Archive pour avril, 2018

Chapeau bas Barbara … et merci Patricia Damien et Jean-Louis Beydon !

Aura-t-elle été jalouse du succès du héros de son précédent spectacle, le lapin Pampinou, qui se révéla être une vraie bête de scène (http://encreviolette.unblog.fr/2017/01/21/pampinou-fait-le-guignol-une-vraie-bete-de-scene/), l’artiste Patricia Damien a choisi de tirer un nouveau Coup de chapeau à Barbara pour célébrer le vingtième anniversaire de la mort de la « longue dame brune » survenue le 24 novembre 1997.
Elle lui avait déjà rendu hommage, il y a quelques années, accompagnée par son pianiste et ami Jean-Louis Beydon. Directeur du conservatoire de Vanves, spécialisé dans le répertoire de la chanson française, pianiste de nombreux artistes parmi lesquels Allain Leprest, Romain Didier, Bernard Joyet, Marc Ogeret, Pierre Barouh, parfois complice au pied levé de Claude Nougaro, Cora Vaucaire, Juliette, Sapho, Kent, Jean-Louis Beydon déclare, cette fois, forfait, très handicapé par la terrible maladie de Charcot.
C’est largement pour lui que Patricia, en véritable groupie du pianiste, a décidé de remonter son récital en le repensant scéniquement. En effet, ayant recours aux techniques de pointe de la vidéo numérique, elle réussit l’émouvant tour de force de retrouver Jean-Louis, presque aussi vrai que nature, auprès d’elle sur scène.

Affiche CHAPEAU BAS ET MERCI BARBARA

La première du spectacle s’est déroulée dans le cadre du festival Miracos « Chant’à Seix » dont la cheville ouvrière est l’enfant adoptive du pays, Nicole Rieu.
Les plus anciens d’entre vous se souviennent peut-être d’elle. Au début des seventies’, elle était très populaire, assurant notamment les premières parties de Daniel Guichard, Joe Dassin, Serge Lama, Enrico Macias, Adamo. On entendit très souvent alors sur les ondes son grand succès Je suis :

« Je suis ruisseau, fleur, rivière,
Je suis le vent, la pluie,
Je suis l’ombre la lumière
Je suis la vie … »

C’est un peu toujours tout cela, Seix, vivant village des montagnes du Couserans en Ariège, qui a rendez-vous, ce soir-là, avec la « chanteuse de minuit ». Ainsi appelait-on souvent Barbara en référence à son début de carrière dans les années cinquante, âge d’or des cabarets parisiens dits rive gauche, synonymes de leur situation géographique par rapport à la Seine, d’un certain art de vivre et d’une qualité de chansons à textes.
De 1957 à 1964, Barbara fut essentiellement la chanteuse de L’Écluse, minuscule cabaret tout en longueur, transformé aujourd’hui en bar à vins à quelques mètres du boulevard Saint-Michel.
Chapeau bas est la chanson qui ouvre l’hommage à Barbara. C’est aussi l’une des premières que Barbara écrivit et osa chanter sur scène. Auparavant, elle interprétait les chansons des autres, souvent des chansons d’hommes dont elle fit deux beaux disques, Barbara chante Brassens, grand prix de l’académie Charles Cros 1960, et Barbara chante Brel en 1961.
Peut-être, faut-il trouver ici une des raisons pour lesquelles, lorsque j’avais dix ou douze ans, Barbara ne m’attirait pas particulièrement : dans les brisées de mon frère aîné, je préférais goûter directement la poésie du Grand Jacques et du Plat pays qui était le sien, et aussi, je l’avoue platement, les tubes sans relief des yéyés, les élégances sucrées de Françoise Hardy et le yaya twist de Petula Clark. Ne me jetez pas la pierre !
Aujourd’hui, ce serait un quasi sacrilège de ne pas reconnaître la beauté des textes de Barbara et son admirable interprétation si particulière. Dans ma jeunesse, quand la télévision apparut au domicile familial, il n’y avait qu’une seule chaîne en noir et blanc. J’ai des souvenirs un peu floutés des passages de Barbara sur le petit écran, notamment dans l’émission Discorama, animée par Denise Glaser, qui était au disque ce que Lectures pour tous était au livre et à la littérature.Ô blasphème, je voyais une artiste mystérieuse, austère, sophistiquée, maniérée, précieuse à laquelle je n’accrochais pas. Je me souviens même de Claude Véga, un humoriste qui pointait, à la télévision, dans une imitation hilarante, tous les pseudo travers de la chanteuse. Il se moquait aussi des extinctions de voix de la diva Maria Callas.
Qui sait si je n’aurais pas été séduit si mes parents m’avaient emmené du côté de L’Écluse, Barbara inscrivait alors à son répertoire des succès de la Belle Époque, tels Un fiacre allant trottinant (Hop là !) de Xanrof, et l’histoire d’une pâtissière de la rue du Croissant qui vendait des p’tits gâteaux emballés bien comme il faut, de quoi leur rappeler de bons souvenirs … Ils préférèrent me faire découvrir à l’Olympia deux autres dames en noir, Édith Piaf et l’égérie des existentialistes Juliette Gréco. Pas mal non plus !
En 1970, un mystérieux et inquiétant rapace choisit les radios périphériques comme aire d’envol. Pendant plusieurs semaines sinon plusieurs mois, L’Aigle noir de Barbara survola les sommets des hit-parades à un point tel que je finis par être excédé d’entendre cet oiseau volant non identifié. Si la flûte inca d’El condor pasa à peu près bien, l’aigle noir s’envola loin de mon esprit.
Sans en être certain, je me demande si mon intérêt pour Barbara ne naquit pas finalement, peu après, lorsque son ami Brel fit appel à elle pour l’accompagner dans Frantz, son premier film en tant que réalisateur : une histoire d’amour bancale et bizarre entre Léon et Léonie, deux êtres hors du temps. Longtemps après, Barbara signa Léonie le dernier couplet de Gauguin, une chanson hommage au Grand Jacques qui repose auprès du peintre aux îles Marquises.
Sans doute également, la parole des femmes se libérait-elle, et interpellaient-elles notre inconscient même dans les chansons.

« Est-ce Dieu, est-ce Diable
Ou les deux à la fois
Qui, un jour, s’unissant
Ont fait …

Merci pour tant de beauté,
Merci et Chapeau bas »

Je crains que ce soit le Malin qui finit par me faire aimer Barbara. Chapeau bas et merci Jean-Louis Beydon auquel Patricia dédie sa seconde chanson.
Si la photo est bonne est, à l’origine, une réflexion décalée et irrévérencieuse à propos de la peine de mort en vigueur en France jusqu’en 1981 : une femme de président qui décide d’alléger la peine d’un délinquant au physique avantageux.

