JeanDenis Robert, Clémence Veilhan et David Meignan ramènent des objets reclus au château de Nogent-le-Roi

Dix-huit mois après son exposition Chercheurs d’or (voir billet du 27 septembre 2011), quelques semaines après la sortie de PEOPLE, son beau-livre coréalisé avec le poète Per Sørensen (voir billet du 9 mars 2013), le photographe JeanDenis Robert revient au château de Nogent-le-Roi.

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Mais cette fois, toujours prêt à conjuguer les talents, en grand frère artiste, je devrais presque dire, ne lui déplaise, en père, il a désiré partager les cimaises, braquant ainsi un projecteur sur Clémence Veilhan et David Meignan, deux jeunes pousses prometteuses de la photographie française.

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L’exposition s’intitule curieusement Retour au château des objets reclus.
Synonyme d’ermite, d’isolement, de retrait, le reclus était une personne qui, par esprit de pénitence, s’enfermait dans des cellules parfois même murées … Ou que l’on enfermait volontairement, je pense au cardinal Jean de la Balue qui, accusé de trahison, resta enchaîné, sur ordre du roi Louis XI, pendant onze ans dans une cage de fer dans laquelle il ne pouvait même pas se tenir debout.
Ce même Louis XI effectua plusieurs séjours au château-fort de Nogent-le-Roi sur les ruines duquel est construit l’édifice actuel transformé en lieu d’exposition. Sa seconde fille, Jeanne de France dite l’Estropiée y naquit même en 1464.
Pour clouer le bec aux lecteurs qui imagineraient que je m’éloigne de mon propos, je précise que l’on donnait, non pas aux cages elles-mêmes, mais aux lourdes chaînes entravant les condamnés, le nom de fillettes du roi Louis XI. Je m’en libère … pour aller de ce pas vers les petites filles de Nogent-le-Roi qu’expose Clémence Veilhan.

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Je peux d’autant mieux vous en parler que je les ai manipulées tout un après-midi ! Ne soupçonnez surtout pas un quelconque penchant pédophile de ma part !
Je n’ai fait qu’aider l’artiste dans l’accrochage de ses œuvres, un moment privilégié d’échange dont aucun autre visiteur de l’exposition ne pourra jouir.

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Ainsi, en ce jour de Vendredi saint, tandis que dans le parc du château, quelques dévots marquent une des quatorze haltes de leur chemin de croix, je me dévoue, à genoux, dans un acte de Passion artistique.
En récompense de ma pénitence, pendant qu’elle effectue un ultime brin de toilette sur sa « progéniture », Clémence me raconte la genèse de son projet. C’est, en fait, le prolongement d’une première série de portraits intitulée Chewing girls pour laquelle elle demandait à des jeunes filles de poser nue avec comme seul accessoire, un chewing- gum qu’elles mâchaient en faisant des bulles. Comme un comic strip, Smack ! Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz !
Cette fois, Clémence a inventé un jeu dont voici les règles :
« Vous avez envie de jouer la petite fille
Vous viendrez chez moi
Essayer une robe d’enfant.
Vous vous découvrirez dans un miroir,
Et vous viendrez poser devant un fond blanc.
Vous regarderez l’objectif photographique,
Vous tenterez de vous souvenir de la manière dont vous étiez petite fille,
Et vous ne bougerez plus,
Le temps de la photographie.
Plus tard, je vous montrerai la planche contact,
Et je vous donnerai une des photographies réalisées. »

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De son enfance, Clémence n’a conservé ni photographie, ni nounours, ni cahier de poésie, mais seulement, cette robe qu’elle enfilait lors des fêtes d’anniversaire ou des concerts de piano et … que j’ai la primeur de contempler aujourd’hui.
Recluse dans une armoire ou une malle, défraîchie par les années, découpée pour permettre aux jeunes femmes de la porter, peu à peu craquée ou déchirée, la robe retrouve vie.

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Au jeu des références, on pense aux sœurs jumelles du New Jersey, la célèbre photographie de Diane Arbus.
La robe, le cadrage frontal en plan américain et le choix du noir et blanc sont les dénominateurs communs aux photographies de Clémence. La seule variable est les femmes (entre quinze et quarante ans) qui se sont glissées à l’intérieur de la robe et qui, pour une ou deux secondes d’éternité (comme disait Doisneau), ont basculé en arrière de l’âge adulte vers l’enfance.

