Un bon coup de Beaujolais en passant par Clochemerle !
J’attendais d’avoir achevé la lecture de Clochemerle, le roman de Gabriel Chevallier pour enfin écrire mon billet. En guise d’introduction, je vous livre quelques extraits du premier chapitre, dignes d’un bon guide touristique :
« À l’ouest de la route nationale 6, qui conduit de Lyon à Paris, s’étend, entre Anse et les abords de Mâcon, sur une longueur d’environ quarante-cinq kilomètres, une région qui partage avec la Bourgogne, le Bordelais, l’Anjou, les Côtes du Rhône, etc., l’honneur de produire les plus fameux vins de France. Mais à côté de ces grands noms, il en existe d’autres, moins fastueux, qui cependant ne correspondent pas à moins de vertus
Une chose certaine : le Beaujolais est mal connu, comme cru et comme région, des gastronomes et des touristes. Comme cru, on le prend parfois pour une queue de la Bourgogne, une simple traînée de comète. Loin du Rhône, on a tendance à croire qu’un Morgon n’est qu’une pâle imitation d’un Corton. Erreur impardonnable et grossière, commise par des gens qui boivent sans discernement, sur la foi d’une étiquette, ou les affirmations douteuses d’un maître d’hôtel. Peu de buveurs sont qualifiés pour distinguer l’authentique du faux, sous les blasons usurpés des capsules. En réalité, le vin de Beaujolais a ses vertus particulières, un bouquet qui ne peut se confondre avec aucun autre.
La grande foule des touristes ne fréquente pas ce pays vinicole. Cela tient à sa situation. Alors que la Bourgogne, entre Beaune et Dijon, étale ses coteaux de part et d’autre de la même route nationale 6 qui longe le Beaujolais, cette dernière région comprend une série de montagnes placées en retrait des grands itinéraires, entièrement tapissées de vignobles entre deux cents et cinq cents mètres d’altitude, et dont les plus hauts sommets, qui la protègent des vents d’ouest, atteignent à mille mètres. A l’abri de ces écrans successifs de hauteurs, les agglomérations beaujolaises, fouettées d’air salubre, sont campées dans un isolement qui conserve quelque chose de féodal… »
Nul besoin pour me dépayser d’une escapade aux Maldives ou encore à Syracuse comme rêvait Bernard Dimey, poète, chansonnier et … « ivrogne et pourquoi pas » (admirables vers de contact !). Il est des mots enivrants qui m’emmènent dans de sublimes voyages rabelaisiens. Sous l’emprise de l’alcool, Quentin, le compagnon du Singe en hiver d’Antoine Blondin, partait toutes les nuits sur le Yang-Tsé-Kiang, le fleuve bleu.
Le truculent romancier et chroniqueur bourbonnais René Fallet, faisant des infidélités à la ficelle de Saint-Pourçain, célébra l’arrivée du Beaujolais nouveau. Son héros du Braconnier de Dieu tentait d’oublier, dans la boisson, pour quelques heures, l’horreur de l’occupation en 1943 lorsque pris en chasse par une patrouille allemande, il se réfugia chez les trappistes pendant vingt-trois ans jusqu’au jour où, dégât collatéral d’une énorme cuite sur la route de Diou, il rencontra une seconde fois le destin en allant voter Pompidou.
Le même Fallet raconta dans sa Soupe aux choux les aventures bachiques (et odorantes) de deux paysans soiffards avec un extraterrestre surnommé la Denrée. J’ai même connu un collègue et ami, résident en Beaujolais, dont un oncle éloigné inspira au romancier le personnage de Francis Chérasse dit le Bombé.
Au même rang que ces réjouissantes ivresses, il me faut encore vous offrir la scène culte du festin dans Calmos le film, truculent et misogyne en diable, de Bertrand Blier où son père incarne un curé à la rouge trogne.
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Á défaut de lutiner la jeune Charlotte sur le capot de la voiture, l’adolescent eut le droit de goûter à … la charlotte aux pommes confectionnée par l’ecclésiastique rubicond.
Sans blasphémer, c’est peut-être le moment de faire connaissance avec le curé de Clochemerle : « La complexion sanguine d’Augustin Ponosse ne l’inclinait nullement au mysticisme, qui est le fait des âmes torturées, lesquelles habitent en général des corps souffrants. Il possédait au contraire une belle régularité organique, mangeait de bel appétit, et sa nature avait des exigences que la soutane recouvrait décemment, sans les empêcher de se manifester. »
D’autant plus qu’Honorine, en bonne servante du curé, lui prêta rapidement la main :
« Il se sentait triste, tourmenté par des hallucinations qui ne lui laissaient aucune paix, contre lesquelles il luttait, congestionné comme saint Antoine dans le désert. Honorine ne fut pas longtemps à pressentir la cause de ses tourments. La première elle y fit allusion, un soir, comme le curé Ponosse bourrait mélancoliquement une pipe son repas terminé.