« Moi qui suis femme de président
J’en n’ai pas moins de cœur pour autant
De voir tomber des têtes
A la fin, ça m’embête
Et mon mari, le président
Qui m’aime bien, qui m’aime tant,
Quand j’ai le cœur qui flanche
Tripote la balance. »

Barbara, qui était soucieuse de l’image qu’elle renvoyait, envisage ici la photographie, non pas sur le modèle inaccessible de l’objectivité, mais du point de vue de ses usages médiatiques. Et si la photo était trompeuse ?
En tout cas, pas celle sympathique de Jean-Louis Beydon en première page du quotidien La Dépêche du Midi que brandit Patricia Damien. Défilent sur l’écran d’anciennes photos : la plus belle histoire d’amour artistique de Patricia, c’est lui « ce grand gosse au cœur tendre »… peut-être !
C’est avec Gueule de nuit qu’enchaîne Patricia : celle de Régine, la reine des nuits parisiennes, pour laquelle Barbara a écrit cette chanson.

Oui, j’aurais pu, comme vous,
Ou comme toi, être ronde, ronde,
Mais c’est foutu, c’est classé,
Car Dieu m’a préférée longue, longue…

Pour la chanter elle-même de manière plausible, Barbara en fit une version light en inversant les adjectifs longue et ronde ! Sur l’écran, magie du numérique, Patricia bat le pavé de Montparnasse (avec le boa de la grande Zoa ?), une séquence en noir et blanc qui rappelle les films réalistes d’avant-guerre de Marcel Carné ou les romans de Francis Carco.
Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que ça une gueule d’atmosphère ? Plutôt, oui, et la chanson suivante aussi :

Dîtes-le moi du bout des lèvres
Je l’entendrai du bout du cœur
Vos cris me dérangent je rêve
Je rêve

Du bout des lèvres, au bord de l’écran en ombre blanche, dans un décor à la Magritte, Patricia murmure presque la première chanson d’amour de la soirée. On rêve !
Barbara était si avare de confidences sur sa vie privée qu’il fallut attendre son livre de mémoires … interrompues pour découvrir que beaucoup de ses chansons souvent mystérieuses étaient finalement très autobiographiques. Elle savait, même dans le tragique, y glisser une pincée d’humour, ainsi pour nous conter ses Insomnies :

Mais, si s’endormir c’est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,
J’aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis,

Elle fait allusion à une nuit agitée où, après avoir ingurgité plusieurs tubes de somnifères, elle fut conduite en urgence au petit matin à l’hôpital de Meaux. Les gazettes toujours promptes au sensationnel mirent à tort sa tentative de suicide sur le compte d’une rupture amoureuse avec un célèbre comédien et bientôt chanteur (grâce à elle), Serge Reggiani.
Jean-Louis Beydon pianotant en fondu sur la portée d’une partition, je savoure les premières notes de la chanson avec laquelle Barbara me conquit définitivement :

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Quelle magnifique chanson d’amour pour « les enfants blonds de Göttingen », une ville universitaire du sud de l’Allemagne ! Une vingtaine d’années après la Libération, elle devint l’hymne de la réconciliation franco-allemande.
Et pourtant, au départ, cela ne disait rien qui vaille d’aller chanter à Göttingen à la petite juive qui avait passé les années d’Occupation à fuir le nazisme à travers la France. Avançant tous les prétextes, elle refusa même de jouer sur un piano droit … qu’à cela ne tienne, les étudiants de Göttingen lui dégotèrent un piano à demi queue et lui réservèrent un triomphe. Elle écrivit à la hâte une première version de Göttingen qu’elle leur chanta lors de la dernière soirée de ses récitals. Elle y revint quelques années plus tard, cette fois, on lui avait mis à disposition un piano à queue.
Il y a quelques années, je m’étais lié d’amitié avec des enseignants de Göttingen en villégiature en Corse. Ils étaient surpris que je connaisse aussi bien leur ville … grâce à une chanson.
Son université cache une face sombre :

« Et que personne ne s’offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois » commence
À Göttingen »

Le roi de Hanovre Ernest-Auguste 1er abrogea en 1837 la constitution garantissant la liberté de penser, accordée par son prédécesseur. Sept professeurs de l’université signèrent une lettre de protestation solennelle, parmi lesquels Jacob et Wilhelm Grimm, les auteurs des contes de notre enfance. Ils furent bannis des états de Hanovre.
Aujourd’hui, Göttingen est souvent étudiée au lycée. Barbara la chantait en 1988 en ouverture des meetings de campagne présidentielle de François Mitterrand, les roses socialistes furent moins épanouies par la suite. Le chancelier Schröder la fredonna en 2003 lors d’une commémoration commune.
J’ai toujours la gorge serrée en l’écoutant, ce soir encore. Cela fait près de 75 ans que la France et l’Allemagne ne sont pas entrées en guerre, modestement, Barbara y est peut-être pour quelque chose. Comme il y a Goethe et (la République de) Weimar, il y a Göttingen et Barbara.
Patricia et Barbara nous emmènent maintenant plus à l’Est, dans la station thermale de Marienbad en République tchèque. Une autre ville, une autre atmosphère ! Et des paroles aussi baroques et énigmatiques que le film d’Alain Resnais sorti l’année précédente :

« Sur le grand bassin du château de l’idole
Un grand cygne noir portant rubis au col
Dessinait sur l’eau de folles arabesques
Les gargouilles pleuraient de leurs rires grotesques
Un Apollon solaire de porphyre et d’ébène
Attendait Pygmalion, assis au pied d’un chêne

Je me souviens de vous
Et de vos yeux de jade
Là-bas, à Marienbad
Là-bas, à Marienbad« 

Un chef-d’œuvre d’esthétisme dans une couleur de monarchie austro-hongroise ! Nous n’en saurons pas plus : « Mes secrets sont pour vous, mon piano vous les porte/Mais quand la rumeur passe, je referme ma porte. »
Ah les hommes ! Ou plutôt, ah ses hommes ! Ce sont surtout ses musiciens : « C’est fou comme ils sont heureux, / Mes hommes / Quand le son du piano noir résonne ». C’est ce soir Jean-Louis qui se promène avec virtuosité et légèreté dans la musique de Barbara et qui, à la fin d’un long solo, enchaîne avec quelques mots offerts à la « longue dame brune ». J’adore ce duo écrit par Moustaki.
Moment de grâce, sur une valse lente, nous retrouvons alors Patricia assise devant un guéridon dans une chambre viennoise :

« Si je t’écris ce soir de Vienne
Oh que c’est beau l’automne à Vienne
C’est que sans réfléchir
J’ai préféré partir
Et je suis à Vienne sans toi

Je marche je rêve dans Vienne
Sur trois temps de valse lointaine
Il semble que les ombres
Tournent et se confondent
Qu’ils étaient beaux les soirs de Vienne … »

C’est beau Vienne ! Encore une ville, encore un déchirement amoureux, Barbara aima beaucoup, elle se sépara tout autant. Elle n’était pas du genre à attendre éternellement. « Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin/Je n’ai pas la vertu des femmes de marins » nous confie-t-elle dans la chanson suivante Dis, quand reviendras-tu ?
Pour l’écrire, Barbara s’inspira de son idylle avec un diplomate trop souvent absent à cause de ses missions entre la France et la Côte-d’Ivoire. Il l’installa même rue Rémusat, dans le XVIe arrondissement parisien, thème d’une autre magnifique chanson non interprétée ce soir.
La solitude, « la renifleuse des amours mortes », est un thème récurrent dans l’œuvre de Barbara. Patricia, après l’avoir combattue dans la chanson éponyme cachée derrière un loup blanc, lui tord le cou en contant une nuit de Noël finalement assez joyeuse :

