Bonjour chers auditeurs … ou le commentaire sportif
J’écarquille les yeux. Voici ce que je lis à la page 98 de Le violon de Maman, un livre que m’a envoyé récemment son auteur Marie-Thérèse Bitaine de la Fuente :
« La pièce que nous appelions « l’étude » était longue et bien chauffée, car nous y passions le plus clair de notre temps en dehors des heures de classe. Il y avait comme une chaleur animale dans la proximité de ces corps à moitié vautrés sur les livres, dans un temps qui s’éternisait alors que les esprits tentaient de comprendre ou de mémoriser les leçons de la journée. La torpeur gagnait parfois la bataille, mais il arrivait qu’un spectacle singulier nous en tire : le fils de la directrice faisait une irruption bruyante dans la cour jusque-là silencieuse, un ballon de foot aux pieds, et commençait tout seul une incroyable partie de football où il était tour à tour chacun des protagonistes. Ballon au pied, il faisait l’équipe entière et le commentateur. On eût même dit qu’une foule invisible l’applaudissait, car il en imitait les remous et les exaltations par des sons plus assourdis. Malgré nous, nous suivions les aléas du match, ses fougueuses galopades l’entraînant aux quatre coins du stade imaginaire :
Navarro passe à Real, qui reçoit net, passe à Gento, qui dribble avec habileté », et il avançait en zigzag, se déhanchant parfois comme s’il évitait deux joueurs de l’équipe adverse …on entendait son souffle qui s’accélérait, il bavait dans l’excitation du jeu et la précipitation des commentaires. « … Sur un corner de Gento, Di Stefano s’élève plus haut que tout le monde, en plein cœur de la défense, et propulse le ballon … goal … GOALLL … » En haletant, il traversait à nouveau toute la cour qui résonnait du bruit de ses chaussures et des frôlements du ballon. Il était difficile de reprendre le fil de nos lectures, car même lorsque la tête replongeait dans les livres, nous ne pouvions nous retenir de suivre d’une oreille les nouveaux rebondissements du match. Je suis sûre que plus d’une vocation sportive a dû naître de ces viriles évolutions si passionnément commentées. »
« Le petit garçon footballeur qui l’a tant fait rêver », l’auteur le présente ainsi dans sa dédicace, c’est MOI ! Je vous offre même sa photo, la fenêtre de l’étude est même ouverte en arrière-plan :
Comme tout journaliste (même en herbe) digne de ce nom, précis dans ses informations, je corrige ce qui est peut-être une coquille –et puis, un demi-siècle plus tard, la mémoire peut flancher non ?- Navarro effectuait la passe à Hector Rial, un remarquable joueur argentin du déjà grand Real Madrid des années cinquante !
Détail vestimentaire, j’admirais l’équipe castillane, outre son jeu exaltant, pour sa tenue immaculée, vierge à l’époque de toute inscription publicitaire. La machine à laver n’étant pas encore apparue dans la maison, ma maman borna mon souci du mimétisme aux chaussettes blanches comme atteste la photographie. La réclame OMO lave plus blanc naquit pourtant en 1952 !
Qui eut pu penser, pas moi en tout cas jusqu’à il y a encore quelques jours, que le grand club espagnol deviendrait objet de référence obligé dans la vie future de l’auteur qui a accompli toute sa carrière d’enseignante à Madrid et y demeure encore.
En égrenant mes souvenirs à l’encre violette, je vous ai déjà entretenu de la maison de mon enfance, un pensionnat de jeunes filles dont ma mère était la directrice :
« Enfants des villes, mômes des champs, vous ne pouvez pas imaginer les merveilleux terrains d’aventures que constituèrent ces deux cours ; un véritable complexe omnisports exclusivement pour moi, sans gardien, ouvert jour et nuit ! Selon mon humeur, il devenait terrain de football, court de tennis, vélodrome, parcours de Tour de France … »
L’enfant, sage voire même timide sur les bancs de l’école, devenait, par je ne sais trop quel dédoublement de la personnalité, expansif, intarissable et volubile dès qu’il tapait dans un ballon … une fois les devoirs accomplis et les leçons bien apprises.
Avec le recul, j’imagine votre frustration, Marie-Thérèse, recluse dans votre vie monotone de pensionnaire, entre cahiers et livres, en attendant le dîner au réfectoire, tandis qu’ivre de liberté, je courais en tous sens de l’autre côté de la fenêtre ouverte.
À cet instant, je pense au merveilleux poème de Prévert sur comment peindre un oiseau. Pour le pasticher, si je commentais, c’était bon signe et, longtemps après, vous avez pris doucement votre plume et écrit votre nom au coin d’un livre. Tant mieux, si je vous ai fabriqué du rêve, vous l’avez même concrétisé en fréquentant sans doute les gradins du stade Santiago Bernabeu (on disait Chamartin à l’époque).
Ma santé mentale dut-elle en souffrir, il me faut vous préciser encore que j’étais un petit homme orchestre au propre et au figuré. En effet, dans mes simulacres journalistiques, à l’occasion des matches internationaux, seul aligné devant une tribune imaginaire, j’interprétais, à la prise d’antenne, les hymnes des deux nations en présence. C’est ainsi qu’à défaut des paroles, sinon pour La Marseillaise, merci les cours d’instruction civique, je chantonnais très approximativement l’air de La Brabançonne quand j’étais sélectionné contre la Belgique, et Fratelli d’Italia quand j’affrontais la Squadra azzura !
