Heureuse année et bonne route 2017
Les beaux yeux de Michèle Morgan se sont fermés quelques jours avant que ne s’ouvre l’année 2017. Pour l’éternité, ils éclairent l’âge d’or du cinéma français dans la scène mythique avec Jean Gabin du film de Marcel Carné Le quai des brumes (1938) adapté du roman éponyme de Pierre Mac Orlan publié en 1927, il y a quatre-vingt-dix ans.
En forme d’hommage, je vous livre cette anecdote dont je fus témoin dans un cinéma des Champs-Élysées, au milieu des années 1970 : quelques minutes avant le début de la séance, l’actrice s’assit discrètement au milieu de la salle, en compagnie de son mari Gérard Oury. C’est alors qu’une large partie du public qui l’avait reconnue l’applaudit respectueusement. Elle se leva pour l’en remercier d’un pudique signe de la main et de son doux sourire. Placé juste dans la rangée derrière elle, je dus penser tout bas … « vous avez de beaux yeux, vous savez », car on ne tutoyait pas cette grande dame. D’ailleurs, tendez bien l’oreille, dans la fameuse séquence culte dialoguée par Prévert, elle susurrait à Gabin : « Embrassez-moi ! »
Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir à quand remonte notre tradition de la carte de vœux ?
L’usage des étrennes nous vient des Romains qui avaient coutume de se rendre dans un bois sacré dédié à Strenia, déesse de la santé, et d’y couper des tiges de verveine qu’ils offraient ensuite à l’empereur pour « le bon augure de la nouvelle année ». On étendit la tradition à des personnalités importantes de la ville quoique moins impériales.
Les cartes de vœux, plus précisément les cartes de visite, agrémentées de quelques mots de politesse à destination de personnes avec lesquelles on avait fait commerce d’amitié ou d’affaires, durant l’année, nous sont arrivées, il y a fort longtemps, d’Extrême-Orient. Les Asiatiques envoyaient, en début d’année, des feuilles de riz, de plus ou moins grande taille selon la notoriété du destinataire, sur lesquelles étaient mentionnés, avec différentes nuances de couleurs, le nom et la qualité de l’expéditeur.
Autrefois, l’expédition des cartes de vœux dans la province allemande du Wurtemberg était le prétexte à une pittoresque coutume : pendant l’après-midi du premier de l’An, se tenait sur une place publique, une sorte de bourse aux cartes de visite. Les domestiques des « bonnes maisons » faisaient la criée des adresses de leurs maîtres et, à chaque nom proclamé, les cartes s’empilaient dans des paniers disposés à cet effet. Nul besoin de facteur !
À l’époque de la Convention (1792-1795), un certain François-Yves Raingeard de la Bletterie (futur député de Loire-Inférieure en 1799) s’indigna de la futilité de la pratique de la carte de vœux : « Citoyens, assez d’hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l’An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes… » (pas faux ! n.d.l.r). Le lendemain, la presse fit écho de ses déclarations et le jour de l’an fut officiellement banni. Jusqu’en 1797, on procéda à une véritable chasse aux sorcières en ouvrant systématiquement les courriers envoyés début janvier pour vérifier qu’ils ne contenaient pas de vœux. La Terreur décréta même que toute personne bravant cet interdit risquait la peine de mort !
La carte de vœux telle que nous la connaissons est née au XIXe siècle en Angleterre avec l’apparition du premier timbre-poste en 1840 et l’invention de la lithographie qui permettait de reproduire des motifs de gui, de houx, de scènes de nativité ou de paysages enneigés. Ainsi, en 1843, le fonctionnaire Henry Cole créa la première carte de vœux en chargeant le peintre John Calcott Horsley de la conception artistique du projet.
En France, il était d’usage, dans la quinzaine suivant le nouvel An, de rendre visite à son entourage, famille, amis, collègues, supérieurs hiérarchiques, ou en leur absence, de déposer une carte « de visite » pour preuve de son passage.