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Derrière une apparence mortifère, Barbara aimait rire. Ainsi, prend-elle Noël à contre-pied en nous décrivant malicieusement les états d’âme de Jean-Pierre et Madeleine faisant les zouaves près du Pont de l’Alma.
« Faut-il qu’il m’en souvienne. La joie venait toujours après la peine », c’est du moins ce qu’écrivait Guillaume Apollinaire, sous le pont Mirabeau, à quelques pas en aval de la Seine.
Ce soir, c’est la peine de Barbara que Patricia, dans un récital bien construit et rythmé, choisit maintenant d’évoquer avec ce qui demeure sans doute son chef-d’œuvre, sa moins belle histoire d’amour aussi : Nantes.
Encore une ville … qu’elle rejoindra trop tard :

« Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m’était encore inconnue
Je n’y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage :

« Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d’espoir
Il a demandé à vous voir. «  »

Élégie pour la mort d’un père, ou plutôt récit du jour où elle arriva trop tard pour trouver encore vivant ce père avec qui rien ne fut jamais simple et qu’elle n’avait pas vu depuis dix ans. Cette chanson d’amour paternel est aussi une chanson de pardon, mais cela nous l’apprendrons longtemps après.
Les illustrations sur l’écran soulignent le clair-obscur du texte. Bernard Lavilliers le commentait ainsi : « on voit Vermeer, on entend Baudelaire » !
Il pleut sur nos paupières. Du Barbara, ça ne s’écoute pas dans sa voiture, ça se « vit » chez soi, recueilli dans un fauteuil ou près de la cheminée, ou encore comme ce soir, plongé dans la pénombre de la petite salle de concert.
Avec elle, on a envie volontiers de vivre la tristesse, les absences, les deuils. Ma sensibilité est mise à rude épreuve, mais un brin masochiste, j’en redemande et Patricia me comble … Similaré, c’est simple parfois de retenir les notes de solfège :

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Patricia nous le rappelle, Barbara composa cette petite cantate en hommage à sa pianiste Liliane Benelli décédée dans un accident de voiture survenu en compagnie de Serge Lama très gravement blessé.
Patricia dédie personnellement la chanson à Jean-Louis Beydon en son absence artistique. Encore qu’ils soient réunis ce soir par la magie de la technique ! Similarésisoldofa
Comme Barbara, en forme d’exutoire, elle rit maintenant de La mort :

« Qui est cette femme qui marche dans les rues?
Où va-t-elle
Dans la nuit brouillard où souffle un hiver glacé,
Que fait-elle?
Cachée par un grand foulard de soie,
A peine si l’on aperçoit la forme de son visage,
La ville est un désert blanc
Qu’elle traverse comme une ombre
Irréelle. …

… Sur un grand lit, un homme est couché
Il lui dit :  » Je t’attendais,
Ma cruelle. « 
Dans la chambre où rien ne bouge,
Elle a tiré les rideaux.
Sur un coussin de soie rouge,
Elle a posé son manteau
Et, belle comme une épousée,
Dans sa longue robe blanche
En dentelle,
Elle s’est penchée sur lui, qui semblait émerveillé.
Que dit-elle? … »

Envisagé ainsi, ce n’est peut-être pas si désagréable que cela, le trépas !
Comme lors des enterrements, vient le moment des remerciements. Pour le public, c’est évident voire même convenu dans un spectacle dédié à Barbara : Je suis venue pour vous dire/Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous !
Patricia Damien avoue que sa plus belle histoire d’amour artistique, c’est Jean-Louis Beydon, Elle ne pourrait continuer à la vivre sans les prouesses technologiques (en partie en direct) qu’accomplit Philippe Morin pour que son cher pianiste soit encore à ses côtés dans une sorte de duplex.
Aujourd’hui que Barbara et Patricia m’ont apprivoisé, je supporte avec plaisir le retour de L’aigle noir pour achever la soirée ! Le rapace n’est pas dépaysé en compagnie des vautours, milans et gypaètes barbus qui planent dans les montagnes ariégeoises.
Plus sérieusement, Barbara, à la fin de sa vie, donna peut-être les clés pour mieux comprendre ce qui fut un énorme tube au temps des yéyés.
Emblème du IIIème Reich, on imaginait que l’aigle noir puisse symboliser les heures sombres de notre histoire.

« De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C’est alors que je l’ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m’était revenu »

Dans Il était un piano noir …Mémoires interrompues, la chanteuse évoqua pour la première fois un épisode de son enfance douloureuse, persécutée par un père qui aurait abusé d’elle. Drôle d’oiseau ! Et allez comprendre comment L’aigle noir atteignit les cimes des hit-parades, les Français le fredonnant comme une ritournelle, entre Wight is Wight de Michel Delpech et L’Amérique de Joe Dassin !
Chapeau bas et merci Patricia de mettre votre jolie voix (et votre impeccable diction, précision non superflue) au service de Barbara. Votre spectacle « interactif audiovisuel » met en lumière avec beaucoup de respect, d’intelligence et de sensibilité, l’extraordinaire modernité de son répertoire. La libéralisation de la parole féminine, le harcèlement, la pédophilie, la solitude, la réconciliation entre peuples, l’amour sous toutes ses facettes et dans toutes ses dimensions, constituent plus que jamais des sujets d’actualité.

CHAPEAU-BAS-ET-MERCI-BARBARA-Patricia-damien

Chers lecteurs, si Patricia Damien vient rendre hommage à Barbara dans votre région, n’hésitez pas un instant. Je sais qu’elle se produira fin juillet dans la chapelle des Pénitents à Mèze, au bord de l’étang de Thau. Similarési, une petite cantate profane en un lieu sacré, j’en ai déjà le frisson ! Je ne serais pas surpris qu’en voisin, celui qui permit à Barbara de faire ses débuts à Bobino en première partie de son récital, « l’éternel estivant qui fait du pédalo sur la vague en rêvant/Qui passe sa mort en vacances », tende un peu l’oreille ce soir-là.