Curieux, avide, particulièrement dans le domaine sportif, je me nourrissais de tout ce que lisais, de tout ce que je voyais par exemple … sur les épaules de mon papa dans les virages du stade de Colombes … notamment, ces musiciens de je ne sais quel régiment, qui effectuaient quelques tours au rythme de marches militaires sur la piste en cendrée avant d’exécuter les hymnes au centre de la pelouse. Psychologues de pacotille, ne diagnostiquez rien sur quelque éveil précoce au nationalisme, sinon un penchant perfectionniste : tout commentaire d’un match international digne de ce nom se devait de commencer par ce moment solennel.
Je m’abreuvais de tout ce que j’entendais. Forza Marconi, à l’origine de la télégraphie sans fil ! Dans mon enfance, on n’écoutait pas la radio mais la grésillante TSF. On la regardait même, la famille en rond autour du poste à galène avec sa litanie de stations aux noms quasi exotiques : Radio Sottens, Radio Droitwich, Monte Ceneri, Beromunster …
Je trépignais de plaisir lorsque, après le délicieux repas dominical préparé par ma chère maman, mon père tentait de localiser Paris-Inter sur les ondes moyennes avec le plus satisfaisant confort d’écoute.
Il est quinze heures, un dimanche des années 1950. Écoutez !
Le populaire chanteur d’opérette André Dassary entonnait ainsi l’indicatif de l’émission Sport et musique présentée par Georges Briquet. J’ignorais bien sûr que, quelques années auparavant, le premier chantait Maréchal, nous voilà ! alors que le second avait refusé de travailler pour Radio Paris contrôlée par les Allemands durant la seconde guerre mondiale, puis avait été déporté à Dachau pour « activités suspectes ».
En ce temps-là, par crainte que la radiodiffusion des matches du championnat de France de football nuisît à la fréquentation des stades par le public, les reportages en direct n’étaient autorisés qu’en seconde mi-temps.
On se contentait de « triplex » ; Georges Briquet animait l’émission souvent depuis un stade et partageait l’antenne avec deux autres confrères.
Ô voix magiques de ces radioreporters, je les ai encore dans les oreilles.
Tel le chant des cigales qui nous surprenait soudain sur la route des vacances lorsque nous approchions de la Provence, Bruno Delaye, avec son accent délicieux, sa diction impeccable, sa scansion volubile, m’envoyait, chaque dimanche, une carte postale sonore et ensoleillée depuis les stades méditerranéens.
Sa voix chaude était mes yeux. Il avait, en effet, une façon unique de mettre en images ses propos : « Attaquant vers la droite en regardant votre poste, l’Olympique Gymnaste Club de Nice en maillot rayé rouge et noir, culotte noire, bas noirs ; en face, le Racing Club de Paris en maillot cerclé bleu ciel et blanc, culotte noire, bas noirs à liserés bleu et blanc. » Avec lui, nous étions assis dans la tribune d’honneur du stade du Ray.
Au Nord, c’étaient les corons et la voix chaleureuse de Jean Crinon qui nous emmenait au bord de la pelouse des stades Henri Jooris de Lille et Félix Bollaert de Lens. La terre, c’était le charbon et les hommes dont il parlait, des enfants de mineurs de fond qui s’appelaient, immigration polonaise oblige, César Ruminski, Bieganski, Sommerlynck, Wisniewski, Sowinski, Théo Szkudlapski.
Et voici Georges Briquet et son reportage très littéraire en direct de Nîmes : « Ici le Parc des Sports de Nîmes, nous sommes très exactement à la 10ème minute de la première mi-temps qui oppose le Nîmes Olympique au Stade de Reims. Vous savez que cette dernière équipe est en tête du championnat avec 20 points alors que les Nîmois sont cinquièmes, à 7 points du leader, à égalité avec l’Olympique Lyonnais. Pour les Nîmois ce match est d’une importance capitale s’ils ne veulent pas être définitivement décrochés de la tête du classement. Il fait très beau dans la préfecture du Gard et les 13793 spectateurs payants, sans être transportés de joie, semblent ravis de la combativité des crocodiles. Il est vrai que le terrain du Parc des Sports, un peu dur et bosselé, ne favorise pas la manière plus classique, plus décomposée des Rémois et s’accommode mieux au jeu moins romantique, moins fouillé, mais aussi plus incisif des footballeurs locaux. Mais voici que Rahis s’échappe sur son aile gauche. Il passe à son intérieur-gauche Mazzouz, le demi-centre rémois Jonquet tente de s’interposer, sans succès, la balle est dans les pieds d’Akesbi qui se débarrasse de l’emprise de Penverne, et voici que le demi-gauche Barlaguet accouru en renfort de l’arrière tire aux seize mètres et marque le but … »
J’étais aussi attentif qu’en classe sur le phrasé du commentateur, le choix de son vocabulaire, la précision des informations qu’il fournissait, le timbre de sa voix et ses élans d’enthousiasme ou de … désespoir. Je m’appropriais tout cela pour le réinvestir dans mes propres reportages. Je ne dis pas que dans ma logorrhée, je ne cédais pas à la fameuse paragoge « le Parc-eu des Princes » qui m’irrite tellement aujourd’hui.
