J’ai rencontré Soungoula le roi des piments
Chers lecteurs, vous avez crié famine durant le mois de juin. « Pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau » (connaissent-ils cet enfoiré de La Fontaine, nos jeunes twitters candidats au bac de français ?!), ni même un petit billet sur mon blog.
Pour me dédouaner de ce silence, je pourrais emprunter quelque alibi à un chanteur nonagénaire : « mes amis, mes amours, mes emmerdes, les jours du bac, le cognac (je préfère l’armagnac !) »… En réalité, j’avais sans doute besoin d’un petit break après le fort investissement affectif qu’avait nécessité la rédaction de mes billets sur ma chère mère.
En tout cas, entre deux matches de « futebol », j’ai accepté l’invitation du poète danois Per Sørensen à faire connaissance avec Soungoula le roi des piments, le héros de son dernier ouvrage, à l’occasion d’une séance de dédicace dans un sympathique restaurant espagnol de Paris.
Avouez que fêter, dans un bar à tapas du IXème arrondissement, la sortie d’un conte d’inspiration indienne écrit par un auteur danois, ne manque pas de piment.
Réflexion faite, ce n’est pas si surprenant que cela tant les descendants d’Harald à la dent bleue (un vrai titre de conte !) possèdent une âme de voyageur et une attirance pour notre douce France.
Déjà, à l’aube du dixième siècle, Bernard Ragnvaldsson dit Bernard le Danois, débarquant sur nos côtes, avec quelques compatriotes vikings, épousa bientôt, à Rouen, Sprote de Bourgogne, avant d’être nommé par Rollon gouverneur du duché de Normandie. Ce qui explique, encore de nos jours, l’implantation de plusieurs centaines de Northmen (Normands) au patronyme de Ledanois dans les départements de la Manche et du Calvados.
Sautons dix siècles et dans une fontaine : Un petit jet d’eau, une station de métro entourée de bistrots, Pigalle ! Oui, c’est aussi un Danois, Georges (Jørgen Frederik) Ulmer, qui a écrit et composé cette chanson emblématique de Paris qui a fait le tour du monde.
Per Sørensen, héros du jour, décline volontiers son identité métissée, danoise du côté de ses parents, française du côté de ses enfants, et mauricienne du côté de sa femme regrettée.
Il est arrivé en France en 1969, nourri d’idées d’art public au contenu social. Peintre, créateur, imprimeur – et colleur, en équipe, sur murs et palissades -, il met ses affiches polychromes au service du PCF et plus largement des municipalités d’union de la gauche du 93, soutenu par des décideurs peu bureaucrates qui y croient. Pendant cinq ans, il est sérigraphe à la Maison des jeunes et de la culture Pablo Neruda à Bagnolet. Mais, à la fin des années 70, les solvants nocifs associés à cette merveilleuse technique d’expression qu’est la sérigraphie, l’obligent à « jeter l’éponge ».
Cependant, fidèle à son engagement et à ses thèmes, il renoue, pendant de longues années comme veilleur de nuit, avec son autre compagne de route, l’écriture.
D’abord, en danois, la langue de ses lointains débuts, avec Les tigres de Cardiff et surtout l’album fétiche richement illustré Les banlieues dormeuses, salué en tant qu’évènement poétique-politique à l’imagerie surréaliste par une certaine critique de l’époque, souillé de bile haineuse par une autre.
Puis le français, « langue maternelle » – familiale, collective, de fête et de deuil – de plus d’une moitié de vie, finit par prendre naturellement le dessus, avec des recueils comme La cigale du métro et autres poèmes à haute voix et le poème narratif illustré Le petit joueur de flûte de Babylone.
Per, appartient-il à cette veine d’Étonnants voyageurs que des rencontre littéraires consacrent annuellement à Saint-Malo, et dont, déjà, Baudelaire sollicitait la verve dans un remarquable poème ?
Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.
Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.
Dites, qu’avez-vous vu ?
Et entendu ! Per – qui se considère plutôt « voyageur des profondeurs convergentes humaines » – se souvenait des contes indiens que racontait la belle-maman, le soir aux veillées insulaires. Pour suppléer une mémoire éventuellement fragile, il les enregistra sur un radiocassette de fortune. Mais quelques étourdis, des têtes de dodos en somme (si des irresponsables colonisateurs bataves n’avaient pas exterminé ces oiseaux mythiques), effacèrent les précieux documents en gravant par-dessus quelques variétés bollywoodiennes.
