Archive pour janvier, 2017

Pampinou fait le guignol : une vraie bête de scène !

« Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, il y aura des hommes noirs, il y aura des hommes grands, il y aura des hommes petits, il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches, et tous seront égaux ; mais ça sera pas facile… ».
Pour parodier les propos de son porte-parole, le regretté humoriste Coluche, je pourrais les resituer dans le monde des Léporidés : il est une majorité de lapins qui n’ont comme destin que de finir leur vie dans une cocotte, dans le meilleur des cas, au bon savoir culinaire d’une grand-mère. Car, de plus en plus (je ne vais pas me faire que des amies !), la cuisinière moderne, loin des canons de la cuisine familiale, bourgeoise ou soignée d’antan, se contente de leur tomber sur le râble, s’épargnant ainsi l’étape délicate de la découpe !
J’en connais un, cependant, qui a échappé à cette funeste fin, il en sait d’ailleurs infiniment gré à son aïeule, sa chère Mamie Chanson.
J’ai fait sa connaissance l’été dernier. Tandis que je tentais de capter une wifi décente (pour vous publier mes écrits) chez mon ami en face de la ferme familiale d’Ariège, j’entendais, émanant de la pièce voisine, ses clapissements intempestifs, ses couinements, ses glapissements, et plus curieusement, quelques bribes d’un français très correct.
Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu’il m’apparut en « chair et en os », de découvrir qu’il était fait de peluche … et peluche : bref, un de ces attendrissants doudous qui, selon le jargon des pédopsychiatres, jouent le rôle d’ « objet transitionnel » chez les petits enfants (parfois aussi chez les un peu plus grands !).

Photo PAMPINOU

Ce lapin-là, plutôt que se résigner, au mieux à mener une vie sédentaire sur un oreiller, au pire à vivre reclus dans un coffre à jouets, a choisi de se recycler dans une activité artistique toujours en liaison avec le domaine de l’enfance.
A priori, il ne s’agit pas d’une initiative véritablement novatrice chez les lapins. Ainsi, certains sont devenus héros de littérature. Si vous grattez dans vos souvenirs d’école communale, vous vous rappelez sans doute d’un certain Jean Lapin en proie aux ruses de dame Belette et du chat Grippeminaud dans une fable de La Fontaine. Dans un de mes billets, je vous avais aussi entretenu des aventures épicées d’un cousin lièvre, Soungoula le roi des piments, contées sous la plume truculente d’un ami danois Per Sørensen (http://encreviolette.unblog.fr/2014/07/02/jai-rencontre-soungoula-le-roi-des-piments/ ).
Vous n’ignorez pas non plus les exploits cinématographiques d’un certain Roger Rabbit et du maître du déguisement Bugs Bunny célèbre pour sa phrase fétiche Quoi d’neuf docteur ?
Tandis que ses congénères du village tournaient en rond sur la paille de leur clapier, mon turbulent lapin ariégeois répétait un futur spectacle en faisant le guignol avec sa chère grand-mère, dans le garage, devant un mur vert identique à ceux qui permettent l’incrustation d’images, notamment lors des bulletins météo sur nos petits écrans (expression désuète car désormais, ils sont plats, larges voire courbes).
J’avoue que je ne fus pas autrement surpris de son intérêt pour la technologie numérique car il y a près de vingt ans (déjà !), j’avais réclamé le soutien d’un Lapin malin et de ses vidéos éducatives pour éveiller une chère petite fille.
Pour nous le présenter, je ne pouvais trouver meilleur agent artistique que sa Mamie Chanson, dans le civil, Patricia Damien, artiste talentueuse, installée depuis plus de deux décennies dans le petit village ariégeois de La Bastide du Salat où elle anime un p’tit atelier de la chanson. Mes fidèles lecteurs la connaissent d’ailleurs, j’avais consacré deux billets à ses savoureuses créations musicales : Les vaches rient de l’amour et Le Café du petit bonheur (voir billets http://encreviolette.unblog.fr/2012/03/07/les-vaches-rient-de-lamour/ et http://encreviolette.unblog.fr/2013/09/03/un-soir-au-cafe-du-ptit-bonheur/
Je me souviens aussi de son récital Chapeau bas et merci Barbara, un magnifique hommage à la « dame brune ».
Elle me révéla un pan du passé de peluche et de l’identité de Pampinou baptisé ainsi par la progéniture d’un papa et d’une maman. Peut-être, en fouillant, pouvions nous trouver aussi quelque référence aux coquineries de Pan-Pan dans le film Bambi ou au poo-poo-pee-doo (non pas notre ancien président de la République) gloussé par Betty Boop ou mieux encore, question de goût personnel, par Marilyn Monroe.
Donc durant l’été dernier, l’ambitieux Pampinou mettait les bouchées doubles lors des répétitions car la carotte, pour ce nouvel intermittent du spectacle, était de monter, au mois de novembre, sur les planches du théâtre de la Violette, à Toulouse nouvelle capitale de l’Occitanie. Rien que cela !

Flyer-A6--RECTO-La-violette

Guignol me ramène au temps de mon enfance quand, une ou deux fois par an, des marionnettistes ambulants installaient leur castelet sous le préau de l’école ou au théâtre municipal. Ils maintenaient la tradition du théâtre de guignol né, en 1808, de l’imagination du lyonnais Laurent Mourguet, fils d’une famille de canuts (les ouvriers tisserands de la soie), marchand forain et arracheur de dents (menteur alors?). Sur un vieux canevas de la Commedia dell’arte, il faisait évoluer ses illustres personnages de Guignol avec son bicorne, son ami Gnafron et Madelon sa fenotte (sa femme en parler lyonnais).
Dans ma prime jeunesse, les intrigues un peu caricaturales mettaient en scène, outre le populaire Guignol, un gendarme (souvent appelé Flageolet) et un voleur, ma foi assez sympathique, de ceux qu’on qualifie de voleurs de poules dans les campagnes (et pourquoi pas de lapins ?).
Sollicités par Guignol, nous manifestions volontiers notre esprit frondeur contre la maréchaussée sans crainte de représailles. Les couplets de Brassens résonnaient peut-être à nos oreilles :

« … Sous tous les cieux sans vergogne
C’est un usage bien établi
Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant toute mesure
Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l’assure
Un spectacle assez croquignol … »

Signe des temps, dire qu’aujourd’hui, même Renaud avoue dans son dernier album avoir embrassé un flic !
Il y a près de trente ans (Putain, 30 ans !), les Guignols de l’info investirent la chaîne de télévision Canal + pour brocarder le monde politique, les médias, et plus généralement, railler la société française.
Je rassure les parents qui accompagneront leur marmaille à son spectacle, Pampinou aborde des sujets plus consensuels (quoique !).
Qui sait, envieux des candidats de The Voice, presque enfoui dans un pli du canapé, Pampinou rêve de devenir chanteur et jouer la comédie et, pour y parvenir, entend bien profiter des conseils avisés de sa Mamie-Chanson.
C’est un peu le pitch du spectacle qui nous est présenté comme une farce, sans aucun rapport avec celle dont les cuisinières remplissent le ventre de l’animal … même si le spectacle débute par des comptines destinées à aiguiser les papilles. Il en est chez les lapins comme chez les humains, à peine les grands leur donnent deux ou trois conseils que les petits croient déjà tout savoir. Et voilà que Pampinou « invente » sa chanson des crêpes … enfin, plus objectivement, il pose quelques paroles sur un air que je crois d’ailleurs connaître.