Les reporters se trouvaient au bord du terrain ou au milieu du public dans les tribunes. Ainsi, nous percevions les bruits mats du ballon et les exclamations des spectateurs proches. Sans doute, est-ce pour cette raison que je les restituais dans mes commentaires.
Une ordonnance de 1945 interdisait l’établissement d’émetteurs privés dans tout l’hexagone, mais pas la diffusion depuis les pays voisins. Ainsi, dans les années cinquante, Radio-Luxembourg (l’ancêtre de RTL) proposait Le dimanche des auditeurs, une émission animée par André Bourillon. Le talentueux journaliste de L’Équipe Jacques de Ryswick ainsi que Patrick Saint-Maurice, commentaient plutôt les matches des équipes, géographie oblige, du Nord et de l’Est de la France. Le stade Saint-Symphorien à Metz, la Meinau à Strasbourg, Bonal à Sochaux, le maillot grenat flanqué de la croix de Lorraine du Football Club de Metz, m’étaient devenus coutumiers.
D’ailleurs, je suis persuadé aujourd’hui que mon intérêt persistant pour les enceintes sportives naquit à cette époque. J’ai voulu visiter les théâtres des joies de mon enfance.
C’est ainsi qu’une vingtaine d’années plus tard, je me rendis à Wembley, le « temple du football ». Le mercredi 25 novembre 1953 s’y était déroulé le « match du siècle » entre l’Angleterre invaincue à domicile depuis la naissance du « football association », et la Hongrie, la meilleure équipe du monde. Ce jour-là, à la sortie de l’école, je surpris mon père devant la TSF en compagnie de la professeure d’Anglais du collège qui lui traduisait les commentaires de la BBC. Le Onze d’or, ainsi est surnommée l’équipe magyare pour l’éternité, l’emporta 6 à 3. « Ici Londres, les carottes sont cuites pour les rosbifs, je répète … ». Deux ans plus tard, à Colombes, juché sur les épaules de mon papa, je vis en chair et en os ces joueurs de légende, Puskas, Kocsis, Hidegkuti, Czibor, Grosics. Les chars russes allaient provoquer peu après leur exil vers de grands clubs espagnols.
L’écrivain qui fait de moi le héros d’un chapitre de son livre ne mentionne pas que j’étais également un commentateur zélé de cyclisme. Et pour cause, à la saison du Tour de France, l’année scolaire s’achevait et les pensionnaires rejoignaient leur famille.
Il me manque tellement depuis quelques semaines que je vous livre encore quelques lignes de Cavanna. Oui, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il écrivit un petit ouvrage sur le Tour au début des années 60. J’en possède un exemplaire jauni, froissé et écorné qui appartint à une école primaire de Seine-et-Marne. Pour se justifier de son acte littéraire, Cavanna disait qu’il fallait bien nourrir les enfants, le père aussi !
« Le Tour de France, c’était notre Iliade, notre Odyssée, notre Chanson de Roland et notre guerre des Malouines. Cherchez dans le dictionnaire les mots que vous ne comprenez pas. Je veux dire que nous en étions dingues, archi-dingues. Nous volions des sous à nos parents, crime inouï et fort difficile à mener à bien, ou, si pas possible, nous volions directement les journaux chez le marchand, pour comparer les louanges fabuleuses des journalistes sportifs et calculer les chances des champions d’après leurs écarts, les bonifications, des tas de paramètres très compliqués que le plus borné en calcul maniait avec une dextérité de surdoué … »
Les géants de son époque s’appelaient Antonin Magne, Bartali (un rital évidemment), Charles Pélissier, Vietto. Mes fidèles lecteurs le savent, moi je n’avais qu’une idole : Jacques Anquetil, mon proche voisin de Quincampoix, qui se révéla à la planète cycliste en 1953.
Le Tour de France, c’était effectivement le récit d’une épopée moderne avec ses personnages, sa dramaturgie jour après jour.
Ce n’est sûrement pas un hasard si le cyclisme et le journalisme sont nés en même temps par activités réciproques. C’est le journal L’Auto avec son emblématique directeur Henri Desgrange qui créa le Tour de France en 1903. La couleur jaune de son papier inspira plus tard le maillot distinctif du premier de la course. De la même façon, le quotidien rose La Gazetta dello Sport fondit le Giro ou Tour d’Italie.
Dès que madame Solle-Tourette, ma valeureuse enseignante du cours préparatoire, m’eut appris à lire, je me mis à farfouiller dans les collections de Miroir-Sprint, But&Club (et France-Football) que mon père achetait puis rangeait au grenier. Quelques années plus tard, je me plongeai dans la lecture mensuelle du Miroir du Cyclisme et du Miroir du Football (« une certaine idée du football » était son leitmotiv !), des revues dans la mouvance du quotidien L’Humanité.
