Au temps de Poustiquet
Après avoir côtoyé voire tutoyé les anges, je reviens à des souvenirs plus terre à terre pour ne pas dire futiles.
Au hasard de mes errements sur la Toile, j’ai retrouvé un personnage de bande dessinée qui m’était familier dans mon enfance et, pour cause, il apparaissait quotidiennement sous la forme de courtes scénettes dans le journal régional Paris-Normandie.
Il faillit se nommer Maître Pamphile mais son géniteur Roland Vagnier, alias Bindle de son nom d’artiste, le baptisa finalement Poustiquet parce que son petit garçon appelait ainsi l’eau qui faisait des bulles qu’on lui donnait à boire.
Un vrai phénomène de société : comme Ouest France avait Lariflette, de 1949 à 1975 Poustiquet fit sourire des milliers de lecteurs normands.
Crâne en pain de sucre, moustache épaisse, nez pointu, embonpoint de bon vivant, œil malicieux, son effigie nous accueillait à l’entrée des maisons de la presse ou devant les kiosques à journaux.
« Gros blagueur ou petit filou, un peu groucho, un peu lupin, un peu bourgeois, un peu cauchois, jamais vulgaire ou tendancieux, bref peut-être pas le « franco-franchouillard, mais à tout coup le « normando-normand » souhaité par Pierre-René Wolf » éditorialiste de renommée nationale et directeur du journal. Je lui trouvais une vague ressemblance physique avec monsieur Lucas, le pâtissier du bourg chez qui mon père achetait les fameux gâteaux de mon enfance (voir billet du 12 avril 2012).
À l’occasion d’un Tour de France, on découvrit que Poustiquet avait une épouse. Chaque jour, obséquieux, il truffait sa chronique sur le récit de l’étape de « ma chère Hortense ». Bientôt, la dite Hortense, femme d’intérieur plantureuse, apparut dans les dessins.
Pour tout vous avouer, je ne garde aucun souvenir des états d’âme journaliers du couple Poustiquet. À leurs problèmes existentiels d’adultes, je préférais les bourdes de Gaston Lagaffe ou les onomatopées du marsupilami dans le magazine Spirou.
Par contre, je me rappelle bien du concours Poustiquet que le quotidien normand organisait annuellement. Pendant plusieurs semaines, deux images étaient publiées, chaque jour, sur lesquelles Poustiquet d’un côté et Hortense de l’autre exprimaient des avis contraires sur un thème choisi pour le jeu. Il s’agissait d’opter pour les vignettes en accord avec votre opinion et de les coller sur la grille éditée à la fin du concours, ce qui, à moins d’avoir un profil de parfait « normand moyen », vous conduisait inéluctablement à l’échec. En effet, la grille type finale était constituée des votes émis majoritairement par l’ensemble des lecteurs participants. Pour envisager le succès, il fallait donc anticiper l’avis général au détriment de son humble avis, sachant que les instituts de sondages ne connurent véritablement leur essor que dans les années 1960 avec la Vème République et l’élection du président au suffrage universel direct.
Petite digression, peu s’en souviennent évidemment, mais les premières questions politiques posées aux Français par le tout nouvel IFOP, face aux crises de septembre 1938 et mars 1939, furent : « Approuvez-vous les accords de Munich ? » et « Êtes-vous prêts à mourir pour Dantzig ? ».
Le concours Poustiquet, c’était tout de même plus léger quoique … Une année, le sujet porta sur les faits de société : « Êtes vous pour ou contre la peine de mort ? », non abolie alors, « Pour ou contre l’avortement ? », Simone Veil ne menait pas encore son combat. Cela semble presque surréaliste aujourd’hui … quoique encore !
