Ici la route du Tour de France 1965 (2)
« Dans le salon à lambris dorés, mille glaces piégeaient la silhouette perchée d’un vieil oiseau à queue de pie.
Légèrement fourbu sous le poids de trop de lustres croulants de pendeloques, le visage penché par trop d’années de servitude hautaine, il écarquillait sous une crinière blanche un œil fait pour le monocle et la réprobation. On eût dit Léopold Stokowski dirigeant la répétition de solistes particulièrement obstinés dans l’erreur. Mais l’immense partition cartonnée sur laquelle il tapotait d’un index nerveux n’était autre que le menu… »
Non, je ne me trompe pas, il s’agit bien de mon second billet consacré au Tour de France 1965. Je vous avais quitté après un « demi-Tour » à Barcelone où les coureurs profitent d’une journée de repos bien méritée. Enfin, faut-il parler d’un repos dans la bruyante et chaude nuit catalane ? Aussi, les directeurs sportifs se rendent en délégation auprès des organisateurs qui procèdent à quelques déménagements.
C’est comme cela que les coursiers des équipes Mercier-B.P et Pelforth-Sauvage-Lejeune se retrouvent, pour leur seconde nuit, dans le décor d’un palace pour milliardaires, et qu’Antoine Blondin, cédant sa chambre au breton François Mahé, nous livre une chronique surannée et surréaliste intitulée Poulidor of the Ritz :
« … Devant lui se tenaient de jeunes gaillards en maillots de corps, traînant la mule ou la savate, et leur porte-parole, un monsieur réservé et têtu, drapé dans une blouse blanche d’apothicaire, largement échancrée. Des tapis persans, des tentures de brocarts feutraient le dialogue, où s’affrontaient Antonin Magne et le maître d’hôtel du Ritz.
Aussi loin qu’on remontât dans les annales, et Dieu sait si le grossium de palace peut être capricieux, on n’avait jamais vu des clients aussi court vêtus perturber le thé de l’après-midi pour revendiquer un petit déjeuner du lendemain à sept heures, en Espagne s’il vous plaît, et composé pour l’essentiel d’une soupe avec de gros légumes …
Antonin Magne, directeur sportif des cycles Mercier, auquel s’était joint le sémillant Maurice De Muer, directeur sportif des cycles Pelforth-Sauvage-Lejeune, rétorquaient en substance qu’aussi loin que l’on remontât dans ces mêmes annales, on n’avait jamais vu non plus des coureurs s’alimenter en course de potage Alphonse XIII au coulis Du Barry, de bœuf Strogonoff ou de tegamino de cervelle à la sauce.
Apparemment, deux planètes étrangères recherchaient une coïncidence improbable. Dans les fauteuils d’alentour, des magnats américains, habillés comme de vieux gentlemen de Cocody dans des complets immaculés, s’éventaient avec leur panama, mobilisant leur peu de curiosité pour se distraire un œil de la lecture du Financial Times. Leurs épouses, trois rangs de perles sous trois mentons, dardaient en revanche vers la conjecture des faces-à-main de présidentes de ligues et s’oubliaient jusqu’à réprimander leurs garnements en socquettes, ce qui ne s’était encore point vu de mémoire d’Américain. Un peu à l’écart, une demoiselle anglaise, à la peau plus blanche que la tranche de veau froid dans l’assiette du même nom, se demandait quel Baedeker aberrant l’avait aiguillée vers ce caravansérail, avec l’esprit d’y croiser un matador à tous les étages. Poulidor, El Limousino, n’atteignait apparemment pas aux sommets d’émotion éveillée par le Cordobès sous un corsage britannique.
La chronique de la guerre d’Espagne est riche de récits où le Ritz de Barcelone est le siège de scènes contrastées. On y voit des correspondants de guerre barbus et dépenaillés retrouver pour un soir le mode d’emploi de la civilisation dans le regard d’une jolie femme, au fond d’un verre, dans une baignoire. La bataille et les duvets de l’existence s’y côtoient, mêlant le satin et la charpie, le parfum de la lavande et l’odeur de la poudre. C’est vers cinq heures, en ce samedi où les trottoirs de Barcelone fumaient sous la canicule, que les clients habituels du Ritz, persuadés qu’ils allaient « passer à côté », s’aperçurent qu’ils étaient beaucoup plus près du front qu’ils ne l’imaginaient… »
C’est reparti sur la, toujours savoureuse, route buissonnière d’Abel Michea : « En ce dimanche, c’était presque avec joie qu’on reprenait le vélo. Oh, pas pour se faire mal. Simplement pour aller prendre un bol d’air le long de la Méditerranée. Alors commença une délicieuse promenade au travers de toutes ces plages qui festonnent la Costa Brava. Les coureurs ne se pressaient guère. Ils n’avaient, présentement, que deux espèces de soucis : se désaltérer et lorgner les jolies filles.
