Les ponts de Paris: le tour de l’île de la Cité (1)
Je vous ai déjà promené sous et sur quelques ponts de Paris (voir billets Pont Mirabeau 1er avril 2009, Pont des Arts 18 janvier 2010 et Pont de Bir Hakeim 1er avril 2010).
« Pour aller à Suresnes ou bien à Charenton
Tout le long de la Seine on passe sous les ponts
Pendant le jour, suivant son cours
Tout Paris en bateau défile,
L’cœur plein d’entrain, ça va, ça vient ... »
Avec des si … on met Paris en bouteille, avec la Seine, Juliette Greco met Paris et ses ponts en musique dans son récent album Ça se traverse et c’est beau.
« Chacun a son idée sur la fonction du pont. Je suis une passeuse. Un pont, c’est aller à la rencontre, c’est quitter, se suicider, c’est s’aimer, c’est revenir. C’est regarder l’eau. Comme toutes les filles qui ont 18 ans, j’ai marché sur les quais avec celui que j’aimais. C’est extrêmement divers et divertissant. C’est un matériau poétique » … dont je me sers abondamment pour bâtir ce billet.
Aujourd’hui, je vous emmène faire le tour de l’île de la Cité, en plein cœur de la capitale.
« Pour supporter
Le difficile
Et l’inutile
Y a l’tour de l’île ... »
Dans la même chanson, le poète québécois dit que C’est comme en France/Le tour de l’île ... d’Orléans, je ne trouve donc pas incongru de vous offrir, en plein Paris, ce vrai p’tit bonheur d’ode à la nature écrite et composée par le regretté Félix Leclerc.
Je vous rassure, vos souliers ne vont pas trop voyager, l’île de la Cité ne fait qu’une vingtaine d’hectares et pas moins de neuf ponts permettent d’accéder au majestueux vaisseau de pierre ancré au milieu de la Seine.
Plus aimables que leur aspect laisse paraître, des « guetteurs du ciel », des gargouilles et des animaux étranges qui peuplent habituellement les corniches et balcons de Notre-Dame, sont descendus sous terre m’accueillir dans le parc de stationnement.
Je remonte à la surface. Ces gargouilles me rappellent une plaisante chanson surréaliste de Jean-Pierre Suc, un auteur compositeur et interprète, qui, dans les années 1950, ouvrit non loin de là, dans le quartier de la Contrescarpe, le cabaret Le Cheval d’or où se produisirent notamment à leurs débuts Boby Lapointe, Raymond Devos, Pierre Perret, Ricet-Barrier, Roger Riffard, Pierre Louki, Anne Sylvestre et Christine Sèvres, la compagne de Jean-Ferrat. Excusez du peu !
« Une gargouille est en chômage
Car ce jour le ciel est bleu
Et qu’elle a métier de cracher l’orage
Quand il pleut, quand il pleut
Du haut des tours de Notre Dame
Voyant la Seine couler
Notre gargouille tout feu tout flamme
S’y est jetée, s’y est jetée
Pêcheur pêchant sur l’autre rive
A son hameçon l’a accrochée
Alors qu’elle allait à la dérive
L’a remontée, l’a remontée
Non moi je ne mange pas de la gargouille
Jour de carême ni vendredi
Non non non moi je ne mange pas de la gargouille
Il la jette son chat l’a pris
Le matou matois m’as-tu vu
Un gros chat roux de pure race
Met la gargouille vermoussue
Dans sa besace, dans sa besace
Non moi je ne mange pas de la gargouille
Dit l’animal plein de mépris
Non non non moi je ne mange pas de la gargouille
Mais j’en tirerai un bon prix
Le malin matou met en vente
La gargouille à l’hôtel Drouot
Les marchands entre deux gueulantes
Tiennent ce propos, tiennent ce propos
Non nous ne mangeons pas de la gargouille
Jour de carême ni vendredi
Non non non non nous ne mangeons pas de la gargouille
Vendue par un mistigri
Elle était née au Moyen Âge
Du ciseau d’un sculpteur barbu
Un jeune sculpteur en rodage
Ici l’a vue, ici l’a vue
Oui moi je mangerai de la gargouille
Jour de carême et vendredi
Oui oui oui, moi je mangerai de la gargouille
Et j’en mangerai toute ma vie
La gargouille fait bon ménage
Avec son sculpteur amoureux
Laissons-les sur leur bleu nuage
Ils sont heureux, ils sont heureux
Ils sont heureux »
Le nom donné au cabaret faisait référence à une autre chanson aussi Suc(culente) racontant l’histoire d’une tête de cheval dorée, accrochée à la devanture d’un boucher, amoureuse d’une jument qui passait tous les lundis dans la rue.
Dans le réjouissant dévédé qui lui est consacré, Boby Lapointe, le funambule des mots, est visiblement hilare de reprendre encore une chanson de Suc sur le parvis (de Notre-Dame), le paradis au sens étymologique du mot:
« Grand bonjour Notre Dame la reine
La tête sur un coussin de ciel
Et les pieds trempés dans la Seine
Tu te dores au soleil
Et moi assis sur le cœur de Paris
Place du parvis, place du parvis
Et moi assis sur le cœur de Paris
Ventre content et l’œil ravi
Les touristes curieux badauds
L’œil mécanique sur leur nombril
Tirent à tire larigot des photos
Souvenirs plus faciles … »
Boby était peut-être simplement heureux de se trouver sur la dalle matérialisant le point kilométrique zéro des routes quittant la capitale
« Pour sûr que Paris
C’est plus près que les Caraïbes
C’est plus près que Caracas
Est-ce plus loin que Pézenas ? Je ne sais pas »
Quant à moi, à l’ombre de la statue de Charlemagne et ses leudes, assis sur un banc du pont au Double, je regarde un maître dompteur d’oiseaux donnant à manger à ses amis moineaux.