Chapeau bas et merci Barbara - Patricia Damien et le piano de Jean-Louis Beydon

mercredi 25 juilllet 2018 à 21h à la Chapelle des Pénitents blancs de Mèze (34-Hérault)

Chers lecteurs, vous avez compris, à la lecture de mon billet, que cet émouvant spectacle musical avait été remonté sous une forme spéciale, en empruntant aux techniques numériques, pour donner un coup de chapeau au pianiste Jean-Louis Beydon dont la santé chancelante inquiétait ses proches et amis.
Jean-Louis Beydon s’est envolé pour le paradis des artistes le 11 octobre 2019.
Je vous livre les quelques mots que m’a adressés Patricia Damien en ces tristes circonstances

« Tu es un ange à présent, avec ton cœur et tes dix doigts, si-mi-la-ré-sol-do-fa…
Mais tu restes à mes côtés Jean-Louis sur la scène de « Chapeau Bas… ».
Sous ton regard approbateur et bienveillant, nous avons fait, Philippe et moi, ce qu’il fallait pour ça : un duplex entre ici-bas et au-delà.
Ton piano chante toujours avec moi et, portée par ton immense talent, je rirai toujours de tes mille facéties. Quelle magie !
Ta révérence de ce 11 octobre met à mes yeux un temps de pluie et dans mon cœur un ciel tout gris, mais quel bonheur que le rideau s’ouvre encore sous le soleil des projecteurs, sur toi, moi et Barbara. »

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« Chapeau Bas... » est un spectacle musical hommage à Jean-Louis Beydon et Barbara
Création 2018 de Patricia DAMIEN, pour et avec Jean-Louis BEYDON.
Réalisation audiovisuelle : Philippe MORIN.

Publié dans:Coups de coeur |on 24 avril, 2018 |3 Commentaires »

Un festin de mots avec Bernard Pivot

Des nourritures terrestres à celles de l’esprit, il n’y avait ce soir-là que les quelques pas qui me menaient de mon domicile à l’espace Albert Camus de Maurepas transformé exceptionnellement en brasserie littéraire. Plutôt qu’avaler hâtivement le traditionnel potage (j’exagère !), j’avais choisi pitance pour rassasier mes neurones.
En effet, Bernard Pivot, le populaire animateur d’Apostrophes et de Bouillon de Culture à la télévision, le vrai-faux instituteur torturant les Français avec ses dictées piégeuses, le Président de l’Académie Goncourt, seul en scène, nous appelait Au secours ! Les mots m’ont mangé.

blog  Flyer spectacle Pivot

La métaphore n’est pas incongrue à la lecture de l’argumentaire (c’est tellement plus élégant que le pitch et moins périlleux à écrire que synopsis !) de son spectacle : « On déguste des phrases. On savoure des textes. On boit des paroles. On dévore des livres. On s’empiffre de mots. Écriture et lecture relèvent de l’alimentation. Mais la vérité est tout autre : ce sont les mots qui nous grignotent, ce sont les livres qui nous avalent. Voici le récit de la vie périlleuse, burlesque et navrante d’un homme mangé par les mots ».
Et un peu d’arthrose ? Un homme qui soufflera ses 83 bougies au mois de mai prochain et qui vient à notre rencontre d’un pas un peu traînant mais avec un esprit toujours malicieux, inventif et drôle.
En guise d’introduction, quoique le mot sonne mal en la circonstance, l’amoureux des mots nous surprend en évoquant son arrivée sur terre :
« J’ai toujours regretté, depuis ma naissance, de n’avoir pas été le premier bébé au monde à parler. Sitôt sorti du ventre de ma mère, j’aurais dit :
– Pardon, maman, je t’ai fait mal ?
Et puis :
– Mon père n’est pas là ?
Et puis, déjà très sportif :
– Allez les Verts !
Et encore, déjà très littéraire ;
– Comment est-il le Goncourt cette année ?
Je suis sûr que pendant les neuf mois de résidence dans le ventre de nos mères, nous avons enregistré beaucoup de mots, et même des phrases, que nous pourrions restituer dès notre naissance si physiologiquement nous en étions capables. »
Pour atténuer cette déception primitive, il conclut : « Même Jésus dans la crèche n’a pas dit un seul mot. C’était pourtant le fils de Dieu » …
… Alors que Bernard n’était que le fils d’un couple d’épiciers lyonnais ! Durant la Seconde guerre mondiale, son père fait prisonnier en Allemagne, sa mère se réfugia dans la maison familiale à Quincié, au cœur des vignobles du Beaujolais. Il ne faut sans doute pas chercher ailleurs son amour pour le vin qu’il côtoie depuis son enfance.
Alors débutant en journalisme, un peu sec sur Marguerite Yourcenar et Roger Martin du Gard lors de l’entretien d’embauche, c’est ce lien à ce vignoble qui lui permit d’être pris trois mois à l’essai au Figaro littéraire avec la livraison d’un caquillon (tonneau de 10 litres) au rédacteur en chef du journal (en échange d’un chèque, il faut préciser). Depuis, Bernard a élevé un gouleyant Dictionnaire amoureux du Vin, à déguster sans modération. L’ivresse de ses mots n’est pas nocive, bien au contraire.