Je fus témoin de ces traditions, notamment du temps où mes parents étaient encore de ce monde. Pour ma part, la période des vacances de Noël était mise à profit pour sacrifier à la fastidieuse (je l’avoue aujourd’hui) rédaction des cartes de vœux généralement illustrées. Il s’agissait d’abord d’écrire au brouillon la phrase personnalisée selon son destinataire, empreinte d’affection pour les membres de la famille, de respect pour mes maîtres et professeurs. Il n’était évidemment pas question de rédiger le même texte pour tout le monde, il fallait trouver le détail, la petite anecdote, la formule, le bon angle, qui interpelleraient son lecteur. J’appris que « souhaiter ses vœux » constituait un pléonasme ; on les présentait, les exprimait, les adressait, on en formait, en offrait, on souhaitait le meilleur, beaucoup de bonheur, de réussite.
Une fois validé par mes parents, je recopiais « au propre » mon travail, car c’en était un !
Pour ce qui concerne mon père et ma mère, la rédaction de leurs cartes s’opérait en deux temps selon le profil des destinataires. Ils adressaient leurs vœux en premier aux membres aînés de la famille et aux personnes dans une position hiérarchique supérieure, ils répondaient à ceux des autres, notamment à l’innombrable courrier envoyé par leurs élèves de l’époque et anciens.
Même au temps de leur retraite, plusieurs décennies plus tard, s’entassaient encore, chaque mois de janvier, dans leur boîte à lettres, ces témoignages de reconnaissance de leur admirable enseignement. C’était aussi l’occasion pour mes parents de suivre avec fierté l’évolution de carrière de leurs anciens élèves.
Vers la fin de sa vie, ma maman commandait des cartes illustrées au profit de l’UNICEF pour remplacer les austères cartes de visite à en-tête.
Je me souviens aussi, à une époque où je vivais au-delà des océans, des vœux pleins de tendresse de ma chère grand-mère. Modeste paysanne qui avait arrêté ses études à douze ans pour seconder ses parents aux travaux de la ferme, elle écrivait sur une feuille de papier brouillon avec une orthographe irréprochable. Je me retiens d’inaugurer l’année avec un couplet sur le déclin de l’Éducation nationale…
Aujourd’hui, avec l’avènement des technologies numériques, on présente « virtuellement » ses vœux par sms ou mail. En un clic et quelques émoticônes, on envoie une carte Dromadaire ou un tweet de moins de 140 caractères !
Plaignez-vous, chers lecteurs, je vous réserve un billet de mon blog pour entrer dans la nouvelle année. Et j’essaie de vous offrir une carte presque originale.
Je précise bien « presque » car j’ai souvent plaisir de m’approprier, avec l’aimable autorisation de son auteur, une œuvre picturale qui m’a interpellé au hasard des expositions auxquelles j’ai été invité au cours de l’année précédente.
Pour vous souhaiter cet an nouveau, j’aurais pu vous convier à suivre la « route fleurie qui conduit vers le bonheur » chère à Georges Guétary, Annie Cordy et mon compatriote normand Bourvil (et son inénarrable jeu de jambes). Cela ne m’aurait pas rajeuni, dire que mes parents m’y entraînèrent … en 1952, au théâtre de l’ABC ! Immense succès populaire, l’opérette y fut jouée pendant près de quatre ans.
(C’était) la vie de bohème
La vie sans façon
La vie de garçon
La vie de pata-patachon
C’est la vie que l’on aime
Quand on a vingt ans …
Tout aussi vintage, on aurait pu partir avec Charles Trenet sur la Nationale 7, la route des vacances, au moins ça rimait avec 2017.
Mais un Anglais peut en cacher un autre : sur les traces de John Calcott Horsley en 1843, j’ai choisi finalement de vous emmener sur une petite route plate et droite de la plaine de Beauce dénichée par l’artiste anglais Philip Brooker dont j’ai évoqué ici récemment la remarquable exposition : http://encreviolette.unblog.fr/2016/10/15/les-gravures-anglaises-de-philip-brooker/
d’après l’œuvre de Philip Brooker avec l’aimable autorisation de l’artiste
cliquer sur la vignette pour lire la carte en grande taille
Si l’on veut bien laisser aller son imagination, elle nous raconte plein d’histoires du passé et … à venir. D’abord, contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier coup d’œil, le paysage est d’aujourd’hui et le cliché réalisé récemment. Une lueur à gauche, de la grisaille à droite, de la brume au centre, le temps est incertain.