-Pauvre jeune homme, dit-elle, vous devez bien souffrir à votre âge, toujours seul. C’est pas humain des choses pareilles … Vous êtes un homme, quand même !
-Hélas, Honorine ! soupira le curé Ponosse, devenu cramoisi, et saisi sur l’instant de vigueurs coupables.
-Ça finira par vous monter au cerveau, c’est sûr ! On en a vu que ça rendait tout fous de se retenir tant et tant.
-Il faut faire pénitence, Honorine, dans notre état ! répondit faiblement le malheureux.
Mais la dévouée servante le traita comme un enfant qui n’est pas raisonnable.
-Vous n’allez pas vous abîmer la santé, des fois ! Qu’est-ce qu’il y aura gagné, le bon Dieu, quand vous aurez pris une mauvaise maladie ?
Les yeux baissés, le curé Ponosse exprima par un geste vague que la question dépassait sa compétence, et que s’il fallait devenir fou par excès de chasteté, si telle était la volonté de Dieu, il s’y résignerait. Si ses forces allaient jusque-là … On en pouvait douter. Alors Honorine se rapprocha, pour lui dire d’une manière encourageante :
-Avec le pauvre M. le curé, qui était bien saint homme, on s’arrangeait tous les deux …
Ces mots furent pour le curé Ponosse une apaisante annonciation. Levant un peu les yeux, il considéra discrètement Honorine, avec des idées toutes nouvelles. La servante n’était point belle, tant s’en fallait, mais elle portait cependant, bien que réduits à la plus simple expression, ce qui les rendait peu suggestifs, les hospitaliers renflements féminins. Que ces corporelles oasis fussent mornes, aux abords peu fleuris, elles n’en étaient pas moins des oasis salvatrices, placées par la Providence dans l’ardent désert où le curé Ponosse se voyait sur le point de perdre la raison. Une lumière se fit en son esprit. N’était-ce pas honnête humilité de succomber, puisqu’un prêtre plein d’expérience, et que tout Clochemerle regrettait, lui avait ouvert la voie ? Il n’avait qu’à aller sans faux orgueil sur les brisées de ce saint homme. Et d’autant plus simplement que la rugueuse conformation d’Honorine permettait de n’accorder à la nature que le strict nécessaire, sans prendre vraiment de joie à ces ébats, ni s’attarder aux complaisantes délices qui font la gravité du péché.
Le curé Ponosse, après avoir machinalement récité les grâces, se laissa conduire par la servante, qui prenait en pitié la timidité de son jeune maître. Tout fut consommé dans une obscurité complète, brièvement, et le curé Ponosse tint sa pensée le plus possible éloignée de son acte, déplorant ce que faisait sa chair et gémissant sur elle. Mais il passa ensuite une nuit si calme, se leva si dispos, qu’il connut par là qu’il serait sans doute bon de recourir parfois à cet expédient, dans l’intérêt même de son ministère. Il décida, pour la périodicité, de s’en tenir aux usages établis par son prédécesseur, dont Honorine saurait bien l’instruire.
Malgré tout, c’était péché dont il fallait se confesser… »
Par bonheur, Ponosse découvrit qu’un ancien camarade de séminaire, exerçant dans une paroisse voisine, fautait pareillement avec sa servante. Les deux abbés convinrent d’expier leurs envies impies en se confessant mutuellement, chaque jeudi, alternativement chez l’un et chez l’autre.
« Le touriste suit aveuglément la vallée de la Saône, d’ailleurs riante, sans se douter qu’il laisse à quelques kilomètres un des coins de France les plus pittoresques et propicement ensoleillés. Le manque d’information lui fait perdre une des belles occasions qu’il puisse rencontrer, en roulant, de s’étonner et d’admirer. Si bien que le Beaujolais demeure une terre réservée à de rares fervents qui viennent y chercher le calme, la rareté de ses perspectives immenses, tandis que les automobilistes du dimanche époumonent leurs cylindres à soutenir un train d’enfer qui les mène invariablement aux mêmes relais encombrés.
S’il se trouve parmi les lecteurs quelques touristes qui aient encore le goût de la découverte, on leur donnera ce conseil. Á trois kilomètres environ au nord de Villefranche-sur-Saône, ils trouveront un petit embranchement généralement dédaigné des automobilistes … »
C’est comme ça (ou presque !) que j’ai passé trois jours sous le signe de la convivialité, avec la complicité d’un généreux ami du cru, au pays des pierres dorées, ainsi nommé à cause de la belle couleur jaune des calcaires utilisés pour la construction des maisons.
Et pour commencer, j’ai souhaité faire une promenade à Vaux-en-Beaujolais, beaucoup plus célèbre sous le nom de Clochemerle, car c’est dans ce village au milieu des vignes que Gabriel Chevallier choisit de situer sa chronique rabelaisienne qui connut un énorme succès dès sa sortie en 1934.
