Amont et merveilles
Traditionnellement, le 1er avril est le jour des farces et de la bonne humeur.
Il y a deux ans, j’avais rendu un modeste hommage posthume à Roger Riffard, un chanteur un peu méconnu né en ce jour particulier, qui me faisait bien rire dans ma jeunesse (http://encreviolette.unblog.fr/2014/04/01/l-riffard-ca-devrait-etre-obligatoire/).
Moi j’aime le music-hall comme Charles Trenet ! Cette fois, je souhaite évoquer un grand monsieur de la chanson qui égaya mon enfance. Qui plus est, il a toujours bon pied bon œil malgré les … 87 printemps qu’il fête ce 1er avril. Oui, le temps passe !
Les plus anciens d’entre vous se souviendront évidemment de lui, les plus jeunes j’en doute. Et pourtant, Marcel Jean-Pierre Balthazar Miramon dit Marcel Amont de son pseudonyme d’artiste, fut une immense vedette dans les années 1950-60-70, je n’exagère absolument pas en affirmant cela.
En guise de présentation, je ne trouve rien de plus démonstratif que de vous proposer le clip Moi, le clown extrait d’une ancienne émission de variétés très populaire. Retombons un instant dans la magie du cirque et de l’enfance.
Cette chanson met en évidence toutes les qualités de l’artiste : sa gaieté communicative, sa fantaisie, sa tendresse, sa jolie voix, la justesse de sa gestuelle, bref son talent de showman qui en faisait une vraie bête de scène digne des Brel, Bécaud et Montand de l’époque.
Pour écrire ce billet, j’ai fouillé dans mes cartons remplis de disques vinyles, des vieilleries (dont je ne suis plus toujours fier ! mais j’assume), des oldies comme on dit pour faire branché. Malgré mes printemps qui s’empilent aussi, j’avais un souvenir précis de ce que je cherchais, un des quatre premiers 33 tours microsillons qui inaugurèrent ma discothèque personnelle. Petits curieux, vous insistez pour connaître les autres ? Il me semble qu’il y avait Bécaud et ses marchés de Provence, Guy Béart et L’eau vive, Les Frères Jacques. Honorable non à dix ans ?
La pochette révèle l’éclosion d’un nouveau fleuron de la chanson française au clin d’œil malicieux. Au verso, un texte manuscrit fait office d’accueil :
« Bonjour Marcel Amont ! Soyez le bienvenu dans cette ronde des chansons heureuses qui a commencé avec la France et qui tournera, tournera toujours à travers les siècles pour faire oublier aux Français leurs soucis.
Je me suis amusé en constatant qu’avec les lettres de votre nom : MARCEL AMONT, on pouvait écrire aussi : CLEMENT MAROT ! La charmante coïncidence … Du Roman de la Rose au Pigeon voyageur … Du plus clair des poètes au plus clair des chanteurs !…
Bravo Marcel Amont ! Vous en avez de la chance ! Et nous aussi, nous tous qui aimons la jeunesse, les sourires, les petits clins d’œil, la bonne humeur et le mouvement. On est contents pour vous et rassurés pour la chanson. »
C’est signé « Votre ami, Jean Nohain », fils de l’écrivain poète Franc-Nohain et animateur de la très populaire émission de variétés 36 chandelles diffusée sur l’unique chaîne de télévision de l’époque.
Sur le court extrait ci-après, Jean Nohain souhaite un joyeux Noël aux téléspectateurs, en compagnie des parents d’Antoine de Caunes, son père Georges journaliste sportif et sa mère Jacqueline Joubert speakerine, présentatrice puis productrice.
http://www.ina.fr/video/I00016069
Jean Nohain ne possède certes pas le physique glamour des animateurs de maintenant : une balle lui avait traversé la joue lors de la libération de Strasbourg à bord d’un char de la Division Leclerc, entraînant une paralysie partielle du visage.
Par contre, à son avantage, il a une excellente connaissance du milieu du music-hall. Parolier de talent, il créa avec son amie Mireille, l’âme du « Petit conservatoire de la chanson », quelques petits bijoux qui devinrent de grands succès tels Couchés dans le foin avec le soleil pour témoin, Ce petit chemin qui sent la noisette, Puisque vous partez en voyage, Une demoiselle sur une balançoire ou encore Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, qu’est-ce qu’ils s’racontent … Quel palmarès !
C’est lui aussi qui lance la carrière de Fernand Raynaud, un artiste comique formidablement populaire, invité quasi permanent de « 36 chandelles ». Pourquoi toussez-vous ?