Pour ce qui était de l’œil, nous étions servis avec ces filles à l’épiderme de pain d’épice, à l’œil étincelant, à l’éclatant sourire et qui expédiaient à notre caravane des baisers et des saluts. Ça c’est le Tour de France ! Nous n’avions pas à nous exciter sur nos chronos. Le peloton roulait sans histoire et se disait qu’il serait bien temps le soir, à Perpignan, de s’agiter sur sa feuille blanche. On devrait inventer, pour les journalistes du Tour, un néologisme. Le verbe parcheminer qui rappelle à la fois la route et la feuille de papier. Ce papier qu’on maudit quand il reste désespérément blanc, parce qu’on a rien à y aligner …
… Le peloton oubliait ses malheurs barcelonais. Il continuait de regarder les belles filles, de se désaltérer. La route boudeuse et jalouse avait décidé de quitter ces plages qui nous faisaient tourner la tête et de nous emmener au travers des Monts Gavaras…
L’orage a pété. Aïe, aïe, aïe, messieurs dames. L’eau dégringola à pleins seaux et la petite route du col de Fraila était transformée en torrent. Et Désiré Letort s’amuse à jouer les truites, à remonter le courant tout seul. Mais il fut bien repêché par le peloton.
Sous le déluge on plongea vers la mer à la recherche d’un peu de soleil. Angelino Soler était tout désigné pour se charger de la commission. Il dévala vers Port-Bou, grimpa le col des Balitres et entra en France alors que la pluie avait cessé.
Maintenant c’était Banyuls que traversa un peloton sérieusement égrené par le petit col. Puis Port-Vendres et le peloton petit à petit se reformait.
Devant Angelino Soler ne pouvait plus résister. Dans le petit port de Collioure, il était rejoint par sept gaillards que le champion du monde Jan Janssen emmenait à toute allure. Il la voulait son étape. Depuis Perpignan, il est rassuré. »
Voilà comment, dans ma jeunesse, à défaut d’une étape enthousiasmante, j’apprenais la géographie et découvrais les curiosités touristiques de la côte … Vermeille.
« Excusez-moi, mais de Perpignan à Montpellier, le Tour de France a fait la route … boissonnière ! Des Corbières à Frontignan, la route flirtait les clairettes, les picpouls, les bourrets. Mais si le peloton tanguait sur la route, ce n’était pas la faute du vin, mais celle du vent. Parce que, messieurs dames, nous avons été servis : vent, tramontane, cers, zef, appelez ça comme vous voulez. En fait, c’était un fameux cocktail et qui soufflait plein pif comme disent ces messieurs de l’académie vélocipédique. Vous pensez bien qu’avec un truc pareil, on ne s’aventure à sortir du peloton que sur la pointe des pneus … »
Cela me laisse un peu de temps pour une de ses délicieuses histoires que l’épicurien Abel Michea racontait à Nounouchette, l’hiver, au coin du feu. Je l’ai déjà évoquée dans un billet sur une vieille dame de Béziers (11 février 2011), à savoir le mythique stade des Sauclières. Elle avait pour décor justement la, vraiment bien surnommée, route « boissonnière » empruntée aujourd’hui.
« Verse-moi ma Nounouchette un verre de Meursault, je vais te la dire la vérité sur la cuite de Zaaf. Zaaf, tu le connais. On a été chez lui à Alger. C’était en 1950. L’étape Perpignan-Nîmes. Encore une où Râ, comme disent les cruciverbistes, faisait des heures supplémentaires. Tu avais beau avoir une feuille de chou sur la cafetière, tu sentais quand même passer le truc. Alors, de temps en temps, un petit coup de Roussillon, histoire de s’humecter les papilles… Et finalement, c’est Abdel Kader qui a trinqué. Zaaf, il avait pris la tangente avec un pote à lui, Molinès. Et il pensait bien la gagner son étape. Il n’avait rien négligé pour cela. Surtout les « conseils » d’un copain belge qui lui avait vanté les mérites de petites pilules « comme ça ».