D’ailleurs, les « clochemerlins » d’aujourd’hui revendiquent volontiers cette identité littéraire en la faisant figurer sur la pancarte à l’entrée du village.
Pas rancuniers vis-à-vis de leurs aïeux de fiction, ils sont presque fiers que l’adjectif clochemerlesque soit entré dans le dictionnaire bien que qualifiant un lieu dont les habitants s’affrontent dans des querelles dérisoires et absurdes.
Plutôt que s’offusquer, ils ont choisi d’en rire et nous invitent à partager les frasques des Clochemerlins des années 1920 en nous asseyant près de jardinières parlantes équipées de haut-parleurs qui distillent les meilleures pages du roman.
« Au mois d’octobre 1922, vers cinq heures du soir, sur la grande place de Clochemerle-en-Beaujolais … deux hommes faisaient côte à côte des allées et venues, avec la lente démarche des gens de campagne, qui semblent toujours avoir tout leur temps à donner à toute chose, en échangeant des paroles chargées d’un sens si rigoureux qu’ils les prononçaient après de longs silences préparatoires, à raison d’une phrase à peine tous les vingt pas. »
Il s’agissait de Barthélémy Piéchut, maire de la commune, et d’Ernest Tafardel, instituteur et secrétaire de mairie.
« -Il faut que nous trouvions quelque chose, Tafardel, qui fasse éclater la supériorité d’une municipalité avancée.
-J’en suis bien d’accord, monsieur Piéchut. Mais je vous fais observer qu’il y a déjà le monument aux morts.
-Il en existera bientôt dans chaque commune, quelle que soit la municipalité. On pourra nous le jeter à la figure. Il faut que nous trouvions quelque chose de plus original, qui soit mieux en rapport avec le programme du parti. Ce n’est pas votre avis ?
-Bien sûr, monsieur Piéchut, bien sûr ! On dit faire pénétrer le progrès dans les campagnes, chasser sans répit l’obscurantisme. C’est notre grande tâche à nous, hommes de gauche… »
Quelques pas plus loin :
« -Avez-vous une idée Tafardel ? …
– C’est-à-dire, monsieur Piéchut … Il y a une chose à laquelle j’ai pensé l’autre jour. Je me proposais de vous en parler. Le cimetière appartient bien à la commune ? C’est en somme un monument public ?
-Certainement, Tafardel.
-Pourquoi, dans ce cas, est-ce le seul monument public de Clochemerle qui ne porte pas la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité ? Est-ce qu’il n’y a pas là une négligence qui fait le jeu des réactionnaires et du curé ? Est-ce que la République n’a pas l’air de convenir que son contrôle cesse au seuil de l’éternel séjour ? N’est-ce pas reconnaître que les morts échappent à la juridiction des partis de gauche. La force des curés, monsieur Piéchut, c’est de s’approprier les morts. Il serait important de montrer que nous avons aussi des droits sur eux….
-…Voulez-vous mon opinion, Tafardel ? Les morts sont les morts. Laissons-les donc tranquilles.
-Il ne s’agit pas de les troubler, mais de les protéger contre les abus de la réaction. Car enfin, la séparation de l’Église et de l’État …
-…Les morts, Tafardel, c’est le passé. Nous devons regarder l’avenir. C’est une idée d’avenir que je vous demande. »
La suggestion du maître d’école d’ouvrir une bibliothèque municipale ne convainquit pas plus le maire qui enfin émit la sienne :
« -Je vais vous la dire, Tafardel, mon idée … Je veux faire construire un édifice aux frais de la commune.
-Avec l’argent de la commune ? répéta l’instituteur, étonné, pour savoir combien les dépenses engagées sur la masse que procurent les impôts peuvent entraîner l’impopularité…
– … Parfaitement, un édifice ! Et qui aura son utilité, aussi bien pour l’hygiène que pour les mœurs … Faites voir si vous êtes malin, Tafardel ? Devinez un peu …
Ernest Tafardel exprima par un geste de ses deux bras que le champ des suppositions était immense, et que ce serait folie de s’y engager. Ce que voyant, Piéchut donna un dernier coup à son chapeau, qui lui couvrit d’ombre le visage, cligna ses yeux à fond, le droit toujours un peu plus que le gauche, pour bien juger de l’impression que son idée ferait sur l’autre, et dévoila toute l’affaire :
-Je veux faire construire un urinoir, Tafardel.
-Un urinoir ? s’écria l’instituteur tout saisi, tant la chose aussitôt lui parut d’importance.
Le maire se méprit sur le sens de l’exclamation :
-Enfin, dit-il, une pissotière !
-Oh ! j’avais bien compris, monsieur Piéchut.
-Qu’en dites-vous ?
