Agnès Varda, une belle et vraie personne !
Je souhaitais laisser passer le 1er avril afin que vous ne pensiez pas que c’était une blague. Cela en est une pourtant, et même une sale blague : la cinéaste Agnès Varda nous a quittés à l’âge de 90 ans.
Le jour même de l’annonce de sa disparition, les chaînes de télévision, du moins celles qui assument encore une mission culturelle, ont bouleversé leur grille de programmes pour lui rendre hommage. Non pas une célébration formelle ou bling-bling comme il est classique de faire pour toute disparition d’une figure du monde culturel, mais un au revoir sincère à une dame qui, souvent inconsciemment, a fait partie de notre vie.
À une échelle moindre peut-être, j’ai ressenti une émotion semblable à celle qui nous étreignit à la mort de Jean Ferrat. Comme le poète retiré à Antraigues, Agnès de la rue Daguerre fut une compagne d’esprit engagé. D’ailleurs, en cette soirée d’hommages, j’ai adoré la diffusion de ce qu’on appelle désormais une « master class », je préfère dire la leçon de cinéma, et de vie, qu’elle avait donnée encore au mois de janvier dernier à la Cinémathèque française. Quelle richesse ! Quelle modestie ! Quelle intelligence ! Quel humour aussi ! Cette mamie rigolote avec sa coupe de cheveux au bol bicolore, c’était un peu l’aïeule que j’aurais aimé posséder … même si ma mémé Léontine, la seule grand-mère que j’ai connue, était merveilleuse. Nul doute d’ailleurs qu’Agnès aurait su en faire un attachant portrait.
Cela ne présenterait aucun intérêt que je déroule ici la filmographie de l’artiste, beaucoup de journaux l’ont évoquée avec talent ces jours derniers. Je suis loin d’ailleurs de la connaître avec précision, et je suis passé à côté de certaines de ses pépites visuelles.
Je préfère égrener quelques souvenirs et anecdotes qui, à quelques moments de ma vie, m’ont permis de « croiser » Agnès.
D’abord, on ne le sait pas toujours, mais avant d’être cinéaste, Agnès Varda fut photographe, travaillant notamment pour le Théâtre National Populaire. Dans son adolescence à Sète, elle fut voisine et nounou du premier enfant de Jean Vilar et son épouse, c’est ainsi que, dès 1948, il lui proposa de faire des photographies des spectacles présentés au tout jeune festival d’Avignon. J’ai découvert, il n’y a pas si longtemps, que c’est Agnès qui réalisa les extraordinaires photographies en noir et blanc, aujourd’hui cultes, de Jean Vilar lui-même, Maria Casarès et Gérard Philipe. Elle ne tirait pas leur portrait au cours des représentations mais, au figuré, les remettait en scène. Mémoire d’un théâtre populaire aujourd’hui mythique.
Était-elle l’auteure des clichés de Gérard Philipe sur la jaquette d’un disque vinyle que ma chère maman écoutait souvent ? Jouait-il le Prince de Hombourg, le Cid ou Lorenzaccio ?
Ce n’était pas encore l’époque des posters des vedettes yéyés détachés du magazine Salut les Copains (Agnès commit quelques années plus tard un documentaire sur la révolution castriste qu’elle appela en clin d’œil Salut les Cubains !), ma mère vouait une respectueuse admiration à Gérard Philipe donc, et Michèle Morgan. Était-ce un signe avant-coureur (c’est le cas de le dire) d’un déclin culturel dans la famille, mon idole serait bientôt le cycliste normand Jacques Anquetil…
Si je ne me trompe pas en réorganisant mes souvenirs, ma première rencontre avec Varda se situe à la sortie de son film Le Bonheur en 1965 … au bénéfice de l’âge. En effet, je venais juste d’atteindre mes dix-huit ans, âge requis par la censure pour partager la vision d’Agnès sur le bonheur.
Hors sans doute ce probable désir de goûter à l’interdit, il n’est pas impossible que l’attrait pour ce film résidât également dans la présence, comme acteur principal, de Jean-Claude Drouot, héros à l’époque de la populaire série télévisée Thierry la Fronde sur fond de guerre de Cent Ans.