Et le coureur belge, grand ami de Zaaf, lui avait remis la boîte, sans comme dit le prospectus, préciser la posologie. Voilà donc mon Abdel Kader qui prend un peu plus de pilules qu’il eût été … enfin, disons normal… Si tu avais vu Zaaf tanguer sur la route, la balayer, éviter … un platane, avant de s’écrouler dans un fossé, en bordure d’un vignoble. Et il allait peut-être bien tomber dans les pommes quand un vigneron lui passa sa gourde. Zaaf ne buvait pas de vin. Mais il s’aspergea le visage, la nuque. À tel point que, quand on s’empressa autour de lui, il puait le pinard. Et tout aussitôt naquit la légende de la biture sensationnelle. Tu vois, ma Nounouchette, comme il faut toujours se méfier des apparences et des mauvaises langues. »
Perpignan, Narbonne, Sète, la mer aux reflets d’argent, les golfes clairs, notre douce France, ça ne vous fait pas penser à Charles Trenet ? J’ai découvert, ces jours-ci, un texte inédit qu’il avait écrit, en 1952, en hommage au Tour de France :
« Les voyant partir de Bretagne
Subito presto
Cent quatre-vingts champions triés sur le vélo
Courant à travers la campagne
Courant après la gloire
J’ai l’impression bizarre
Qu’ils vont faire le tour de mon répertoire
De la mer aux Pyrénées
De mes Vertes années
Pour enfin voir Paris
Et ses taxis
Bref, comme disait mon distingué
Confrère Maurice Chevalier
Ce tour à ma façon
C’est ma route et mes chansons
Partout où passe le Tour de France
C’est la fête, c’est dimanche
C’est dimanche de la France
On distribue des chapeaux en papier
De mirlitons, des savonnettes
On voit passer Georges Briquet
On voit même des coureurs à bicyclette
Maman, v’là le maillot jaune canari
V’là Coppi
Bartali et Geminiani
Et puis voilà ils sont passés
Y’en a jusqu’à l’année prochaine
Il reste des prospectus froissés
Sur la route comme une traîne
Sur la route des Tours passés. »
En effet, je me souviens, lors des voyages de mon enfance, l’écologie et l’environnement étaient encore des notions inconnues, on retrouvait au sommet des cols pyrénéens et alpins, encore au mois d’août, les stigmates du passage, le mois précédent, du Tour de France et de sa caravane publicitaire. Cela aussi attisait l’imaginaire du gamin que j’étais.
In vino veritas disait-on à Rome, mais en ce qui concerne le Tour, la vérité surgira bientôt au sommet du Ventoux. Pour l’instant, si l’Italien Durante gagne à Montpellier, d’extrême justesse, au sprint, le fait du jour est que le Normand Jean-Claude Lebaube, qui s’est immiscé dans l’échappée, subtilise la seconde place du classement général à Poulidor.
Orphelins des exploits d’Anquetil, les journalistes de Paris-Normandie peuvent vanter les mérites du valeureux Firmin, habituel majordome de Maître Jacques : « Long comme un jour sans pain, le visage en lame de couteau, orné d’un nez en coupe-vent, l’air compassé, Jean-Claude Lebaube a été surnommé Firmin par ses camarades, il y a bien longtemps de cela. Il faut reconnaître que ce surnom lui convient admirablement. D’autant que courant dans l’ombre de Jacques Anquetil, Normand comme lui, il était la plupart du temps voué au rôle de subalterne. »
Ça y est, on y est au pied du Mont Ventoux, le Géant de Provence ! C’est le jour ou jamais pour Raymond Poulidor d’enfiler enfin la tunique jaune tant convoitée. Il se retrouve dans un scénario quasi identique à celui du duel sur le volcan du Puy-de-Dôme, il y a un an. Il lui avait manqué quatorze malheureuses secondes pour dépasser Anquetil, il lui faut, cette fois, reprendre trois minutes et douze secondes à Felice Gimondi. La France y croit.
Blondin aux abonnés absents, j’appelle Abel Michea au secours :
« Le Ventoux, ils n’étaient pas beaucoup à l’avoir appris dans son édition complète. La plupart des gars n’en connaissaient que l’édition expurgée, celle où, arrivé au Chalet Reynard, on se dépêche de redescendre sur Sault.
De toute façon, on avait 170 km pour discuter de braquets à employer. Parce que nos lascars avaient décidé d’y aller à pédalées comptées au pied du Ventoux.
La route pour une fois, ne criait pas les mérites de Poulidor, Van Looy ou Jimenez. Non, en grandes lettres blanches, elle répétait : « Pisani (ministre de l’Agriculture ndlr) hors d’ici… ». Et Poulidor hochait la tête : « Ces Italiens, on n’en sort jamais … »
… Ce n’était pas le moment de faire les malins. On traversa donc sans se presser Carpentras, pas pour enfiler des berlingots, mais pour retenir à l’auberge, un cabri à la broche, un pâté de grives avec quelques-unes de ces truffes parfumées du Ventoux…parce qu’une fois escaladé « Lou Ventoux » c’est à Carpentras que la caravane revenait pour la nuit … »
Après Bédoin, le passage à niveau du Ventoux, après le fameux virage de Sainte-Estève relevé à 35%, « Joaquim Galera venait de démarrer et tout de suite, derrière lui le peloton fut écrémé. Jimenez, Motta, Poulidor, Gimondi restaient seuls derrière Joaquim, ça n’avait pas traîné. Mais Jimenez, champion de toutes les Espagnes de la montagne – ou de toutes les montagnes de l’Espagne – démarra. Ce fut sec, brutal, des trucs à faire éclater les muscles, et que vit-on ? Le maillot chamois de Motta s’en aller à la dérive. Mais l’Italie allait perdre, coup sur coup, ses deux nouvelles idoles. Poulidor accélérait. Gimondi serra les dents, pâlit.
Maintenant c’était fait, Poulidor et Jimenez étaient seuls en tête, ils arrivaient dans ce paysage lunaire qui termine la route du Ventoux, cet océan de cailloux, sans l’ombre d’un brin d’herbe où viennent au clair de lune, rêver les lièvres blancs, remontant de la forêt où ils se sont gavés de serpolet.