« C’est bon bon … C’est trop bon
Moi j’aime bien manger des crêpes
Et quand Mamie les aura faites
J’en aurai plein dans mon assiette
Aujourd’hui, c’est un jour de fête
C’est bon bon bon … »

Pampinou tendrait-il ses longues oreilles le soir du disco qui se produit, chaque été, devant chez lui, sur le pré commun, à l’occasion de la fête locale ? Qu’il se méfie quand même que la Compagnie Créole ne lui réclame pas des royalties pour le plagiat de son exotique succès !
C’est un bon prétexte pour la mamie pédagogue d’expliquer ce qu’est un pastiche … pendant que les papys pastissent à la buvette ? Un peu de tenue, monsieur le journaliste, il s’agit d’un spectacle pour enfants même si leurs parents y trouvent également leur plaisir.
D’ailleurs, je suis persuadé que sur la chanson de Pampinou wou wou wou wou wou wou, c’est le plus gentil des lapins, certains se sont souvenus de slows langoureux sur l’inoubliable Only you des Platters.
Nul n’est parfait, sur la chanson Mamie-papilles, mes pensées s’envolent vers les petits pois lardons de Julien Clerc et … les seins de Sophie Marceau !
Éternel conflit des générations : tandis qu’on se pourlèche les babines des ancestrales recettes des papys qui ramenaient de la chasse, bécasse et sanglier, Pampinou comble les enfants avec son foie gras au Nutella, ses limaces en papillotes ou le poisson farci au chamallow.
Chacun y colle ses références et en filigrane de la comptine, me reviennent en mémoire quelques figures marquantes de mon petit village ariégeois adoptif que j’ai évoquées dans plusieurs films (et dans ce blog), ainsi les « contes de la bécasse » du regretté voisin Jean Martres.
« Dans le jardin de Papi, il y a un hérisson qui dort près de la maison », c’est peut-être celui que j’avais croisé, un soir d’été, se vautrant dans l’herbe du pré commun (voir billet : http://encreviolette.unblog.fr/2012/10/02/le-herisson-du-pre-commun/
La peluche débordante de vie finit par tomber de sommeil, aidée, il est vrai par la jolie berceuse italienne presque chuchotée par sa mamie. Beau moment de tendresse et d’émotion, le public recueilli écoute les ronflements de Pampinou. Rêve-t-il ? Une voix lui annonce qu’il est retenu pour chanter dans un vrai théâtre.
Ne comptez pas sur moi pour dévoiler les surprises et rebondissements que nous réserve Pampinou tout au long des cinquante minutes que dure sa prestation pleine d’humour, de tendresse et de poésie.
Bien coaché par sa Mamie-Chanson, il effectue son apprentissage en faisant des gammes, chantant, jouant, slamant et dansant : une vraie bête de scène en somme ! La mise en scène, en mêlant avec une certaine virtuosité les technologies numériques à la tradition du théâtre de marionnettes, constitue la grande originalité du spectacle. Pampinou, tantôt marionnette réelle, tantôt toon interactif incrusté dans un écran, embrouille les spectateurs entre virtuel et réel. Par quelques tours de passe-passe magiques, la mamie apparaît même dans l’étrange lucarne.
Il faut y voir la patte habile de Philippe Morin qui, en véritable homme orchestre, cumule les fonctions de régisseur, ingénieur du son, directeur de lumière et des effets spéciaux. Il a même le rythme dans la peau (de chèvre, je vous rassure) et devient percussionniste de djembé sur scène. Heureux enfants qui ignorent les peurs engendrées par les marchands de peaux de lapin de mon enfance (billet : http://encreviolette.unblog.fr/2013/03/24/peaux-de-lapin-peaux/ 

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Zut, la salle est soudain plongée dans l’obscurité. On appelle au secours le régisseur qui répare à la sauvette : une mire comme au début de la télévision en couleur surgit un instant sur l’écran, Pampinou se retrouve même la tête en bas.
La déception des enfants est vite dissipée, le coup de la panne fait partie intégrante du spectacle ! Ouf, il n’aurait plus manqué que ça, et le candidat Fillon qui n’a pas attendu les fonctionnaires de La Poste pour inventer l’internet (sic), se serait empressé de stigmatiser les employés municipaux de la ville rose !
Le museau à (longue) oreille fonctionnant parfaitement, c’est près d’un millier de petits toulousains qui sont venus rire aux facéties de Pampinou, en novembre, dans le chaleureux petit théâtre de la Violette. On y proclama même l’état d’urgence pour organiser à la hâte quelques représentations supplémentaires afin de satisfaire les fans du petit lapin pelucheux et zozotant qui possède même désormais sa page Facebook.
Qui sait, car l’artiste a les dents longues (se voit-il déjà en haut de l’affiche son nom en dix fois plus gros que n’importe qui ?), si nous ne le retrouverons pas bientôt sous forme d’hologramme, une technique révolutionnaire qui permet de ressusciter par ordinateur les stars du passé Claude François, Dalida, Mike Brant, Sacha Distel et … de faire tenir au candidat présidentiel Jean-Luc Mélenchon un meeting simultanément à deux endroits différents.
À tout le moins, rappliquez vite avec vos enfants si Pampinou passe faire le Guignol par chez vous !

« …Et gratte, gratte sur ta mandoline
mon petit Pampinou
Ta musique est plus jolie
que tout le ciel de l’Italie
Et canta, canta de ta voix câline
mon petit Pampinou … »

Voyez, il y a toujours une part d’enfance en moi !

Contact spectacle

Patricia DAMIEN

06 76 53 60 10
mailto:patriciadamien@gmail.com

Publié dans:Coups de coeur |on 21 janvier, 2017 |Pas de commentaires »

Les Frères Jacques, réveillez-vous!