Philip a volontairement vieilli, dégradé sa photographie en la jaunissant, l’écaillant, la souillant comme pour assurer la pérennité de ce chemin immuable, trait d’union des générations qui l’ont emprunté. Il l’a même ornée d’élégantes écritures tirées de carnets de ferme datant des années 1930 retrouvés dans une déchetterie.
Appartenaient-ils aux mangeux de terre décrits par l’illustre chansonnier poète beauceron Gaston Couté (1880-1911) ?
« Je r’pass’ tous les ans quasiment
Dans les mê’s parages
Et tous les ans j’trouv’ du chang’ment
De d’ssus mon passage
A tous les coups c’est pas l’mêm’ chien
Qui gueule à mes chausses ;
Et pis voyons, si je m’en souviens,
Voyons dans c’coin d’Beauce.
Y avait dans l’temps un bieau grand ch’min
-Cheminot, cheminot, chemine !-
A c’t’heur’ n’est pas plus grand qu’ma main …
Par où donc que j’chemin’rai d’main ? »
Quels roublards, ces paysans de Beauce qui agrandissaient subrepticement leurs champs : Z’ont semé du blé sur l’terrain / Qu’ils r’tir’nt à ma route…
Inévitablement, cette œuvre de Philip Brooker me renvoie aussi au sublime poème de Charles Péguy Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres. Qui sait si l’écrivain ne passa pas par cette route lors du pèlerinage qu’il accomplit à pied en 1912 à la saison des blés mûrs ; je vous en offre les premiers pas et vers :
« Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.
Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.
Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.
Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.
Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,
Et toute leur séquelle et toute leur volaille
Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille… »
Pour vous, j’irai cheminer un jour dans ces contrées.
Ces derniers temps, plus qu’à l’accoutumée, j’ai le sentiment fort désagréable de voir disparaître trop de figures familières qui peuplaient mon paysage.
En 2016, à titre personnel, deux amis chers d’esprit, deux compagnons de route, se sont arrêtés brutalement au bord du chemin. J’ai la faiblesse d’imaginer que ces hommes de conviction, de combat citoyen, ont fini par baisser la garde devant le spectacle de plus en plus affligeant et pitoyable renvoyé par notre société.
Il avait mon âge, le footballeur Johan Cruyff a emporté avec lui un peu de ma jeunesse sportive et de mes rêves. Surnommé le « hollandais volant », au sein de l’Ajax d’Amsterdam puis le F.C Barcelone, il révolutionna l’histoire de son sport comme avant lui Alfredo Di Stefano et le brésilien Pelé.
En novembre, s’est envolé pour l’éternité le « Flying Frenchman » (le Français volant), ainsi la presse britannique avait surnommé René Vignal après l’extraordinaire prestation du gardien de l’équipe de France à Glasgow.
C’était une époque où il n’y avait pas encore la télévision à la maison. Je découvris les plongeons de ce fantastique joueur, entre kamikaze et showman, à travers les belles photographies sépia des magazines sportifs Miroir-Sprint et But&Club mais aussi quelques matches du onze national et de son club du Racing de Paris que mon père m’emmena voir à Colombes et dans le vieux Parc des Princes.
J’admirais ses tenues, des vrais « habits du dimanche » (presque logique puisque les matches se déroulaient l’après-midi en ce jour du seigneur !) avec ses casquettes, ses maillots ou plus exactement ses pull-overs à col roulé ou avec des chevrons. Comme c’était un temps où je croyais encore au Père Noël, j’avais commandé au monsieur à barbe blanche, une tenue complète de gardien de but pour être comme Vignal !
L’après-football fut moins glorieux et pour Antoine Blondin, jamais avare d’un bon mot, le Français volant était devenu un voleur français ! L’attachant footballeur connut la rédemption. Je l’ai évoquée dans un billet que j’avais consacré au stade de la ville de Béziers dont il était originaire : http://encreviolette.unblog.fr/2011/02/11/la-vieille-dame-de-beziers-ou-le-stade-des-sauclieres/
Pour me permettre de glisser mon petit couplet vélocipédique, le grand champion suisse Ferdi Kubler a abandonné en vue de la banderole d’arrivée en 2017.