Agnès Varda qui a toujours aimé battre en brèche les codes du classicisme et du cinématographiquement correct, dans le fond comme dans la forme, fit appel pour interpréter le couple principal à la propre femme dans la vie de Jean-Claude Drouot, ainsi qu’à leurs propres enfants.
Il faut replacer le film dans le contexte de l’époque : la majorité civile était fixée à 21 ans, le divorce était encore rare et le libertinage encore plus. Et voici donc Agnès qui nous livre sa conception du bonheur en montrant qu’un homme pouvait tromper son épouse tout en se persuadant d’être dans l’épanouissement et de ne pas faire de mal.
Ainsi, un menuisier heureusement marié à sa femme couturière, heureusement papa dans le cadre encore champêtre de Fontenay-aux-Roses, est heureusement séduit par une adorable postière de Vincennes dont il tombe éperdument amoureux. Il n’a pas conscience de tromper son épouse, pour lui les bonheurs s’additionnent.
Cette situation d’adultère aujourd’hui banale fit scandale à l’époque, préfigurant d’une manière assez visionnaire la liberté sexuelle qui se profilerait bientôt.
Pour traduire en image ce bonheur (a)moral rêvé, Agnès nous offre un éblouissant bonheur pictural, utilisant la couleur pour la première fois, se référant notamment au Déjeuner sur l’herbe de Jean Renoir mais aussi à Monet, Manet et Van Gogh dont les tournesols apparaissent en générique.
Agnès, pour insérer cette fiction dans le réel géographique, historique et sociologique (ce fut un procédé constant dans ses films), n’hésitait pas à s’emparer par exemple de mots sur les devantures des magasins pour les mettre en écho à l’action comme les cartons des films muets, à remplir le champ sonore, outre la fugue de Mozart, des bruits de la ville et de la campagne, des flonflons du bal musette et des chansons yéyé que diffusait la radio.
Il faut aussi citer la beauté des acteurs, on ne pouvait pas ne pas tomber amoureux de la jolie postière interprétée par Marie-France Boyer, d’ailleurs, elle était célibataire elle !
C’est pour des raisons morales que le film subit les affres de la censure car les scènes de sexe étaient très pudiques, abstraites même, les corps n’étant filmés que morcelés.
Agnès définissait son film comme un magnifique fruit d’été avec un ver dedans. Je ne sais pas comment Le Bonheur, récompensé par le prix Louis Delluc, serait perçu par le public aujourd’hui. À l’époque, en tout cas, sa projection en fut un pour moi : en vous en parlant, j’ai ressenti une insouciance, une légèreté. Il faut appréhender l’œuvre désormais presque comme un essai documentaire avec une pellicule volontairement jaunie. On ne peut imaginer aujourd’hui un tel épanouissement dans le contexte social des gilets jaunes.
Au cœur des années 1970, je découvris accidentellement le premier long-métrage réalisé par Agnès en 1954 : La Pointe Courte avec pour monteur, le futur grand Alain Resnais.
Je l’ai évoquée dans des billets à plusieurs reprises, la Pointe Courte est un quartier de Sète, au bord de l’étang de Thau, pittoresque avec ses maisons basses, ses carcasses de bateaux, ses ruelles qu’on appelle traverses, ses pêcheurs (et souvent jouteurs) truculents, et ses innombrables chats. Pendant quarante ans que mon oncle et ma tante vécurent sur « l’île singulière » chère à Paul Valéry et Georges Brassens, ce fut un rituel d’aller me promener à la Pointe Courte.
Inévitablement, je découvris donc vite qu’Agnès Varda, qui s’installa adolescente avec sa famille à Sète pour fuir l’Occupation, y tourna ce que les historiens du Cinéma considèrent souvent comme le premier film de la Nouvelle Vague, du moins une œuvre annonciatrice du mouvement.
Cela devint un quasi passage obligé, lors de mes errances au bord de l’étang, d’emprunter la « traverse » baptisée au nom de celle qui suivit de nombreux chemins de traverse dans sa carrière de cinéaste indépendante à l’écart d’un certain conformisme artistique. Lors d’une ultime visite avec, à mon bras, ma chère tante alors dans sa 104ème année, nous l’arpentâmes encore.