« Êtes-vous pour le carré blanc à la télévision ? », voilà une bonne question que je ne vous remercie pas de poser tant elle semble absconse de nos jours. C’était un temps où la télévision commençait tout juste à pénétrer dans les familles sans frapper à la porte. Aussi, le 26 mars 1961, la décision fut prise de marquer les émissions « dangereuses » pour les chères têtes blondes (une expression qui, avec le métissage de la population, s’est vidée de son sens) d’un carré blanc placé en bas et à droite de l’écran. Oui, on vivait une époque formidable, une speakerine Noële Noblecourt, avec un seul l mais deux genoux que le port de sa jupe laissait apparaître, fut licenciée par la direction de la seule chaîne de télévision, signe d’un puritanisme encore vivace. Plusieurs dizaines d’années plus tard, la jolie demoiselle confia avoir été renvoyée surtout pour avoir refusé les avances discrètes d’un directeur de l’information !
Ce qui est certain, c’est que dès l’apparition de ce maudit carré blanc, j’étais invité à rejoindre ma chambre. Heureusement qu’à mon adolescence, Daniel Filipacchi et Frank Ténot, hors ceux qui aimaient le jazz, en créant le magazine de charme Lui, nous permirent de découvrir l’anatomie féminine. J’exagère un peu, quelques cousines nous avaient éduqués auparavant au fond d’une grange ou d’un bois ! Difficile de faire valoir notre point de vue aux jeunes d’aujourd’hui quand on a vécu cela mais bon … mai 68 explosa bientôt !
Mine de rien, les interrogations de Poustiquet et Hortense ont acquis, avec le temps, une certaine valeur documentaire et sociologique.
Fallait-il renoncer à ses idées pour espérer gagner un voyage, un téléviseur ou même un abonnement au journal ? En tout état de cause, ces questions instauraient un tant soit peu un débat au sein de la famille, ce qui serait impossible de nos jours, chacun mangeant ce qu’il veut, quand il le souhaite, où il le désire.
Certaines années, le thème du concours était plus léger, ainsi avec la gastronomie. Poustiquet et Hortense nous mettaient les papilles en éveil en nous vantant, arguments à l’appui, les spécialités culinaires de notre douce France : choucroute alsacienne ou potée auvergnate? Brandade de morue nîmoise ou bourride à la sétoise ? Cassoulet toulousain ou lamproie à la bordelaise ? Pigeon aux petits pois ou caille aux raisins ? Fondue bourguignonne ou savoyarde ? Cruel dilemme ! Pas question de laisser la case blanche, il fallait absolument choisir, et évidemment moins selon ses propres goûts que ceux de la majorité des lecteurs. Par chauvinisme régional, le canard à la rouennaise supplanta sans doute le poulet basquaise. J’avoue qu’aujourd’hui, je serais terriblement consensuel quitte à voir ma surcharge pondérale s’accroitre exponentiellement ! Savez-vous que, selon une enquête récente, le couscous se classe en troisième position des plats préférés des Français (de toute origine et confession) derrière le magret de canard et les moules frites ? Il est des intégrations plus faciles que d’autres.
« …Moi, j’aime le music-hall
C’est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j’aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frère Jacques
J’aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J’aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m’enchante
J’adore aussi ces grands garçons
De la chanson,
Les Compagnons
Ding, ding, dong
Ça c’est du music-hall
On dira tout c’qu’on peut en dire
Mais ça restera toujours toujours l’école
Où l’on apprend à mieux voir,«
Entendre, applaudir, à s’émouvoir
En s’fendant de larmes ou de rire…
Voilà pourquoi, la, do, mi, sol, une autre année, Poustiquet et Hortense nous soumirent leurs préférences en matière de variétés : Barbara ou Juliette Greco ? Bécaud ou Aznavour ? Luis Mariano ou Tino Rossi ? Nous avions pour étayer nos choix l’écoute de leurs refrains à la TSF, éventuellement leurs disques vinyles sur l’électrophone et leurs passages aux émissions 36 chandelles de Jean Nohain et La Joie de vivre d’Henri Spade et Robert Chazal animée par Jacqueline Joubert, la maman d’Antoine de Caunes.
Je ne me souviens plus si elles furent en concurrence directe, mais c’est prétexte à évoquer ici deux artistes féminines fleurons de la chanson réaliste, quitte à ce que la ringardise me guette prématurément.