Celui que l’on surnommait l’’Aigle d’Adliswil, grand rival de l’autre K helvétique Hugo Koblet, était le doyen des vainqueurs du Tour de France encore en vie. Il épingla aussi à son palmarès, le championnat du monde sur route, Bordeaux-Paris et deux Liège-Bastogne-Liège.
Encore tout gamin, je garde surtout le souvenir de sa terrible défaillance, zigzaguant et hennissant (!) dans l’ascension du Mont Ventoux lors du Tour de France 1955. Des soupçons de dopage pesèrent évidemment sur le champion. Mon vénéré Antoine Blondin intitula sa chronique quotidienne du journal L’Équipe, de manière sibylline : « La victoire à Ventoux ».
Ferdi eut l’honneur que Roland Barthes brosse son portrait dans ses Mythologies : « Angulaire, dégingandé, sec et capricieux, Kubler participe au thème du galvanique. Son jump est parfois soupçonné d’artifîcialité (se drogue-t-il ?). Tragediante-comediante (tousse et boite seulement quand on le voit). En sa qualité de Suisse allemand, Kubler a le droit et le devoir de parler petit-nègre comme les Teutons de Balzac et les étrangers de la Comtesse de Ségur (« Ferdi malchanceux. Gem toujours derrière Ferdi. Ferdi peut pas partir »). »
Tout cela n’empêcha pas le sympathique Ferdi de vivre jusqu’à 97 ans ! Ferdi avait aussi sa place dans les souvenirs de Georges Pérec : « Je me souviens que le cycliste Ferdinand (Ferdi) Kübler portait ses lunettes de soleil (en mica avec un serre-tête élastique) au-dessus de la saignée du coude, ainsi que le faisaient généralement les champions de ski, alors que les cyclistes les relevaient sur leur front ou au-dessus de la visière de leur casquette ».
La musique qui adoucit, paraît-il, les mœurs, a payé un lourd tribut en 2016. Le tendre Michel Delpech s’en est allé dès le lendemain de l’an neuf. Je lui avais alors consacré un billet, je ne soupçonnais pas qu’il fût si présent dans mon inconscient.
Le cancer a terrassé également Gianmaria Testa, chanteur poète italien engagé. Il aimait la France qui sut reconnaître son talent. Ancien chef de gare de Cuneo, il racontait sa région du Piémont, pays de montagne, de brouillard et de vin, glissant vers la plaine du Pô. D’étranges objets de rêve comme des paquebots de papier, montgolfières, avions à voiles, parsemaient ses chansons, construisant un univers poétique.
Comme nos voix ba da ba da da ba da ba da / Chantent tout bas ba da ba da da ba da ba da ou encore Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins à bicyclette, Pierre Barouh, l’auteur de ces inoubliables couplets célébrant l’amour, l’amitié, le bonheur, la légèreté, la liberté, s’est fait la belle quelques heures avant de basculer dans l’an nouveau.
http://www.dailymotion.com/video/xtz9hs
Avec les disparitions de David Bowie, Prince, Leonard Cohen et, cette semaine, George Michael, la pop rock est orpheline. Je me console avec Bruce Springsteen : il me démontra qu’il restait toujours le Boss à 67 ans lors de ses deux concerts tonitruants (plus de trois heures sans entracte) à Bercy (rebaptisé, business oblige, Accor Hôtel Arena !). Ce 13 juillet, il réussit vite à chasser notre nœud à l’estomac, surmonter notre sourde crainte de … sait-on jamais, une icône du rock, un chanteur américain engagé dans toutes les luttes progressistes, en représentation sur le sol français, la veille de notre fête nationale, ça pouvait donner des idées à certains barbares …
Le terrorisme frappa, le lendemain, touristes et autochtones célébrant le 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice. Que dire, en plus, de ces élus locaux qui, par médiocre stratégie politicienne, eurent vite fait de rejeter les responsabilités du drame sur les insuffisances et négligences du gouvernement, ce qui semble désormais fortement démenti par l’intraitable Médiapart ?
