Archive pour le 4 janvier, 2013

Une histoire de Fantômes (de Landowski) … avant de passer par la Lorraine avec mes gros sabots

Maintenant que la fin du monde est ajournée (!), je vous propose aujourd’hui une histoire de fantômes. Une histoire vraie avec des vrais ! J’ai même téléphoné à la mairie d’Oulchy-le-Château, une petite commune du département de l’Aisne, pour m’assurer qu’ils fussent bien libérés de leurs chaînes. On ne put complètement me le confirmer mais, qu’à cela ne tienne, l’envie de faire leur connaissance l’emporta.
Ma curiosité naquit de la lecture du livre Le Corps de la France. L’auteur Michel Bernard y consacrait un chapitre à ces « Fantômes ». Je me demande d’ailleurs comment mon père ne m’emmena jamais à leur rencontre, lui qui, président cantonal de l’association du Souvenir Français, me fit découvrir dans mon enfance nombre de lieux de mémoire de l’Histoire de France.
Un fantôme est une apparition, une vision ou une illusion interprétée comme la manifestation surnaturelle d’une personne décédée. Je dissipe le mystère, les fantômes de la butte de Chalmont, près d’Oulchy, sont l’œuvre du sculpteur Paul Landowski, celui-là même qui façonna le Christ Rédempteur du Corcovado dominant la baie de Rio de Janeiro.
Commande fut passée par l’État, à cet artiste, lui-même combattant de la Première Guerre mondiale, décoré de la croix de guerre pour faits d’armes lors de la bataille de la Somme, Grand Prix de Rome, directeur de la villa Médicis puis de l’école des Beaux-Arts de Paris, pour célébrer l’offensive de l’armée française de l’été 1918, au cours de la seconde bataille de la Marne qui allait conduire la France à la victoire.
Le monument fut inauguré le 21 juillet 1935 par le président de la République Albert Lebrun. S’il n’avait été assassiné deux ans auparavant, cet honneur eût incombé à Paul Doumer qui avait perdu ses quatre fils dans cette guerre 14-18, une effroyable boucherie qui causa la mort de 1 315 000 soldats français.
Paul Landowski avait promis dès 1916, alors même qu’il était membre de la section camouflage : « Ces morts, je les relèverai un jour ». Ainsi, il se rendit dans le Tardenois, contrée discrète coincée entre l’Ile-de-France et la Champagne. « Il est venu sur la butte Chalmont pour prendre la mesure des choses. Il a regardé l’horizon, les quatre points cardinaux, il a étudié la course du soleil sur le site, l’orientation et le mouvement des ombres et il a fait le tour de la butte. Il s’est longuement arrêté au nord-est, à l’endroit où s’était portée l’attaque décisive de l’armée française. De là, de l’emplacement où se trouvaient les lignes allemandes, il a longuement contemplé la butte de Chalmont, les variations de la lumière sur ses formes, le jeu des brumes. Il a pris des photographies pour en conserver des images. Une fois revenu à Paris, il les a fixées avec une punaise au mur de son atelier » (Michel Bernard dans Le Corps de la France).
Ce matin-là, je suis donc à la recherche de ses fantômes, en sinuant dans les molles ondulations du paysage blanc de givre d’où émergent quelques lambeaux de bosquets et des tumulus de betteraves. Pas âme qui vive sinon soudain quelques ombres chinoises qui se découpent dans l’azur du ciel sur le rebord d’un petit tertre.
Le cœur bat un peu plus fort devant la solennité du lieu, un sentiment semblable à celui qui m’étreignit lors de ma première visite aux atlantes de Tula, au nord de Mexico City, ces piliers en forme de guerriers célestes ayant soutenu la toiture du temple de Tlahuizcalpantecuhtli.
Par chance, les échafaudages dressés pour redonner un coup de jeune aux fantômes ont disparu depuis la veille. Durant quelques instants, j’embrasse d’un vaste coup d’œil le chef-d’œuvre de Paul Landowski qui se compose de deux tableaux.

Une histoire de Fantômes (de Landowski) ... avant de passer par la Lorraine avec mes gros sabots dans Ma Douce France fantomeblog1

Au premier plan, une statue colossale de femme, cheveux au vent et pieds nus, vêtue d’un drapé à l’antique, boude mon regard en fixant l’horizon, vers l’Est, d’où vint le danger et l’ennemi germanique.