Des milliers de spectateurs se pressaient sur les flancs du géant de Provence et Poulidor recevait les encouragements à pleines brassées. Ce fut bientôt du délire ! Qui allait gagner du petit Espagnol sautillant ou du Limousin qui à grands coups de pédales arrachait son vélo de la route ?
Jimenez creva. C’en était fait. Alors dans la tranchée humaine du dernier kilomètre, Raymond
Poulidor, de Saint-Léonard-de-Noblat, se hissa jusqu’à la victoire. Alors la foule explosa, Antonin Magne essuya le coin de son œil, et Poupou, heureux, essoufflé, sourit de son beau sourire. Alors Tonin le regarda chaleureusement et dit tout simplement : « La maison se construit ».
Sentencieux, il confie également à l’excellent journaliste du Parisien Libéré Roger Bastide : « Raymond vient enfin de réaliser aujourd’hui qu’il doit gagner ce Tour. Il fallait qu’il s’en persuade. Dans la montée du Ventoux, il a enfin débouché son gicleur cérébral ! »
Poulidorissimo ! « Le long du boulevard Albert-Durand, à Carpentras, autour de la Place des Papes en Avignon, on a longtemps chanté, mardi soir : « Viens Poupou, viens Poupou, viens, j’t’emmènerai voir Motta … » C’est fou comme le public adore son Poulidor. Il s’était quand même un peu lassé de le voir toujours battu et toujours content. Et voilà que le Ventoux nous le rendait tel qu’on l’avait toujours rêvé : un Poulidor triomphant. Parce que Poupou, pour la foule, c’est Monsieur Tout-le-Monde. Anquetil, c’était une espèce de demi-dieu, de héros à qui il paraissait impossible de s’identifier. Tandis que Poupou, c’est votre voisin, le boucher, le facteur.
Anquetil, c’était l’exploit froid, net, sans bavure. De l’acier. Poupou, c’est tressé comme le font les gens de chez nous de la vannerie. C’est solide aussi, et brillants ces brins d’osier entrelacés, mais ça paraît simple comme une maille endroit, une maille envers. Tandis que tailler dans le marbre, ça vous laisse tout froid. C’est pourquoi le public admire Anquetil et qu’il aime bien Poulidor. C’est pourquoi on dit presque toujours Anquetil, rarement Jacques et jamais Jacquot. Mais on appelle Poulidor Poupou … Anquetil c’est un personnage pour Max-Pol Fouchet. Poupou, c’est une vedette pour Jean Nohain. »
Bon, d’accord, Poulidor a été à la hauteur de l’événement et a tenu avec brio son rôle de favori, cela dit, il n’occupe, pour l’instant, que la seconde place, à trente-quatre secondes de Gimondi toujours en jaune.
Au fait, j’ai découvert la raison des étonnantes « absences » de Blondin lors de certaines étapes phares en lisant, ces jours-ci, un livre généreux sur Antoine Blondin la légende du Tour.
Retrouver en couverture Antoine et Anquetil ne peut que m’intriguer et m’émouvoir. On y parle aussi beaucoup de Poulidor et joliment même.
Donc, Blondin estimant que Jacques Goddet, Pierre Chany et Jacques Augendre avaient effectué une analyse exhaustive de la course, il n’avait rien à ajouter à ce qu’avaient écrit avec talent ses confrères de L’Equipe, et préférait exercer sa verve sur des étapes, factuellement, moins animées. Plus que sur la course elle-même, Antoine aime écrire sur les hommes.
C’est justement le cas, le lendemain du Ventoux, entre Carpentras et Gap, en brossant les portraits croisés de deux héros, chacun à leur façon, de l’étape.
« Son pauvre visage d’Adémaï enfoncé dans les épaules, les pieds tournés en dedans exprimant la plus intense confusion, il pleurait. En vain, une toute jeune enfant, médusée par ce désarroi, essayait-elle d’attirer son attention pour lui extorquer un baiser. Il la considérait d’un œil mort, puis se remettait de plus belle à lécher les larmes qui lui dégoulinaient aux commissures des lèvres, deux cicatrices plutôt, creusées par l’amertume et le dégoût de tout. On lui tendait de-ci, de-là, un bouquet (Merci Monsieur), un fanion (Merci Monsieur), une assiette en céramique (Merci Monsieur), il saisissait maladroitement ces présents dans ses grandes mains balourdes, laissait choir le bouquet pour rattraper l’assiette, se collait à l’envers le fanion sur le ventre, redécouvrait la jeune enfant à son côté et cette foule à ses pieds, qui ne clamait pas son nom pour la bonne raison que c’est un nom barbare et ignoré, mais qui semblait en revanche s’intéresser vivement à ses états d’âme.