Tout aussi immuablement, je faisais une petite halte au café au bout du quai pour regarder quelques photogrammes du film accrochés au mur.
Ce pourrait être le cabanon du bonheur pour Agnès la « sétoise »
Agnès peignit avec beaucoup de réalisme la vie des pêcheurs de ce minuscule port dont beaucoup sont d’origine sétoise. Certains cinéphiles y virent une inspiration tirée du néoréalisme italien. Leur quotidien servit de décor à la fiction, l’histoire d’un couple de jeunes acteurs Silvia Montfort et le débutant Philippe Noiret qu’on n’aurait jamais imaginé aussi séduisant.
Anecdote de mon enfance : je me souvenais de l’antipathique Éponine qu’elle interprétait dans l’adaptation des Misérables qu’en fit son mari Paul Le Chanois, lorsqu’en vacances, je croisai Silvia se promenant incognito dans les ruelles du village médiéval de Pérouges. Haut mes dix ans, je pris mon courage à mon cou et lui tendis mon petit carnet d’autographes, le selfie n’existait évidemment pas alors.
Sans doute surprise qu’un gamin s’intéressât à une comédienne de théâtre, elle engagea volontiers un petit dialogue avec moi. Connaissant Forges-les-Eaux, ma ville natale, pour la traverser régulièrement quand elle se rendait dans sa propriété aux alentours de Dieppe, elle me demanda quelle était cette monumentale porte en pierre érigée à proximité du casino. Pour avoir souvent entendu mon père en parler, tout fier, je lui dis qu’elle provenait de l’ancienne façade du couvent des Frères Augustins de Gisors, rachetée par l’homme de théâtre Jacques Hébertot propriétaire du dit casino. Ce à quoi elle suggéra à la personne qui l’accompagnait que cela constituerait un magnifique décor pour jouer Andromaque en plein air, puis délivra un gentil baiser sur ma joue sans doute un peu rosie ! Durant quelques secondes, je fus Pyrrhus dans mon inconscient … enfin, c’est ce que je crus comprendre plus tard au lycée !!!
Vous voyez où les traverses me mènent avec Varda !
Pour revenir à La Pointe Courte, le talent de photographe d’Agnès me conquit dans sa manière de mettre en image le passage d’un chat, les draps blancs et les filets de pêche séchant au vent, les anguilles se tortillant dans les seaux.
Plus de six décennies plus tard, Agnès revint poser sa caméra et ses miroirs sur la plage de Sète, pour les besoins de son documentaire en forme d’autoportrait Les plages d’Agnès.
La ville de Sète s’est souvenue d’Agnès : le jour de ses obsèques, durant vingt-quatre heures, en divers lieux de la ville, ont été projetés plusieurs de ses films et de ses conférences.
Écoutez Agnès évoquer son attachement à la Pointe Courte et à ses habitants lors d’un passage en 1971. Elle n’hésite d’ailleurs pas d’interrompre l’interview pendant quelques secondes pour leur parler.
https://sites.ina.fr/musee-etang-de-thau/focus/chapitre/7/medias/R17153849
Mes souvenirs resurgissant, je ne peux évidemment pas oublier l’inoubliable Cléo de 5 à 7. J’ai vu ce film tant de fois que je n’arrive même plus à le situer chronologiquement dans ma mémoire, et tout logiquement, ce doit être finalement la première œuvre de Varda que je vis au cinéma. J’avais quinze ans donc et je ne perçus évidemment pas alors toutes les subtilités d’écriture de ce film singulier dans sa forme.
Ce n’était pas « 24 heures chrono » mais l’errance, quasi en temps réel, d’une femme, la blondeur lumineuse de Corinne Marchand, dans Paris de la rue de Rivoli au parc Montsouris en passant par Montparnasse, le 21 juin 1961, premier jour de l’été, entre 17 et 18 heures 30.