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Vingt-deux clichés apparemment assez semblables et pourtant tellement différents en les observant bien. Diane Arbus, encore elle, affirmait à propos de son médium : « Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez ».
Avec Clémence, c’est un peu le contraire ; ses modèles semblent, à première vue, ne pas révéler grand chose et, pourtant, les regards, les moues, la position des mains, des inclinaisons de tête, emportent le spectateur dans une émouvante introspection au cœur de leur enfance.
Clémence intitule sa collection Je n’ai jamais été une petite fille, de l’aveu même d’une des jeunes femmes photographiées. Est-ce prétention de ma part, je la reconnais immédiatement.
J’ai peine à trouver ne serait-ce que l’esquisse d’un sourire malicieux ou espiègle au coin de leurs lèvres. Certaines connurent peut-être des souffrances, des incompréhensions, des séparations, d’autres vécurent probablement avec plus de légèreté et d’insouciance, toutes semblent comme marquées cependant, par la traversée de l’adolescence, la transformation corporelle qui l’accompagne, ainsi que ses interrogations, ses hantises, ses perspectives.

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Furent-elles, seulement, vraiment des petites filles ? Elles appartiennent aux générations qui ont grandi avec le spectre du sida, du chômage, de la femme objet publicitaire ou de harcèlement, bref de quoi perdre beaucoup de fraîcheur et d’illusions. Leurs yeux dans notre regard, elles nous questionnent peut-être de leur avoir laissé ce monde en héritage.
Le propos de Clémence, comme souvent dans l’acte photographique, n’est pas tant de démontrer ou de nous raconter l’enfance de ces jeunes femmes lolitas ou petites filles modèles le temps de quelques secondes, mais surtout d’inviter le spectateur à réfléchir, imaginer des histoires heureuses ou douloureuses, drôles ou dramatiques, voire même à se replonger dans sa propre prime jeunesse.
Comme Alice, les jeunes femmes de Clémence sont redevenues petites. Car comment ne pas penser aux petites filles de Lewis Carroll ! En effet, souffrant d’une obsession maladive pour les fillettes, l’honorable professeur de mathématiques, créateur d’Alice, considérait aussi, selon ses propres termes, la photographie (née sept ans après lui) comme la nouvelle merveille du jour, et laissa plusieurs centaines de clichés de petites filles qu’il avait déguisées de vêtements tirés de ses malles. Ce qui lui valut quelques démêlés avec la morale victorienne.
Dans son recueil Les Chambres, poème du temps qui ne passe pas, Louis Aragon prétendait que « la vie au bout du compte est une mauvaise photographie ». Je modère son jugement en affirmant qu’artistiquement, l’enfance vue par Clémence Veilhan est une série de remarquables portraits en noir et blanc sublimés par la beauté technique des tirages argentiques, un procédé voué malheureusement, à la disparition.
De l’autre côté, non pas du miroir mais de la fenêtre, les fidèles poursuivent leur sacrifice eucharistique. Je ne crois pas avoir été blasphématoire en cédant aux louanges devant les actions de grâce de Clémence Veilhan !
Je plonge maintenant dans l’enfance retrouvée de David Meignan.

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Comme il le confie avec humour, David n’étudia rien du tout et devint photographe, comme on devient boucher, de père en fils. J’ajouterai de manière incongrue qu’il adore le vélo … (!)
Pour notre bonheur, avec son copain Frédéric Rougier, au contraire du titre du jubilatoire roman de Bruno Léandri On enterre bien les Dinky Toys, il les exhume.
Dans leur texte de présentation, ils louent involontairement ma minutie en listant les critères qui font de ces jouets mythiques, de belles pièces de collection : véhicules en parfait état, peinture et pièces d’origine, de fabrication antérieure à 1970, et nec plus ultra, avec l’emballage.
Je satisfais aux conditions ou, plus exactement, je les remplissais car j’ai cédé à un de mes neveux, il y a une dizaine d’années, ma collection de bolides de formule 1. Dinky Toys, Solido, Corgi Toys. Je prenais soin de mes miniatures même si j’organisais avec elles de fréquentes compétitions de grand prix. J’en dessinais les circuits à l’aide de feuilles de canson noir disposées sur les grandes tables de réfectoire du collège dirigé par ma maman. Je poussais même le détail à confectionner les stands de ravitaillement avec des boîtes parallélépipédiques en carton de balles de tennis Spalding. Je possédais même plusieurs exemplaires de Talbot Lago et Ferrari que je « customisais » avec un peu de peinture verte et jaune en des Lotus, Jaguar et Vauxhall, faute d’avoir trouvé ces modèles dans le commerce. Voyez, je suis déjà retombé en enfance!