Car cette épave n’était autre que le vainqueur de l’étape. Un vainqueur controversé qu’on avait dû faire monter et redescendre du podium deux ou trois fois, comme un ludion. Et il avait effectivement tout du ludion du village. La circonstance indiquait cruellement que la postérité ne s’emparerait vraisemblablement de Fezzardi Guiseppe, bien que nos confrères italiens s’ingéniassent à créer autour de lui un grand climat d’exubérance.
Pouvait-on prêter à ce Giuseppe, ce Joseph apeuré auquel la gloire faisait le coup de Madame Putiphar (un grand roman du dix-neuvième siècle écrit par Pétrus Borel ndlr), suffisamment d’imagination pour envisager qu’il ait pu rêver ce jour ?Son sprint très décidé contre Gilbert Desmet semble bien souligner qu’il n’avait nullement le trac, mais simplement la volonté arrêtée de faire le boulot pour quoi on l’avait convoqué, un peu plus reluisant que d’habitude, et que le reste lui était donné par surcroît. Pourtant tel que le voilà, il demeure pour l’éternité au centre d’une conjecture qui associe une date, un nom de ville et un nom d’homme, qu’on le veuille ou non : un moment de l’histoire du Tour.
Cette humble scène trouvait son pendant, à l’autre extrémité de la course, dans une défaite majestueuse. Il faut convenir que Rik Van Looy ne fait pas les choses à moitié : quand il perd, il arrive centième sur cent, mais ce centième est encore gagnant. Un petit quart d’heure après les autres, entouré des plus fidèles éléments de sa garde rouge qui conserve fière allure, même lorsqu’elle se présente comme une arrière-garde, escorté par une escadrille de photographes, il donne à sentir que c’est lui et personne d’autre qui habille l’événement …
… Perdre par la grande porte, gagner par la petite, cette péripétie double et nuancée faisait que les deux cortèges qui se croisaient sur la ligne d’arrivée offraient un contraste bizarre. On ne pouvait s’empêcher d’évoquer le poème de Joséphin Soulary, où la jeune mère en train d’enterrer son enfant sourit à celui qu’on vient baptiser … »
Je n’aurai probablement jamais plus l’occasion de vous entretenir de Joséphin Soulary, poète lyonnais du dix-neuvième siècle qu’on surnomma le Benvenuto de la rime pour sa maîtrise consommée du sonnet. Voici son poème Les deux cortèges :
« Deux cortèges se sont rencontrés à l’église.
L’un est morne : il conduit le cercueil d’un enfant ;
Une mère le suit, presque folle, étouffant
Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise.
L’autre, c’est un baptême. Au bras qui le défend
Un nourrisson gazouille une note indécise ;
Sa mère, lui tendant le doux sein qu’il épuise,
L’embrasse tout entier d’un regard triomphant.
On baptise, on absout, et le temple se vide
Les deux femmes alors, se croisant sous l’abside,
Échangent un coup d’œil aussitôt détourné ;
Et, merveilleux retour qu’inspire la prière,
La jeune mère pleure en regardant la bière,
La femme qui pleurait sourit au nouveau-né. »
Le lendemain, à l’arrivée à Briançon de la grande étape alpestre empruntant les fameux cols de Vars et Izoard, Blondin, pastichant Victor Hugo, cultive l’art d’être … grimpeur :
« « C’était à Briançon, vieille ville … » Non, nous savons que Victor Hugo n’est pas né ici… Briançon se présente pourtant ce soir comme une ville espagnole, puisque l’Andalousie y a triomphé en la personne de Galera qui, lui, a vu le jour aux environs de Grenade et ne s’en cache pas.
En fait, Galera est également d’ici. Avec ses compères Jimenez et Gabica, il est de tous les paysages d’Europe où le chemin s’élève à travers les mélèzes d’abord, les sapins ensuite, les rochers enfin. Et c’est une nouvelle sociologie qui apparaît à travers cette redistribution des espèces en fonction des terrains. S’il est vrai qu’un sursaut superbe incitera toujours le régional de l’étape à s’y surpasser, d’où certaines victoires que les mauvais esprits ont beau jeu de mettre au compte de complaisances sentimentales, la course se joue réellement à la rencontre d’un climat, d’un sol et d’un tempérament, ù qu’elle se déroule et quels qu’en soient les protagonistes.
Depuis les Pyrénées, à des exceptions près, de taille il est vrai, la montagne appartient aux équipiers de la marque Kas dont les maillots bleus remplissaient proprement, aujourd’hui, la fameuse « Casse » déserte, pour ne pas chercher plus loin. Ce sont des personnages plutôt rabougris, à mine triste, que ces nains de la montagne, lorsqu’ils jaillissent de leur boîte pour donner ce festival aérien qui semble leur unique spécialité. On les distingue mal les uns des autres, et c’est rarement le même qu’on retrouve à l’extrême pointe des mouvements tournants où les lance leur directeur Langarica … »
Au final, Blondin regrette les exploits d’antan de Coppi, Bobet, Gaul, dans ces lieux grandioses, mais l’Izoard n’est plus ce qu’il était : la caillasse, le chemin raviné, les lacets rocailleux ont fait place à une route large et belle comme une avenue.