Dans la longue scène du générique en couleur, une cartomancienne « voit » la maladie, le cancer qui, à l’époque, effrayait, anéantissait même ceux qui en étaient victimes. En attendant confirmation des résultats de l’examen médical, hantée par la peur, Cléo se livre à une sorte de parcours initiatique dans les rues de la capitale, filmé en noir et blanc : s’intéresser aux autres pour s’ouvrir à la vie.
https://www.dailymotion.com/video/x5rohl
À chaque visionnement, je repère encore des trouvailles dans l’écriture composite, hybride mais aussi tellement réfléchie et assumée. Au fil du temps, le film s’est même enrichi d’une véritable dimension documentaire. L’action se déroule sur fond de guerre d’Algérie symbolisée par la rencontre de Cléo avec un pioupiou en permission avant de repartir au front … vers la mort.
On est encore plus ému aujourd’hui devant la séquence de Cléo chantant avec Michel Legrand au piano.
De même, je me délecte du petit film dans le film, Les fiancés du pont MacDonald, une mini séquence burlesque à la manière du cinéma muet où l’on retrouve Anna Karina, Jean-Luc Godard (sans ses lunettes noires !), Sami Frey, Jean-Claude Brialy, Eddie Constantine, Danielle Delorme et Yves Robert.
https://www.dailymotion.com/video/x7lfyt
À sa sortie, l’une des plus belles critiques affirmait que : « Cléo est donc en même temps le plus libre des films et le plus prisonnier de contraintes, le plus naturel et le plus formel, le plus réaliste et le plus précieux, le plus émouvant à voir et le plus beau à regarder. » Rien à ajouter !
En 1985, sortit Sans toit ni loi, le film qui connut le plus de succès auprès du public, et fut récompensé par un Lion d’Or à la Mostra de Venise.
Un fait d’hiver : une jeune fille est retrouvée morte de froid dans un fossé entre deux cyprès dans le Midi de la France. Est-ce une mort naturelle ? Une question de gendarme ou de sociologue ? La caméra va s’attacher aux deux derniers mois d’errance, aux chemins de traverse (encore) de Mona : la crasseuse et boueuse Sandrine Bonnaire (après la lumineuse Corinne Marchand).
Le long de sa (dé)route, Mona croise des personnalités singulières, un berger diplômé, une universitaire (Macha Méril) la prenant en stop, il n’existait pas encore un peuple des ronds-points. En vain : « Elle fait le jeu d’un système qu’elle refuse. Ce n’est pas l’errance, c’est l’erreur ! »
On fermait les yeux à l’époque mais dans cette France des années 1980, apparaissait le phénomène des néo-ruraux anciens soixante-huitards, de nouveaux pauvres, marginaux et Coluche créait les Restos du cœur. Une fois encore, la fiction d’Agnès était d’un cruel réalisme et d’une étonnante modernité qui résonne encore plus aujourd’hui dans la crise sociale que nous traversons.
Il faut voir tous les films d’Agnès formidablement indémodables.
Éternellement jeune dans son écriture, Agnès, curieuse et inventive, n’hésita jamais à suivre le progrès des technologies. Ainsi, à l’aube du vingt-unième siècle, elle s’empara d’une petite caméra numérique tenue d’une main pour réaliser son documentaire Les Glaneurs et la Glaneuse.
Quel superbe titre clin d’œil au célèbre tableau de Jean-François Millet ! Glaneuse elle-même, Agnès va à la rencontre des « glaneurs » qui ratissent les champs récemment récoltés pour y prendre quelques restes mangeables, et plus généralement, « les récupérateurs, ramasseurs et trouvailleurs ».
Encore des chemins de traverse, un ciné brocante, un road-movie d’une routarde caméra au poing ! L’image aussi d’une pomme de terre en forme de cœur, Agnès aime les gens qu’elle filme et ne cesse de leur tendre la main au propre comme au figuré.
https://www.dailymotion.com/video/xcqgap
Inévitablement, le film de ce début de siècle est encore plus en résonance avec notre France d’aujourd’hui, sa laborieuse transition écologique, ses campagnes en voie de désertification, cette population qui, comme dans le film, fait son marché après le marché. J’ai vu, il y a quelques jours, un reportage qui montrait qu’à Paris, on procédait à l’édification d’éléments urbains pour empêcher l’installation des SDF sur les trottoirs ! Une méprisable manière de résoudre le problème.