C’est comme cela que fut soulevé le lièvre (expression populaire qui prépare la suite de mon propos !) du progrès illusoire et de la modernité précaire. Combien de clés USB défaillantes, de disques durs externes grillés, de logiciels obsolètes n’ont-ils pas enterré, en quelques nanosecondes, le « fonds mémorial millénaire des anciens » !
Qu’à cela ne tienne, vous savez désormais que le Danois possède des facultés d’adaptation insoupçonnées, (Com)Per(e) Sørensen choisit alors de faire son « folklore » lui-même, comprenez, d’imaginer et de travailler (à) son propre conte. Une sorte d’auto-entreprenant à l’image de son héros, Soungoula, le lièvre en langue swahili, un personnage familier, rescapé métissé, des vieux contes de veillées de l’Océan Indien, à l’Est de Madagascar.
Je ne connaissais de lièvre en littérature, outre le sprinter dilettante de La Fontaine, que le Roussard du bois de Valrimont de Louis Pergaud, le lièvre de Mars de Lewis Carroll, et le compagnon accidentel de Vatanen dans un roman finlandais.
J’ai découvert étrangement, en effectuant quelques recherches pour nourrir mon billet, que le lièvre « bouquine » aussi. Ne voyez là aucune manifestation d’un égo surdimensionné le poussant à lire ce qu’on écrit sur son compte (conte ?), le bouquinage, en l’occurrence, désignant la période des amours où lièvre et hase s’accouplent.
Pour donner une vraisemblance scientifique à son personnage, Per Sørensen a également bouquiné (comprenez, cette fois, au vrai sens humain du terme !), entre autres, les Histoires Naturelles du comte Georges-Louis Leclerc Buffon (bien que « Buffon connaissait mal les tropiques ») pour s’imprégner des mœurs et caractère du léporidé (contrairement aux idées reçues, le lièvre n’est pas un rongeur).
Le lièvre de Sørensen, bien qu’ancré fortement dans la tradition mauricienne, possède une vraie modernité et même humanité, nous le découvrons au fil des pages. Ainsi détail observé lors d’un cyclone tropical, l’une de ses pattes « avait l’aspect du poing serré d’un militant révolutionnaire tombé sur le champ d’honneur, ce qui, à défaut d’affirmer quelque passé gauchisant de l’auteur, dénote une évidente acclimatation du lièvre à nos banlieusardes garennes (Bezons ? Colombes ?) !
Comme un vulgaire touriste en goguette, il enfile « un tee-shirt (au motif à palmiers et au slogan « Le paradis des vacances » fanés) en plus d’un short ». Il ne lui manque sur le nez que les créations des opticiens Atol, mais ça c’était avant, « il les (les lunettes) avait déjà essayées en cachette. L’effrayante netteté avec laquelle il avait vu le monde, l’avait littéralement aveuglé ».
Un sage, ce Soungoula ! Quoique les Piments, autres personnages essentiels du conte, les fameux « piments-de-lièvre », les plus forts du monde, qu’il cultive avec amour, utilise comme médicamentation (ses suppo-z-histoires) et emploie si nécessaire comme arme redoutable, possèdent aussi des propriétés hallucinogènes qui altèrent possiblement sa lucidité, et qui sait, la compréhension du lecteur.
Car en fin de conte, c’est tout l’art de l’écrivain de faire vagabonder notre esprit, nous pouvons envisager une possible mise en abîme de sa part, et si, en fait d’histoire, Compère Lièvre, sous l’empire de ses épices, ne nous raconte pas les siennes rêvées ou pas.
Si cela peut vous rassurer, le phénomène est récurrent dans chacune des œuvres de Per, je ne comprends pas toujours grand-chose, en première lecture, tant le compatriote d’Andersen manie la langue de Molière de manière virtuose, foisonnante, jaillissante, et pour tout dire, surréaliste. Heureusement, j’ai acquis désormais une certaine pratique à travers son jubilant voyage dans le métro en compagnie d’une cigale (1), et ses poèmes sur les PEOPLE (2) dont le photographe Jean-Denis Robert avait tiré le portrait.
Cette fois, on se laisse emporter sans essoufflement dans la course d’un lièvre sympathique, maniant volontiers le calembour (« un sari d’une soie très fine soit très usée »), à travers les champs poétiques de l’écrivain. Du people, justement, l’Oreillard, au fil des pages et de ses pérégrinations, ne cesse d’en rencontrer, de toute condition, qu’elle soit animale (parfois humanoïde), humaine (avec sa part d’animalité) et même végétale (les piments).