« Tout se passe comme si la montagne n’était plus un moyen d’expression, mais un mauvais moment à passer, comme si elle confinait les champions « au pain sec et au cabinet noir » (pour en revenir à L’Art d’être grand-père du vieil Hugo) et comme si le Tour devait se parcourir comme un feuilleton à suivre, dont ces petits grimpeurs noirauds seraient les points de suspension. »
Ce qu’il faut retenir, c’est que Poulidor, en ne collaborant pas avec Gianni Motta dans la descente du col de Vars, a gâché une belle occasion de distancer Gimondi. Pire encore, en sprintant dans les derniers hectomètres vers la citadelle, le maillot jaune a grignoté encore cinq secondes au Limousin.
Pour rejoindre Aix-les-Bains, les coureurs traversent la massif de la Chartreuse, théâtre du fameux duel Anquetil-Bahamontès lors du Tour 1963, mais surtout de la légendaire chevauchée de Charly Gaul, l’ange qui aimait la pluie, en 1958 dont je vous ai entretenue dans mon billet sur le beau livre de Lionel Bourg, justement intitulée L’échappée (voir billet du 11 février 2015).
Poulidor est fort, sans doute le plus fort, voici ce qu’en dit Maurice Vidal : « Bien sûr, il faisait beau, on ne peut pas être tous les ans en 1958. Poulidor était souverain. Gimondi l’attaqua à plusieurs reprises. Poulidor revint chaque fois à sa hauteur, l’air de lui dire : – Je vous rappelle, mon cher, que vous êtes mon prisonnier. Ça rappelait « 7 ans de malheur », justement un film italien. Deux soldats italiens, placés par les hasards de la guerre des deux côtés du front, se gardent mutuellement dans une cabane de montagne. Mais quel est le prisonnier de l’autre ? Il faut attendre que la porte s’ouvre … sur quel uniforme ? »
On le saura demain. Pour l’instant, on se lamente de l’abandon du Hollandais Kees Haast dans l’ascension du col du Lautaret. Victime d’une chute en apparence bénigne, le médecin du Tour l’oblige à quitter la course, ne pouvant stopper l’hémorragie créée par un silex ayant sectionné une artère.
Le Tour va se jouer sur l’escalade du Mont Revard contre la montre. Poulidor a, jusqu’alors, été présent aux rendez-vous qu’il avait fixés. Ses supporters sont confiants. Certains brandissent même des pancartes : « Ci-git … Mondi ! »
Installons-nous sur le bord de la route buissonnière d’Abel Michea : « Et le grand instant arrivait. Les Poulidoristes furent cueillis à froid. Après dix kilomètres de faux plat, Gimondi accumulait déjà plus de 20 secondes d’avance, c’était trop brutal pour être vrai, sans voix, les Poulidoristes se regardaient : « Ce n’est pas possible, il doit se passer quelque chose … » Il ne se passait rien d’autre qu’une jeunesse rayonnante en train de réaliser un rêve immense. Les Gimondistes exultaient … ; Puis insensiblement, l’ange faiblissait, oh ! il n’était pas défaillant. D’abord, il avait cassé un de ses pignons, ensuite averti du k.o qu’il venait de réussir, il récupérait. Il accusait aussi la fatigue après son départ foudroyant, enfin, Poulidor, excité par ses adorateurs, aiguillonné, se faisait violence. Au 15ème km, il avait fait pencher la balance.
Cette fois, il n’y avait plus de doute. Poupou volait vers la victoire, vers le maillot jaune. Alors les pancartes surgirent de plus belle, les cris montèrent sous la voûte des sapins. Poulidor gravissait les escaliers de la gloire. Son avance augmentait : dix secondes à sept kilomètres de l’arrivée. Mais, subitement, on eut l’impression qu’il venait de rater une marche. Son coup de pédale se fit plus heurté, plus saccadé. Dans le même temps, informé de son retard, Felice lança à Luciano Pezzi, son directeur sportif : « Ce n’est rien, j’y vais … »
Il était maintenant à peine besoin de jeter un coup d’œil sur la trotteuse du chronomètre. L’impression était formidable de ce Gimondi devenu aérien, terrassant un Poulidor soudain devenu plus lourd. Le dernier kilomètre vit Poupou secouer rageusement sa machine et Gimondi finir en météore… Nous venions de vivre un beau moment de sport. Et nous nous devions de partager, tout à la fois, la peine du vaincu et la joie du vainqueur. »
Poulidor qui avait tout misé sur cette montée, avait raté son rendez-vous avec l’Histoire du Tour. On le sait aujourd’hui, le prisonnier c’est Poulidor !