N’imaginez pas que c’était de la littérature au rabais. Je vous en fournis la preuve, régulièrement, quand je vous raconte les Tours de France d’antan en empruntant aux grandes plumes de l’époque, Abel Michea et ses Histoires racontées à Nounouchette, Émile Besson, Maurice Vidal et sa chronique Les Compagnons du Tour, Pierre Chany …
Une colonne dans le quotidien L’Humanité du 13 juillet 1951, le Tour visite le village martyr d’Oradour-sur-Glane : « Un vélo calciné … un vélo noir sans roues … un guidon tordu … Zaaf, le Nord-Africain, regardait cela hier, à Oradour ; il écoutait le curé lui raconter la triste histoire. Oradour, c’est une étape du tour. Zaaf pensait en lui-même que les enfants du village auraient pu l’applaudir … s’ils n’avaient été assassinés en 1944. Zaaf et ses amis pensent que le Tour est une chose vivante, joyeuse ; qu’il faut le défendre contre la guerre. Le vélo noir accroché aux murs nus de la maison en ruine, restera dans le cœur de Zaaf. »
Hélène Parmelin, brillante journaliste, romancière, critique d’art et épouse du peintre Édouard Pignon, suivit la grande boucle pour le compte de l’organe de presse du Parti Communiste. Voici un extrait, plus léger, d’un délicieux billet rédigé lors du Tour 1950, lors de la traversée d’un village de Charente :
« Villeneuve-la-Comtesse … Le Tour va passer. Ordre d’enfermer les chiens et de rentrer les poules. Ordre de coucher les vélos dans l’herbe et d’échouer les voitures dans les fossés. Une camionnette rafle toutes les grand’mères, et les amène avec leurs pliants. Il y en a une qui a 99 ans … On transporte une accouchée de sept jours. Il ne reste personne, qu’un bébé dans une voiture et sa mère-grand qui dit : « Pauvre petite poule, va. Moi, je t’aime mieux que tous les Bartali. »
Écoutez une des photographies sonores que Georges Briquet nous offrait dans son émission de commentaires, le soir à l’étape :
Vous comprenez comment j’ai appris à connaître ma douce France, ses paysages, ses personnages illustres, son histoire. Si, bien plus tard, je surprenais mes passagers en parlant de Giraudoux dans la traversée de Bellac, c’est sans doute au Tour de France que je le dois. La guerre de Troie n’aura pas lieu mais les batailles sur la route du Tour se déroulaient chaque jour de juillet. Une année, je fus fier qu’après le passage des coureurs devant la maison, le grand Briquet évoque mon bourg natal « dans le poste ». On n’avait pas besoin d’un « Polo la Science » pour nous faire découvrir les beautés de notre pays. L’érudition était fréquente chez les journalistes sportifs de l’époque. Bien évidemment, dès que l’occasion se présentait, j’enrichissais mes reportages de ces détails glanés ici ou là.
J’ai déjà raconté l’anecdote tant elle semble maintenant surréaliste. Le 29 juin 1956, assis avec mon père toujours devant l’antique TSF, « j’assistai » en direct à la tentative victorieuse de Jacques Anquetil contre le mythique record de l’heure de Fausto Coppi. Je ne sais plus le nom du radioreporter mais il lui fallait un sacré talent pour nous tenir en haleine en décrivant l’heure merveilleuse de mon champion, moulé dans son maillot de soie verte de la marque Helyett, tournant au rythme d’une horloge imaginaire sur la piste du vélodrome Vigorelli de Milan.
Quelques mois plus tard, survint un événement considérable dans ma jeune vie. Croyais-je encore en lui, en tout cas, le monsieur à la barbe blanche m’apporta un poste à transistors de marque Pizon Bros. De leur côté, mes parents qui n’y croyaient plus s’offrirent un téléviseur de marque Grandin à l’occasion de la visite officielle en France de la jeune Elizabeth II reine d’Angleterre … No comment comme on dirait à Buckingham Palace.
Avec ces arrivées technologiques, le cercle de famille se déforma quelque peu. Équipé de mon « transistor » portatif, je manifestai rapidement mes premières velléités d’indépendance en m’isolant dans ma chambre. D’autant qu’entre temps, était née Europe n°1, une nouvelle station de radio privée française émettant dans la région de la Sarre.
Les mois de juillet furent désormais rythmés au quotidien par les flashes toutes les demi-heures et les reportages « permanents » lors des grandes étapes de montagne ou faits exceptionnels de course.
Métaphore honnête du sport en chambre, l’oreille collée à mon transistor, j’écoutais, tous les après-midis, allongé sur mon lit, les commentaires enflammés de Fernand Choisel, Émile Toulouse, Jacques Forestier, à bord de motos et voitures, au cœur de la course.
J’adorais leurs pointages fréquents effectués pour évaluer les écarts entre les échappés et le peloton, voire les retardataires. L’un des reporters informait son confrère à l’arrière : « Attention, je déclenche un top au niveau d’une caravane surmonté d’un drapeau bleu blanc rouge ! ou Top, nous franchissons un passage à niveau ! … Parfois, aléas du direct, le journaliste à l’arrière ne voyait pas le repère convenu. Ma montre au poignet (celle offerte pour ma première communion !), je regardais la trotteuse tourner sur le cadran avec plus ou moins d’inquiétude selon que mon champion se trouvait à l’avant de la course ou non. Le journal L’Équipe ouvert à la page des classements de la veille, à proximité, je supputais sur ses chances de prendre ou conserver le maillot jaune. C’était sans compter avec les bonifications attribuées aux deux futurs premiers coureurs de l’étape. L’école était finie mais mes révisions sur le tas en calcul mental et sur les nombres complexes valaient tous les cahiers de devoirs de vacances !