Grièvement blessé par une bande de singes, Soungoula quitte ses montagnes et se réfugie dans la plaine, dans le monde des humains, dans une maison habitée par trois générations de femmes de la même famille. Soigné par elles, sinon aux petits oignons du moins aux piments forts, il en oublie sa fiancée, la hase maigrichonne Harita (ne prononcez pas Harissa !), et tombe éperdument amoureux de la jeune fille de la maison pretty ou Pristee woman, aux formes déjà épanouies : « Si les humaines peuvent épouser des ânes- c’est ce qu’un singe vicieux lui avait raconté- pourquoi pas quelqu’un de son espèce ? » Un amour impossible qui le conduira à une tentative de pendaison heureusement avortée grâce à une colonie de serins picorant le nœud de la corde. Une veine de coucou, de serin plutôt !
Comme tout bon lièvre, digne de son espèce, multiplie les fausses pistes autour de son gite pour tromper l’ennemi, Soungoula tourne en rond sur son île. Il quitte la plaine des « Noirs » et part travailler chez les « Grands Blancs ». Il cumule les petits boulots souvent liés aux piments, ainsi se retrouve-t-il unique domestique de son patron, non sans attiser la jalousie de ses rivaux, humains et singes. Il est vrai qu’il n’est pas toujours correct. Ça lui arrive d’avoir des sursauts de nostalgie coloniale … avant que la fraternité et la raison reprennent le dessus.
Comme dans tout conte bien structuré, notre héros « bossu » affronte plusieurs épreuves aussi difficiles qu’absurdes dont il s’acquitte avec succès. En récompense, il rencontre pour la première fois la mer qu’il trouve trop salée en comparaison de ses chères rivières.
On the road again, l’infect Vétalam, ennemi humain numéro un de Soungoula dont il a séquestré et violé Harita sa promise, organise pour faire sortir le héros lièvre de son refuge, une mini guerre civile entre les lièvres et les singes d’un faubourg de la capitale, qui n’est pas sans rappeler les affrontements humains à caractère « ethnique », provoqués par les colons anglais et français juste avant l’accès à l’indépendance de l’Île Maurice.
Dans des décors paradisiaques qui attirent habituellement les jets bondés de touristes, Per nous concocte une distribution de rêve, dans le désordre de leur entrée en scène : des singes, une femme étrangère baptisée Dame de lait à cause de ses attributs généreux, un Grand Blanc sorcier alias monsieur Le Loup, un méchant vrai-faux vampire, une tortue notaire, il en fallait une en clin d’œil à La Fontaine, un Bonhomme Casserole hantise de tout lièvre, une Grand-mère porteuse de la rivière des Crevettes (sans laquelle ce conte n’aurait jamais vu le jour), des Pères Noël noirs, un oncle Gabriel imbibé de rhum, un serin messager d’aérogramme, sans oublier, bien sûr, l’acteur vedette Soungoula et ses deux amours, possible, « l’hase been » Harita, et impossible, l’humaine Pristee woman.
Magiquement, avec ses descriptions de fruits et légumes, ses évocations de plats indiens comme lors du banquet des 7 caris, Per nous convaincrait presque de renoncer à la « cuisine française fade et surchargée des Grands Blancs » (même si un certain monsieur Poivre fut surintendant de l’Isle de France, ex Maurice, après le départ des Hollandais). Un conseil cependant, au marché ou chez votre petit épicier du coin, contentez-vous des piments oiseau et cabri, le piment lièvre est d’ailleurs si redoutable qu’il est introuvable, et pour cause.
Compère Sørensen revendique volontiers puiser une inspiration dans le cinéma d’Emir Kusturica, notamment Chat noir, chat blanc, adapté d’une nouvelle des contes d’Odessa. Il est même persuadé, à juste raison, qu’avec les techniques actuelles des images de synthèse, son conte, de par sa construction, est transposable sur les grands écrans ou les consoles des jeux vidéo interactifs.