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Les voitures photographiées par David Meignan ont, par contre, … pas mal de route derrière elles. Déglinguées, rouillées, cabossées, certaines ont accompagné la propre enfance de David et Frédéric ; par la suite, l’amour de la chine, le concours des amis, le hasard des rencontres ont permis d’enrichir leur parc automobile. Tous les modèles présentés apparaissent en leur véritable état de conservation, sans quelconque intervention des artistes.
Avant de rêver avec elles, je vous impose un effroyable retour à la réalité, quelques années avant que je ne sois moi-même gamin. Dinky Toys (traduction littérale : « jouets mignons ») est une marque créée en 1934 au Royaume-Uni dont les jouets étaient fabriqués par la société Meccano Ltd. Durant la seconde guerre mondiale, la pénurie de matières premières entraîna la réquisition de certaines usines afin de produire du matériel de guerre et la filiale Meccano France dut travailler sous la pression de l’occupant, pour son concurrent allemand Märklin. Ainsi, qui sait si le plomb fondu des miniatures ne servit pas alors à la fabrication de vrais canons !

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Ne tirons pas sur l’ambulance de Frédéric Rougier. Elle est à l’origine du projet. Ému, il a vu, chez ses parents, ses enfants s’amuser avec. Drame de la maltraitance, elle était dans un piteux état : plus de portières, une peinture quasi inexistante et puis, sur le toit, un morceau de scotch jauni, certainement un rafistolage effectué par sa maman à l’époque.
Il n’en fallut pas plus pour convaincre David de lui offrir une nouvelle destinée en la passant, non pas au marbre, mais dans sa chambre photographique et sa boîte à lumière.
Les deux compères se réclament volontiers, avec modestie et humilité, du photographe américain Irving Penn et sa vision moderne de la nature morte. On se souvient de ses clichés épurés, simplissimes mais tellement inventifs de vieux mégots, de papiers épars et de canettes de bière écrasées. La filiation est évidente dans les images très graphiques de David.

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Faute avouée doublement pardonnée, lors d’un séjour au Canada, David mit machinalement dans sa poche de blouson, une mythique voiture orange que lui montrait un ami. C’est ainsi que la grande héroïne de la série Shérif, fais-moi peur ! a traversé l’Atlantique jusque dans un château d’Eure-et-Loir : la Général Lee, une Dodge Charger de 1969, aux portes soudées, flanquée du nombre 01, le toit recouvert du drapeau sudiste !
Contrairement aux trois cents véhicules qui furent sacrifiés sur les 147 épisodes de la série et les six ans de tournage, le modèle réduit photographié par David est unique et porte les stigmates des sauts monstrueux et multiples cascades que lui fit subir par mimétisme un môme canadien. Que cet enfant devenu adulte se rassure : lors d’une prochaine visite, David lui restituera le précieux objet avec en prime, son portrait dans une « caisse américaine », c’est le nom, bien de circonstance, du type d’encadrement choisi.

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Une autre belle américaine qui a beaucoup souffert est la réplique de couleur blanche (du moins ce qu’il en reste) de la voiture de police pilotée par Bruce Willis dans Moonrise Kingdom. Dans ce film de West Anderson présenté l’an dernier en ouverture du festival de Cannes, les enfants se prennent pour des adultes et les adultes se comportent comme des enfants … n’est-ce pas quelque part le propos du travail de David Meillan et Frédéric Rougier ?
Chacun des véhicules emprunte les chemins de travers(é)e de l’enfance, celle évidemment de leurs propriétaires mais aussi des visiteurs de l’exposition. Souvenirs de bacs à sable, de terrains d’aventure, de jeudis (à mon époque) puis de mercredis merveilleux passés à ramper et pousser ces petites voitures. Objets sans valeur mais qui n’ont pas de prix tant ils sont inestimables sentimentalement !