C’est Jean Nohain encore qui prend sous sa coupe Marcel Amont, un jeune homme (malgré quelques premiers cheveux gris)) « bien de chez nous ». L’expression cocardière que l’animateur emploie à tout bout de champ n’est pas usurpée : Marcel, né à Bordeaux, est le fils de Modeste Miramon employé des chemins de fer et Romélie Lamazou infirmière dont les aïeux sont des bergers de la haute vallée d’Aspe au cœur des Pyrénées béarnaises. Au-delà du col du Somport, c’est l’Espagne et le pays da-ga d’Aragon où une fille vend des glaces au citron … mais ça, c’est une autre histoire chantée par Boby Lapointe.
Il n’est pas né un 1er avril pour rien : les téléspectateurs le découvrent farceur la tête en bas, les pieds en l’air chantant … Couché dans le foin de Jean Nohain
Le public, conquis par ses passages fréquents sur le petit écran, adopte très vite Marcel, moi le premier.
Nous sommes, je crois, en 1956 et c’est une espagnolade qui transporte de joie le gamin que j’étais : entre paso doble et flamenco, le portrait hilarant du toréador Escamillo qui n’a rien à voir avec celui de Bizet invitant Carmen dans les arènes de Séville, une chanson évidemment olé olé quand sur la fin, les belles madrilènes demandent au taureau qui poursuit le torero de lui arracher son pantalon !
C’était une époque où la chansonnette dénichait un parfum d’exotisme au-delà des Pyrénées : Roger Riffard parlait de son Copain d’Espagne, Henri Genès de sa Tantina de Burgos.
Et moi, je sortais de plusieurs voyages successifs avec mes parents dans la péninsule ibérique. Au risque de scandaliser les membres des collectifs anti-corridas, j’ai déjà eu l’occasion de raconter ma fascination enfantine pour les jeux de l’arène. Aux heures chaudes de l’été normand (!), dans la cour de ma maison école, « je combattais de furieux taureaux virtuels que je faisais sortir du toril en déverrouillant la porte en bois de ces W.C qu’on trouvait alors dans toutes les cours de récréation. Avec l’épée en bois argentée que m’avait fabriquée mon père, et un morceau d’étoffe écarlate en guise en guise en guiiiiiiiise (non, ça c’est plus tard dans la discographie de Marcel !) de muleta, je décrivais autour du fauve les plus talentueuses et audacieuses véroniques que la Normandie taurine ait connues ».
Lors d’un carnaval, on me travestit même en « ballerine ridicule » comme chante Cabrel.
Cela contribua-t-il à mon addiction pour Escamillo et Marcel Amont ? Sur mon électrophone, ils combattaient en boucle une bonne dizaine de taureaux consécutivement ! Á la télévision, je ne manquais pas une prestation de Marcel aux prises avec le taureau et … une mouche. Quel pitre ! J’étais plié de rire devant les facéties scéniques de l’artiste, Marcel pas Escamillo ! Suivant la réceptivité du public, le toréador prolongeait le cabotinage de la mouche et la chanson.
Je souriais aussi et m’étonnais devant son interprétation de L’amour en mer : pieds rivés au plancher, il tanguait et penchait à plus de 45 degrés. Á attraper soi-même le mal de mer ! Longtemps avant Michael Jackson, il avait découvert l’effet spécial défiant les lois de la gravité énoncées par Newton.
En quelques mois voire quelques semaines, Marcel Amont devient extrêmement populaire. Il passe en première partie d’Édith Piaf à l’Olympia, d’abord comme supplément au programme, avant de finir comme vedette anglaise onze semaines plus tard. La même année, il est aussi à l’affiche à Bobino et l’Alhambra, les deux autres grandes salles de music-hall de la capitale.
Il signe un contrat d’exclusivité avec la maison de disques Polydor pour l’enregistrement de ses succès.
L’année suivante, il passe encore à l’Olympia en vedette américaine du célèbre groupe Les Platters (Only you, vous avez dansé sur ce slow), est récompensé par l’académie Charles Cros avec un autre débutant, un certain Serge Gainsbourg. Il tient dans ses bras Brigitte Bardot dans le film La mariée est trop belle.
Marcel avait connu auparavant sept ans de vache enragée avant qu’un « taureau de Cerdagne doux comme un agneau » le hisse à une consécration largement méritée.
Soyez indulgent sur l’exactitude des dates, je sors maintenant du carton un microsillon 33 tours 25 cm (mes plus jeunes lecteurs doivent se demander quesaco ?) truffé de tubes de l’époque.