J’ai omis de faire état dans mon précédent billet du nouvel an de la mort, en novembre dernier, à l’âge de 93 ans, de Paul Tourenne, l’ultime survivant du quatuor vocal Les Frères Jacques.
Peut-être, inconsciemment, pensais-je que je n’aurais rendu qu’un quart d’hommage au célèbre groupe qui égaya mes jeunes années. Maintenant que Les Frères Jacques dorment tous pour l’éternité, je réveille mes souvenirs.
Précision préalable, seulement deux de la bande, André et Georges Bellec, étaient véritablement frères. Ensuite, comme les Trois Mousquetaires étaient quatre, les quatre Frères Jacques étaient cinq, car il ne faut pas oublier leur pianiste Pierre Philippe puis Hubert Degex. Enfin, aucun d’eux ne portant ce prénom, ils le choisirent en référence à l’expression faire le jacques, faire le pitre, qui correspondait à l’idée de ce qu’ils souhaitaient transmettre sur scène.
Bellec, Soubeyran, Tourenne, originaires de Saint-Nazaire, de Dieulefit dans la Drôme et de Paris, leurs noms exhalent un parfum de vieille et douce France. Avant de se rencontrer, ils suivirent, pendant la seconde guerre mondiale, des trajectoires diverses.
Georges Bellec, le boute-en-train, le plus petit du groupe, réformé, s’inscrivit aux Beaux-Arts de Paris et rallia le Hot Club de France où il côtoya Boris Vian, Claude Luter et Django Reinhardt. Son frère André, bachelier, entama une licence en droit tout en suivant le Conservatoire de Bordeaux, avant d’endosser l’uniforme des Chantiers de Jeunesse où il devint instructeur d’art dramatique et rencontra les Comédiens Routiers. Il créa un numéro de Paf et Pif, invitant même son frère à le rejoindre pour le personnage de Pouf !
Paul Tourenne, après être entré aux PTT, devint, lorsque la guerre éclata, moniteur de la colonie de vacances des enfants de la radio, en Aubrac, où il forma une chorale. À la Libération, il retourna à Paris au service artistique de la Radiodiffusion française puis fut responsable de la billetterie et de la « propagande » (bonne celle-là !) au sein de l’association Travail et Culture (sise rue des Beaux-Arts).
François Soubeyran, le plus grand des quatre, également bachelier, travailla auprès de sa tante Marguerite qui sauva de nombreux enfants juifs, puis partit pour le maquis avant de s’engager enfin dans l’armée Delattre de Tassigny. À la fin de la guerre, il se retrouva aussi au sein de Travail et Culture où il croisa son futur grand ami Yves Robert.
En janvier 1946, Les Frères Jacques, enfin réunis, rejoignent la compagnie Grenier-Hussenot, une des premières troupes théâtrales nées à la Libération.
En septembre 1948, ils inaugurent la seconde époque du cabaret-théâtre de la Rose Rouge, rue de Rennes. On peut retrouver sur youtube l’activité trépidante du lieu à travers le film de fiction éponyme : un nanar comme on les aimait au temps du cinéma de papa avec de vrais Frères Jacques, de faux généraux mexicains, Yves Robert, Louis de Funès, Yves Deniaud, Dora Doll, Françoise Arnoul, Jean-Roger Caussimon ! Une rareté : À vos cassettes, aurait conseillé Jean-Christophe Averty à ses Cinglés du music-hall.

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À défaut de vous infliger l’intégralité du film, vous pouvez directement retrouver les Frères Jacques interprétant trois de leurs chansons : Voilà les footballeurs (à 25 min 05 sec), Général Castagnetas (à 31 min 07sec) et La Gavotte des bâtons blancs (à 36 min 25sec). Ces deux derniers morceaux connurent des ennuis avec la censure et furent interdits sur la radio d’État !
On ne rigolait pas avec la « morale » à l’époque, ainsi nos gais lurons et poètes furent aussi inquiétés pour leur interprétation du poème Quelqu’un de Prévert à cause d’un malheureux patronyme :

« … C’est un homme qui est triste
Cela se voit à sa figure
Soudain dans une boîte à ordures
Il voit un vieux bottin mondain
Quand on est triste on passe le temps
Et l’homme prend le bottin
Le secoue un peu et le feuillette machinalement
Les choses sont comme elles sont
Cet homme si triste est triste parce qu’il s’appelle
Ducon … »

Durant cette période, au détour des caves de Saint-Germain-des-Prés, ils croisent Jacques Prévert, Raymond Queneau, Boris Vian qui influeront sur leur répertoire.
Naviguant entre music-hall et théâtre, ils jouent Les Gaietés de l’Escadron, en 1949, c’est leur dernière collaboration avec la compagnie Grenier-Hussenot. Peu après, ils sont engagés cinq mois à Bobino pour Les Pieds Nickelés mis en scène par Yves Robert.
Mais l’événement essentiel est leur rencontre avec Jacques Canetti directeur artistique et producteur musical chez Polydor et Philips, et extraordinaire découvreur de talents.
Ils font aussi connaissance du décorateur de théâtre Jean-Denis Malclès qui crée leur original costume de scène, un élément essentiel de leur fantaisie : collants noirs, gants blancs, justaucorps d’une couleur différente pour chacun, de multiples couvre-chefs selon les chansons, et de fausses moustaches.
« Cernés au plus près de leurs muscles, sans poche pour cacher leurs mains, ils devaient tenir compte dans les plus infimes détails de leurs attitudes. Cette quasi-nudité colorée, dont ils surent faire ressortir la poésie et le pouvoir émotionnel par de subtils éclairages, n’admettait pas la moindre erreur ».
Mes lecteurs de moins de cinquante ans n’imaginent peut-être pas qu’avant l’apparition de la télévision en couleur, à moins d’avoir la chance d’assister à un de leurs concerts, … Les Frères Jacques étaient gris !
Enfant du baby boom, je les découvris probablement en regardant 36 chandelles, l’émission phare de variétés des années 1950, animée par Jean Nohain.
En 1952, j’étais un gosse comme ceux évoluant dans ce tendre clip d’un temps heureux où Les Frères Jacques reprennent une chanson de Charles Trenet. On sent bien le swing du fou chantant. « À l’école des Beaux-Arts, je vivais comme un lézard, j’passais mon temps à faire l’idiot devant les copains », ça ne vous rappelle rien ?

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Les Frères Jacques entrèrent très vite dans ma discothèque personnelle. Je devais avoir une dizaine d’années : avec Guy Béart et L’eau vive, Marcel Amont et Escamillo, Gilbert Bécaud et Les marchés de Provence, ils font partie des cinq premiers microsillons que mes parents m’offrirent.

Freres Jacques pochette

À observer aujourd’hui la pochette du disque vinyle, je m’interroge sur les chansons qui avaient bien pu m’interpeller. Il devait y avoir là-dessous un coup de mon regretté frère, mon aîné de neuf ans, qui, déjà nourri à Brassens, avait dû flasher sur le surréaliste Général à vendre imaginé par Francis Blanche (c’était aussi l’époque de Signé Furax le populaire feuilleton radiophonique). Vous savez bien, les petits veulent copier les grands !
Si au marché de Brive-la-Gaillarde, quelques douzaines de gaillardes se crêpaient le chignon à propos de bottes d’oignons, sur ce marché-là, il restait un général à échanger contre un cageot de pommes de terre pas mûres, quatre choux-fleurs et une tartine de confiture (attention ça dégouline !).

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À réécouter les paroles, il me revient en mémoire que je déclinais à tue-tête les souvenirs de batailles du galonné rendant hilare mon entourage, peut-être un peu moins mon professeur d’histoire de père qui avait été aussi … officier de réserve !