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Coups de vieux ou bains de jouvence, ces miniatures furent parfois même nos vraies voitures. Ainsi, je sais un artiste qui en pince pour un vieux combi Volkswagen de quelques centimètres de long qui lui rappelle quelques randonnées mémorables. Qui sait même si certains, comme le chantait Bashung, ne devinrent pas monarques et figurines à l’arrière des berlines, ou rois des scélérats à l’arrière des Dauphines !
Dure, dure, la vie d’un jouet d’enfant : une bosse, un point de rouille, un fil arraché, un essieu affaissé, des pneus disparus ; peu importe, David, mécanicien d’art, en sublime le moindre défaut.

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J’ai un coup de cœur pour la Coccinelle Volkswagen accrochée à même une boiserie du château. Malgré sa dégaine d’épave, elle possède l’élégance des gravures anglaises tapissant les murs des vieux clubs et pubs britanniques. En la regardant avec attention, on perçoit, notamment sur la portière, la délicatesse mouillée d’une aquarelle. N’est-ce pas le plus beau compliment pour une photographie, de la comparer à une peinture ?

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Dans l’exposition de David Meignan, il y a une vraie esthétique qu’on pourrait qualifier d’industrielle ou technologique : dans une lumière douce, les formes et les couleurs se répondent par associations ou oppositions.
Nous replongeons dans un monde merveilleux de l’enfance, un temps et un espace où, insouciants, nous provoquions des accidents pour rire.
La vraie vie nous a rattrapé depuis, comme la dénonce si justement une chanson nostalgique intitulée Dinky Toys :

« Pourquoi faut-il qu’un soir d’automne
On soit devenu des grandes personnes
On rêvait d’la grande aventure
Maintenant c’est nous les miniatures »

Une bonne fée veille sur les « cars à bosse » de David Meignan, empêchant que « Norev » soient brisés.
Mieux encore, pour moi seul, David se charge d’en exaucer quelques autres en me faisant partager sur son ordinateur ses photographies de … vélo dans des cols de légende, le Galibier, la Casse déserte de l’Izoard. À mon tour, je lui fais écarquiller des yeux d’enfant en lui contant quelques épisodes glorieux des Tours de France de grand-papa. Il me parle du maillot Magicrème de Ghislain Lambert …
Mais le temps m’est compté, il faut que je vous entretienne de JeanDenis Robert, une crème de photographe !

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S’il est un artiste dont on ne peut pas dire qu’il ne casse rien, c’est bien lui, mais mes fidèles lecteurs le savaient déjà, suite aux deux billets que je lui ai consacrés.
Au-delà de ma plaisanterie au premier degré, il a choisi d’exposer ses natures mortes de VR KC, ainsi nomme-t-il sa série de clichés (un titre on the rocks ) !
Le thème de l’enfance n’est pas si loin. En effet, il me confia un jour qu’à l’occasion de quelques accès de colère, on brisait parfois quelques verres dans la famille Robert. Une certaine gaucherie et un penchant à manipuler de la main gauche lui faisaient commettre aussi certaines maladresses. Cela dit, il y a bien longtemps qu’il a acquis une certaine habileté dans sa gestuelle et, désormais, ce sont ses amis qui le fournissent en verres cassés.
JeanDenis, je vous assure, ne casse pas les verres par plaisir. Par contre, il les met en scène puis les photographie avec jubilation pour « leur rendre grâce, les faire vibrer, les sublimer, leur donner une seconde chance ».

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Fouineur impénitent, il mit même à profit une précédente exposition pour fureter dans une partie désaffectée du château. En alignant sur le rebord d’une antique cheminée des bouchons orphelins de leurs carafes brisées, il marque ainsi son Retour à Nogent.

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La photographie qu’il légende avec humour L’inutile symbolise peut-être le mieux la démarche de JeanDenis. Dans une mise en scène subtile prise en plongée, un « verre utile » gradué faisant anciennement office de doseur vole en éclats comme suspendu dans l’espace.
Devant l’ustensile de cuisine mutant en OVNI, on pense à la phrase de Cyrano de Bergerac : « C’est bien plus beau lorsque c’est inutile ». En effet, juste pour la beauté du geste photographique !
J’ai un vague sentiment de me répéter tant il me semble avoir déjà beaucoup écrit et décrit sur l’art de JeanDenis dans l’avant-propos de son livre PEOPLE. Mais comme le charme opère sans lassitude, je bois encore goulûment dans ses verres même ébréchés ses cocktails d’objets marqués par le surréalisme.
L’artiste se régale en jouant et en composant avec les transparences, les reflets, les diffractions, la lumière, les couleurs.