Ils sont toujours présents dans ma tête et avec un brin d’émotion, je me surprends à les fredonner : des chansons sans prétention mais intelligentes, des airs d’été pleins de charme et de tendresse que les quelques stations radiophoniques de l’époque diffusaient plusieurs fois par jour. C’était déjà mon adolescence, le temps de l’insouciance où il faisait si bon vivre.
« Les bleuets d’azur
Dans les grands blés mûrs
Nous font des clins d’œil … »
J’ai déjà eu l’occasion de vous confier mon goût pour les coquelicots et les bleuets, ces fleurs du mal pour le paysan que les pesticides intensifs n’avaient pas encore exterminées.
« Tout doux, tout doucement
Comme un enchantement
Et là près de l’étang
Mon cœur battait, battait … »
C’est étrange, ressuscitent des images, ressurgissent des moments précis de cet été là. C’était bien, merci Marcel.
Le tube absolu fut Bleu blanc blond qui envahit les ondes comme, quelques années plus tard, Michel Fugain avec « C’est un beau roman, c’est une belle histoire ».
« Quand j’ai besoin de vacances
Je m’embarque dans tes yeux
Bleus, bleus comme un ciel immense
Et nous partons tous les deux … »
Marcel bat alors des records de vente de disques. Anticipons les vacances d’été, partons avec lui sous le ciel bleu de Provence …
Ces refrains peuvent paraître mièvres voire ringards aux jeunes générations. Non porteurs de messages sinon de tendresse, ils étaient le reflet d’une époque d’après-guerre où nous avions une capacité de rêver avec des choses simples. Quand Marcel chantait les pâquerettes, il n’était jamais à ras !
Et puis, ces chansons douces avaient aussi pour vertu de permettre à Marcel de reprendre son souffle dans ses épuisants récitals. J’eus le bonheur d’assister à l’un d’eux en mai 1962 comme l’indique l’encart ci-après (pardon pour la coquille).
Je viens d’avoir quinze ans et, succédant à Petula Clark, les Compagnons de la chanson et Fernand Raynaud, Marcel Amont est la vedette du gala en plein air clôturant la grande cavalcade organisée chaque année dans mon bourg natal. Il est alors au sommet de sa popularité et de sa gloire, d’autant que son nouveau tube passe à longueur de journée sur les ondes et dans les émissions de variétés à la télévision. L’hystérie gagne le public qui a envahi les pelouses du parc de l’hôtel de ville lorsque Marcel, peut-être accablé par le cuisant soleil normand (!), entame Le Mexicain, poncho sur les épaules et un sombrero sur le nez en guise, en guise, en guise … de parasol.
Avec cette chanson écrite par Charles Aznavour, plus que sa gestuelle scénique, et pour cause, il l’interprète vautré par terre, Marcel fait étalage de sa grande virtuosité vocale avec une voix de tête rappelant le grito des vrais mariachis. Comme précédemment avec Escamillo, suivant la complicité de son public, Marcel le régale en allongeant et improvisant les effets comiques. Ainsi, certains jours, ce morceau de quatre minutes pouvait durer deux fois plus longtemps.
Son immense talent d’artiste de scène lui permettait de passer de la fantaisie débridée à la chanson de charme en touchant même au répertoire classique, ainsi dans une désopilante parodie du Barbier de Séville. Doté d’une grande souplesse, il possédait des dons multiples d’équilibriste, acrobate, danseur, mime.
Quitte à me discréditer aux yeux de quelques lecteurs, j’affirme encore aujourd’hui que ce concert fait partie de mes plus belles émotions musicales.
Á cette époque, cet exceptionnel showman faisait accourir les foules partout en France et dans les pays francophones comme la Belgique et la Suisse. D’octobre à décembre 1962, il se produisit durant 3 mois, à guichets fermés, à Bobino le grand music-hall de la rive gauche comme on l’appelait. Bien avant Clo-Clo, il fut le premier artiste français à s’accompagner de danseuses sur scène.
Je sors maintenant du carton, un microsillon grand format 30 cm.
Craignait-il que je le range définitivement dans la ringardise, mon cher oncle, dont j’ai déjà évoqué le souvenir (billet du 19 mai 2009), m’avait offert ce disque dans lequel Marcel reprenait des grandes chansons de mes aïeux en les dépoussiérant quelque peu. Parmi celles-ci, je vous propose Marinella, inoubliable succès de Tino Rossi, façon Eddy Mitchell et les Chaussettes noires. Nul doute que si les opérettes avaient été encore à la mode, il en eût été une tête d’affiche.
Même si la génération des yéyés pointe son nez, Marcel est encore très populaire, j’en veux pour preuve qu’un show Amont Tour, mis en images par Jean-Christophe Averty, constitue le clou du programme du 1er octobre 1967 pour le passage à la couleur de la télévision française.