Faut-il se résigner à ce que chaque année nous apporte son lot d’actes lâches et barbares ? Un prêtre égorgé en banlieue rouennaise, un couple de gendarmes près de Mantes, pour nous cantonner bien sûr qu’à l’actualité hexagonale … Et nos gouvernants, médias et experts d’asséner, dans leurs éléments de langage quotidiens, que ce n’est sûrement pas fini !
Certains sages, je me range humblement derrière eux, affirment que, seul, l’éducation et la culture pourront nous aider à sortir progressivement de ce terrible cauchemar.
Il n’est pas que des mauvaises nouvelles. On assiste à une renaissance, à une quasi résurrection même, avec le retour du chanteur Renaud. Après sa longue descente aux enfers, il retrouve un semblant de voix et, surtout, sa tendre et nostalgique inspiration avec Les Mots :
« Écrire et faire vivre les mots
Sur la feuille et son blanc manteau,
Ça vous rend libre comme l’oiseau,
Ça vous libère de tous les mots,
Ça vous libère de tous les maux.
C’est un don du ciel une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses.
Poèmes, chansons, brûlots
Vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux
Qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots
Pour toucher le cœur des marmots
Pour apaiser les sanglots
Quand votre vie part à vau-l’eau … »
Je ne peux que souscrire à ses vers. Je ressens parfois la même émotion à travers la rédaction de ce blog entamée il y a neuf ans. Votre fidélité m’encourage à poursuivre.
Dans La note bleue, son album posthume, Claude Nougaro chantait :
« Bonheur, tu nous fais souffrir
C’est contradictoire
Bonheur, tu nous fais souffrir
La peur que tu t’barres
Tu appartiens à ces choses volatiles
Comme les bouquets de roses, tu t’fanes vite
C’est à croire qu’on ne te mérite pas
Que l’homme n’est pas fait pour toi … »
Chers lecteurs, cueillez tous les petits instants et espaces de bonheur que vous croiserez sur la route 2017 !
Á propos, Philip Brooker intègre son œuvre dans une rubrique intitulée You reap just what you sow, traduisez : « Vous récoltez juste ce que vous avez semé ». Une sentence à méditer en cheminant !
C’est quand qu’on va où ? Maintenant sur la route de Philip Brooker avec Renaud bien sûr, mais aussi Péguy, Hugo, Rimbaud, Nougaro et l’académicien Michel Déon qui vient tout juste de rejoindre ses copains les « hussards » Antoine Blondin et Roger Nimier. Une chanson et un magnifique clip en forme d’hommage à l’écriture et à ceux qui lisent!
Pour la beauté du geste mythique de Johan Cruyff (oui, quand même), une feinte consistant à faire mine de frapper le ballon avant de le pousser dans la direction inverse en le faisant passer derrière la jambe d’appui de l’intérieur du pied, je consens à céder la parole aux footeux dont un futur ex-président de la République fustigea dans un récent livre dévastateur un manque de musculation du cerveau chez certains. Aux micros que leur tendent les journalistes, à la sortie du terrain, ils confient dans leur jargon stéréotypé qu’il faut prendre les matches les uns après les autres. Prenons alors les années les unes après les autres, et pour commencer, la prochaine avec toutes ses incertitudes et échéances !
Bonne et heureuse année 2017 ! Et soyez encore là l’an prochain à la même date pour me lire !
Vous pouvez laisser une réponse.
Comment mieux commencer l’année qu’avec ce billet à la fois érudit- belle histoire des cartes de voeux!- et tendre, au souvenir de ceux que 2016 a laissés en chemin? Merci pour cette belle déambulation à la rencontre de Péguy,de Renaud, des champions cyclistes… et des yeux de Michèle Morgan.. Bonne année à l’auteur généreux de ces pages .
C’est un grand plaisir de commencer cette année en lisant vos MOTS. Bonne année et bonne route à vous ainsi qu’à vos proches.
J’ai reçu ces mots touchants du rédacteur du site http://www.rene-vignal.fr/
« Merci pour ce moment d’émotion. Quel plaisir…et quelle tristesse de vous lire monsieur. René Vignal me manque tellement.
Merci.
Thierry BONNOT »