L’une, Suzy Solidor, née en 1900 à Saint-Servan (ancienne commune aujourd’hui rattachée à Saint-Malo) serait le fruit des amours illégitimes de Robert Henri Surcouf, armateur et député, et de sa maman alors femme de chambre au manoir du descendant du frère du célèbre corsaire.
Son nom d’artiste est un pseudonyme inspiré du donjon fortifié commandant l’estuaire de la Rance dans le quartier de Saint-Servan où elle vécut dans sa jeunesse.
Débarquant dans la capitale à vingt ans pour devenir mannequin, elle devient vite une personnalité du Tout-Paris et l’égérie de nombreux peintres et photographes, Van Dongen, Marie Laurencin, Raoul Dufy, Foujita, Cocteau, Man Ray, beaucoup d’autres encore, inspirés par sa plastique de rêve.
Comme chanteuse, elle connaît ses heures de gloire au cours des années 30 et 40. Elle ouvre son propre cabaret La Vie Parisienne, près du Palais Royal, en 1933, où elle se produit au milieu de ses portraits. Elle surprend à l’époque par son timbre de voix grave et profond, « une voix qui sort du sexe » écrit Jean Cocteau fervent admirateur.
Elle étonne par son répertoire en mettant au goût du jour la chanson de marin : Les filles de Saint-Malo, La fille des bars, Le fin voilier, Grand vent, Dans un port, La brume sur le quai, Le matelot de Bordeaux. Elle popularise cet univers maritime si particulier avec ses cafés et ses amours éphémères, ainsi Escale, un petit chef-d’œuvre de la chanson réaliste d’avant-guerre : « Le ciel est bleu, la mer est verte » comme (parfois) sur la côte d’Émeraude …
Cela lui vaut les surnoms de Madone des matelots et l’Amirale. On pense à Gabin et Morgan dans Remorques et Quai des brumes, aux poèmes de Francis Carco et Pierre Mac Orlan.
Femme libérée de bien des conventions, Suzy affirme ouvertement sa bisexualité à travers certaines de ses chansons empreintes de poésie et d’érotisme telles Obsession et Ouvre :
« Ouvre les yeux, réveille-toi,
Ouvre l’oreille, ouvre ta porte,
C’est l’amour qui sonne et c’est moi
Qui te l’apporte.
Ouvre la fenêtre à tes seins,
Ouvre ton corsage de soie,
Ouvre ta robe sur tes reins,
Ouvre qu’on voie.
Ouvre à mon cœur ton cœur trop plein
J’irai le boire sur ta bouche !
Ouvre ta chemise de lin,
Ouvre qu’on touche.
Ouvre les plis de tes rideaux,
Ouvre ton lit que je t’y traîne,
Il va s’échauffer sous ton dos,
Ouvre l’arène.
Ouvre tes bras pour m’enlacer,
Ouvre tes seins que je m’y pose,
Ouvre aux fureurs de mon baiser
Ta lèvre rose !
Ouvre tes jambes, prends mes flancs
Dans ces rondeurs blanches et lisses,
Ouvre tes deux genoux tremblants,
Ouvre tes cuisses
Ouvre tout ce qu’on peut ouvrir,
Dans les chauds trésors de ton ventre,
J’inonderai sans me tarir
L’abîme où j’entre. »
Durant la période de l’Occupation, en janvier 1942, elle crée dans son cabaret la version française de Lily Marlène mais, à la Libération, ses déboires avec le comité national d’épuration proviendront plutôt de sa participation à des galas organisés par Radio Paris, station aux mains des nazis, ainsi que de son interprétation devant les nombreux officiers allemands de Au 31 du mois d’août, un refrain très connu célébrant (peut-être) une belle raclée infligée par son aïeul Surcouf à la marine anglaise :
« Buvons un coup, buvons en deux,
À la santé des amoureux
À la santé du Roy de France
Et merde ! pour le roi d’Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre »
Condamnée à une interdiction de tenir son établissement pendant plusieurs années, Suzy prend le large vers l’Amérique.
