondiale qui m’est consacrée, en février, sur demande de l’ONU.
J’avoue que si j’apprécie cette notoriété, j’en regrette les raisons. En fait, c’est parce que je risque de disparaître que j’apparais désormais en première ligne. Franchement, aux lumières de la notoriété, je préfère l’obscurité de mes terriers. Du reste, je m’active plus volontiers la nuit. Solitaire, j’arpente mon territoire pour localiser et capturer des fourmis, des termites ou tout autre insecte imprudent. Mon arme ? Une langue visqueuse pouvant atteindre les 30 cm de long. Mais plus que cet appendice hors norme, ce sont mes écailles qui me rendent énigmatique. Une véritable armure de chevalier errant. L’inoubliable Pierre Desproges me définissait ainsi : « le pangolin ressemble à un artichaut à l’envers avec des pattes ». La formule qui fit sourire hier m’épouvante aujourd’hui, car ce sont précisément mes écailles qui conduisent à ma perte.
Les bilans officiels révèlent un trafic effrayant. En une seule année, 41 tonnes d’écailles ont été saisies, ce qui représente plus de 34 000 animaux abattus. Et Interpol précise que les autorités ne parviennent à mettre la main que sur 10 à 20 % seulement de l’odieux commerce. Pourquoi un tel carnage ? Parce que ma carapace aurait des vertus thérapeutiques pour venir en aide aux « mal-bandants ». Comme par ailleurs, ma viande est considérée comme l’une des plus fines de la faune sauvage, vous conviendrez que mon avenir s’avère désespérant.
Fréquentant l’Afrique et l’Asie, notre peuple s’est retrouvé otage de vos désirs. Nous sommes devenus les créatures sauvages les plus recherchées sur les marchés de Chine, de Taïwan, du Cameroun, du Bénin et d’ailleurs. Que de souffrance et de misère pour finir ainsi entassés avec des lézards desséchés, des tortues décapitées, des civettes et autres roussettes agonisantes.
À Wuhan, on a compté 110 espèces différentes arrachées à la faune sauvage pour rejoindre le marché fantôme dont vous souffrez aujourd’hui. Je serais avec des chauves-souris un « hôte intermédiaire » (la formule ne manque pas de poésie!) dans l’émergence du nouveau coronavirus. Il ne s’agit que d’une hypothèse suggérée par l’analyse de 18 cadavres congelés de mes congénères, mais je sens bien que ma culpabilité ne tardera pas à être clamée.
Face à ce constat, la Chine a décrété une interdiction complète du commerce et de la consommation d’animaux sauvages. Il faut qu’une mesure comparable soit appliquée en Afrique et partout dans le monde.
Terminé le braconnage, la maltraitance, l’agonie. La lucidité doit vous amener à en finir définitivement avec notre exploitation. Pendant trop longtemps, vous avez fait couler notre sang entre vos doigts en vous en lavant les mains. Votre future barrière de protection consistera à nous laisser vivre dans une aimable cohabitation sur notre fragile planète. » (Allain Bougrain-Dubourg, Charlie-Hebdo 14 avril 2020)

1 Siné-Mensuel 2020-05-05 à 13.39.29

Siné mensuel (mai 2020)

Bêtes Ils sont confinés

Je me détache de plus en plus des fastidieux « plateaux » des chaînes d’info puisque la vérité du jour est trop souvent contredite par celle de la veille.
Par contre, après les applaudissements de 20 heures destinés au personnel soignant, je me régale de la séquence journalière d’une ville filmée avec un drone en cette période de confinement. Surréalistes, utopiques et pourtant bien réelles, émouvantes, angoissantes aussi, les images par exemple de la sérénissime Venise déserte.

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« Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus

Les musées, les églises
Ouvrent en vain leurs portes
Inutile beauté
Devant nos yeux déçus … »

Seul, les pigeons s’aiment d’amour tendre, ces temps-ci, sur la place Saint-Marc. Il paraît que l’eau des canaux est redevenue claire. Toutes ces images ouvrent une réflexion sur le tourisme de masse.
Clairvoyants auraient été ceux qui auraient prédit qu’un jour je conclurai un billet avec une chanson de Gilbert Montagné !
Dans quelques années, cela deviendra peut-être un tube de solidarité comme le refrain des Restos du Cœur. Des paroles simples, des messages d’optimisme et par dessus tout la joie de vivre des personnels soignants, merveilleux et héroïques qui côtoient la mort au quotidien.
Pour avoir le témoignage direct d’une discrète voisine aide-soignante, je perçois (un peu) ce qu’ils endurent.

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Comme ça fait du bien ! « Ça finira. On reverra les océans, les champs de blé … » J’espère bien, mais je crains de devoir patienter encore un peu. J’appartiens à la France rouge sur la carte du futur déconfinement.

Libération déconfit déconfiné

Cent kilomètres à la ronde, je ne pourrai même pas me rendre à Crèvecœur-en-Auge voir quelques poules de luxe !
Ne relâchez rien ! Prenez toujours soin de vous !

* http://encreviolette.unblog.fr/2008/04/11/etre-supporter-du-psg-ou-dailleurs/
**http://encreviolette.unblog.fr/2011/03/08/au-depart-de-paris-nice-2011-les-mains-aux-cocottes-ou-ah-si-vous-connaissiez-ma-poule-de-houdan/
*** http://encreviolette.unblog.fr/2019/03/27/coraly-zahonero-sylvie-caster-et-reiser-a-la-comedie-francaise/

Publié dans:Ma Douce France |on 3 mai, 2020 |Pas de commentaires »

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