« Il nous parlait des Dardanelles
Quand il n’était que colonel
Et de la campagne d’Orient
Quand il n’était que commandant
L’épopée napoléonienne
Quand il n’était que capitaine
Et puis la guerre de Cent ans
Quand il n’était que lieutenant
Les croisades et Pépin le Bref
Quand il n’était que sergent-chef
Et les éléphants d’Hannibal
Quand il n’était que caporal
Les Thermopyles, Léonidas
Quand il n’était que deuxième classe
Et Ramsès II, la première guerre
Quand sa mère était cantinière … »

Tout aussi surréaliste était ce mérovingien qui allait à la chasse du côté de la rue des Abbesses, au pied de la butte Montmartre.

Lorsque j’ai fréquenté ce quartier cher à Bernard Dimey, bien longtemps après les Carolingiens, les arsouilles chassaient plus le vison des reines de la nuit que le bison !
Sur la face B du microsillon (les jeunes lecteurs doivent se demander de quoi je parle !), il y avait une chanson qui racontait ceci :

« Petit, propret, glissant, discret,
Dans son vieux pardessus râpé,
Le long des allées monotones,
D’Isabeau la blonde à Pomone.
Le dos vouté, le nez tendu,
Il déambule à pas menus
Sous les marronniers de l’automne.

À quoi songeant ? À quoi rêvant ?
Cœur léger, cœur vide ou cœur lourd,
Ainsi font, font, ainsi s’en vont,
Les vieux messieurs du Luxembourg.

Une balade à petits pas,
Pour la soif deux grains de raisin,
Et puis encore on se promène,
Bonjour Watteau, bonjour Verlaine,
Ah quels amis on aurait eu !
Si le bon dieu l’avait voulu !
Le garde siffle : on ferme, on ferme ! … »

Cette promenade sous les frondaisons d’un jardin public était le fruit de l’imagination de Maurice Genevoix, ce qui doit rendre encore plus perplexe mon jeune public.
Ce délicieux monsieur, outre qu’il s’invitait souvent dans nos dictées, enchanta ma jeunesse avec ses romans régionalistes Raboliot (prix Goncourt 1925) et La Dernière Harde. Mes aînés se plongèrent dans son évocation de la Grande Guerre avec Ceux de 14 dont il fit partie notamment aux Éparges.
Élu à l’Académie française en 1946, il démissionna de son poste de secrétaire perpétuel, à quatre-vingt-trois ans, estimant qu’il avait encore d’autres livres à écrire. Je regrette qu’il soit tombé aux oubliettes dans nos écoles tant sa plume était remarquable.
Quand j’étais gamin, c’était toujours un cadeau précieux de recevoir un disque microsillon 33 tours (par minute) et tout un cérémonial d’en admirer d’abord la pochette, puis sortir délicatement la galette noire de son enveloppe blanche, la placer sur la platine et enfin poser le saphir avec infiniment de précaution pour la première écoute.
En ce temps-là, matraquage et promotion n’existaient quasiment pas. On appréciait un artiste suite à son écoute à la radio et bientôt ses passages sur la seule chaîne de télévision (36 Chandelles et Discorama). Lorsque mes parents l’avaient jugé dans les limites de ma « bonne éducation » (vous souriez mais ils m’avaient refusé un disque de Guy Béart parce qu’y figurait la chanson Chandernagor, c’était pourtant un « bon » moyen d’appréhender les comptoirs de l’Inde !), ils se rendaient alors chez Verhaegen, le principal disquaire de Rouen. J’allais bientôt préférer le magasin Storm, rue Jeanne d’Arc, un peu moins effrayé par la vague yéyé !
L’acquisition de mon disque des Frères Jacques fut sans doute validée pour la qualité d’ensemble de leur œuvre déjà bien fournie à l’époque après seulement une dizaine d’années de carrière.
Je ne parle évidemment pas de leur premier vinyle 78 tours, sorti en 1947, rassemblant des chansons dites pudiquement d’étudiants ou de carabins, à savoir des chansons gaillardes qu’ils enregistrèrent d’ailleurs sous le nom des Quatre Jules. À noter que parmi celles-ci, on relevait le célèbre De Profundis Morpionibus dont les paroles seraient de Théophile Gautier. Postulant à l’Académie française, celui-ci prit soin de ne pas en revendiquer l’origine. Ça vous fracasse, Capitaine ?
En 1957, Les Frères Jacques possèdent déjà une renommée nationale et même internationale, ainsi, en 1952, ils se produisent au Waldorf Astoria de New York.
À Paris, le 28 octobre 1952, ils entament leur premier récital au Théâtre Daunou. Ils le donnent près de 120 fois jusqu’au 15 mars 1953 et le prolongent deux mois encore au Théâtre de l’Atelier. Dire que de nos jours, les artistes se prévalent de jouer deux fois de suite dans la même salle !
En 1953, ils tournent même, sous la direction de Jean Boyer, le film Le pays des clochettes avec … Sophia Loren.
En 1950 et 1958, ils sont récompensés par le très convoité grand prix du Disque de l’académie Charles Cros, essentiellement pour leur interprétation de poèmes de Jacques Prévert mis en musique par Joseph Kosma. Parmi ceux-ci figure Barbara :

« …Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre … »

Outre d’être un hymne à la beauté féminine, Barbara fait le procès de la guerre. Yves Montand et Mouloudji l’inclurent également dans leur répertoire avec beaucoup de talent.

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Dans le cadre de leurs récitals, ce type de chanson tenait lieu de « chanson de repos ». Après quatre ou cinq chansons à gesticuler, ils avaient besoin de souffler un instant.
Au verso de la pochette d’un de leurs disques, Jacques Prévert écrivait : « Aux feux de la rampe, les frères jacques allument un vrai feu de joie et les planches brûlent en crépitant et ils dansent autour en chantant. »
Le quatuor enchante déjà son public avec quelques chansons tendres, loufoques ou spirituelles qui appartiennent désormais au patrimoine de la chanson française.
À la Saint Médard mon Dieu qu’il a plu, mon Dieu qu’on s’est plu … une histoire d’eau, une histoire d’amour tombée à l’eau quarante jours plus tard ! Saleté de proverbe mais attendrissante chanson sujette aux pépins !

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C’est vendredi, jour du poisson, mes lecteurs de plus de cinquante ans ont déjà ferré ma plaisanterie. Je ne peux évidemment pas ne pas évoquer l’inénarrable Complexe de la truite, une truite d’élevage car le lied de Franz Schubert est ici revu et adapté par Francis Blanche. Une truite vagabonde, quasi nymphomane, qui finit par envoyer la pauvre Gabrielle à l’asile !

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Nous n’avions pas les réseaux sociaux mais je devais peut-être déjà frétiller pour une petite camarade, à moins que ce fût le p’tit bout de la queue du chat qui m’électrisait.

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Encore heureux que la course à la voile Vendée Globe n’existait pas en ce temps-là … même si La Marie-Joseph était un bon bateau !