À son retour à la fin des années 40, elle est une des toutes premières interprètes de Léo Ferré, un nouveau venu dans la chanson, puis en 1953, elle partage l’affiche avec un certain Georges Brassens qui pointe ses moustaches. Son interprétation très personnelle de son Parapluie nous rappelle sa sexualité « équivoque » comme on disait à l’époque.
Emportée par la vague yéyé, Suzy Solidor quitte Paris, en 1960, pour s’installer à Cagnes-sur-Mer où elle ouvre un nouveau cabaret. Elle abandonne la chanson en 1966 et coule une paisible retraite avant de s’éteindre en 1983.
Sur l’autre vignette, Poustiquet, avait-il un faible pour les femmes plus jeunes, faisait l’article pour Dany Dauberson. Savait-il qu’elle n’aimait pas, elle non plus, le « sexe fort », c’est d’ailleurs à cause du parfum de scandale dans une province française encore très pudibonde causé par une amitié un peu trop passionnelle avec une actrice, que Dany s’exile à Paris et rencontre le soir-même … Suzy Solidor.
Celle-ci prend Dany (qu’elle considèrera comme sa « filleule » artistique) sous son aile, la fait débuter dans son cabaret puis lui trouve un agent pour faire ses armes dans une tournée à travers l’Europe. Après s’être engagée durant la guerre au sein de l’armée américaine, Dany revient à Paris en 1949 où elle enregistre ses premiers microsillons 78 tours.
Est-ce un honneur, probablement à l’époque, elle représente la France au concours Eurovision de la chanson en 1956 avec le titre Il est là.
« … J’ai tout tenté pour l’oublier
J’ai traversé le monde entier
Mais aucun homme ne m’a donné
Une telle part d’éternité
Je ne peux changer ma vie, il est là
Aussitôt que je le fuis, il est là
Il est extraordinaire
Et puis comme il sait vous plaire
Non, il n’y a rien à faire
Il est là, il est là
Partout ses yeux, partout ses lèvres
Je sens en moi comme une fièvre
Tout mon être est anéanti
Et tout le temps je me redis:
Je ne peux changer ma vie, il est là
Aussitôt que je le fuis, il est là
J’ai beau faire, j’ai beau dire
Je ne vois que son sourire
Qui toujours semble me dire:
« Je suis là, je suis là » … »
Cocasse quand on connaît ses penchants saphiques !
Je préfère vous offrir son interprétation d’Escale créée par Suzy Solidor :
http://www.dailymotion.com/video/x1qwlz3
Vous pouvez m’indiquer maintenant quelle vignette coller sur la grille ?
Malgré sa belle voix profonde, Dany Dauberson ne connaîtra pas le succès qu’elle aurait mérité. Est-ce imputable notamment à un manque de répertoire personnel ? Elle reprit en effet beaucoup de titres créés par Suzy Solidor bien sûr mais aussi Piaf, Bécaud et comme ici Aznavour :
Son physique sculptural et sa taille de guêpe lui valurent quelques incursions au cinéma. Dans son dernier film Rififi à Paname, avec dans le rôle principal Jean Gabin alias Paulo les diams, elle interprète la barmaid d’un club louche où se prostitue Mireille Darc.
Sa carrière bascule définitivement en 1967 lorsqu’elle est victime d’un très grave accident automobile en Normandie dans lequel périt sa compagne Nicole Berger, la Cécilia médecin de campagne dont on était amoureux (sans espoir donc !) à la télévision.
Profondément affectée, Dany Dauberson abandonne rapidement la chanson et décède prématurément, emportée par un cancer, à l’âge de cinquante-quatre ans.
Dans cet âge d’or du music-hall où il n’existait pas d’émissions de télévision en prime time, ni de top 50, pour vous projeter en quelques semaines sur le devant de la scène, il faut souligner la clarté de la diction chez ces artistes. Je pense par exemple aussi à Cora Vaucaire dont j’avais évoqué la mémoire dans un billet du 1er décembre 2012 (Autour de l’île de la Cité). Vous souvenez-vous de Mick Micheyl et son gamin de Paris, de Catherine Sauvage, Patachou, Colette Renard, Anny Gould, de Mademoiselle de Paris Jacqueline François ? Je radote. Et dire que je raillais mes chers parents quand ils fredonnaient des airs de Mistinguett, Lucienne Boyer, Marie Dubas et du music-hall de leurs années folles !