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Légèrement penchée vers l’avant, elle tient un bouclier orné de trois déesses allégoriques figurant la devise de la République française, Liberté-Égalité-Fraternité. Sans doute moins sexy mais bien plus « sculpturale » (et pour cause) que Brigitte Bardot sous les traits de la Marianne des mairies, c’est la France, haute de huit mètres, telle que l’artiste la concevait dans les années trente.
De part et d’autre, deux stèles. Sur celle de gauche, on peut lire : « Á la mémoire des officiers, sous-officiers et soldats vainqueurs des dures journées du 15 juillet au 4 aout 1918, annonciatrices de la délivrance, de la victoire et de la paix ». Suit une longue liste des généraux et des corps d’armées ayant participé à la bataille. Les courageux soldats anonymes dont beaucoup payèrent de leur vie, auraient mérité qu’on grave aussi leurs noms dans la pierre. De cette guerre, Anatole France retint quelques enseignements ; ainsi écrivit-il dans L’Humanité : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ». C’est toujours exact !

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extrait de Brindavoine & La fleur au fusil, la bande dessinée de Jacques Tardi

Sur celle de droite, est écrit : « Le 15 juillet 1918, l’ennemi engage la bataille en Champagne contre les IVème, Vème, VIème armées. Le 17, ses efforts sont brisés de Château-Thierry à l’Argonne. Á l’aube du 18 juillet 1918, entre Nouvron et la Marne, les Xème et Vème armées s’élancent à l’assaut sur le flanc de l’ennemi, atteignant le soir le front Pernant-Torcy, progressent sans arrêt les jours suivants et enlèvent la Butte de Chalmont, succès décisif qui repousse l’ennemi sur les plateaux du Tardenois. Il tente en vain de résister au nord de l’Ourcq – combats du Grand-Rozoy – il est rejeté sur la Vesle. La ville de Soissons est délivrée, 30.000 prisonniers et un matériel considérable sont capturés. Le front est raccourci de 50 km, la voie Paris-Chalons rétablie, la menace contre Paris levée. Après 3 semaines de durs combats auxquels participèrent des divisions américaines, britanniques et italiennes, la seconde bataille de la Marne se terminait victorieusement. L’initiative des opérations passait aux mains des alliés. »
Ce matin, il est difficile d’imaginer que dans ce lieu paisible et désert, se produisit en 1918 un véritable déluge de feu et de sang.
Seul, j’entame maintenant l’ascension des plans herbus légèrement inclinés, au nombre de quatre comme le nombre des années de guerre, vers les Fantômes qui semblent m’attendre au sommet de la colline.

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Balançant entre émotion et admiration, je me plante, à distance encore respectable, au pied des ultimes marches. Ils me toisent regroupés tel un pack de rugbymen prêts à pousser son hakka. On en devine la forme sans trop comprendre ce qu’elle représente.
Droit sur les colosses de Chalmont ! Je gravis l’escalier qui mène à leurs pieds. Je me sens soudain petit devant l’imposant bloc de granit rose de Bretagne, la « pierre d’éternité » ainsi la nommait Paul Landowski. Sur le socle, est gravée l’inscription « Les Fantômes ».
Il me faut lever la tête pour enfin les dévisager. Ils sont au nombre de huit : sept soldats incarnant chacun une arme, d’une taille de huit mètres, disposés au garde-à-vous sur deux rangées.

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En première ligne, de gauche à droite, je passe en revue une jeune recrue, un sapeur la pioche à la main servant pour les travaux de sape à savoir les tranchées, un mitrailleur, le seul coiffé du casque emblème de la Victoire, et un grenadier en bras de chemise ouverte sur le torse.
Derrière eux, se dressent un fantassin, un colonial avec un passe-montagne et un aviateur avec son serre-tête en cuir et des lunettes de vol.
Ils sont sept gisants, légèrement inclinés, comme si, revenant de la mort, ils se relevaient de leur linceul blanc de givre; ainsi, les brancardiers les relevaient aussi dans les tranchées..
Ils ont les yeux clos. « Ces morts ont une figure grave, un air réfléchi, un peu étonné, une sérénité proche de l’hébétude. On les dirait plongés dans une éternelle méditation sur la vie qu’ils n’ont pas vécue ». L’artiste sculpteur a tenu sa promesse ; pour rendre hommage aux poilus sacrifiés, il a relevé les morts.
Ils font comme rempart à un huitième personnage, un jeune homme nu qui, lui, semble, au contraire, s’élever vers le ciel. Portant le masque de l’agonie, il symbolise le spectre de la mort.