…. Tafardel éructa deux ou trois hum ! derrière sa main maigre, toujours tachée d’encre, et lissa son bouc de vieille chèvre. Alors, il dit :
-Pour une idée, monsieur le maire, c’est une idée ! Une idée vraiment républicaine. Bien dans l’esprit du parti, en tout cas. Mesure égalitaire au plus haut point, et hygiénique, comme vous disiez si justement. Quand je pense que les grands seigneurs de Louis XIV urinaient dans les escaliers des palais ! Un urinoir, c’est autre chose qu’une procession de Ponosse, pour le bien-être des populations… »
L’argument du roman est énoncé et le ton à pisser de rire en est donné.
L’édicule fut construit à proximité de l’église, non pour choquer, mais parce que c’est au centre du village.
Quelle n’est pas ma jubilante surprise de retrouver, presque cent ans plus tard, la réplique pimpante de la fameuse vespasienne qui, quoiqu’en disent le maire et l’instit, était peut-être plus destinée à confondre les suppôts de la réaction, la baronne Alphonsine de Courtebiche, le curé Ponosse, le notaire Girodot, qu’à soulager la vessie de la gent virile de Clochemerle !
Les dieux locaux, principalement Bacchus réfugié depuis quelques siècles en Beaujolais, Mâconnais et Bourgogne, ainsi que le printemps particulièrement doux cette année-là, favorisèrent la fréquentation du « petit endroit » :
« L’on entreprit, dès le mois de mai, de boire à la cadence d’été, laquelle est, à Clochemerle, fameuse cadence, dont ne peuvent se faire la moindre idée les faibles et pâlots buveurs de la ville. Ces grands élans du gosier eurent pour conséquence, dans les organismes mâles, un travail rénal très soutenu, suivi de joyeuses dilatations des vessies, qui demandaient à s’épancher fréquemment. Sa favorable proximité de l’auberge Torbayon valut à l’urinoir une grande faveur. Sans doute le besoin des buveurs eût trouvé à se satisfaire dans la cour de l’auberge, mais le lieu était sombre, malodorant et mal entretenu, sans gaieté. On y était comme en pénitence, on s’y conduisait à l’aveuglette, et jamais sans dommage pour sa chaussure. On avait aussi vite fait de traverser la rue. Cette seconde méthode offrait plusieurs avantages : celui de se dégourdir les jambes, le plaisir de la nouveauté, et c’était aussi l’occasion de jeter en passant un coup d’œil sur Judith Toumignon, bien satisfaisante toujours à regarder, et dont la plastique irréprochable meublait l’imagination.
Enfin l’urinoir était à deux places, on s’y rendait généralement par paire, ce qui provoquait l’agrément de tenir un bout de conversation tout en faisant la chose, ce qui rendait plus agréable tant la conversation que la chose, du fait qu’on éprouvait à la fois deux satisfactions. Des hommes qui buvaient avec compétence et vaillance extrêmes, et qui urinaient de même, ne pouvaient que se féliciter, l’un à côté de l’autre, d’éprouver ces deux grands biens inséparables : boire bien à sa soif et uriner ensuite jusqu’à la dernière goutte, en prenant son temps, dans un lieu frais, bien aéré, lavé jour et nuit à grande eau. Ce sont là plaisirs simples, dont ne savent plus jouir les citadins, entraînés dans une bousculade sans merci, et qui conservaient à Clochemerle toute leur valeur. »
Volupté qu’on ne risque plus de connaître dans nos villes tant on craint de rester bloqué dans les sanisettes automatiques de maintenant !
« Deux places c’était peu, lorsque trois ou quatre vessies se trouvaient avoir fait leur plein au même instant, ce qui arrivait fréquemment dans une agglomération qui comptait deux mille huit cents vessies dont la moitié à peu près des vessies mâles les seules autorisées à s’épancher sur la voie publique. Dans ces cas de presse, on revenait aux vieux usages expéditifs, toujours bons. On se soulageait contre le mur, à côté de l’édifice, tout tranquillement, sans y voir malice ni incommodité, ni motif à se retenir le moins du monde… »
Les jeunes clochemerlins trouvaient là l’occasion de quelques excentricités avec leur bistouquette : « Entre eux, ils disputaient des records d’altitude et de portée. Appliquant à la nature des procédés de physique élémentaire, ils en réduisaient le débit, en augmentaient la pression et obtenaient ainsi des effets de jets d’eau très réjouissants qui les obligeaient à prendre du recul … »
Le spectacle des hommes se rebraguettant devant les petites enfants de Marie déclencha le courroux de Justine Putet, « une noiraude bilieuse, desséchée et vipérine, ayant mauvais teint, mauvais œil, mauvaise langue, mauvais circuit intestinal, et tout cela recouvert d’agressive piété et de douceur sifflante… Exaltée brandisseuse de chapelets, fervente diseuse de litanies mais aussi semeuse effrénée de calomnies et de paniques clandestines. En un mot, le scorpion de Clochemerle, mais un scorpion camouflé en bête à bon Dieu ».
Cette vieille fille solitaire, au fond de l’impasse des Moines, veillait jour et nuit sur le bourg dont elle dénonçait les infamies et les concupiscences.