blog spectacle Pivot 1

Assis à une table encombrée d’ouvrages, Bernard nous présente son meilleur camarade d’enfance : « En rentrant de l’école puis du collège, j’aimais beaucoup jouer avec mon copain Petit Larousse (avec une vieille édition des Fables de La Fontaine). »
Je suis toujours étonné que des gens, amoureux de la langue française, souvent d’origine modeste, aient dévoré presque méthodiquement, pendant leur enfance, un vieux dictionnaire qui accompagnait déjà les générations précédentes. Et que ce fut là leur entrée dans le monde magique des mots.
Les dictionnaires sont les meilleures agences de voyages du monde. Il y a les mots de géographies qui prêtent au rêve, de Chicoutimi à La Chaise-Dieu. Permettez que j’ajoute quelques villes, villages, hameaux ou lieux-dits qui prêtent à sourire tels Vatan, Arnac-la-Poste, Vinsobres, Poil, Corps-Nuds, Monteton ou Montcuq. Il est un de mes lecteurs, valeureux cyclotouriste, qui lorsqu’il fut rayé des cadres actifs (c’est la formule officielle) de l’Éducation nationale, choisit de partir à vélo à La Retraite, un lieudit au fin fond du département de la Sarthe.
Il y a ceux (les mots) populaires, mais en perte de vitesse, de l’arrière-boutique familiale comme enchifrené, tohu-bohu, gueule-de-loup, diable vauvert. Il y a le vocabulaire culinaire, vol-au-vent, croquembouche, bouchée à la reine, pet de nonne, ravigote, gribiche. Voilà, c’est malin, j’accuserai demain 500 grammes supplémentaires sur la balance !
En plongeant dans mes propres souvenirs, mes dictionnaires furent mes parents professeurs. Assis au vaste bureau familial, tandis qu’ils préparaient leurs cours, je profitais de leurs fréquentes discussions sur le bon usage d’un mot, la recherche d’un synonyme, la pertinence d’un temps ou d’un mode, la tournure d’une phrase. Je ne pipais pas mots mais, tendant l’oreille, je les notais parfois à la dernière page de mon cahier de brouillon tel un glossaire, je thésaurisais ces richesses pour mes futures rédactions, d’autant plus quand mon père devint mon maître. Il m’arrivait même d’expérimenter le nouveau mot sur mon adorable oncle souffre-douleur, veuf, qui passait les vacances avec nous. « Tonton, tu es pusillanime ». Toute la famille riait car on savait que de courage et de caractère, il n’en manquait pas, lui qui avait été prisonnier cinq ans dans les Sudètes.
Bernard Pivot nous parle de son instituteur de la communale qui, un jour, a dit : « f-e-2m-e se prononce fame ». Il comprit alors que l’amour serait compliqué.
Est-ce la première preuve : Ma première déclaration d’amour a été pour Henriette : Je lui ai dit « Henriette je t’aime ». Elle m’a regardé étonnée et m’a dit : « Tu ne pourrais pas trouver une formule un peu plus originale ? – Excuse-moi !
C’est comme les petits surnoms affectueux ou amoureux, « un Normalien ne peut pas se permettre de bêtifier avec des « mon cœur », « mon ange », « ma colombe, « ma tourterelle », « ma lionne adorée ». Il nous dit avoir été consterné quand il découvrit que Jean-Paul Sartre appelait Simone de Beauvoir « son Castor » ou que Juliette Drouet appelait le grand Victor Hugo « mon Toto ». « Et Paul Valéry, ce poète si intelligent, cet intellectuel si subtil, (qui) appelait sa maîtresse Jeanne Voilier … goélette ».
Pour ne pas sombrer dans ces niaiseries ridicules, pour sa part, l’ancien animateur d’Apostrophes opta pour des figures de rhétorique :
« Mon anaphore, lui disais-je, la main sur le cœur.
– Mon oxymore adoré, me répondait-elle, les yeux énamourés.
Je lui disais : Tu es mon allégorie et je suis ton paradoxe.
Elle me répondait : Jure-moi que je ne serais jamais ni ton ellipse, ni ton apocope.
– Mais non, ne crains rien, ma métaphore chérie.
Oh, que nous avons susurré des « mon bel anacoluthe », « ma tapinose adorée »…
C’était le bon temps ! »
Vous devinez bien que je me suis précipité sur le dictionnaire le lendemain : « Tapinose : figure de style qui consiste à insister de manière négative sur quelque chose, à la différence de l’hyperbole qui insiste de manière positive. Proche de l’euphémisme, de l’atténuation et de la litote ». Ceci lu, j’ai découvert plus bas quelques exemples de tapinoses populaires : « Ça ne casse pas trois pattes à un canard » ou « Il n’a pas inventé le fil à couper le beurre ».
Il est peu probable finalement que je loue ainsi les talents culinaires de ma compagne : « Ma tapinose adorée, ton ragoût de mouton est délicieux !!!»
Bernard jubile : « J’ai même connu une agrégée de lettres, comme moi, qui pour rendre notre couple plus littéraire, me donnait, de temps en temps, des prénoms d’écrivains célèbres : « Ne perds pas ton temps, Marcel, tu sais bien qu’il ne se rattrape pas. »
Vous avez bien compris que le personnage qu’endosse Bernard dans son spectacle n’a pas grand chose d’autobiographique : il a fait Normale Sup, il est agrégé de lettres, romancier, il a reçu le prix Goncourt et a même été invité à sa propre émission Apostrophes. La chose qui les relie, c’est la passion inextinguible des mots.
Bernard, du moins son double, s’est mis à l’écriture :
« Que je vous raconte mes journées à batailler avec les mots. Après je vous raconterai mes nuits…
J’aime beaucoup les mots puisqu’ils me font vivre et que, grâce à eux, j’ai acquis une certaine notoriété dans la République des lettres. Les mots sont à l’écrivain ce que sont l’argile et le marbre au sculpteur, la farine au boulanger ou les cartes au joueur de poker. L’ennui avec les mots, c’est qu’ils sont très nombreux. Il faut choisir les bons, et ce n’est pas facile. Proust en a choisi beaucoup et il ne s’est jamais trompé. Que ce soit au tirage ou au grattage, Marguerite Duras a toujours sorti les mots gagnants. On reconnaît les grands écrivains à ce qu’ils ne se trompent jamais dans le choix des mots.
Ensuite, ils ont l’art ou l’habileté de les assembler pour leur donner du sens, du charme, de la force, de l’humour ou de la beauté. On appelle cela le talent. Mais ce talent ne sert à rien si, au départ, vous avez choisi des mots qui ne sont pas compatibles les uns avec les autres.
Un matin, je me mets à mon bureau et, reprend le manuscrit du roman auquel je travaille, j’écris cette phrase : « Dans un grand élan de sincérité, elle lui dit qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande ». Parfait !
Enfin, non, pas parfait, parce que « dans un grand élan de sincérité », c’est un cliché, un lieu commun. La sincérité se manifeste toujours par de grands élans.
Peut-être vaudrait-il mieux parler de franchise ? D’autant qu’« un grand élan de franchise » est moins conventionnel. Mais quelle différence entre franchise et sincérité ? Entre franc et sincère ? Quelles nuances ? Là-dessus je consulte tous les dictionnaires qui sont à portée de main, et il y en a beaucoup. Le Littré, Le Dictionnaire de l’Académie française, Le Grand et Le Petit Robert, Le Grand et Le Petit Larousse, le Hachette, le Quillet, le Furetière, le Vaugelas, et même le Dictionnaire des jésuites de Trévoux. Oui, parce que sur la franchise ou la sincérité, les Jésuites sont assez calés…
Et puis c’est finalement dans Le Petit Larousse que j’ai trouvé les meilleurs définitions :
« Sincère : qui s’exprime sans déguiser sa pensée.
Franc : qui ne dissimule aucune arrière-pensée.
Pensée ou arrière-pensée ? En refusant de l’accompagner à la chasse en Finlande, elle a des arrière-pensées. Donc : franchise plutôt que sincérité.
J’ai donc écrit : « dans un grand élan de franchise, elle lui dit qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
Et c’est alors que je découvre, avec consternation, que s’il va à la chasse en Finlande, c’est pour tirer des cervidés, c’est-à-dire des chevreuils, des cerfs, des ÉLANS. Et moi qui, dans une inconsciente association d’idées, ai commencé ma phrase par un élan, mais un élan de franchise. Que je supprime immédiatement. Ce qui donne :
« Avec franchise, elle lui dit qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
Oui, mais on ne sent plus l’effort qu’elle a dû faire sur elle-même pour lui annoncer sa décision.
Autant écrire :
« Elle lui dit franchement qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
Franchement ou sincèrement ? Sincèrement puisqu’elle n’a plus d’arrière-pensées.
« Elle lui dit sincèrement qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
Pourquoi sincèrement ? Cet adverbe est devenu inutile, comme le sont la plupart des adverbes.
« Elle lui dit qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
La journée était finie. Ma femme est rentrée de son travail. Elle m’a demandé si j’avais bien écrit. Eh bien oui, mais pas beaucoup. Une seule phrase.
– Elle doit être belle et longue ?
– Plutôt précise, ferme et définitive
Ma femme a lu : « Elle lui dit qu’elle ne l’accompagnera pas à la chasse en Finlande. »
– C’est tout ? Ton travail de la journée ?
– Ben, oui …
Allez donc expliquer à quelqu’un pour qui les mots ne sont que de la conversation et jamais de la littérature, allez donc lui expliquer le dur combat de l’écriture.
Le défi à la page blanche, le corps-à-corps avec les mots, le domptage de la phrase. Le choix existentiel du temps de la conjugaison. Le recours décoratif à l’adjectif ou son bannissement monacal. Et qui, du verbe ou de l’adverbe, se fera chair ? La preuve ontologique de la digression par la parenthèse. La question philosophique du point à la ligne.
Allez donc expliquer tout ça à un homme ou à une femme pour qui les mots ne sont qu’un moyen de vivre, alors que pour l’écrivain ils sont sa raison de vivre. L’écrivain sera toujours considéré comme un être étrange qui entretient avec les mots des relations plus intimes et plus passionnées qu’avec sa femme, ses maîtresses, ses enfants, et même qu’avec ses chiens et ses chats.
Après le dîner, je suis revenu à mon bureau, j’ai relu ma malheureuse phrase de la journée et je me suis dit : Pourquoi ne l’accompagnerait-elle pas à la chasse en Finlande ? Ils sont finalement partis tous les deux. »
Savoureux ! Vous savez quoi ? Toutes choses égales par ailleurs, comme on dit, je suis en proie aux mêmes tourments parfois quand j’écris pour vous ici. Oui oui ! J’ai à peine posé ma tête sur l’oreiller que je commence à cogiter sur un mot, un titre, une introduction, une anecdote. Quand il m’arrive d’avoir trouvé la phrase satisfaisante, m’en souviendrai-je au réveil ? Tel est la vie d’un blogueur respectueux de ses lecteurs ! Même s’ils semblent endormis sagement par ordre alphabétique dans le dictionnaire, les mots infatigables font le mur en douce, vous rongent, vous accaparent, vous torturent, vous usent.
Outre qu’il aime les mots, Bernard aime les lettres : « En vérité, j’aime beaucoup la lettre H, elle donne aux mots de la force, de l’amplitude, c’est pourquoi, j’ajouterais volontiers un h à énorme, un h à universel, un h à immensité, un h à absolutisme, un h à orage, un h à ouragan, un h à … calmez-vous me dit Mme Larousse, calmez-vous ! Voulez-vous une aspirine avec un h ? » !
C’est vrai que les mots ont une morphologie, une prestance, une dégaine, une musique même (puisqu’on les prononce et écoute), qui interpellent, suscitent des émotions. Il en est qui sont élégants, gracieux, légers comme libellule ou alouette, d’autres, au contraire, patauds, comme pachyderme ou hippopotame, d’autres rigolos comme margoulette, d’autres équivoques comme concupiscence, comme s’ils avaient été « étudiés pour », pour parodier l’humoriste Fernand Raynaud.