Roger Bastide résume : « Poulidor a accepté sa défaite avec une parfaite loyauté, mais sans mouvement de révolte non plus. La fatalité le reprenait, c’était écrit. On ne subit pas, pendant les meilleures années de sa carrière, la loi de l’impitoyable Anquetil sans en être marqué. »
Abel Michea en rajoute une couche : « Nous aurions aimé le voir pleurer, se révolter, blasphémer comme Geminiani en 1958. Non, il était ce bœuf placide qu’Antonin Magne désespère transformer en taureau furieux. »
Commence alors la remontée vers Paris. D’Aix-les-Bains à Lyon : « Rik Van Looy à la tête de la course, c’était un peu le retour d’un convalescent que l’on fêtait après les Alpes tragiques du seigneur d’Herentals. Depuis près d’une semaine, le fier Sicambre pédalant baissait la tête et l’on avait même craint de le perdre. C’était mal le connaître. Rik Van Looy avait perdu ses forces, non sa fierté et il s’était obstiné. L’homme d’honneur avait sauvé le champion amoindri. Rik II dans ses grands jours, ne fait pas de quartier à ses rivaux. Il n’en a pas demandé non plus dans l’adversité et il a finalement gardé le droit de juger sans indulgence ceux qui désertent le combat dès que tout ne va plus comme ils l’espéraient. C’est encore une grande leçon qu’il a donnée. »
L’étape d’Auxerre, « Encore une que les Français n’auront pas !… » En dépit du succès du Britannique Wright, cela n’empêche pas Blondin de rendre hommage à un champion français qui effectue sans doute son dernier Tour : « Nous avons pourtant, durant une trentaine de kilomètres, bercé le fol espoir de voir André Darrigade mettre un terme à la fatalité qui semble contenir nos concitoyens dans des stratégies de peloton et les induit à sacrifier leurs velléités à des ambitions assez médiocres. La chose eût été d’autant plus belle que l’homme n’est pas n’importe qui et qu’il colore admirablement tout ce qu’il touche.
Je ne me cache pas d’aimer Darrigade, et à travers lui un cyclisme de la haute époque. Le public ne s’y trompe pas, qui continue d’en faire son idole. La course dans son sillage devient un roman courtois, où il y a autant de chevalerie que de gentillesse, et nous savons que le Tour de France est l’affaire qui lui tient le plus à cœur. Jusqu’ici, frôlant la limite d’un âge qui, finalement, n’est pas celui de son tempérament, il s’y retrouvait pleinement. « C’est le plus gentil » disent les gens sur le pas de leur porte. « Celui-là, c’était un coureur » disent les connaisseurs. Car il faut désormais parler d’André Darrigade à l’imparfait, il n’empêche que notre flèche blonde mérite encore qu’on attende de lui ces surprises, où le cœur s’attache à parler au cœur.
Ancien champion de France et champion du monde, maintes fois porteur du Maillot Jaune, vainqueur de vingt-deux étapes et postulant la gageure, apparemment impossible, d’atteindre le record d’André Leducq qui est de vingt-cinq, Darrigade avait pris le départ de ce Tour, qui est probablement le dernier qu’il accomplisse, avec des tas d’idées derrière la tête … Il s’offrit durant plus d’une demi-heure en point de mire et en exemple. L’espace qu’il avait creusé entre lui et ses poursuivants lui ouvrait-il le boulevard d’une apothéose ou celui d’un crépuscule. La marge qu’il s’accordait lui serait-elle un socle ou cette réserve de solitude que les animaux de grande race choisissent pour mourir ?… »
Il me faut aussi rendre hommage à Henry Anglade. Discret et élégant, le coureur lyonnais qui aurait peut-être gagné le Tour en 1959 sans une coalition de l’équipe de France préférant la victoire de Bahamontes à celle d’un « modeste » régional, va terminer cette année à une valeureuse quatrième place.
Poulidor a bien, la veille, planté, sans grande conviction, quelques banderilles dans les côtes de Dourdan et de Chateaufort, mais nous voilà, un an après, de retour à Versailles, au départ de l’ultime étape contre la montre, avec toujours Poulidor dans le rôle du challenger, et, cette fois, Felice Gimondi en détenteur du maillot jaune.
« Au départ, Poulidor, ou à son défaut Antonin Magne, pouvait fort bien figurer le laboureur de la fable. L’un et l’autre de ces hommes en ont les vertus robustes, la santé morale, et l’un des deux au moins est fort judicieux. Chez eux, certainement, c’est le fond qui manque le moins. Cette fois, pourtant, le laboureur, sentant la fin prochaine, n’a pas convoqué ses enfants autour de lui pour leur dire : « Travaillez, prenez de la peine … », il s’est endormi dans la certitude qu’il avait lui-même laissé propager : « Qu’un trésor était caché dedans. » C’est ce que l’on saura tout à l’heure sur le chemin du Parc des Princes, mais il est certain que la veillée d’armes versaillaise ne présente pas l’extraordinaire caractère d’incertitude et de passion qu’elle offrait l’année dernière … Certes, notre vœu le plus cher serait qu’après nous avoir démontré que la mobilisation n’était pas forcément la guerre, ce Tour de France nous révèle que l’armistice n’est pas forcément la paix et, sans doute, aucun traité de Versailles n’a-t-il encore été signé. Il n’en reste pas moins que l’épilogue est déjà fortement contenu dans le propos et que celui-ci, tous ces temps derniers, n’était apparemment pas de mourir au champ d’honneur …
Antoine Blondin, guère optimiste sur les chances du champion limousin, pronostique qu’il faudrait, selon son bon mot, un Poulimultiplié pour espérer reprendre les soixante-douze secondes qui le séparent du surprenant coureur italien.