Lorsque Europe n°1 quittait quelques instants la route du Tour pour un flash d’informations, la diffusion d’une réclame ou une pause musicale, je basculais sur l’antenne de Radio-Luxembourg. J’étais moins réceptif à la voix monocorde et au débit très lent de Alex Virot, que voulez-vous, j’allais bientôt appartenir à la génération yéyé de Salut les Copains. Il fallait que ça twiste !
Alex Virot était pourtant, avec Georges Briquet, un des pionniers du radioreportage sportif et un grand nom du journalisme. Sous le pseudonyme de Capitaine Alex, il avait eu aussi une conduite héroïque pendant la Résistance. Peu charitable, je me moquais notamment de ses reportages des combats de boxe très populaires à l’époque. Avec sa manière si personnelle d’effectuer un commentaire très fouillé et son souci du détail, j’avais l’impression que les boxeurs décochaient un coup de poing … toutes les deux minutes. Vous imaginez ce que cela donnait lorsqu’il assurait le passage des coureurs au sommet des cols ou les sprints à l’arrivée. J’exagère probablement. En Autriche, pour suivre les championnats du monde de ski alpin de 1938 pour Radio Cité, il abandonna toutes les compétitions pour venir au plus vite à Vienne assister à l’entrée de l’armée allemande. Avec le téléphone d’un café, il fit même entendre en direct le bruit des bottes des troupes hitlériennes. Que dire en comparaison, des gauloiseries récentes de Nelson Montfort et Candeloro?
Alex Virot, ce très respectable et talentueux journaliste, mourut en service commandé sur la route du Tour de France 1957. Les auditeurs de Radio-Luxembourg entendirent pour la dernière fois sa voix, le 14 juillet vers midi et demi. Peu de temps après, sa moto s’écrasa dans un ravin dans une descente vers Ax-les-Thermes alors qu’il suivait le coureur seul en tête. Il n’assisterait pas à la victoire de Jacques Anquetil qui était son favori. Guy Kédia, un brillant reporter aussi, lui succéda bientôt.
Dans ce nouveau type de reportage, l’émotion du direct nous captivait. Nous percevions en arrière-plan, voire même couvrant la voix du reporter, les acclamations des spectateurs sur le bord de la route, les klaxons des motos et voitures suiveuses. Ainsi se construisait de la vraisemblance.
Dans L’ironie du sport, Antoine Blondin se plaisait à dire : « J’ai fait quatre fois le tour de la terre à 37km/h soit à la vitesse d’un coureur du Tour de France, vous pensez bien que je suis un reporter sans frontières ! » Il ne croyait pas si bien dire. Par sa présence au plus près des sportifs, au cœur de la course, le travail du journaliste sportif se rapprochait de celui de grand reporter. Et, ce n’est sans doute pas un hasard, si une dizaine d’années plus tard, forts de leur expérience sur le champ des batailles du Tour, Fernand Choisel et Guy Kédia furent envoyés par leur rédaction pour relater les affrontements entre CRS et étudiants sur les barricades de mai 68. Son magnétophone en bandoulière, Fernand Choisel nous faisait vivre en direct la révolte étudiante à travers les rues du Quartier Latin avec la même intensité que la bagarre des champions cyclistes dans l’ascension du Tourmalet. Les sinistres hommes à la matraque du ministre de l’intérieur succédaient à l’inquiétant homme au marteau qui guette le coureur défaillant.
Les archives sonores de ces reportages en direct sur la route du Tour sont rares. En voici cependant un de l’inénarrable journaliste Luc Varenne, glané sur les ondes belges. Son chauvinisme excessif était presque touchant. Je plante le décor : l’immense champion belge Eddy Merckx après une descente vertigineuse du col d’Allos est en train de gagner son sixième Tour de France.
Dans le camp français, les journalistes exultaient sans doute. Bernard Thévenet venait de ravir la toison d’or au roi Eddy, le Cannibale. Vas-y Nanar !
À l’issue des longues heures passées, l’oreille collée au transistor, venait le moment de passer aux travaux pratiques.
J’enfilais mon éclatant maillot jaune, cousu par une enseignante qui, justement, surveillait les études au pensionnat. Elle avait même brodé sur la poitrine les fameuses lettres HD en hommage à Henri Desgrange. Une vieille chambre à air usagée enroulée sur les épaules, pour « faire encore plus vrai », un bidon d’eau naturelle, juste « chargé » d’émotions et du matériau linguistique nouvellement acquis, j’enfourchai mon petit vélo vert et … c’était parti pour une folle chevauchée à travers les deux cours du collège que je prolongeais souvent par un tour dans le quartier et l’ascension de la rue du Bout de l’Enfer. Le souffle ne me manquait pas pour assurer le reportage, évidemment captivant, de ma course.
Parfois, un piéton amusé m’encourageait : Vas-y Robic ! J’étais un peu vexé, j’aurais bien aimé qu’il criât : Allez Anquetil ! C’est ce qu’on appelle le conflit des générations. Et puis, c’est vrai, le style de mon champion était inimitable.
Peu à peu, la télévision devint envahissante. Vous savez ce que c’est quand on est gamin, on adore les images. Les retransmissions télévisées sur la grande boucle devinrent quotidiennes … quand la météo n’empêchait pas les hélicoptères de décoller. Robert Chapatte, ancien coureur, nous initia aux finesses et roueries de la stratégie de la course cycliste (ah le fameux « théorème de Chapatte »).