blog spectacle Pivot 2

Pivot encore : « J’ai connu une femme qui avait la manie de prononcer à tout bout de champ le même mot, un joli mot d’ailleurs, nonobstant ! Elle disait à son mari : nonobstant toutes les formes de pain fantaisie, je préfère que tu rapportes une baguette … Son mari, après l’amour : Alors heureuse ? Elle : Oui oui, très très bien, nonobstant quelques petits mouvements … je ne vais pas entrer dans le privé »…
Du pupitre au bureau, du bureau au guéridon, du guéridon au fauteuil, il arpente la scène pour nous faire partager sans modération son ivresse des mots. L’arme absolue contre la vieillesse, c’est la cu-rio-si-té !
Cependant, elle finit, un jour, par avoir raison de nous. Ainsi, il se retrouve devant le Seigneur un peu décontenancé qui le confond avec Patrick Modiano : Je suis content de vous voir. Éclairez-moi sur un point d’orthographe ! Tous ces mots qui se terminent par ou et qui prennent un x au pluriel, bijou caillou genou chou hibou pou, est-ce que selon vous on peut rajouter le mot ripou ? Oui oui Seigneur et même si vous permettez seigneur même ajouter un x à tripous ».
Voici comment on associe nourritures spirituelles et terrestres.
J’avais déjà assisté dans cette salle à un spectacle hilarant sur les dangers du fromage avec dégustation sur scène à la fin. (voir billet http://encreviolette.unblog.fr/2012/02/11/les-dangers-du-fromage-avec-la-compagnie-opus/
À défaut, cette fois-ci, d’un buffet de mots, je vous offre ce texte d’une des dictées qui permirent à Bernard Pivot de réconcilier un peu les Français avec l’orthographe :
« Cette dictée vaut bien un fromage… Un crémier et un sommelier s’étaient donné le mot pour organiser une soirée de dégustation où la société des environs, hormis les boit-sans-soif, était conviée à venir savourer les mets du cru. Quoiqu’on eût tardé à lancer les invitations, la salle fut vite comble. Les fromages y avaient exhalé leurs effluves ; les vins, clairets ou bouquetés, avaient été rafraîchis à souhait. Les convives s’étaient pourléché les babines devant les muffins, les galettes de sarrasin et les gressins. Les goûts et les saveurs, ça ne se discute pas : lors de cette soirée, d’aucuns s’étaient révélés, en matière de bonne chère, un rien éclectiques. Ainsi, un meursault avait accompagné sa très chère amie, la mimolette. Le pain bis s’était acoquiné avec une cancoillotte assortie d’un pinot de Bourgogne. Une lame affûtée avait entamé des rigottes. L’époisses s’était répandu sur des blinis. Hop ! une lampée de syrah charpentée et un morceau de chabichou étaient allés chatouiller un palais délicat. Quelque moelleux qu’il parût sous sa croûte ocre, le maroilles avait été délaissé pour des brillat-savarin et des neufchâtels onctueux. Enfin, le crottin de Chavignol avait fricoté sec avec un jurançon fripon. À minuit, loin d’être repues, les fines gueules se tournèrent vers le maître queux et s’exclamèrent : « Et si nous passions enfin à table ? » ».
Pour Bernard, tout est prétexte à déguster les subtilités de la langue française, certains diraient en ingurgiter les traîtrises, paradoxes ou aberrations. Ainsi, pour accompagner ces fromages, il choisira entre une Côte-de-Brouilly et un Coteaux-du-Lyonnais, pour le plaisir de vous faire un petit cours de géographie physique… et d’orthographe : « côte désigne une pente, plus ou moins raide, d’une colline, alors que le coteau nomme la colline tout entière, généralement peu élevée et arrondie. » Et il conclura : « En toute logique, l’accent circonflexe avec ses deux versants, eût mieux convenu au coteau qu’à la côte. » Imparable et savoureux !