Je me suis souvenu en écrivant ces lignes que j’étais présent avec mon oncle dans le vieux Parc des Princes. Peut-être, avais-je étrenné mon permis de conduire à cette occasion. Sans doute aussi, avais-je été alléché par la participation de Jacques Anquetil à l’omnium de la réunion d’attente.
J’avais été témoin à Rouen de la prise du pouvoir de Felice Gimondi, j’allais assister à son sacre … car de suspense, il n’y en aura pas. Aux soixante-douze secondes qu’il possédait au départ, le Bergamasque ajoute 1 minute et 28 secondes en remportant l’étape avec panache. Pire même, Poulidor est privé de sa seconde place de prédilection par l’autre transalpin Gianni Motta.
« Il y avait du monde au Parc. Beaucoup de monde. Beaucoup d’Italiens. Il y avait aussi, en réunion d’attente, Jacques Anquetil, chaleureusement applaudi.
Poupou aussi, lui, fut applaudi. Mais ce n’était pas l’ovation que depuis le départ, dans le fond des cœurs, on lui avait réservée. C’était à la fois un prix de consolation, en même temps qu’un peu de résignation. Le gagnera-t-il un jour ce Tour de France, notre Poupou qui s’est pourtant si intimement lié à l’histoire de la Grande Boucle ? » (Abel Michea)
Antoine Blondin conclut son Tour royalement :
« Il (Poulidor) estime, pour qui veut l’entendre, que la bicyclette lui a beaucoup donné et qu’il n’a, somme toute perdu que d’une courte tête.
Louis XVI, aussi, perdit d’une courte tête, qui lui non plus n’était pas un champion, mais simplement un brave homme. On voudrait plus d’autorité, de hargne, voire d’amertume chez celui qui vient de perdre une course où il avait été investi de tous les pouvoirs.
Á travers notre champion-laboureur, ce que nous avons ramené de Versailles, c’est le boulanger, la boulangère et le petit mitron. »
Quant à Pierre Chany, ses pensées s’envolent vers la Creuse :
« Apprenant que son fils avait définitivement perdu le Tour de France, le 14 juillet au cours de l’après-midi, la mère de Raymond Poulidor fondit en larmes. Jusqu’au dernier moment, elle avait espéré un providentiel renversement de situation, partageant en cela l’espérance secrète, et un peu folle, de tous ceux qui, chez nous, aiment bien le coureur limousin.
La déception de ces gens fut cruelle, à la mesure d’une amitié profonde, et même d’une complicité, fondée et entretenue par des épreuves communes. Ces gens n’ont pas toujours eu la partie facile, au cours des dernières années et chacun d’eux, en son for intérieur, souhaitait cette victoire qui lui eut permis de poursuivre la polémique, au Café du Commerce, avec les fervents de Jacques Anquetil. L’affaire a raté, et c’est encore le champion normand que le public du Parc des Princes a réclamé sur l’air des lampions, après qu’il eut acclamé Felice Gimondi, le jeune héros de l’aventure. »
Il faudra attendre 49 ans pour assister à une autre victoire italienne, en la personne de Vincenzo Nibali, le « requin de Messine ». J’anticipe car je doute qu’en 2064, je vous emmène encore sur la route des Tours de France d’il y a cinquante ans !
Felice Gimondi, s’il ne renouvela pas son exploit sur le Tour, effectua cependant une très grande carrière. Il fait partie des rares coureurs qui ont remporté les trois grands tours nationaux : Tour de France, Giro (3 fois) et Vuelta. Il fut également champion du monde et gagna de prestigieuses classiques telles Paris-Roubaix, Milan-San Remo et le Tour de Lombardie. Son mérite est d’autant plus grand qu’il courut surtout à l’époque d’Eddy Merckx, le Cannibale.
Forza Gimondi, forza Motta et forza Paolo Conte dont je vous offre son ode à la bicyclette, Velocità silenciosa, générique télé du Giro en 2007 :
Un immense merci à tous ces écrivains et journalistes qui me font toujours rêver en racontant la légende des cycles :
Antoine BLONDIN : Tours de France Chroniques de « L’Équipe » 1954-1982, La Table Ronde
Abel MICHEA : chroniques La route buissonnière, Miroir-Sprint juin-juillet 1965
Maurice VIDAL: chroniques Une course et des hommes, Miroir-Sprint 1965 et Miroir du Cyclisme
Roger Bastide : chroniques Les maillons de la chaîne, But&Club juillet 1965
Pierre CHANY, article dans journal L’Équipe-Magazine Spécial Tour juillet 1964
Et à tous les photographes pour leurs belles images