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Vous imaginez combien toutes ces prestations télévisées des quatre gais lurons me mettaient en joie.
Ils me conquirent définitivement durant l’été 1957. Ils en passèrent une partie dans la caravane du Tour de France effectuant leur tour de chant, chaque soir, après l’étape.
Il ne pouvait en être autrement, ils étaient sur la ligne d’arrivée à Rouen pour féliciter le vainqueur, un vrai Jacques celui-là, un Maître Jacques même, l’idole de mon enfance Anquetil qui allait remporter bientôt sa première grande boucle.

Anquetil et Freres Jacques

Voilà comment, une fois encore, je vous sers mon petit couplet vélocipédique.
Bien sûr, she loves you, yeah, yeah, yeah, la vague yéyé déferla bientôt mais, hors des modes, les frérots (non pas Delavega !) poursuivirent toujours leurs récitals en France et à l’étranger. Ils chantèrent même sur le paquebot France (plus confortable que la Marie-Joseph !).
Ils firent, à leur manière, quelques concessions aux danses de l’époque. Après tout, Maurice Chevalier ayant bien chanté le Twist du canotier, ils se lancèrent dans un Twist agricole qui devait valoir son pesant d’avoine connaissant les quatre lascars :

« Le soir lorsque les bœufs
sont rentrés dans l’étable
après avoir cassé la croûte et bu un coup
on range dans un coin
toutes les chaises et la table
et le cousin Victor il attrape son biniou
moi j’attrape la Marie
et on s’met face à face
elle lui fait yéyé
moi j’fais yéyé aussi
elle enlève ses souliers
moi je r’tire mes godasses
et pendant toute la nuit on danse avec Marie

Refrain :
Le twist agricole,
c’est ça qui nous colle
c’est le vrai bonheur
du cultivateur
le twist du rural
c’est phénoménal
on a ça dans l’sang
le twist paysan … »

C’était toujours un régal de les retrouver sur le petit écran d’autant qu’enfin, on pouvait découvrir désormais la couleur de leurs justaucorps. Enfin, pas toujours, car par esprit de contradiction, je vous offre en noir et blanc leur rendez-vous avec Brigitte Bardot, emblème de la liberté sexuelle de l’époque et égérie de plusieurs artistes. Allez Stanislas, interrompez votre lecture de Paul Géraldy, ou peut-être simplement votre méditation sur une citation de ce poète dramaturge méconnu : « Le souvenir est un poète, n’en fais pas un historien. »

https://www.dailymotion.com/video/x3vv1

Quelle délicate chanson écrite par le regretté Ricet Barrier ! Mais que penser de B.B, aujourd’hui militante engagée dans la protection des animaux sauvages, se pavanant dans son manteau d’ocelot ?
Tout fout l’camp, ma p’tite dame, il en est ainsi aussi du rugby. À l’heure des combats des gladiateurs du Top 14, comme elles semblent bien surannées les joutes des poules de huit d’antan quand l’équipe de Perpignan s’en allait jouer à Montauban :

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De gros bébés maoris et springboks, gonflés à la créatine, engrossent c’est évident quelques filles de La Rochelle ou de Toulon, honneur aux forts, c’est la loi du sport, c’est ça le rugby d’aujourd’hui !
Rien à voir donc avec le quarteron de souffreteux de la Chanson sans calcium :

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Je n’étais plus le gamin qui fredonnait les souvenirs de guerre d’un général à vendre. J’avais rejoint la capitale pour mes humanités.
Nous allions, mon frère et moi, voir enfin en chair et en os Les Frères Jacques à l’occasion du récital qu’ils donnèrent sur la scène du théâtre Saint-Georges d’octobre 1972 au printemps 1973 et qu’ils reprirent, immense succès oblige, à Bobino, le grand music-hall de la rive gauche comme on disait à l’époque pour le distinguer de l’Olympia.
Le ravissant théâtre à l’italienne, situé au cœur du quartier de la Nouvelle Athènes, constituait un superbe écrin pour les pitreries des Jacques (pléonasme ?).
Assis dans les tout premiers rangs, nous pouvions apprécier la qualité de leur scénographie, leur gestuelle précise comme une mécanique d’horlogerie, leur art de combiner le chant et le mime. Quel régal, le balancement entre poésie et franche rigolade, entre baladins et clowns !
En point d’orgue du spectacle, ils nous posaient la fondamentale question existentielle, toujours pas résolue : pourquoi y a-t-il des trous dans le pain ? Vous avez compris que c’était l’heure de goûter à leur confiture !

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Pour remédier à ces désagréments, on peut certes manger des biscottes quoique, ce ne soit pas mieux, elles se pulvérisent en étalant le beurre. Et comme je ne « cracotte » pas avec les ersatz suédois Krisprolls, Wasa et compagnie …
Selon l’appétit du public, certains soirs, Les Frères Jacques en tartinaient une tranche supplémentaire !
Est-ce mon goût pour l’image, j’avais un faible pour leur hommage à la photographie argentique, les souvenirs de vacances sur papier glacé. Ça sentait bon le Front Populaire et les congés payés.

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Marqué peut-être par l’époque lointaine où il fut moniteur de colonie de vacances, Paul Tourenne était un excellent photographe influencé par Cartier-Bresson, Doisneau, Boubat et Willy Ronis.
Je me souviens qu’au titre d’exercice sonore lors d’un stage audiovisuel à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, j’avais réalisé un reportage, magnétophone en bandoulière, sur une de ses expositions dans une galerie de Saint-Germain-des-Prés. Bien évidemment, le leitmotiv était : Que c’est beau la photographie !
Trois siècles après la mort de Jean de La Fontaine, Les Frères Jacques consacrèrent plusieurs disques à ses fables. Je vous propose leur interprétation hilarante de Le Corbeau et le Renard, un petit bijou à montrer dans toutes les écoles.

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Les Frères Jacques nous ravirent encore durant une dizaine d’années. Ils intitulèrent leur ultime tour de chant : « De L’Entrecôte à La Confiture, récital d’adieu ». Plat et dessert en somme ! Entamé en octobre 1979 à la Comédie des Champs-Élysées, une de leurs salles fétiches, il s’acheva, après une tournée de vingt mois (!), le 3 janvier 1982 au Théâtre de Boulogne-Billancourt, la salle de leurs débuts. Ils donnèrent encore deux ultimes concerts pour leurs amis suisses en février 1982 à Lausanne.
Pour tirer le bilan de leur extraordinaire carrière, ils dressaient un véritable inventaire à la Prévert : « 1420 chapeaux, 2752 paires de gants, 468 maillots collants, 136 paires de chaussures de scène et 420 moustaches ! »
J’ajouterai qu’ils ont chanté Prévert, Queneau, Sartre, Boris Vian, Mac Orlan, Jean Tardieu, Maurice Genevoix et même La Fontaine. Ils ont obtenu plusieurs grands prix de l’Académie du Disque et même un Molière. Ils avaient du talent pour quatre !
François Soubeyran est mort le 21 octobre 2002 dans sa Drôme natale. André Bellec nous a quittés le 3 octobre 2008, son frère Georges le suivit le 13 décembre 2012. Enfin, Paul Tourenne est parti le 20 novembre dernier.

« Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs,
La Lune est morte, la Lune est morte.
Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs,
La Lune est morte ce soir... »

Les Frères Jacques créèrent cette émouvante chanson tandis qu’un homme à l’allure de scaphandrier foulait le sol du vieux miroir de (nos) rêves.

https://www.dailymotion.com/video/x1y5vf

Essuyons nos larmes ! Dans nos cœurs, il fera toujours beau, même à la Saint Médard, avec Les Frères Jacques. Écoutez-les raconter une journée d’été un peu coquine imaginée par le chansonnier Jacques Grello et mise en musique par Guy Béart :

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Publié dans:Coups de coeur |on 13 janvier, 2017 |4 Commentaires »

Heureuse année et bonne route 2017

Les beaux yeux de Michèle Morgan se sont fermés quelques jours avant que ne s’ouvre l’année 2017. Pour l’éternité, ils éclairent l’âge d’or du cinéma français dans la scène mythique avec Jean Gabin du film de Marcel Carné Le quai des brumes (1938) adapté du roman éponyme de Pierre Mac Orlan publié en 1927, il y a quatre-vingt-dix ans.
En forme d’hommage, je vous livre cette anecdote dont je fus témoin dans un cinéma des Champs-Élysées, au milieu des années 1970 : quelques minutes avant le début de la séance, l’actrice s’assit discrètement au milieu de la salle, en compagnie de son mari Gérard Oury. C’est alors qu’une large partie du public qui l’avait reconnue l’applaudit respectueusement. Elle se leva pour l’en remercier d’un pudique signe de la main et de son doux sourire. Placé juste dans la rangée derrière elle, je dus penser tout bas … « vous avez de beaux yeux, vous savez », car on ne tutoyait pas cette grande dame. D’ailleurs, tendez bien l’oreille, dans la fameuse séquence culte dialoguée par Prévert, elle susurrait à Gabin : « Embrassez-moi ! »
Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir à quand remonte notre tradition de la carte de vœux ?
L’usage des étrennes nous vient des Romains qui avaient coutume de se rendre dans un bois sacré dédié à Strenia, déesse de la santé, et d’y couper des tiges de verveine qu’ils offraient ensuite à l’empereur pour « le bon augure de la nouvelle année ». On étendit la tradition à des personnalités importantes de la ville quoique moins impériales.
Les cartes de vœux, plus précisément les cartes de visite, agrémentées de quelques mots de politesse à destination de personnes avec lesquelles on avait fait commerce d’amitié ou d’affaires, durant l’année, nous sont arrivées, il y a fort longtemps, d’Extrême-Orient. Les Asiatiques envoyaient, en début d’année, des feuilles de riz, de plus ou moins grande taille selon la notoriété du destinataire, sur lesquelles étaient mentionnés, avec différentes nuances de couleurs, le nom et la qualité de l’expéditeur.
Autrefois, l’expédition des cartes de vœux dans la province allemande du Wurtemberg était le prétexte à une pittoresque coutume : pendant l’après-midi du premier de l’An, se tenait sur une place publique, une sorte de bourse aux cartes de visite. Les domestiques des « bonnes maisons » faisaient la criée des adresses de leurs maîtres et, à chaque nom proclamé, les cartes s’empilaient dans des paniers disposés à cet effet. Nul besoin de facteur !
À l’époque de la Convention (1792-1795), un certain François-Yves Raingeard de la Bletterie (futur député de Loire-Inférieure en 1799) s’indigna de la futilité de la pratique de la carte de vœux : « Citoyens, assez d’hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l’An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes… » (pas faux ! n.d.l.r). Le lendemain, la presse fit écho de ses déclarations et le jour de l’an fut officiellement banni. Jusqu’en 1797, on procéda à une véritable chasse aux sorcières en ouvrant systématiquement les courriers envoyés début janvier pour vérifier qu’ils ne contenaient pas de vœux. La Terreur décréta même que toute personne bravant cet interdit risquait la peine de mort !
La carte de vœux telle que nous la connaissons est née au XIXe siècle en Angleterre avec l’apparition du premier timbre-poste en 1840 et l’invention de la lithographie qui permettait de reproduire des motifs de gui, de houx, de scènes de nativité ou de paysages enneigés. Ainsi, en 1843, le fonctionnaire Henry Cole créa la première carte de vœux en chargeant le peintre John Calcott Horsley de la conception artistique du projet.
En France, il était d’usage, dans la quinzaine suivant le nouvel An, de rendre visite à son entourage, famille, amis, collègues, supérieurs hiérarchiques, ou en leur absence, de déposer une carte « de visite » pour preuve de son passage.
Je fus témoin de ces traditions, notamment du temps où mes parents étaient encore de ce monde. Pour ma part, la période des vacances de Noël était mise à profit pour sacrifier à la fastidieuse (je l’avoue aujourd’hui) rédaction des cartes de vœux généralement illustrées. Il s’agissait d’abord d’écrire au brouillon la phrase personnalisée selon son destinataire, empreinte d’affection pour les membres de la famille, de respect pour mes maîtres et professeurs. Il n’était évidemment pas question de rédiger le même texte pour tout le monde, il fallait trouver le détail, la petite anecdote, la formule, le bon angle, qui interpelleraient son lecteur. J’appris que « souhaiter ses vœux » constituait un pléonasme ; on les présentait, les exprimait, les adressait, on en formait, en offrait, on souhaitait le meilleur, beaucoup de bonheur, de réussite.
Une fois validé par mes parents, je recopiais « au propre » mon travail, car c’en était un !
Pour ce qui concerne mon père et ma mère, la rédaction de leurs cartes s’opérait en deux temps selon le profil des destinataires. Ils adressaient leurs vœux en premier aux membres aînés de la famille et aux personnes dans une position hiérarchique supérieure, ils répondaient à ceux des autres, notamment à l’innombrable courrier envoyé par leurs élèves de l’époque et anciens.
Même au temps de leur retraite, plusieurs décennies plus tard, s’entassaient encore, chaque mois de janvier, dans leur boîte à lettres, ces témoignages de reconnaissance de leur admirable enseignement. C’était aussi l’occasion pour mes parents de suivre avec fierté l’évolution de carrière de leurs anciens élèves.
Vers la fin de sa vie, ma maman commandait des cartes illustrées au profit de l’UNICEF pour remplacer les austères cartes de visite à en-tête.
Je me souviens aussi, à une époque où je vivais au-delà des océans, des vœux pleins de tendresse de ma chère grand-mère. Modeste paysanne qui avait arrêté ses études à douze ans pour seconder ses parents aux travaux de la ferme, elle écrivait sur une feuille de papier brouillon avec une orthographe irréprochable. Je me retiens d’inaugurer l’année avec un couplet sur le déclin de l’Éducation nationale…
Aujourd’hui, avec l’avènement des technologies numériques, on présente « virtuellement » ses vœux par sms ou mail. En un clic et quelques émoticônes, on envoie une carte Dromadaire ou un tweet de moins de 140 caractères !
Plaignez-vous, chers lecteurs, je vous réserve un billet de mon blog pour entrer dans la nouvelle année. Et j’essaie de vous offrir une carte presque originale.
Je précise bien « presque » car j’ai souvent plaisir de m’approprier, avec l’aimable autorisation de son auteur, une œuvre picturale qui m’a interpellé au hasard des expositions auxquelles j’ai été invité au cours de l’année précédente.
Pour vous souhaiter cet an nouveau, j’aurais pu vous convier à suivre la « route fleurie qui conduit vers le bonheur » chère à Georges Guétary, Annie Cordy et mon compatriote normand Bourvil (et son inénarrable jeu de jambes). Cela ne m’aurait pas rajeuni, dire que mes parents m’y entraînèrent … en 1952, au théâtre de l’ABC ! Immense succès populaire, l’opérette y fut jouée pendant près de quatre ans.