C’est ainsi que la guerre fut déclarée entre les « urinophiles » et les « urinophobes ». Le 16 août 1923, jour de la Saint-Roch, patron du pays, et traditionnellement fête de Clochemerle, on assista à une incroyable bataille rangée à l’église durant la grand-messe. Saint Roch en personne vacilla, hésita au bord de son socle, et chut dans le bénitier placé juste en dessous, de façon si malheureuse qu’il s’y guillotina sur le rebord tranchant de la pierre.
Cela remonta très loin, bien au-delà des limites de la commune, jusqu’à l’évêque de Lyon et même au ministère. La troupe fut même envoyée pour rétablir l’ordre, ce qui entraîna au contraire un surcroît de violence et la mort par balle perdue de l’idiot du village.
Je ne puis ici vous relater toutes les péripéties qui s’en suivirent, prétextes en fait pour le romancier à brosser les portraits burlesques de personnages hauts en couleur, et plus généralement leur médiocrité, leur petitesse et leur veulerie, bref la bêtise humaine.
Heureuse initiative de la municipalité actuelle, face à la pissotière, à l’angle de la ruelle remontant vers l’église, sur les façades d’une maison, l’artiste A.Fresco, s’inspirant des caricatures d’Albert Dubout, a peint une fresque avec les principaux personnages du roman.
Ils s’exhibent à tous les étages, les piliers de comptoir du café Torbayon, la baronne de Courtebiche et le notaire Girodot, Judith Toumignon dans les bras de son amant sous l’œil de son mari cocu, le curé Ponosse et sa bonne, la mauvaise Justine Putet. Il y même l’écrivain Gabriel Chevallier et l’illustrateur Albert Dubout épiant tout ce petit monde.
De l’autre côté de la place, autre initiative à la gloire de Clochemerle, on peut visiter un petit musée dédié à Gabriel Chevallier, l’auteur de toutes ces gauloiseries.
Je découvre ainsi que, beaucoup plus sérieusement, il écrivit Sainte-Colline sur ses années tristes au collège des Pères, et surtout, La Peur, un livre qui fait encore autorité parmi les ouvrages consacrés à la Première Guerre mondiale, au même titre que Ceux de 14 de Maurice Genevoix et Les Croix de bois de Roland Dorgelès.
Clochemerle a été vendu à plusieurs millions d’exemplaires et traduit en vingt-sept langues. Gabriel Chevallier en écrivit, dans les années 1950, deux suites, Clochemerle-Babylone et Clochemerle-les-Bains, dont le succès fut beaucoup plus anecdotique.
Devant un tel succès populaire, le cinéma fit deux adaptations du roman, d’abord avec le film éponyme de Pierre Chenal, en 1948, interprété par une brochette de brillants acteurs, Jean Brochard, Saturnin Fabre, Jane Marken, puis en 1955, Le chômeur de Clochemerle avec, en tête d’affiche, Fernandel qui s’y connaissait en querelles version parmesan dans le village de Don Camillo. Je dus voir à l’époque ce nanar avec mes parents au cinéma qui jouxtait la maison familiale ( http://encreviolette.unblog.fr/2016/08/17/vacances-post-romaines-9-le-cure-de-brescello/ )
Contiguë au musée, se trouve la cave de Clochemerle. Je n’ai pas le temps de m’attarder au comptoir (d’ailleurs je conduis !) mais je fais quand même le tour des dessins humoristiques exposés aux murs du caveau.
Je ne saurais cependant quitter la placette d’opérette (à ce propos, Raymond Souplex commit aussi une adaptation du roman en comédie musicale) sans entrer dans les fausses Galeries beaujolaises qui tiennent lieu de maison du tourisme.
Je m’y procure, il est temps, le roman en édition de poche, qu’en fait je n’ai jamais lu. La couverture est l’œuvre du regretté Siné, maître dans l’irrévérence.
Mon ami, toujours aussi généreux, m’offre la bande dessinée avec les caricatures de Dubout.
En remontant les rues pentues du village, je remarque les élégantes enseignes des commerces.
Dans le Clochemerle imaginé par Gabriel Chevallier, les noms de famille sont souvent inspirés de la profession des individus : le boulanger Farinard, Lardon le charcutier, Billebois le menuisier, Boitavin le tonnelier.
Quant au toponyme de la commune, il viendrait des merles qui nichaient dans le clocher et qui déguerpissaient, effrayés par le tintement de la cloche et peut-être par les extravagances des autochtones.
En face de l’église, je repère une autre vespasienne, une vraie celle-ci, apte à soulager les vessies de quelques piétons, et à l’écart des regards lubriques.
En haut du bourg, j’ai plaisir à constater que l’école publique a été baptisée Bernard Pivot, l’amoureux des livres et du vin de Beaujolais. Je crois que son frère en produisit à quelques kilomètres d’ici.