Je grandissais. Ce fut mon tour d’être reclus comme pensionnaire au lycée Corneille de Rouen. Et malheureusement, Victor Hugo n’avait pas écrit la Légende des Cycles. Dommage d’ailleurs qu’il ne naquit pas un siècle après que Napoléon eût pointé sous Bonaparte, il nous aurait offert, j’en suis persuadé, des pages magnifiques sur Ottavio Bottecchia le bûcheron du Frioul, Nicolas Frantz dit le Teinturier, et Lucien Buysse, un belge colombophile surnommé le Pigeon d’acier.
La télévision coupa les ailes à un certain lyrisme. Plus qu’un commentateur des images que nous voyions, le téléreporter devint surtout un amplificateur d’émotions, un chargé de communication de connivence avec le téléspectateur qui voyait la même chose que lui.
L‘exemple type en fut Roger Couderc, le seizième homme du XV de France. Allez les petits ! Comme il les aimait ses petits. Secondé par Pierre Albaladejo, ce n’était plus le Sud-Ouest mais la France entière qui se planta devant le petit écran, le samedi à quinze heures, pour suivre les rencontres du tournoi (alors) des cinq nations. Et fleurirent de savoureuses expressions du terroir comme les mouches ont changé d’âne, le cochon est dans le maïs ou la cabane est tombée sur le chien !
https://www.dailymotion.com/video/x3ogn9
Terrorisme de l’audimat, lentement mais insidieusement, le commentaire sportif s’appauvrit. Le pathétique Tout fout l’camp chanté par Mouloudji : Y’a plus de boxons, y’a plus de boxeurs … ni de reporters » Plus besoin de créer, de donner libre cours à l’imagination pour retenir l’attention du téléspectateur. Pour le flatter, le reportage tomba trop souvent dans un discours désolant de banalité, appauvri sur le plan du vocabulaire, au service d’excès cocardiers et triviaux. J’avais renoncé depuis déjà longtemps à ma vocation enfantine. Vieux chnoque avant l’âge, j’avais la nostalgie des reportages d’autrefois … y compris les miens !
Mon cher Jean-Michel, tout à fait Thierry ! Aphorismes, maximes et poncifs de certain commentateur vedette, pourtant talentueux auparavant, firent même les choux gras des Guignols de l’Info :
« On peut en conclure qu’une arcade sourcilière anglaise est plus fragile qu’un crâne camerounais » … « Fauché comme un lapin en plein vol » … « Monsieur Foote, vous êtes un salaud » … « Les Caennais sont désavantagés par le vent qui souffle à leur avantage » … « Si cette retransmission peut l’aider à sortir du coma, nous en serions très heureux » … « Depuis que Courbis est sous les verrous, Toulon ne se porte pas trop mal » … « On se demande pourquoi la Fédération a confié l’arbitrage de ce match à un arbitre tunisien, alors qu’il existe de très bons arbitres en Europe » … « Il faudrait confier l’organisation de la Coupe du monde à des pays adultes » … « Il y a toujours un barbu dans l’équipe d’Argentine » … « Le portugais est bricoleur » … « L’Albanie, le pays des aigles mais des aigles déplumés » … « Ils ont tous deux la peau noire, mais ce sont tout de même de très bons joueurs » …
En mon âge adulte, je ne rêvais plus du tout devant cette forme de « beaufitude ».
Tant qu’à manier l’aphorisme et le cliché, je préférais l’humour d’un journaliste de presse écrite régionale et ses articles sur des rencontres entre équipes corporatives : « Les Gaziers asphyxiés par le rythme de leurs adversaires … La formation de l’E.D.F survoltée … Les dentistes se sont cassés les dents sur une défense renforcée… L’A.S Boucherie très saignante … »
Éclaircie, au milieu des années 80, Canal Plus surgit dans le paysage télévisuel apportant un ton nouveau, vivant, intelligent et pédagogique dans le traitement du reportage de football, grâce notamment au tandem constitué par Charles Biétry, le directeur des sports de la chaîne, et le regretté Thierry Gilardi.
Ancien grand reporter à l’Agence France Presse (AFP), Biétry délaissait le ressenti immédiat pour traiter le commentaire comme une pure information au sens où sa contextualisation fonde la liberté d’interprétation. Ainsi, occulter le contexte politique en Ukraine, lors des récents Jeux Olympiques d’hiver, et social au Brésil lors de la prochaine Coupe du Monde de football, auraient constitué pour lui une grave faute journalistique. Et, il ne s’agissait pas d’éluder la question en en disant juste deux mots pour se donner bonne conscience.
Je me souviens qu’à l’occasion de la Coupe du monde 1998, dans un magazine que Canal consacrait à l’événement, adoptant certains angles de vue originaux et pertinents, Biétry étudiait les hymnes (oui, ceux que j’entonnais quarante ans auparavant !) des équipes en présence, leur origine, leur signification, leur rapport peut-être avec le style de l’équipe nationale. Ainsi, il demanda même à Carla Bruni, moins insupportable alors, de chanter Fratelli d’Italia.
Un ancien excellent footballeur argentin du Real Madrid, Jorge Valdano, affirmait que « quelqu’un qui ne connaît que le football, ne connaît rien au football ».
C’est une forme de grief déguisé contre l’invasion ou l’inflation de consultants, anciens sportifs de haut niveau, censés apporter leur expérience pointue dans leur discipline, à côté d’un commentateur déclencheur d’émotions.