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Comme l’écrit Michel Bernard dans Le Corps de la France, « le vers de Charles Baudelaire a trouvé son exacte forme terrestre dans un monument de granit breton dressé sur le bord du plateau du Tardenois par le deuil de la France : « Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs ». » Cet alexandrin est tiré du poème La servante au grand cœur dans Les Fleurs du Mal.
Durant de longues minutes, je tourne et retourne autour des Fantômes. Même pas peur, au contraire même ! Selon la course du soleil, leurs visages plus ou moins éclairés semblent exprimer des sentiments différents.
Ils possèdent la même majesté que les rois de France gisant dans la basilique de Saint-Denis. Ils dégagent une force religieuse, quasi chrétienne de la souffrance. Cela corrobore les propos de leur sculpteur qui déclarait : « L’œuvre d’art a une mission mystique qui est de racheter le réel », en l’occurrence abominable. Et cela change de la traditionnelle représentation guerrière des monuments aux morts de nos communes.
Lors d’une veillée spectacle sur la butte de Chalmont, à l’occasion du 90ème anniversaire des combats de 1918, sept poilus tombés dans l’Aisne témoignèrent, avant de se figer de nouveau dans la pierre, de ce qu’avaient vécu les hommes précipités malgré eux dans la Grande Guerre. Ils s’appelaient Auguste Platrier, Antoine-Jean Eldin, Marcel Doumer, Édouard Soubiran, Pascal Migne, Jean Flamen, Antoine Meyer. Ils venaient de Dordogne, de Haute-Garonne, de Vendée, de la Loire. Je me sens bien avec eux au sommet de la butte devant l’horizon dégagé du Tardenois. Si ce n’était le soleil encore transi en cette fin de matinée, j’aurais bien pique-niqué sur la pelouse voisine, histoire de partager quelques pensées avec eux à la manière ancestrale du peuple indien lors du Dìa de los Muertos au Mexique.

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J’imagine l’atmosphère wagnérienne qui doit peser lorsque le ciel se charge de lourds nuages noirs. Ou au contraire, les feux sans artifice quand les soleils couchants rougeoient les joues des fantômes. Des ambiances de fin d’un monde ! « La vague de terre sur laquelle se profilent les silhouettes des Fantômes est un remous du temps entre deux catastrophes. Un million trois cent mille jeunes Français morts à la guerre regardent la guerre qui revient ». En effet, tragiquement, une autre se profilait vingt ans plus tard !
En juillet 1968, le général Charles de Gaulle, alors président de la République, prononça là son dernier discours en public. Il brossa un résumé des derniers mois de la guerre et des ultimes offensives, avant de conclure en détachant bien ses mots : « Or, en ce temps-là, en ce lieu-ci, c’est cela qui est arrivé ! ».
En repartant, j’effectue une brève visite de courtoisie à la mairie d’Oulchy-le-Château. Bien m’en prend puisque c’est le maire en personne qui m’accueille. Il est ravi que j’ai pu rencontrer les Fantômes libérés de leurs chaînes : « Ils sont beaux nos Fantômes, n’est-ce-pas ? » En effet, même si vous n’avez pas la fibre militariste, je vous conseille si vous empruntez l’autoroute A4, de sortir à hauteur de Château-Thierry, pour aller vous incliner devant eux. Ils vous offriront un beau moment d’émotion artistique.
Et comme je les ai découverts grâce à lui, je vous suggère également la lecture de l’ouvrage de Michel Bernard, Le Corps de la France.