Pour en revenir au concours de Poustiquet consacré au music-hall, je me souviens encore qu’on nous proposait une confrontation entre Mouloudji et Jacques Verières. Soixante ans plus tard, le choix ne semble pas cornélien bien que le siège de Paris-Normandie se situe à Rouen ville natale de l’illustre dramaturge.
Acteur et auteur-compositeur-interprète, Jacques Verières (du nom de sa ville natale de l’Essonne, avec un seul r, c’était orthographié ainsi sur ses pochettes de disques)) connut une certaine popularité dans les années cinquante.
En 1953, à la mort de Django Reinhardt, il écrivit Mon pote le gitan, grand succès à l’époque repris par Yves Montand, Barbara et Mouloudji, son rival d’un concours :
http://www.ina.fr/video/I06265468
« Ça trimballe des images de voyages, d’amitié et de feux de bois, ça brinqueballe entre cœur, tripes et routes d’errance, ça vous fait un blues à l’âme, mais ça n’est pas triste, ça dit les soirs en vrille dans les bistrots perdus, et les matins de café noir avalé debout près des comptoirs…ça vous noie un peu les paupières et ça fait le regard plus clair… ça vous donne en partage des semelles de transhumance… » (blog de Théa)
Comment cet artiste polyvalent qui avait tâté, outre la chanson, du cirque chez Medrano, du théâtre classique (Musset, Molière, Anouilh) et moderne (Vian et Sartre) avec Jean Vilar et Michel Vitold comme metteurs en scène, du cinéma avec Jean Delannoy, soit tombé dans les oubliettes ? Il nous a quittés en 2009.
Allez, petit clin d’œil posthume, je colle son image, j’ai eu et j’aurai encore d’autres occasions de célébrer Marcel Mouloudji.
Car, si, enfant, je n’avais pas tellement droit au chapitre pour les choisir, c’est à moi que revenait l’honneur de découper soigneusement les vignettes et de les coller méticuleusement sur la grille publiée par le journal. Je me souviens même que mon père achetait un second exemplaire du journal pour y coller les images que l’on n’avait pas retenues, sait-on jamais.
Autant vous dire qu’à mon grand désespoir, nous ne fîmes jamais partie des heureux élus qui recevaient leur prix lors d’une grande réception organisée dans les locaux du journal, au centre de la ville de Rouen.
Mon histoire de concours vous semble peut-être puérile, pourtant, à bien réfléchir, elle apparaît tellement moins stupide que les jeux qu’on propose de nos jours aux téléspectateurs dans certaines émissions en direct : « En quelle année est né Victor Hugo ? 1945 tapez 1, 1802 tapez 2 ! » Suite à quoi, on détermine le gagnant par tirage au sort car des millions de personnes ont envoyé par sms la réponse exacte (j’ose quand même l’espérer) pour la plus grande joie des argentiers de la chaîne.
Roland Vagnier, le créateur de Poustiquet, nous a quittés au mois d’octobre dernier dans sa quatre-vingt-seizième année. En cette triste circonstance, j’ai découvert que cet amoureux du vélo participa à un grand prix cycliste des gentlemen où il faisait équipe avec Jacques Anquetil. Pour attiser ma jalousie, il conservait dans une vitrine de son domicile une coupe que lui avait offerte le champion normand pour y avoir bu plus de champagne que lui lors d’une soirée homérique. Le récipient était un des trois trophées Edmond Gentil, récompensant l’exploit cycliste de l’année, qu’avait remportés Anquetil l’idole de mon enfance. Je savais bien que je vous glisserais une allusion au vélo. Vous imaginez Poustiquet nous demandant de porter nos suffrages sur Anquetil pendant qu’Hortense exhortait les lecteurs à voter pour Poulidor ? Fastoche !