Dans mes rêveries, du curé Ponosse à l’abbé de Calmos, il n’y a qu’une paire de lieues. Je me souviens de l’ordonnance prescrite par Bernard Blier, sur le quai de la gare, à un Jean Rochefort un peu patraque : « Privé de Chiroubles pendant quinze jours ! ». Mes papilles émoustillées, bravant l’interdit, pour ma part, j’allais en faire un de mes breuvages préférés.
C’est ainsi que maintenant, je rejoins la cave d’Armand Desmures. Récent retraité, il possède encore quelques cartons du précieux cru. Par bonheur, il a été épargné par les terribles orages de grêle qui ont dévasté une partie importante de ce vignoble, il y a deux ans.
Cela me renvoie à la dramatique journée du 19 septembre 1923 que vécut Clochemerle, et le magnifique exercice de style de Gabriel Chevallier pour la décrire :
« Il était six heures du soir, une écœurante chaleur orageuse augmentait encore le malaise des Clochemerlins atterrés. Brusquement arriva par le travers du bourg un vent de tempête, qui avait le tranchant des bises farouches de l’hiver. Trois énormes nuages bondissants, sortes de caravelles pansues chassées par un cyclone, s’avancèrent sur l’océan du ciel. Ensuite parut à l’ouest, comme une invasion de barbares, la masse d’une horrible armée de cumulus noirâtres, qui portaient la désolation dans leurs flancs gonflés d’électricité, d’inondations et d’une mortelle artillerie de grêle. Les escadrons de ces envahisseurs innombrables recouvrirent la terre de l’ombre et du silence des vieux effrois, toujours prêts à renaître chez les hommes toujours traqués par les dieux. Les monts d’Azergues, qui devenaient rapidement invisibles, furent déchirés par le fracas, lacérés par des lueurs, tronqués par des explosions géantes. Bientôt le ciel entier ne fut plus qu’une étendue livide, aride, pillée, saccagée, et dans son immensité funèbre s’allumèrent les incendies, roula le prodigieux bombardement des furies surhumaines. Les vallées en un instant furent comblées, les collines abaissées, un raz de marée engloutit l’horizon, les noires avant-gardes du néant surgirent. Des courts-circuits embrasèrent le monde aux quatre coins, la planète fut ébranlée sur son axe jusqu’au plus profond de ses entrailles millénaires, et tout ce qui n’était pas épouvante disparut à la vue. D’immenses, d’ensevelissantes parois d’eau de partout croulèrent, isolant Clochemerle comme un bourg maudit, placé seul avec sa conscience devant les confondants jugements…
Cette apocalypse se poursuit ainsi pendant deux pages, probable et juste vengeance de Saint Roch !
En cet après-midi plus clément, Marie mère protectrice du Beaujolais m’accueille au sommet du mont Brouilly, encore un lieu qui vous met le gosier en éveil.
Enfin ! Car, au cours de mes séjours dans la région, brumes et autres libations m’avaient réduit à n’en faire que le tour. Ses pentes sont couvertes de vignes renommées (Brouilly et Côte-de-Brouilly) dont l’appellation viendrait de Brulius, un lieutenant de l’armée romaine, au temps de Jules César : les bienfaits collatéraux de la Guerre des Gaules !
Le mont est coiffé de la chapelle Notre-Dame aux Raisins. Elle fut édifiée, à partir de 1854, grâce à la générosité des viticulteurs, pour protéger le vignoble après les grêles, gelées et l’oïdium qui le ravagèrent au milieu du XIXème siècle. Un pèlerinage se déroule annuellement au mois de septembre.
De la table d’orientation, le panorama est exceptionnel vers le bassin de la Saône, la Bresse, les Dombes, les monts du Mâconnais et du Lyonnais, et plus dans le lointain, les Alpes. Par certains jours d’air limpide, on distingue le Mont Blanc.
Comme souvent dans mes billets, je glisse mon petit couplet vélo. En 2016, lors de l’épreuve Paris-Nice pourtant surnommée la « course au soleil », l’étape qui devait s’achever au sommet du mont fut purement annulée en raison d’importantes chutes de neige. L’année suivante, le nouveau champion du cyclisme français Julian Alaphilippe y remporta la course contre la montre.
La topographie accidentée des collines du Beaujolais en fait un terrain de prédilection pour les cyclistes et cyclotouristes.
Au programme du lendemain, un déjeuner dans un (saint ?) amour de village. La placette de Sainte-Paule, du nom d’une dame romaine qui mourut en 404 à Bethléem, constitue presque un décor d’opérette avec son église romane, sa mairie-école et son ancien café rénové en restaurant. En son centre, se dresse un calvaire joliment sculpté du XVème siècle.
Avant de m’adonner aux nourritures terrestres, je me consacre à celles de l’esprit saint. Cela devient si rare de visiter nos églises et chapelles hors les offices, nul besoin du curé Ponosse local pour admirer notamment une statue du XVIIème siècle de la patronne du village, une Piéta en marbre du XVème siècle ainsi qu’un remarquable bénitier en pierre également du XVème siècle.