Pierre Albaladejo fut l’un des premiers du genre pour le rugby, outrepassant, avec intelligence, sa stricte connaissance du jeu pour modérer certains élans cocardiers de Roger Couderc. Mon champion Anquetil officia avec compétence sur les ondes d’Europe 1 auprès de Fernand Choisel, puis à la télévision avec Robert Chapatte sur Antenne 2. La tâche n’était pas si aisée, ainsi le si populaire Raymond Poulidor ne fut jamais convainquant dans l’exercice, ce qui, a posteriori, confirmait peut-être son manque de clairvoyance en course.
Simple anecdote, je me souviens que les coureurs venant de franchir le sommet du col du Tourmalet, je m’approchai alors d’un véhicule technique de la télévision, équipé de moniteurs, pour suivre la descente et l’ascension finale vers Luz-Ardiden. Poulidor, consultant à l’époque, émit une opinion catégorique sur le succès des coureurs en tête. Les techniciens en régie, guère charitables, s’esclaffèrent et considérèrent immédiatement que les échappés seraient donc rejoints ; ce qu’il advint. Pauvre Poupou, là encore, il arrivait derrière Anquetil !
Vous imaginez si dans mes dithyrambes journalistiques enfantins, j’avais dû aussi jouer le rôle du consultant ?
J’ai été élevé dans ma jeunesse à la verve de grandes plumes littéraires qui se nourrissaient du contexte de l’époque pour interpréter la réalité d’événements sportifs. Merci à Antoine Blondin bien sûr, merci à Dino Buzzati, l’auteur du Désert des Tartares, qui raconta dans Sur le Giro 1949, le duel épique entre Coppi et Bartali, merci à Louis Nucera et ses Rayons de soleil, à Philippe Bordas et ses Forcenés, à René Fallet. Merci à vous Denis Lalanne, Henri Garcia, Jacques Augendre, Abel Michéa, Pierre Chany, Maurice Vidal, j’en oublie malheureusement.
Merci à vous François Thébaud, rédacteur en chef emblématique du Miroir du Football. J’ai relu ces jours-ci votre livre testament Le temps du Miroir, une autre idée du football et du journalisme. J’y ai retrouvé en introduction ceci :
« Imprimées, les feuilles mortes se ramassent aussi à la pelle. Alors pourquoi s’attarder sur le destin de l’une d’entre elles ?
Parce que durant seize années, le Miroir du Football a constitué un cas unique dans l’histoire de la presse sportive mondiale.
Unique par la nature de son contenu qui abordait tous les aspects – technique, tactique, économique, politique, moral, philosophique, esthétique – d’un phénomène social auquel les intellectuels restaient indifférents.
Unique par l’audace et l’entêtement de ses campagnes dont le temps a presque toujours justifié le bien-fondé, même quand elles étaient menées « contre le courant ».
Unique par la vigueur de son ton. Chaleureux et enthousiaste envers les joueurs, la chair et le sang du football. Critique envers les dirigeants de clubs et de fédérations. Polémique envers les affairistes, les politiciens et les technocrates, toujours prêts à exploiter ou manipuler les sportifs …
… Unique par l’autonomie rédactionnelle et la liberté d’expression arrachées au prix d’un combat quotidien à une direction que ses intérêts, son autoritarisme et son appartenance politique (Parti Communiste Français ndlr) ne prédisposaient ni à la tolérance, ni au laxisme … »
Oui, le foot prêtait à un débat d’idées. François Thébaud et Jacques Ferran, alors rédacteur en chef de L’Équipe, s’invectivaient avec brio à longueur de colonnes. Le premier louait la beauté du jeu, la défense en ligne d’Anderlecht et du Football Club de Nantes, le jeu offensif « à la rémoise », le second prônait la culture du résultat avant tout et l’efficacité du catenaccio de l’Inter de Milan. Il arrivait que mon professeur de papa adressât un long courrier à l’un ou à l’autre pour le féliciter ou le fustiger.
Au début des années 60, mon instituteur de certificat d’études, classe que j’avais dû fréquenter en attendant d’avoir l’âge légal pour entrer en sixième (!), s’inscrivit à un concours pour recruter des téléreporters sportifs, organisé par Raymond Marcillac, directeur des sports de l’unique chaîne de télévision française. Parmi cinq mille candidats, il parvint jusqu’à la finale. Auparavant, il avait vaincu, en quarts de finale, un certain Daniel Pautrat que repéra bientôt le directeur de la radio Georges Briquet pour remplacer Robert Chapatte. L’ancien petit écolier était fier de la voix de son maître. Qui sait si j’avais eu quelques années de plus … Nous en parlons encore parfois un demi-siècle plus tard.
« Notre consœur Marianne Mako est au ras du sol » ! Pour aller à l’encontre de ce faux aphorisme mysogine énoncé par l’ami Thierry que j’ai égratigné plus haut, il faut remarquer l’arrivée notable et salutaire de femmes qui apportent aujourd’hui une sensibilité et une compétence nouvelles et rafraîchissantes au journalisme sportif.