Pivot signe blog

J’avais déjà partagé avec lui son amour des mots et son humour avec son petit livre 100 mots à sauver : « On s’emploie avec raison à sauver toutes sortes d’espèces d’oiseaux, d’insectes, d’arbres, de plantes, de grosses et de petites créatures bien vivantes mais menacées de disparition. Des mots, eux aussi, pour d’autres raisons que la chasse, la pollution ou l’argent meurent. Pétrifiés dans des dictionnaires obsolètes, recensés par des lexicologues historiens, ils ne subsistent que dans les œuvres littéraires où, intrigué mais paresseux, le lecteur les saute ou les ignore trop souvent.
Rares sont les personnes émues par la disparition des mots. Ils sont pourtant plus proches de nous que n’importe quel coléoptère. Ils sont dans notre tête, sous nos yeux, sur notre langue, dans nos livres…
L’écologie des mots est balbutiante. Ah ! menacés, s’ils avaient des ailes et une queue, comme on s’apitoierait sur leur sort ! Les mots ont pourtant des ailes, des yeux, des becs, des pattes, des queues, des muscles, du souffle, un cœur ; tous possèdent une histoire, un sexe, une âme, une identité, des papiers… »
Brillant réquisitoire en faveur de 100 mots en péril, cependant encore en activité dans le Petit Larousse et le Petit Robert (parfois seulement dans l’un des deux) à l’exception de trois déjà disparus : clampin, génitoires et peccamineux. Encore qu’il me semble entendre parfois dans mon entourage le mot clampin !
Il est un de ces cent mots qui me ravit : coquecigrue. Il s’agit d’un oiseau burlesque, fabuleux, chimérique, fait de la réunion d’un coq, d’une cigogne et d’une grue. Il serait apparu en littérature dans le Pantagruel de Rabelais, ce qui n’a rien d’étonnant vu le style outrancier de l’écrivain. Regarder voler les coquecigrues, c’est se faire des illusions contre toute logique.
« Suivez-moi-jeune-homme ! » Au hasard d’une conversation, une voisine m’invita à lire ce petit roman éponyme recommandé par le ministère de l’Éducation nationale aux classes de sixième des collèges. Un sacré coup de jeune tout de même pour quelqu’un qui entre dans sa huitième décennie !

blog couverture suivezmoijeune homme

La quatrième de couverture m’aguicha : « Á lire « sans barguigner » dès « potron-minet » ou « à la brune » » !
L’encouragement n’était pas mensonger, en effet, en un peu plus d’une heure, j’eus avalé goulument la centaine de pages que compte cette « badauderie » littéraire.
La personne m’ayant prêté l’ouvrage, étant handicapée, je conçus d’emblée qu’elle fût intriguée par le récit à destination des adolescents : Thomas, lui-même collégien, a perdu l’usage de ses membres accidentellement, un chauffard ayant renversé son scooter puis pris la fuite. Solitaire, méfiant du regard des autres, il est secrètement amoureux de sa camarade Mia qui, pour l’instant, s’éclate avec une bande de potes sur les pistes de ski.
Vite agressif, il voit d’un mauvais œil l’arrivée du nouveau locataire du sixième étage, un vieux professeur (de linguistique) à la retraite, un brin pédant, qui parle comme un dictionnaire. « Il lui manque une case au pépé ! ». Il est vrai qu’à propos de la concierge qui ne déplaît pas à Thomas, il dit : « Je t’accorde qu’elle soit accorte. Mais j’espère qu’elle n’a rien d’une potinière. À mon ancienne adresse, nous avions une incorrigible babillarde toujours prête à débagouler sur son prochain ». C’est clair, a priori, le décalage des champs lexicaux ne facilite pas le rapprochement intergénérationnel.
L’écrivaine Yaël Hassan, en préambule, déflore d’emblée son pari littéraire : nostalgique d’Apostrophes et de Bouillon de culture, les mythiques émissions de Bernard Pivot, elle a souhaité glisser dans son roman, les 100 mots à sauver tirés du livre du populaire animateur, amoureux de la langue française.
Pour y parvenir, le type pas net du sixième dont Thomas ne comprend qu’un mot sur deux (!) va rendre un fier service à l’auteure qui, premier clin d’œil, affuble son héros du patronyme de Bertrand Pavot.
« Je suis un résistant !
Les vieux, parfois, ça débloque, ça s’emmêle les pinceaux, ça perd la mémoire, ça mélange les époques … Visiblement, M. Pavot a oublié que la guerre est finie…
– Ce que je voulais dire, c’est que je suis entré en résistance pour sauver les mots, nos mots, les tiens, les miens, ceux de la langue française.
– Pourquoi, ils sont malades ?
– Pire ! Trop de mots sont en péril, déclinent, défaillent, se rabougrissent, se précarisent ou tirent carrément leur révérence sans tambour ni trompette. Sans parler de nos conjugaisons dont certains des temps les plus prestigieux sont passés à la trappe. Je comprendrais qu’on n’utilisât plus dans le langage courant l’imparfait du subjonctif, par exemple, et que l’on traitât de mirliflore celui qui en ponctuerait son discours, mais voilà que même à l’écrit ce temps est quasiment banni ! Tout fout le camp, je te dis ! Tu vois, petit, nous vivons une époque assez formidable où l’on ne se préoccupe plus que de pollution, d’écologie, d’effet de serre, de couche d’ozone, de protection de l’environnement, de la planète, des espèces de toutes sortes, mais nul, hormis quelques clampins de mon acabit, ne s’évertue à sauver nos mots ! N’est-ce pas là un véritable désastre ? »
Le correcteur orthographique de mon ordinateur rougit devant ces clampins !!!
Le jeune Thomas, intrigué puis séduit, suit bientôt Bertrand Pavot président de la SPDM (Société Protectrice Des Mots) et milite dès lors, en son sein pour la défense de la langue française. L’association comptant quatre-vingt-dix-neuf membres, si chacun d’eux adopte un mot et l’utilise à tire-larigot chez la boulangère, la poissonnière qui le resserviront à leurs clients … le tour sera joué ».
Quel bonheur ! Thomas opte pour abscons, l’ancien prof adopte astucieusement suivez-moi-jeune-homme, une vieille expression de la langue française qualifiant en réalité, au XIXème siècle, les deux pans de dentelles qui flottaient à l’arrière des robes ou des chapeaux des femmes. Par leurs mouvements gracieux et désordonnés, ils constituaient en somme comme une invite aux jeunes gens à suivre leurs balancements et, éventuellement, à les immobiliser en retenant les rubans.
Thomas va même découvrir incidemment les vertus du slam en écoutant notamment le Sixième sens de Grand Corps Malade. Quand les mots et leur musicalité changent notre regard et viennent au secours du handicap … Émouvant et apaisant !

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« La nuit est belle, l’air est chaud et les étoiles nous matent,
Pendant qu’on kiffe et qu’on apprécie nos plus belles vacances,
La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat’,
On est quelques sourires à partager notre insouciance.
C’est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi,
Pour montrer qu’elle décide et que si elle veut elle nous malmène,
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie,
Souviens-toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes.
Le temps s’est accéléré d’un coup et c’est tout mon futur qui bascule,
Les envies, les projets, les souvenirs, dans ma tête y’a trop de pensées qui se bousculent,
Le choc n’a duré qu’une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent,
 » Votre fils ne marchera plus « , voilà ce qu’ils ont dit à mes parents.
Alors j’ai découvert de l’intérieur un monde parallèle,
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion,
Un monde où être autonome devient un objectif irréel,
Un monde qui existait sans que j’y fasse vraiment attention.
Ce monde-là vit à son propre rythme et n’a pas les mêmes préoccupations,
Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation,
Ce monde là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité,
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés.
On met du temps à accepter ce mot, c’est lui qui finit par s’imposer,
La langue française a choisi ce terme, moi j’ai rien d’autre à proposer,
Rappelle-toi juste que c’est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin,
Et tout le monde crie bien fort qu’un handicapé est d’abord un être humain.
Alors pourquoi tant d’embarras face à un mec en fauteuil roulant,
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement,
C’est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas,
Certains savent comme moi qu’y a des regards qu’on oublie pas.
C’est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance,
Un équilibre fragile, un oiseau dans l’orage,
Une frontière étroite entre souffrance et espérance,
Ouvre un peu les yeux, c’est surtout un monde de courage.
Quand la faiblesse physique devient une force mentale,
Quand c’est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment,
Quand l’envie de sourire redevient un instinct vital,
Quand on comprend que l’énergie ne se lit pas seulement dans le mouvement.
Parfois la vie nous teste et met à l’épreuve notre capacité d’adaptation,
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c’est un 6ème qui les délivre,
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction,
Ce 6ème sens qui apparaît, c’est simplement l’envie de vivre. »