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« Il y a du saint-bernard chez Michel Bernard. C’est un écrivain d’avalanche. Il cherche le corps de la France sous les coulées de déprime, de masochisme et d’à-quoi-bonisme qui n’en finissent pas de le recouvrir. Il ne se fait pas à l’idée qu’on le laisse mourir, ce pauvre grand corps déchiqueté par les politiques et ridiculisé par les footballeurs. Alors, une bouteille de vin de l’Aude en guise de tonnelet d’eau-de-vie, il sonde les congères de l’Histoire, débusque des hommes dont il a hérité la passion du pays et le refus d’abdiquer. » (Nouvel Observateur)
Un peu plus tard, j’apercevrai de l’autoroute les ailes du moulin de Valmy. À ses pieds, se déroula une fameuse bataille qui n’en fut pas vraiment une. Il n’empêche qu’on la considère comme l’élément fondateur de la République. Je vous en ai entretenu dans un billet du 1er juillet 2010 (Va mal, VALMY, Va bien !)
Fermez votre livre d’Histoire, une petite révision de Géographie maintenant !
En effet, plus tard, en passant par la Lorraine, à hauteur de Verdun, je me replonge au temps où, jeune étudiant, je planchais sur le relief de cuesta avec le Précis de Géomorphologie de Max Derruau.
Malgré sa dénomination hispanique, ce relief de côte caractéristique des régions périphériques des bassins sédimentaires est très présent à l’Est du Bassin Parisien avec une succession de côtes dites de Meuse et de Moselle.. Conséquence de l’action différenciée de l’érosion fluviale sur des couches sédimentaires de dureté inégale, la cuesta se compose, d’un côté, d’un talus en pente raide dit le front de côte, et, de l’autre, d’un plateau doucement incliné en sens inverse dit le revers.

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Mon professeur de Géographie à l’École Normale, un valeureux pédagogue d’origine meusienne, n’avait rien trouvé de mieux pour appréhender cette curiosité géologique que de nous proposer quelques séances de bricolage : relevé sur du carton des courbes de niveaux de la butte témoin de Saint-Mihiel d’après la carte IGN au 1/50 000, ensuite découpage et clouage des feuilles de carton empilées, puis passage d’une pâte d’enduit qu’on peignait enfin. J’ai retrouvé cette maquette une trentaine d’années plus tard, à l’occasion d’un déménagement. C’était sans doute moins drôle que de pianoter sur un smartphone mais … !
Justement, la butte de Saint-Mihiel se profile à l’horizon car pour éviter les péages prohibitifs, je sors de l’autoroute et emprunte la route départementale 1916 qui relie Verdun à Bar-le-Duc. Axe stratégique durant la bataille de Verdun en 1916, elle fut baptisée Voie sacrée par l’écrivain Maurice Barrès. Chaque kilomètre est identifié par une borne coiffée d’un casque de poilu … en résine, car les vrais furent pillés par des collectionneurs ou descellés par les Allemands en 1940.

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Elle fut de février à octobre 1916 l’unique voie de liaison permettant l’approvisionnement en hommes et matériel entre l’arrière et les premières lignes de front autour de Verdun.
Au plus fort de la bataille, plus de 8000 véhicules y circulaient, un toutes les 13 secondes ! De mars à juin 1916, 400.000 hommes et 500.000 tonnes de ravitaillement en matériel et munitions étaient acheminés par mois, nuit et jour, jusqu’à l’enfer, camions, tracteurs d’artillerie, autobus, ambulances, véhicules d’état-major.
Paul Valéry écrivit : « Ils semblaient, par la Voie sacrée, monter, pour un offertoire sans exemple, à l’autel le plus redoutable que l’homme eût élevé ». Sans compter le flot incessant des véhicules rapatriant les blessés vers l’arrière. Les soldats du Train la surnommaient le Boulevard du Poilu ou encore le Chemin de l’Enfer. La chaussée mal empierrée n’était en rien comparable avec l’enrobé lisse d’aujourd’hui.
Cet après-midi, sur le plateau meusien, la circulation est bien moins dense et heureusement beaucoup plus pacifique. Soudain, dans une courbe peu avant Souilly, des silhouettes grandeur nature de soldats et de véhicules se dressent sur les bas-côtés.
Il s’agit là d’une initiative du Conseil général de la Meuse pour rendre hommage aux Poilus et au rôle important de la Voie Sacrée pendant la première guerre mondiale.

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Je reconnais le maréchal Pétain à cheval. Il est possible que parmi les autres gradés se trouvent les généraux Guillaumat, Nivelle peu respectueux dit-on des vies humaines, et Mangin partisan d’une « force noire », une armée africaine. Trois tirailleurs sénégalais frigorifiés posent d’ailleurs pour moi.

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Foin du froid polaire qui cingle sur le plateau, le « Tigre » Georges Clemenceau marche dans la neige, d’un pas déterminé comme il le fut en 1917 lorsque son vieil ennemi, le Président de la République Raymond Poincaré, l’appela à la présidence du Conseil. Il forma alors un gouvernement de choc pour intensifier la guerre avec l’Allemagne.
Si le temps ne me pressait pas, bien que Georges Brassens préférât cette guerre 14-18, je poursuivrais ma plongée dans l’Histoire de France en revenant six siècles en arrière au temps de la guerre de Cent ans. En effet, je traverse maintenant la petite ville de Vaucouleurs.