Quelques années plus tard, son succès « pharaonique » lui vaudra d’animer durant une saison à la télévision un show dominical Toutankhamont !
J’extirpe maintenant une rareté, un disque 45 tours (oui, les disques tournaient à des vitesses différentes selon leur format !) dans lequel Marcel, bon sang de béarnais ne saurait mentir, reprend quatre chants traditionnels de la terre de ses ancêtres. Écoutez-le chanter Bèth Cèu de Pau, pas sûr que le ciel de la cité d’Henri IV soit encore aussi beau avec le gaz de Lacq tout proche.
Marcel reste très attaché aujourd’hui aux paysages grandioses de la vallée d’Aspe. Il y a restauré une vieille grange de ses aïeux, s’y est marié religieusement, et envisage un jour … d’y reposer pour l’éternité.
J’ai lu que ses parents, élèves issus de la valeureuse école républicaine, parlaient malgré tout entre eux en patois, bien qu’ils écrivissent (à l’armoricaine !) dans un français excellent sans faute d’orthographe. Á l’approche de la cinquantaine, vint à Marcel l’envie d’apprendre plus méthodiquement l’occitan pour ressusciter une poésie traditionnelle.
Au dos de la pochette de ce disque, Marcel avait rédigé ces quelques lignes :
« Comme chez tous les montagnards, c’est une tradition et un besoin de chanter, en toute occasion, sous tous les prétextes : vieilles chansons françaises, chants pyrénéens, béarnais et, bien sûr chansons de Despourrins, le poète aspois. Toutes ces mélodies simplettes et pures ont bercé mon enfance ; je serais très heureux si j’arrivais à vous en communiquer la douceur et la fraîcheur. »
En ce qui me concerne, il y est parvenu. Y est-il pour quelque chose, même inconsciemment, longtemps après, j’ai trouvé l’âme sœur dans un coin des Pyrénées un peu plus à l’est. Et pour sauvegarder la mémoire d’un modeste village d’Ariège, j’ai réalisé un film en hommage à un valeureux paysan qui, en langue gasconne, affirme notamment que dans sa jeunesse rude, on chantait beaucoup (voir billet http://encreviolette.unblog.fr/2013/08/25/la-haut-amedee-soucasse/).
Dans les années 1980, Marcel Amont joua même dans Le montreur d’ours (titre original L’Orsalhèr), un film qui raconte la vie de gens de la vallée ariégeoise du Haut-Salat et, plus particulièrement l’histoire d’un jeune adolescent sacrifiant sa fiancée, sa famille et même son pays pour élever et éduquer un ourson. Je vous rassure, ni Marcel ni moi, nous fûmes poussés à cette extrémité !
Autre coïncidence, je pris, au début des années 1970, la décision d’aller enseigner au lycée français de Mexico en guise, en guise, en guiiiiiiiiiise de coopérant !
La vague yéyé déferlante emporta peu à peu inexorablement Marcel Amont. De mon côté, qu’il m’en excuse, maturité aidant, Brel, Ferrat, Brassens, Ferré, Nougaro, Escudero composèrent l’essentiel de ma discothèque.
S’il disparut presque complètement des radars musicaux hexagonaux, Marcel continua à tourner dans des salles de capacité plus modeste, et surtout à l’étranger, Japon et Italie notamment, où son jeu scénique était très apprécié.
Dans les années 1980, alors que je traversais fréquemment le parc de Saint-Cloud, j’aperçus, deux ou trois fois, Marcel en short, toujours aussi svelte, qui entretenait sa forme physique.
C’était l’occasion que resurgissent un instant de belles émotions artistiques de jeunesse, indélébiles, gravées au fond de mon cœur.
Même si certains peuvent classer son répertoire au rang de chansonnettes mineures – c’est négliger trop hâtivement et injustement la « bête de scène » – j’ai toujours eu beaucoup de respect et de sympathie pour l’artiste. D’ailleurs, n’est pas l’ami de Brassens qui veut ! Depuis le début des années 50, Georges tenait en haute estime Marcel même s’il considérait qu’il méritait beaucoup mieux que son répertoire. Il lui prouva avec pudeur et discrétion en lui offrant un élégant bijou qu’il s’apprêtait à inclure dans son nouveau disque. Écoutez-le, tonton Georges, bouffarde au bec, l’accompagne à la guitare, Pierre Nicolas à la contrebasse, et aussi Maxime Le Forestier, Pierre Louki, Jean-Marc Thibault, des amis non choisis par Montaigne et La Boétie mais des copains d’abord.
http://www.ina.fr/video/I04078341
Dans ma jeunesse, j’avais encore une autre raison très personnelle d’apprécier Marcel : il était ami et admirateur de « mon champion » Jacques Anquetil.