Réjouissante Agnès encore qui réalisa sans moyens un documentaire au subtil titre de Daguerréotypes où elle captait le quotidien des habitants et commerçants d’un bout de la rue Daguerre, à quelques mètres de son domicile.
https://www.dailymotion.com/video/xw9dhz
Faute de moyens justement (mais pas seulement), elle transforma son coin de rue en plage de sable pour une séquence de son documentaire Les plages d’Agnès.
Pour fermer la boucle de son admirable cheminement professionnel, Agnès nous a offert, il y a deux ans, une avant-dernière pépite. Avec le photographe JR (voir billet http://encreviolette.unblog.fr/2009/11/15/vive-les-femmes-de-jr-street-art-a-lile-saint-louis/ ), prit encore la route pour nous écrire une ode à la beauté oubliée de notre Douce France. Dans Visages villages, quel beau titre encore une fois, ils nous font découvrir des Français et des Françaises, loin de l’agitation des métropoles. Ils donnent de la grandeur aux petites gens, aux « gens de peu » chers à l’écrivain sociologue Pierre Sansot.
Comme à son habitude, JR tire les portraits des gens qu’il rencontre et les affiche ensuite en grand format sur les murs de leur village.
Mamie Agnès en profite pour se remémorer quelques moments de sa vie à travers quelques séquences pleines d’émotion. Elle rend visite à Jean-Luc Godard à son domicile de Lausanne. Il n’ouvrira pas sa porte, la Nouvelle Vague est étale au bord du lac Léman. Cette fois, c’est JR qui enlève ses lunettes noires … comme Godard dans Cléo de 5 à 7.
Comme en écho à ses premières amours, Agnès emmène aussi JR se recueillir au tout petit cimetière de Montjustin, dans le Vaucluse, et déposer des petits cailloux sur les modestes tombes d’Henri Cartier-Bresson et son épouse Martine Franck également photographe. Une autre forme de bonheur … posthume ! Elle évoque d’ailleurs sa propre mort. Qui sait, un jour, en déposant quelques boutons sur la tombe d’Yves Robert au cimetière Montparnasse, je ne mettrai pas quelques cailloux sur celle d’Agnès.
Je ne peux achever ce billet sans évoquer l’engagement permanent d’Agnès, notamment en faveur des droits des femmes.
Elle était une des signataires du Manifeste des 343 réclamant la légalisation de l’avortement en 1977 : « Les femmes veulent des enfants désirés ». Je n’ai jamais vu ce film mais elle mit en scène les enjeux féministes de l’époque dans sa chronique musicale L’une chante, l’autre pas.
Elle aimait rappeler que pour ce film de 1977, elle avait respecté la parité : dix hommes, dix femmes, et des enfants au milieu. Quatre décennies plus tard, malgré quelques efforts souvent formels et peu sincères, la parité est loin d’être acquise.
Je ne saurais oublier son mari Jacques Demy, également cinéaste auteur des Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort, auquel elle a rendu un émouvant hommage d’amour en réalisant Jacquot de Nantes.
J’ai encore beaucoup à découvrir, donc à apprendre, dans l’œuvre d’Agnès, notamment sur sa période « américaine ».
Son immense œuvre cinématographique a été reconnue et couronnée notamment par un César d’honneur en 2001, par une Palme d’honneur au Festival de Cannes 2015 (« un prix de résistance et d’endurance » déclara-t-elle), et par un Oscar d’honneur à Hollywood, en 2017.
« J’observe ce qui m’entoure et je mets en scène les phénomènes que tout le monde peut voir mais que tout le monde ne regarde pas. Les artistes, on est un peu là pour ça. Pour sentir avec une certaine acuité ce qui va devenir un sujet de société évident. »
C’est bien tout le problème que peu d’artistes ont réussi à résoudre avec autant d’inventivité, de simplicité, de tendresse et d’intelligence qu’en révélait Agnès Varda.
Avec Agnès, la magie du cinéma, celle qui fait briller les yeux dans les salles obscures, opère toujours. Merci, chère Madame !