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Dans Quatre verres verticales et L’équilibriste, les verres, totalement décomplexés, comme délivrés de leur fragilité primitive, défient les lois les plus élémentaires de la physique.
Dans La poire et l’ibis, l’artiste affabule en jouant avec une ombre improbable.

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Généreux, JDR vous offre trois natures mortes dans le seul cadre de La Chouffe. Le lutin, symbole de la célèbre bière des Ardennes belges, a échappé de peu à la fracture. Qui sait si quelqu’un n’a pas trinqué trop violemment au futur succès de David Meignan dans l’épreuve cyclotouriste la Chouffe Classic ! Quant à moi, je me vois, enfoncé dans un fauteuil moelleux, savourant la belle blonde parfumée à la fleur d’oranger.
Car comme souvent, avec ses « tableaux » » photographiques, JeanDenis invite le spectateur à être actif, à imaginer des atmosphères, à ressentir des émotions, à inventer des histoires.
La rouille, la cendre, le coût du vent, le taille-crayon : il affuble ses œuvres de légendes comme pour nous accompagner dans le début de notre rêverie ou de notre méditation. Énigmatiques, elles balancent entre poésie et humour.

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En ce week-end de Pâques, une grenouille rainette, symbole de résurrection dans certaines religions, se retrouve emprisonnée dans un verre retourné.
Un fantôme hante-t-il le château de Nogent ? Un mystérieux gabarit de botte en bois sans pitié piétine un verre Régence. On tremble.
Puis on sourit aussitôt devant de drôles de Pingouins, un curieux assemblage de morceaux de pichets.
Charles Trenet n’aurait pas désavoué ces ambiances surréalistes dignes de son Héritage infernal.

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On est toujours triste ou penaud lorsqu’on brise un verre. Désormais, la déception ou la colère dissipées, plutôt que le jeter dans un des horribles containers qui peuplent les parkings, je le confierai à JeanDenis avec le secret espoir qu’un jour, dans une de ses natures mortes, il lui redonne au-delà de sa dignité, un charme et une délicatesse qu’il ne possédait peut-être même pas de son vivant d’objet utilitaire.
Félicitations à Dominique Chanfrau, l’organisatrice de l’exposition, d’avoir donné carte blanche à JeanDenis Robert pour s’adjoindre deux talents amis dans sa réhabilitation d’objets reclus, Joli clin d’oeil également d’avoir fixé le vernissage un lundi de Pâques 1er avril.

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Pendant que les petits chassaient les œufs dans le parc du château, les grands cherchaient, à l’intérieur, l’âme des objets reclus. Tous ont assisté à leur joyeuse résurrection.
Que c’est beau la photographie devant un tel miracle … et que les trois artistes soient bénis !

Mes vifs remerciements à Clémence Veilhan, David Meignan et JeanDenis Robert pour leur disponibilité et pour le prêt de certains de leurs fichiers, ainsi qu’à Dominique Chanfrau pour son accueil.
Vous pouvez retrouver les oeuvres des artistes sur leur site :
http://www.jeandenisrobert.com/
http://www.clemenceveilhan.com/
http://www.davidmeignan.com/

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 8 avril, 2013 à 11:55 Renée Bonneau écrit:

    comment faites-vous pour dénicher tant de talents et d’artistes si originaux, Bravo une fois de plus pour cette page qui donne envie de fouiller dans ses malles( mais celles de grand-mères sont maintenant moins riches depuis l’invention des vide-greniers!)
    Superbes ces verres cassés…qui renvoient à d’autres vers, ceux des stances de Polyeucte

    Et comme elle a l’éclat du verre
    Elle en a la fragilité.

    Répondre

    • le 8 avril, 2013 à 13:25 encreviolette écrit:

      À propos de ces vers à Pauline (ou de ces verres ou de Sévère que Polyeucte mandata!), Corneille fut accusé de plagiat d’une ode de l’évêque Godeau à Louis XIII.
      Merci pour votre chaleureux commentaire

      Répondre

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