Ici, l’émotion naît de la simplicité. Jules Ferry s’en réjouirait, les enfants vont à l’École publique, ainsi baptisée manuscritement sur une ardoise, plutôt que du nom d’une célébrité locale.
Il est midi. Les écoliers, accompagnés par leurs ATSEM, rejoignent sagement leur cantine qui n’est autre, en face, que le café-restaurant La Cadole. Ils seront bientôt suivis par une quarantaine de séniors d’un club de marche. J’ai comme un pressentiment que la table doit être bonne ici.
Pour notre part, nous nous installons à la terrasse. Sur un grand panneau, sont affichées les photographies de la récente fête des Conscrits, une tradition régionale qui remonte à la fin du dix-neuvième siècle. Á l’époque du tirage au sort pour la conscription, les jeunes hommes de vingt ans faisaient la fête avant leur départ sous les drapeaux pour une longue période.
Deux jeunes Caladois (habitants de Villefranche-sur-Saône) eurent l’idée de se présenter sous les autorités vêtus d’un habit noir et coiffés d’un gibus. La coutume s’instaura et ne s’éteignit pas malgré la fin du tirage au sort en 1905 et la suppression du service militaire en 1998.
Aujourd’hui, la tradition a évolué et concerne aussi bien les hommes et les femmes fêtant leurs vingt ans la même année. Ainsi, la « classe 9 » désigne les jeunes gens, nés en 1999, soufflant leurs vingt bougies en 2019.
Sans avoir vécu ces moments festifs, cela me rappelle mon conseil de révision où nous défilions, à la mairie, nus comme des vers, devant un parterre de notables locaux. Je ne vous raconte pas les commentaires, dignes des maquignons du marché aux bestiaux, que nous suscitions dans notre tenue d’Adam. Au suivant !
Hospitalité beaujolaise ne saurait mentir, Edmond le maître des lieux nous offre, en guise d’apéritif, un communard, variante du kir bourguignon avec du beaujolais rouge. Ça ira, ça ira … surtout avec le menu du jour pour une quinzaine d’euros ! J’opte pour une terrine de ris de veau, un saucisson chaud de Lyon pistaché au vin rouge, et une délicieuse mousse au chocolat, le tout arrosé d’un pot de Beaujolais, évidemment.
L’ami m’en parle avec tant de chaleur qu’il me faudra revenir pour les œufs en meurette.
En guise de promenade digestive, nous rejoignons Oingt, bourg médiéval classé Plus Beau Village de France. Perché et fortifié, il domine la vallée d’Azergues.
Rues Trayne-Cul, Tire-Laine, Coupe-Jarret, quoique leurs noms puissent laisser craindre, les ruelles pavées sont accueillantes. Elles sont notamment bordées par des ateliers d’artistes et artisans.
On accède à l’actuelle église Saint Matthieu, ancienne chapelle castrale, par un escalier très raide.
Á l’entrée, une copie d’un tableau du Caravage représente Saint Matthieu rédigeant son évangile sous la dictée d’un ange.
L’intérieur dépouillé est fort élégant avec ses murs en pierre, ses statues en bois doré et le chœur gothique dont les voûtes sont supportées par huit culots sculptés.
Notre visite du village est abrégée par la fureur céleste qui nous empêche de monter au donjon et d’arpenter le chemin de ronde. C’est bien la peine que, chaque mois de décembre, les Iconiens (habitants de Oingt) fêtent l’arrivée du divin enfant en fabriquant plusieurs centaines de crèches diverses et variées.
Noyons notre (légère) déception en allant goûter le bon jus des vignes du domaine du Bois de la Gorge à Jarnioux. Son propriétaire, Maurice Montessuy, nous a préparé une dégustation collation dans son chaleureux caveau.
Ici, nous sommes au pays du « vrai » beaujolais, loin des crus, « vin du peuple, vin des ouvriers (pas seulement), vin festif », souvent décrié à cause de la mauvaise réputation du snobisme parisien du Beaujolais nouveau.
Auteur du Dictionnaire amoureux du vin, Bernard Pivot plaide en sa faveur : « Dénigrer par principe ce vin, c’est comme critiquer un livre sans l’avoir lu … Ce n’est pas un vin de grande occasion, ce n’est pas un vin de château, de vieux millésimes mais un vin que l’on boit dans sa jeunesse. C’est un vin qui est associé à la jeunesse, l’énergie, à la fraîcheur, et lié aussi aux jardins, aux jardins de curé ou d’ouvrier où il y a un peu de fruit rouges, de framboises, de cerises et cette année, plutôt de fruits noirs, plutôt de mûres ou du cassis. »
Convaincant ! Et je suis d’autant plus convaincu que le vin rouge mais aussi le blanc de Maurice Montessuy, accompagné de rondelles de rosette de Lyon et de quelques miettes de pélardon, est sacrément bon.