(C’était) la vie de bohème
La vie sans façon
La vie de garçon
La vie de pata-patachon
C’est la vie que l’on aime
Quand on a vingt ans …

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Tout aussi vintage, on aurait pu partir avec Charles Trenet sur la Nationale 7, la route des vacances, au moins ça rimait avec 2017.
Mais un Anglais peut en cacher un autre : sur les traces de John Calcott Horsley en 1843, j’ai choisi finalement de vous emmener sur une petite route plate et droite de la plaine de Beauce dénichée par l’artiste anglais Philip Brooker dont j’ai évoqué ici récemment la remarquable exposition : http://encreviolette.unblog.fr/2016/10/15/les-gravures-anglaises-de-philip-brooker/

Philip Brooker la route RET2

d’après l’œuvre de Philip Brooker avec l’aimable autorisation de l’artiste

Philip Brooker la route RET

cliquer sur la vignette pour lire la carte en grande taille

Si l’on veut bien laisser aller son imagination, elle nous raconte plein d’histoires du passé et … à venir. D’abord, contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier coup d’œil, le paysage est d’aujourd’hui et le cliché réalisé récemment. Une lueur à gauche, de la grisaille à droite, de la brume au centre, le temps est incertain.
Philip a volontairement vieilli, dégradé sa photographie en la jaunissant, l’écaillant, la souillant comme pour assurer la pérennité de ce chemin immuable, trait d’union des générations qui l’ont emprunté. Il l’a même ornée d’élégantes écritures tirées de carnets de ferme datant des années 1930 retrouvés dans une déchetterie.
Appartenaient-ils aux mangeux de terre décrits par l’illustre chansonnier poète beauceron Gaston Couté (1880-1911) ?

« Je r’pass’ tous les ans quasiment
Dans les mê’s parages
Et tous les ans j’trouv’ du chang’ment
De d’ssus mon passage
A tous les coups c’est pas l’mêm’ chien
Qui gueule à mes chausses ;
Et pis voyons, si je m’en souviens,
Voyons dans c’coin d’Beauce.
Y avait dans l’temps un bieau grand ch’min
-Cheminot, cheminot, chemine !-
A c’t’heur’ n’est pas plus grand qu’ma main …
Par où donc que j’chemin’rai d’main ? »

Quels roublards, ces paysans de Beauce qui agrandissaient subrepticement leurs champs : Z’ont semé du blé sur l’terrain / Qu’ils r’tir’nt à ma route…
Inévitablement, cette œuvre de Philip Brooker me renvoie aussi au sublime poème de Charles Péguy Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres. Qui sait si l’écrivain ne passa pas par cette route lors du pèlerinage qu’il accomplit à pied en 1912 à la saison des blés mûrs ; je vous en offre les premiers pas et vers :

« Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.
Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.
Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.
Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.
Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,
Et toute leur séquelle et toute leur volaille
Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille… »

Pour vous, j’irai cheminer un jour dans ces contrées.
Ces derniers temps, plus qu’à l’accoutumée, j’ai le sentiment fort désagréable de voir disparaître trop de figures familières qui peuplaient mon paysage.
En 2016, à titre personnel, deux amis chers d’esprit, deux compagnons de route, se sont arrêtés brutalement au bord du chemin. J’ai la faiblesse d’imaginer que ces hommes de conviction, de combat citoyen, ont fini par baisser la garde devant le spectacle de plus en plus affligeant et pitoyable renvoyé par notre société.
Il avait mon âge, le footballeur Johan Cruyff a emporté avec lui un peu de ma jeunesse sportive et de mes rêves. Surnommé le « hollandais volant », au sein de l’Ajax d’Amsterdam puis le F.C Barcelone, il révolutionna l’histoire de son sport comme avant lui Alfredo Di Stefano et le brésilien Pelé.

johan cruyff

En novembre, s’est envolé pour l’éternité le « Flying Frenchman » (le Français volant), ainsi la presse britannique avait surnommé René Vignal après l’extraordinaire prestation du gardien de l’équipe de France à Glasgow.
C’était une époque où il n’y avait pas encore la télévision à la maison. Je découvris les plongeons de ce fantastique joueur, entre kamikaze et showman, à travers les belles photographies sépia des magazines sportifs Miroir-Sprint et But&Club mais aussi quelques matches du onze national et de son club du Racing de Paris que mon père m’emmena voir à Colombes et dans le vieux Parc des Princes.
J’admirais ses tenues, des vrais « habits du dimanche » (presque logique puisque les matches se déroulaient l’après-midi en ce jour du seigneur !) avec ses casquettes, ses maillots ou plus exactement ses pull-overs à col roulé ou avec des chevrons. Comme c’était un temps où je croyais encore au Père Noël, j’avais commandé au monsieur à barbe blanche, une tenue complète de gardien de but pour être comme Vignal !
L’après-football fut moins glorieux et pour Antoine Blondin, jamais avare d’un bon mot, le Français volant était devenu un voleur français ! L’attachant footballeur connut la rédemption. Je l’ai évoquée dans un billet que j’avais consacré au stade de la ville de Béziers dont il était originaire : http://encreviolette.unblog.fr/2011/02/11/la-vieille-dame-de-beziers-ou-le-stade-des-sauclieres/