Encore faudrait-il qu’il obtienne l’accord de son héros Soungoula, très critique à l’égard des « nouvelles images » : « … Les bombardements par les rayons des postes de télévision constituaient le danger le plus grave… Il se retranchait chez lui, par mesure de sécurité, dès qu’il entendait retentir la fanfare des infos du soir chez sa logeuse et jusqu’à la fin des émissions (p.45) … Dans la pièce attenante, d’autres singes regardaient un film vidéo à la télé : un âne enfourchait, en l’embrassant, une femelle humaine. (p.86)» Il semblerait même que le mari de la Dame de lait ait filmé les ébats de Soungoula et Harita avec une caméra infrarouge. D’ici que tous les internautes puissent les contempler en se connectant sur quelque site hot… !
J’anticipe le scepticisme voire la réprobation de certains d’entre vous éventuellement choqués par quelque situation scabreuse. Aucune inquiétude à avoir pourtant, Per a tout envisagé avec finesse et humour, c’est même Soungoula qui récite « avec la voix apocalyptique d’un orateur politique le message de liberté imaginé et passionné des livres », en l’occurrence, un extrait des Souvenirs (1924) du poète bengali Rabindranath Tagore :
« Le fluide aqueux dans lequel on délaie aujourd’hui le nectar littéraire pour le servir aux jeunes gens est certes adapté à la puérilité des lecteurs, mais il ne tient aucun compte de leurs facultés en voie de croissance. Les livres pour enfants devraient être conçus de telle façon que leurs lecteurs pussent en comprendre une partie, tandis qu’une autre partie échappe à leur entendement … C’est aussi de cette manière que le monde agit sur l’intelligence enfantine. La jeune mentalité assimile ce qu’elle comprend, et ce qui la dépasse la conduit un pas plus loin. »
J’éteins ainsi d’emblée toute polémique analogue à celle qu’un homme politique (au-dessus de tout soupçon ?!) avait déclenchée autour du livre pour enfant Tous à poil qui, d’ailleurs, n’aurait naturellement rien de subversif pour un lièvre ! À propos, l’épreuve du van tournant, accusant Soungoula d’avoir dérobé une somme d’argent, pourrait être infligée au même « politicard » pour connaître toute la vérité sur les contes, comptes pardon, de campagne présidentielle.
Il y a donc quelques jours, Per Sørensen a battu le rappel des amis pour leur présenter Soungoula dans le cadre convivial de la Bocata.
Installé à une table, Compère Lièvre, tout feu tout flamme, se propose de dédicacer le récit de ses aventures.
Bien que proverbialement, il ne soit pas conseillé de courir plusieurs lièvres à la fois, ce soir, le spectacle est partout.
Au comptoir déjà où des verres (de contact) d’un délicieux punch concocté par Per nous sont offerts généreusement. À consommer cependant avec (presque) autant de modération que les piments-lièvres !
Sur les murs ensuite, où le photographe JeanDenis Robert, coauteur avec Per Sørensen du beau-livre PEOPLE (voir billet du 9 mars 2013) ), a accroché quelques impressions d’Inde bien en harmonie avec le thème. Je tente d’y repérer les « ampoules électriques mauves et opaques des aubergines » et le « gros crustacé végétal de la terre avec des cheveux mauves de punk quand ça fleurit » (l’artichaut !) qui poussent dans le potager de Soungoula.
Même s’il n’a guère d’attrait pour la mer qu’il juge trop salée, Soungoula colle maintenant ses longues oreilles à une « conque ultramarine ». Lui parvient l’écho de la voix du poète slameur JYB (Jean-Yves Bertogal) qui entame une lecture à haute voix de quelques unes de ses aventures, bientôt accompagné par son géniteur littéraire Compère Sørensen hilare de ses propres écrits.
Magiquement, se greffent dessus les rythmes jazz « roots » du saxophone (et flûte) de Rodolphe Lauretta et des percussions explosives de Serge Marne, maître du djembé et autres peaux. Ça groove à la Bocata.
« H’rrrrrrrrrrrischt … ! H’rooooooooorkh … ! Aaaaaaaaaaahhhhrrrhk … ! » Danse, danse Soungoula, autour de tes piments totémiques ! On n’attrape pas un lièvre avec un tambour, affirme un proverbe auvergnat.