Contrairement aux apparences, Bernard Pivot n’a pas une vision conservatrice ou rétrograde de la langue française. Même si dans son spectacle, il raille un peu l’ordinateur présent sur son bureau, il est, au quotidien, un fervent militant et un habile pratiquant du tweet. Il trouve là un excellent exercice d’exposer une idée avec clarté et concision, en 140 signes, sans se départir de son humour..
Ainsi, celui-ci : « La voyelle i ajoute toujours un peu de malice, de joie, de plaisir, de gaieté, de liesse, de rire, d’optimisme aux mots qui la contiennent. »
Ou celui-là, irrésistible : « Comme son mari souffrait d’être nul en orthographe, gentiment elle préfère mettre sur sa tombe des roses plutôt que des chrysanthèmes. »
C’est l’occasion pour lui, au hasard de l’actualité, d’inventer des verbes et leur définition :
« Guéanter : filouter sous un air austère. Ex : personne n’avait aussi habilement guéanté que le révérend-père ! Syn. : tartuffer »
« Qatarir : acheter la France. »
Moins exposée aux lumières médiatiques, l’association de Défense de la langue française participe au maintien de la qualité de notre langue tout en ayant le souci de son évolution et son rayonnement dans le monde.
Je sors toujours plus riche de la lecture de sa revue trimestrielle. Au hasard d’un numéro que je feuillette, un membre bénévole met en garde sur la menace de disparition qui pèse sur certains mots, tel le verbe matagraboliser : « 1.Tourner et retourner, embrouiller.2.Se tourner et retourner le cerveau, ruminer dans sa tête. »
Je matagrabolise les consternants twittos et hashtags qui encombrent nos écrans !!!
Je découvre que le terme français de charter est avion nolisé. Noliser est à l’origine un terme de marine, le naulage étant le droit que les anciens croyaient qu’il fallait payer à Caron pour passer sans sa barque.
En ce qui concerne le péage de nos autoroutes, il s’agit d’une incongruité étymologique. Á l’origine, le péage, dérivé ancien de pied, possède le même sens que passage et signifie le « droit de mettre le pied » sur un pont, une route ou dans une ville. Mais très vite, ce droit s’est accompagné d’une taxe et est devenu la taxe elle-même. Á quand le retour des péages gratuits ?
Je prends une leçon d’orthotypographie des secondes, minutes, heures et jours. Dans les textes dits littéraires, on n’écrit en principe aucun nombre en chiffres sauf les millésimes et les quantièmes des mois. En poésie classique, aucune exception n’est tolérée, les chiffres portant atteinte à l’esthétique des vers et perturbant visuellement le calcul du nombre de syllabes.
Encore qu’il faut se réjouir du parti-pris du toujours aussi farceur Alphonse Allais, vainqueur du concours du plus court et du plus long alexandrin avec son distique (deux vers) sur le mouvement d’insurrection en Vendée :

« De 97 à 99,
Maints chouans gouailleurs bâfraient chaude andouille et froid bœuf. »

Ça me donne faim !
Encore un point d’orthographe : on accorde les participes présents, à dix heures tapantes, à onze heures sonnantes ; juste et pile, en tant qu’adverbes, restent invariables, 8 heures pile, 15 heures juste !
C’est « kler » que je vais être la risée des collégiens et lycéens !
Les mots m’ont pris par la main. Garçon de quoi écrire ! C’est Aragon qui évoque son expérience avec le surréalisme et les jeux poétiques avec ses compagnons sur les moleskines des cafés du Quartier Latin.

« … Nous étions trois ou quatre au bout du jour
Assis
Á marier les sons pour rebâtir les choses
Sans cesse procédant à des métamorphoses
Et nous faisions surgir d’étranges animaux
Car l’un de nous avait inventé pour les mots
Le piège à loup de la vitesse
Garçon de quoi écrire Et naissaient à nos pas
L’antilope-plaisir les mouettes compas
Les tamanoirs de la tristesse
Images à l’envers comme on peint les plafonds
Hybrides du sommeil inconnus à Buffon
Êtres de déraison Chimères
Vaste alphabet d’oiseaux tracé sur l’horizon
De coraux sur le fond des mers
Hiéroglyphes aux murs cyniques des prisons
N’attendez pas de moi que je les énumère
Chasse à courre aux taillis épais Ténèbre-mère
Cargaison de rébus devant les victimaires
Louves de la rosée Élans des lunaisons
Floraisons à rebours où Mesmer mime Homère
Sur le marbre où les mots entre nos mains s’aimèrent
Voici le gibier mort voici la cargaison
Voici le bestiaire et voici le blason
Au soir on compte les têtes de venaison
Nous nous grisons d’alcools amers
O saisons
Du langage ô conjugaison
Des éphémères
Nous traversons la toile et le toit des maisons
Serait-ce la fin de ce vieux monde brumaire
Les prodiges sont là qui frappent la cloison
Et déjà nos cahiers s’en firent le sommaire
Couverture illustrée où l’on voit Barbizon
La mort du Grand Ferré Jason et la Toison
Déjà le papier manque au temps mort du délire
Garçon de quoi écrire »

J’ai envie de prendre à bord le chanteur Renaud pour achever mon voyage dans les mots effectué en large partie en compagnie de Bernard Pivot. J’espère que sa santé lui permettra de nous fredonner sa magnifique ode aux MOTS, tout y est dit :

« Écrire et faire vivre les mots, sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l’oiseau, ça vous libère de tous les mots,
Ça vous libère de tous les maux.

C’est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges que des angoisses.

Poèmes, chansons, brûlots, vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux, qui vous éloignent des troupeaux.

Les poèmes d’un Léautaud, ceux d’un Brassens d’un Nougaro,
La plume d’un Victor Hugo éclairent ma vie comme un flambeau
Alors gloire à ces héros, qui par la magie de leur stylo
Et parce qu’ils font vivre les mots, emmènent mon esprit vers le haut. »

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Une coquecigrue à l’horizon ! Souffrez que je félicite ma compagne : « Elle était fameuse ta blanquette, ma tapinose chérie » !

Publié dans:Coups de coeur |on 3 avril, 2018 |3 Commentaires »

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