Vignal blog

Pour me permettre de glisser mon petit couplet vélocipédique, le grand champion suisse Ferdi Kubler a abandonné en vue de la banderole d’arrivée en 2017.
Celui que l’on surnommait l’’Aigle d’Adliswil, grand rival de l’autre K helvétique Hugo Koblet, était le doyen des vainqueurs du Tour de France encore en vie. Il épingla aussi à son palmarès, le championnat du monde sur route, Bordeaux-Paris et deux Liège-Bastogne-Liège.
Encore tout gamin, je garde surtout le souvenir de sa terrible défaillance, zigzaguant et hennissant (!) dans l’ascension du Mont Ventoux lors du Tour de France 1955. Des soupçons de dopage pesèrent évidemment sur le champion. Mon vénéré Antoine Blondin intitula sa chronique quotidienne du journal L’Équipe, de manière sibylline : « La victoire à Ventoux ».
Ferdi eut l’honneur que Roland Barthes brosse son portrait dans ses Mythologies : « Angulaire, dégingandé, sec et capricieux, Kubler participe au thème du galvanique. Son jump est parfois soupçonné d’artifîcialité (se drogue-t-il ?). Tragediante-comediante (tousse et boite seulement quand on le voit). En sa qualité de Suisse allemand, Kubler a le droit et le devoir de parler petit-nègre comme les Teutons de Balzac et les étrangers de la Comtesse de Ségur (« Ferdi malchanceux. Gem toujours derrière Ferdi. Ferdi peut pas partir »). »
Tout cela n’empêcha pas le sympathique Ferdi de vivre jusqu’à 97 ans ! Ferdi avait aussi sa place dans les souvenirs de Georges Pérec : « Je me souviens que le cycliste Ferdinand (Ferdi) Kübler portait ses lunettes de soleil (en mica avec un serre-tête élastique) au-dessus de la saignée du coude, ainsi que le faisaient généralement les champions de ski, alors que les cyclistes les relevaient sur leur front ou au-dessus de la visière de leur casquette ».

Kubler Tour 1950Tour  50 Kubler

La musique qui adoucit, paraît-il, les mœurs, a payé un lourd tribut en 2016. Le tendre Michel Delpech s’en est allé dès le lendemain de l’an neuf. Je lui avais alors consacré un billet, je ne soupçonnais pas qu’il fût si présent dans mon inconscient.
Le cancer a terrassé également Gianmaria Testa, chanteur poète italien engagé. Il aimait la France qui sut reconnaître son talent. Ancien chef de gare de Cuneo, il racontait sa région du Piémont, pays de montagne, de brouillard et de vin, glissant vers la plaine du Pô. D’étranges objets de rêve comme des paquebots de papier, montgolfières, avions à voiles, parsemaient ses chansons, construisant un univers poétique.
Comme nos voix ba da ba da da ba da ba da / Chantent tout bas ba da ba da da ba da ba da ou encore Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins à bicyclette, Pierre Barouh, l’auteur de ces inoubliables couplets célébrant l’amour, l’amitié, le bonheur, la légèreté, la liberté, s’est fait la belle quelques heures avant de basculer dans l’an nouveau.

http://www.dailymotion.com/video/xtz9hs

Avec les disparitions de David Bowie, Prince, Leonard Cohen et, cette semaine, George Michael, la pop rock est orpheline. Je me console avec Bruce Springsteen : il me démontra qu’il restait toujours le Boss à 67 ans lors de ses deux concerts tonitruants (plus de trois heures sans entracte) à Bercy (rebaptisé, business oblige, Accor Hôtel Arena !). Ce 13 juillet, il réussit vite à chasser notre nœud à l’estomac, surmonter notre sourde crainte de … sait-on jamais, une icône du rock, un chanteur américain engagé dans toutes les luttes progressistes, en représentation sur le sol français, la veille de notre fête nationale, ça pouvait donner des idées à certains barbares …
Le terrorisme frappa, le lendemain, touristes et autochtones célébrant le 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice. Que dire, en plus, de ces élus locaux qui, par médiocre stratégie politicienne, eurent vite fait de rejeter les responsabilités du drame sur les insuffisances et négligences du gouvernement, ce qui semble désormais fortement démenti par l’intraitable Médiapart ?
Faut-il se résigner à ce que chaque année nous apporte son lot d’actes lâches et barbares ? Un prêtre égorgé en banlieue rouennaise, un couple de gendarmes près de Mantes, pour nous cantonner bien sûr qu’à l’actualité hexagonale … Et nos gouvernants, médias et experts d’asséner, dans leurs éléments de langage quotidiens, que ce n’est sûrement pas fini !
Certains sages, je me range humblement derrière eux, affirment que, seul, l’éducation et la culture pourront nous aider à sortir progressivement de ce terrible cauchemar.
Il n’est pas que des mauvaises nouvelles. On assiste à une renaissance, à une quasi résurrection même, avec le retour du chanteur Renaud. Après sa longue descente aux enfers, il retrouve un semblant de voix et, surtout, sa tendre et nostalgique inspiration avec Les Mots :

« Écrire et faire vivre les mots
Sur la feuille et son blanc manteau,
Ça vous rend libre comme l’oiseau,
Ça vous libère de tous les mots,
Ça vous libère de tous les maux.

C’est un don du ciel une grâce
Qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place
Plus près des anges que des angoisses.

Poèmes, chansons, brûlots
Vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux
Qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots
Pour toucher le cœur des marmots
Pour apaiser les sanglots
Quand votre vie part à vau-l’eau … »

Je ne peux que souscrire à ses vers. Je ressens parfois la même émotion à travers la rédaction de ce blog entamée il y a neuf ans. Votre fidélité m’encourage à poursuivre.
Dans La note bleue, son album posthume, Claude Nougaro chantait :

« Bonheur, tu nous fais souffrir
C’est contradictoire
Bonheur, tu nous fais souffrir
La peur que tu t’barres
Tu appartiens à ces choses volatiles
Comme les bouquets de roses, tu t’fanes vite
C’est à croire qu’on ne te mérite pas
Que l’homme n’est pas fait pour toi … »

Chers lecteurs, cueillez tous les petits instants et espaces de bonheur que vous croiserez sur la route 2017 !
Á propos, Philip Brooker intègre son œuvre dans une rubrique intitulée You reap just what you sow, traduisez : « Vous récoltez juste ce que vous avez semé ». Une sentence à méditer en cheminant !
C’est quand qu’on va où ? Maintenant sur la route de Philip Brooker avec Renaud bien sûr, mais aussi Péguy, Hugo, Rimbaud, Nougaro et l’académicien Michel Déon qui vient tout juste de rejoindre ses copains les « hussards » Antoine Blondin et Roger Nimier. Une chanson et un magnifique clip en forme d’hommage à l’écriture et à ceux qui lisent!

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Pour la beauté du geste mythique de Johan Cruyff (oui, quand même), une feinte consistant à faire mine de frapper le ballon avant de le pousser dans la direction inverse en le faisant passer derrière la jambe d’appui de l’intérieur du pied, je consens à céder la parole aux footeux dont un futur ex-président de la République fustigea dans un récent livre dévastateur un manque de musculation du cerveau chez certains. Aux micros que leur tendent les journalistes, à la sortie du terrain, ils confient dans leur jargon stéréotypé qu’il faut prendre les matches les uns après les autres. Prenons alors les années les unes après les autres, et pour commencer, la prochaine avec toutes ses incertitudes et échéances !
Bonne et heureuse année 2017 ! Et soyez encore là l’an prochain à la même date pour me lire !

Publié dans:Almanach |on 1 janvier, 2017 |3 Commentaires »

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