Lui était-il dédié, le cycliste normand le portait si souvent, Marcel chanta un été un refrain facile « Il a le maillot, le maillot jaune ».
Assez récemment, dans un livre constitué de lettres à des amis, il en consacrait une à « Jacques Anquetil, homme vélo » :
« Pendant quelques années, nous avons passé un bout de vacances d’hiver ensemble.
Ce ne sont pas mes talents de skieur, encore moins de cycliste, qui t’épataient, mais plutôt ton attirance et ta curiosité envers ceux qui comme toi gagnaient – immodestie à part, j’étais alors en haut de l’affiche – et te voir m’applaudir au premier rang de l’Olympia avec ta Jeannine me donnait des ailes pour sprinter, rouler et grimper – dans ma catégorie, la scène ! Moi j’aimais bien ton humour en demi-teinte et ta gentillesse, mais c’est vrai aussi que tes exploits me fascinaient et me rappelaient ceux des preux de mon enfance, les Pélissier, Lapébie, Antonin Magne, Vietto…
Moi, j’y vais de ma petite anecdote : Megève organisait chaque hiver un Grand prix des personnalités où sportifs et artistes disputaient un slalom géant, dans une ambiance bon enfant ; rater une porte était sanctionné par les lazzis et les volées de boules de neige des spectateurs et des copains ; le vainqueur recevait un cadeau royal : la bise des hôtesses du syndicat d’initiative.
Tu es sur la ligne de départ, concentré. Je m’approche et, prenant mon air grave de toubib pour rire, je prends ton poignet : « Voyons un peu ce pouls » … »
Dans son domaine, Marcel Amont était également un champion, un athlète. D’ailleurs, dans sa jeunesse, le bac en poche, on le destinait au professorat d’éducation physique mais il avait déjà en tête de brûler les planches. Bien lui en a pris.
Les amis de mes amis sont mes amis si j’en crois la sentence. Marcel chantant « un autre » Amont » mit en musique et interpréta aussi des textes de Gébé et Cavanna, iconoclastes journalistes dessinateurs de la grande époque de Charlie Hebdo. Je ne résiste pas à vous offrir ce Paris rombière, énorme coup de gueule d’un vieux Paris qui disparait.
J’espère que mon petit billet aura ravivé de joyeux souvenirs chez mes lecteurs les plus anciens et permis aux jeunes générations d’un peu mieux connaître ce grand monsieur de la chanson française.
Merci beaucoup cher Marcel Amont ! Charles Trenet, s’il était encore parmi nous, chanterait :
« Moi, j’aime le music-hall
C’est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j’aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frères Jacques
J’aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J’aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m’enchante
J’adore aussi ces grands garçons
De la chanson
Les Compagnons
Ding, ding, dong
On dira tout c’qu’on peut en dire
Mais ça restera toujours l’école
Où l’on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s’émouvoir
En s’fendant de larmes ou de rires
Voilà pourquoi la, do, mi, sol,
J’aim’rai toujours le music-hall,
J’aim’rai toujours, toujours, toujours… »
Marcel Amont !

Vous pouvez laisser une réponse.
J’ai reçu le commentaire ci-dessous du rédacteur du blog « Marcel Amont, lui, le clown …:
« Bonjour Jean-Michel, j’ai été touché par votre hommage et je l’ai communiqué à Marcel qui sera ravi je le sais de lire vos lignes. Encore merci pour ce talent que vous avez pour écrire. Bien amicalement, Christophe Mingand. Si par hasard vous avez des photos ou des documents, vous pouvez me les scanner si cela est possible, je les ferai paraître avec plaisir sur le blog »
Votre « Amont et merveilles » m’est une bien agréable surprise.
S’il arrive souvent que d’aimables aficionados tiennent à mon sujet des propos flatteurs,il peut se faire que leurs sources soient parfois approximatives.
Alors que votre article, s’il me couvre de fleurs, repose sur des FAITS avérés ; quant aux jugements, je ne nierai pas qu’ils me vont droit au cœur.
Je vous en remercie.
Marcel Amont
Quel plaisir de retrouver ce chanteur qui a ensoleillé notre jeunesse! Nous ne rations aucun de ses spectacles. J’ai même failli lui envoyer une des chansons que je composais pendant mes études, et que la secrétaire de Patachou m’avait conseillé de lui faire parvenir( il rentrait d’Algérie) . je n’ai pas osé…elle est toujours dans un tiroir…