Punch K-Do, San Miguel … Soungoula se trémousse un petit bol à la main sur les sons liquides de la sanza : « Ça ? C’est un accompagnement … un rythme. La plus grandiose des symphonies ne serait rien sans le rythme. C’est la base, l’épine dorsale ! Dans la soucoupe, là, vous en voyez du non broyé, entier, comme dans la nature. Ça donne de l’appétit, certes, mais ça ne se mange pas à la cuillère, ce n’est pas un joujou, les piments de lièvre, les plus forts du monde … plus forts que l’infernal et gros bonda-man-jak (les fesses de Madame Jacques !) des Antilles. »
Maître ès calembour, Soungoula me chuchote au passage que la soirée s’annonce sous les meilleurs épices, ce dont je ne doutais aucunement depuis son banquet des 7 caris.
les deux dernières photos sont de Gunnar Palander
Dans son coin, en cuisine, le maître de maison Eusebio prépare méticuleusement des poivrons farcis. Dans son auberge espagnole, j’y croise, peut-être, les profondeurs convergentes humaines dont se réclame Per ?
Punch K-Do et Dreano, Michel de son prénom, griot blanc aux racines bretonnes qui conte avec infiniment de sensibilité « le voyage, l’exil, l’amour et le combat pour le droit de vivre dans la dignité et le respect des différences culturelles ». Ce soir, il slame quelques vers de son cru sur la sanza cristalline de Serge Marne :
« Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula
Baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba
Je suis griot, je suis Djeli
Conteur musicien au Mali
Mon cousin à plaisanteries
M’avait tant parlé de son Paris
Que j’ai pris la route Inch Allah
J’étais si jeune en ce temps là…
Dans ma valise y’a mon n’goni
Dix noix de cola et deux cauris
Dans mon esprit il y a inscrit
Ce que je vais faire à Paris
D’abord gagner l’argent du puits
Quitte à travailler même la nuit… »
Il me parle de Nougaro, de Charlie Mingus, du temps des fortifs … On se promet de se revoir, je lui réserve un espace pour un prochain billet.
Est-ce l’effet piment, je me retrouve maintenant à croire à un Père Noël à la voix tonitruante : Gunnar Palander, sculpteur avant-gardiste, adepte de la « verticalité », né de parents norvégiens dans les Côtes d’Armor, un passeport danois en poche, en résidence dans la Lozère cévenole. On se découvre, entre autre, un passé commun au lycée Corneille de Rouen et, peut-être un futur puisqu’il m’invite à fêter ses 75 berges, dans deux ans, dans les Cévennes !
Tard, dans la nuit, il a fallu baisser le rideau. Comme Soungoula dont les méchants ont fini par avoir la peau, au dernier chapitre du conte … quoique le doute subsiste à ce sujet.
Mais vous ne vous débarrasserez pas comme ça de Compère Lièvre car un animal mort fait plus de bruit qu’un animal vivant … en tant que peau tendue sur un tambour !!!
Il serait superfétatoire de me vautrer encore dans un luxe de détails tant j’espère vous avoir convaincu de lire, cet été allongé dans votre transat, cet hiver devant le feu de cheminée, les aventures jouissives et épicées (c’est presque un pléonasme) de Soungoula le roi des piments.
Au fait, saviez-vous que la superfétation, nouvelle fécondation se produisant chez une femelle déjà porteuse d’un embryon, rarissime chez l’humain, est un phénomène typique chez le lièvre ? … Ça a une certaine importance !
Per Sorensen : SOUNGOULA LE ROI DES PIMENTS.
Éd. L’Harmattan.
ISBN : 978-2-343-02857-6
Prix : 18 €
Le livre se procure en passant la commande chez tout bon libraire (insistez !).
Notes et références :
1. LA CIGALE DU MÉTRO et autres poèmes à haute voix, Per Sørensen, édition Toubab Kalo
2. PEOPLE, Gueules d’atmosphère, photographies de JeanDenis Robert et poèmes de Per Sørensen
Note du 25 décembre 2014:
C’est Noël! Même si je n’accorde, depuis longtemps, qu’un crédit fort limité à l’homme à la barbe blanche, il y a des jours comme cela où il est encore bon de croire en L’Humanité!
Ne voilà-t-il pas qu’à la Une numérique du quotidien fondé par Jean Jaurès, Soungoula le roi des piments joue les flambeurs:
http://www.humanite.fr/soungoula-le-roi-des-piments-et-ses-peres-noel-noirs-une-belle-idee-cadeau-561246
Vous me voyez ravi que soit encensé l’écrivain poète Per Sorensen pour ses aventures du lièvre Soungoula et ses Pères Noël noirs. Sans que j’y sois pour quelque chose, je retrouve même le lien du billet ci-dessus à la fin de l’article. Rouges sont mes joues, rouges comme le manteau du Père Noël, comme les idées du journal, comme les épices de Soungoula!