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J’aperçois à la volée la statue équestre de Jeanne d’Arc érigée sur la place de la mairie. La châtellenie de Vaucouleurs, à laquelle le village de Domremy était rattaché, résista vaillamment aux Anglais et Bourguignons. C’est pour cela que son prévôt, le capitaine Robert de Baudricourt, avait la considération du roi. Il confia une escorte à la jeune Jeanne en vue de gagner Chinon et la cour royale. Car vous savez bien qu’à treize ans, elle aurait entendu des voix célestes l’exhortant à libérer le royaume de France de l’envahisseur et conduire le Dauphin sur le trône !
La population valcoloroise se cotisa pour offrir des vêtements masculins à Jeanne. Elle se coupa les cheveux au bol. Son départ pour Chinon eut lieu sous la porte de France en février 1429. Vous connaissez son destin brûlant !
À Vaucouleurs, une Jeanne peut en cacher une autre. La localité meusienne vit naître, le 19 août 1743, Jeanne Bécu dite de Vaubernier. Vous la connaissez sans doute mieux par son titre de mariage comme comtesse du Barry.
Il y a bien un candidat au brevet des collèges qui dira qu’elle fut la créatrice du foie gras ! Oui, je sais, là je passe par la Lorraine avec de très gros sabots !
Autant l’autre Jeanne, fille de Jacques d’Arc et Isabelle Romée, était pucelle, autant celle-ci fut de mœurs plus légères. Les goûts et les (Vau)couleurs, ça ne se discute pas !
Vendeuse dans une boutique de mode parisienne, d’une prétendue beauté éblouissante, elle devint à dix-neuf ans la maîtresse de Jean-Baptiste Dubarry, un gentilhomme toulousain réputé pour sa dépravation. Quelques années plus tard, elle fut présentée au roi Louis XV par l’intermédiaire du maréchal de Richelieu, un petit-neveu du cardinal. Le souverain s’éprit rapidement de la demoiselle dont les talents aux jeux de l’amour lui procuraient une nouvelle jeunesse. Il désira en faire bientôt sa nouvelle favorite.
Mais cela ne pouvait s’accomplir sans une présentation officielle à la cour et aussi que la postulante fût mariée. Le chevalier Jean-Baptiste Dubarry ayant épousé entre temps Ursule Dalmas de Vernongrèse (c’est presque le nom d’une pouliche de trot !), on contourna la difficulté en mariant Jeanne à son frère cadet, le comte Guillaume Dubarry, qui fut immédiatement renvoyé au pays du cassoulet avec cinq mille livres en récompense de sa complaisance.
À la mort du roi (1774), son successeur Louis XVI délivra une lettre de cachet contre La du Barry et la fit conduire au couvent du Pont-aux-Dames près de Meaux. Par la suite, elle mena une vie paisible au château de Louveciennes, marquée par sa liaison avec le duc de Cossé-Brissac. On raconte que lors d’une visite privée en France, l’empereur Joseph II d’Autriche souhaita saluer l’ancienne favorite et l’aurait même invitée à le devancer en déclarant : « Passez madame, la beauté est toujours reine ».

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En 1789, son ancienne condition de maîtresse royale la rendit suspecte auprès des révolutionnaires. Elle fut emprisonnée à Sainte-Pélagie le 22 septembre 1793. Son procès s’ouvrit le 6 décembre devant le Tribunal révolutionnaire. Dès le lendemain, après un jugement expéditif présidé par le redoutable Fouquier-Tinville, elle fut condamnée à la guillotine. L’exécution eut lieu sur l’actuelle place de la Concorde le 8 décembre 1793. Mirabeau en dit : « Si ce ne fut pas une vestale, la faute en fut aux dieux qui la firent si belle ».
Vous avez compris que l’histoire et la géographie constituent un peu ma madeleine de Proust. Tout cela pour vous dire que je traverse maintenant Commercy dont l’une des spécialités est le commerce des … madeleines.
La nuit tombe sur le plateau lorrain. Vous pouvez ranger vos cahiers.

Publié dans:Ma Douce France |on 4 janvier, 2013 |8 Commentaires »

valentin10 |
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