De manière involontaire et prémonitoire, Roger Couderc leur rendit hommage, dans un exercice inhabituel pour lui, en récitant le Sonnet pour Hélène de Ronsard. Une fin élégante pour rendre l’antenne !
http://www.ina.fr/video/I08049747
Remerciements chaleureux et émus à l’auteure Marie-Thérèse Bitaine de la Fuente qui a ressuscité de merveilleux moments de mon enfance. Vous pouvez vous procurer son livre Le violon de Maman, à partir du lien suivant: http://marietheresebitaine.blogspot.fr/
Vous pouvez laisser une réponse.
Merci pour ce joli papier ! Et en particulier pour ce reportage, que je ne connaissais pas, de Luc Varenne. Ce jour de juillet, j’étais devant la télé avec mon père, j’avais 16 ans et je crois que j’ai pleuré exactement pour les mêmes raisons que le journaliste : Eddy Merckx battu par un vulgaire Thévenet. Mon père exultait, je ne lui ai pas adressé la parole pendant plusieurs jours ! Et puis, je suis parti sur mon vélo demi-course refaire l’étape et Thévenet ne m’a JAMAIS rattrapé : j’avais vengé EDDY !
honte a nous les non sportifs
hors le sport point de salut!!!!!!!!
Les commentaires ont parfois des difficultés à franchir les Pyrénées.
Voici donc ce que Marie-Thérèse Bitaine de la Fuente, auteure de « Le violon pour Maman », a déposé dans ma messagerie privée pour que je le publie ici. Je l’en remercie chaleureusement.
« Les hasards de la vie et d’internet sont surprenants ! Oui, quelle émotion tant d’années après, de voir ressurgir du passé ce petit garçon de mon livre et de mes souvenirs du pensionnat du Cours Complémentaire de Forges-les-Eaux!… Alors que nous languissions en étude, que le temps nous paraissait interminable, il faisait une irruption sonore avec son ballon dans la cour vide qui renvoyait les échos de sa voix. Et le spectacle commençait. Il faisait à la fois les joueurs et le commentateur, animé d’une énergie incroyable. Il bavait presque tant les rôles se télescopaient. Et cela durait longtemps, nous nous croyions transportées sur un vrai terrain de foot, il rendait notre temps palpitant…Et voilà qu’il est à nouveau là devant moi sur une photo de son blog d’adulte, debout bien droit, un peu rigide même, en culotte courte et chaussettes blanches de la couleur du Real Madrid, frange de travers et tenant son cher ballon de foot. Je le reconnais à peine, la silhouette, oui, le visage, pas vraiment, en fait, l’avais-je jamais vu de près?
Mais je me souviens bien qu’à l’écouter aussi souvent pendant nos heures perdues, à voir comment et avec quelle passion il peuplait sa solitude – le grand frère de notre âge étant souvent absent, je crois – j’ai su tout de suite qu’il avait une enfance heureuse et qu’il la devait en partie à lui-même, à sa créativité.
Que cela nous serve de réflexion à une époque où les enfants croulent sous des montagnes de jouets et de jeux souvent sophistiqués avec lesquels ils s’ennuient vite ou s’abrutissent! Vive l’imagination ! Quelle belle leçon tu nous as donnée sans le savoir, Jean-Michel !
J’aimerais bien trouver une photo de Bruno Delaye. Et- bravo pour votre article !
J’adorais ce radioreporter qui apportait, chaque dimanche après-midi, un peu de soleil dans mes « brumes normandes ». J’ai cherché vainement partout un enregistrement même bref, je n’en ai pas trouvé, pas même une photographie non plus.
Merci pour votre commentaire.
Cordialement.
Cher Monsieur,
Petit-fils de Bruno Delaye, je devrais être en mesure de répondre à votre demande.
Dans l’attente de vous lire
Romain Delaye
Bonjour,
Je suis tombée par hasard sur votre très bon article, et j’aurais une question à vous poser. Je suis l’arrière petite fille de Alexandre Virot, journaliste sportif décédé à la seizième étape du Tour de France de 1957. Je cherche actuellement des archives audios, ou petits clips comme ceux-ci dans lesquels ont pourrait entendre sa voix. Pensez-vous pouvoir me renseigner ?
Je vous remercie beaucoup
Moi aussi je suis tombé par hasard sur cet article …et votre message.
Je réponds trop tard, sans doute.
J’ai bien connu Alex Virot dans les dernières années de sa vie.
Après lui j’ai dirigé le service des sports de Radio-Luxembourg.
Si vous le souhaitez,reprenez contact avec moi.
A bientôt, peut-être.
Guy Bernède
Monsieur Bernède,
Je m’excuse de ne pas avoir vu votre commentaire plus tôt mais je serais ravie de pouvoir discuter avec vous d’Alex Virot. Si vous souhaitez que nous nous parlions nous pouvons convenir d’un moyen qui vous plaira, cependant, vous pouvez déjà me joindre à l’adresse email suivante : c.o.virot@gmail.com
Je vous remercie beaucoup
Bruno Delaye m’impressionnait par la rapidité de ses commentaires et on comprenait tout car il était malgré tout limpide
J’étais en classe avec la fille de Bruno Delaye, et ma mère avec son épouse !!!
J’aimerais avoir des nouvelles. Cordialement
Quel merveilleux texte, tout empreint de nostalgie !
Je suis saisi par l’émotion rien qu’en écrivant ce commentaire.
Jacques de Ryswick, Couderc, Fernand Choisel: j’entends encore leur voix, mais elles sont de plus en plus lointaines !