L’aimable viticulteur, alerte octogénaire, est heureux et fier de nous faire goûter sa cuvée du centenaire issue d’une vigne, plantée, il y a donc un siècle, par son arrière-grand-père, et qui a été vendangée par six générations.
L’ami encore généreux passe commande de deux cartons de six bouteilles qu’il nous offre immédiatement.
Maurice Montessuy est passionnant et passionné d’histoire et de géographie. Dans une vitrine, est exposée une riche collection de pierres qu’il a ramassées.
Comme les instituteurs d’antan qui réalisaient une monographie sur leur village, il a rassemblé documents et souvenirs dans une remarquable brochure qui mériterait de dépasser la publication familiale.
J’y relève, en préambule, un rubayat (quatrain) d’Omar Khaayyâm, célèbre poète, astronome et mathématicien persan des XIème et XIIème siècles : « Au paradis, dit-on, il y aura des vierges aux yeux noirs, du vin et du miel ; nous ne péchons donc pas en choisissant ici bas le vin et l’amour puisque c’est cela même notre ultime destinée. »
C’est un peu différent de ce que le prophète promettrait aux martyrs islamistes, et laisse espérer que les trublions de Charlie boivent de bons canons là-haut.
Á Clochemerle, les autochtones étaient beaucoup plus terre à terre et, chaque printemps … :
« C’était besoin ancestral de traquer de belles filles neuves, aux flancs immenses comme l’éternité, avec des poitrines et des cuisses de paradis perdu, et sur ces vierges palpitantes, sur ces plaintives biches d’amour, de se jeter comme des demi-dieux triomphants. Et chez les femmes renaissait le désir biblique, toujours présent, d’être des tentatrices, nues sur des prairies, avec la caresse des vents dans leurs toisons impatientes, le bondissement autour d’elles de grands fauves dociles venant lécher le pollen de leur corps en fleur, tandis qu’elle attendent l’apparition du conquérant auquel d’avance elles ont consenti la défaite qui est leur victoire hypocrite ».
S’agit-il d’un manque de modération dans la dégustation de beaujolais, je divague. D’ailleurs, voilà que bientôt, sur la route, surgit dans mon champ de vision, un arbre bleu !
Pour poursuivre l’embellie, nous faisons une halte au fournil de Theizé. Ici, le pain est fait à partir de farines fraîches et bio, travaillées à la main : un plaisir pour les yeux et les narines, un régal pour le palais.
Retour à Sainte-Paule à la GAEC des deux croix pour faire provision d’amours de petits fromages de chèvre à différents stades de maturité.
« L’admirable cholestérol qu’on va se payer » fanfaronnaient Marielle et Rochefort dans Calmos !
Plus sérieusement, c’est un hommage à ces jeunes et admirables résistants qui envisagent l’agriculture et l’alimentation autrement.
Par licence (IV ?) littéraire, je vous ai promené dans le Beaujolais à travers le prisme du roman de Gabriel Chevallier, toujours d’actualité. Huit décennies plus tard, et malgré l’institution de fêtes des voisins, nos villages, nos quartiers, nos rues, nos immeubles sont encore souvent le théâtre de querelles dérisoires et absurdes. Á défaut de se chamailler pour un urinoir, on se crispe contre une cloche (sans merle) qui sonne trop tôt l’angélus ou un coq qui réveille à l’aube le néo-rural.

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Bonsoir,
Je découvre par le plus grand des hasards votre site, en faisant une recherche sur le moulin de Guéville où vécut Yves Robert, suite au visionnage du Cavaleur, film de Philippe de Broca dont la dernière scène se situe au moulin.
« Feuilletant » votre site, je tombe sur sur vos pages dédiées à Gabriel Chevallier auteur de Clochemerle. Vous évoquez à la fin, son autre livre La Peur suite à son vécu pendant la Première guerre mondiale.
De mon côté, j’ai découvert d’abord l’auteur de La Peur suite à un échange avec un internaute professeur d’Histoire et Géographie. Ensuite, en faisant des recherches j’ai appris qu’il avait également écrit Clochemerle. C’est un livre dont ma mère m’avait plusieurs fois cité le titre. J’ai eu une démarche identique à la vôtre en lisant Clochemerle fin 2018.
Vous avez photographié une table d’orientation et indiqué que par temps limpide on peut voir Le Mont Blanc.
J’en doutais. Ma mère m’a aussi souvent dit qu’à Châlon sur Saône où elle a passé son enfance, parfois, en été, elle voyait le Mont Blanc. Cela me semblait invraisemblable mais vous êtes la preuve que non.
Bien cordialement. Christine Rault
P.S.: Née à la fin de la IVème République, j’ai aussi pratiqué à l’école la plume Sergent Major, le Buvard et l’encre violette. Le nettoyage des pupitres à la fin de l’année scolaire avec papier de verre et cire apportés de la maison.