Coup d’œil furtif à l’échoppe du bouquiniste : Les jardins et les fleuves, un titre de circonstance de Jacques Audiberti, romancier poète et reporter au Petit Parisien et … père spirituel de substitution de Claude Nougaro : « Avec le taureau Nougaro, la poésie débouche dans la noire arène du disque ! »
Et Claude, en écho, de le décrire: « Audiberti me disait qu’il était venu sur terre pour enquêter afin d’ajouter un reportage aux dossiers de Dieu. Il était une sorte d’inspecteur Maigret métaphysique … » Il lui rendra hommage avec sa Chanson pour le maçon.
En 1968, loin du Capitole, Nougaro le Toulousain avec Paris Mai porte un regard poétique sur les événements qui viennent de faire voler les pavés du Quartier Latin tout proche.
« Le casque des pavés ne bouge plus d´un cil
La Seine de nouveau ruisselle d´eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile
J´ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d´oiseau-forçat, enchaîné à sa plume
Et piochant l´évasion d´un rossignol titan
Capable d´assurer le Sacre du Printemps
Ces temps-ci je l´avoue j´ai la gorge un peu âcre
Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinsky
Mai mai mai Paris mai
Mai mai mai Paris
… C´est ainsi que parlait sans un mot ce jeune homme
Entre le fleuve ancien et le fleuve nouveau
Où les hommes noyés nagent dans leurs autos.
C´est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune homme
Et moi l´oiseau-forçat, casseur d´amère croûte
Vers mon ciel du dedans j´ai replongé ma route,
Le long tunnel grondant sur le dos de ses murs
Aspiré tout au bout par un goulot d´azur
Là-bas brillent la paix, la rencontre des pôles
Et l´épée du printemps qui sacre notre épaule
Gazouillez les pinsons à soulever le jour
Et nous autres grinçons, pont-levis de l´amour
Mai mai mai Paris mai
Mai mai mai Paris »
La chanson sera interdite d’antenne à l’époque !
Après avoir longtemps habité Montmartre (voir billet du 1er février 2008 Allée des Brouillards), Nougaro vécut les dernières années de sa vie en bordure de Seine, à quelques pas d’où je me trouve. C’est là qu’il donna son dernier « concert de pancréateur ».
Éloge de l’écrivain Christian Laborde, son frère de race mentale : « Je tire derrière moi la porte de ta demeure, rue Saint Julien le Pauvre, où tu viens de t’éteindre, entouré d’Hélène et des « potenceurs ». Ainsi nommais-tu les infirmiers qui installaient au pied de ton lit bateau le support chromé des perfusions. Des potences, oui, comme dans les poèmes de François Villon dont tu étais devenu le voisin. » Il devint Nougaronne pour l’éternité lorsque ses cendres furent dispersées dans l’eau de la Garonne.
Son appartement donnait sur l’église Saint Julien le Pauvre, il avait même accroché un rétroviseur à la fenêtre de son bureau pour apercevoir les tours de Notre-Dame. Une inscription discrète sur le digicode témoigne que son épouse, l’île Hélène, y vit toujours.
Permettez qu’en hommage, je traverse le quai pour me recueillir quelques instants dans le bucolique square Viviani en face, sous Les ogives de Julien du nom d’une de ses Fables de ma fontaine :
« Les ogives de Julien
Saint Julien le Pauvre
Savent bien qu’il n’y a rien
Que la foi qui sauve
Je viens parfois m’y loger
Pénitent calme et modeste
J’apprécie les horlogers
Surtout les célestes
Dans un silence de cils
Où grince à peine une chaise
Sans messie et sans missel
Je m’installe à l’aise
Les ogives de Julien
Savent bien qu’il n’y a rien
Que la foi qui sauve
La foi, ma foi, j’en ai peu
Pas de quoi brûler un cierge
Bien que je sois né sous le
Signe de la vierge
Que je croie ou n’en croie rien
Le bon Julien s’en balance
Il connaît trop les chrétiens
Ascendant Balance
Les ogives de Julien
Savent bien qu’il n’y a rien
Que la foi qui sauve
Pas la foi sauve-qui-peut
De ces lascars fanatiques
Qui brandissent leur prie-dieu
Comme un coup de trique
Alors là, je suis sérieux
Saint Julien ou Dominique
Je voudrais bien qu’on m’explique
L’eau, la terre, le feu, l’air
Tout ça pour que l’homme braque
Ses ogives nucléaires
Sur notre baraque
Les saints ne répondent pas
À des questions aussi vaines
Il faut suivre pas à pas
Le chemin des veines
Ramer, ramer dans son sang,
Et soulever des monts chauves
Pour saisir enfin le sens
De la foi qui sauve
Des ogives de Julien
Saint Julien le Pauvre »
Outre la référence au grand fabuliste, le titre de son spectacle était peut-être aussi un clin d’œil à la fontaine en bronze du square, une œuvre mystique de Georges Lenclos. Le sculpteur contemporain s’est inspiré de l’histoire de Saint-Julien le Pauvre ou l’Hospitalier telle que Flaubert la relate dans Les Trois Contes.
Cher Claude, je resterais volontiers près de toi (mais mes lecteurs m’attendent) pour écouter ta « chanson de la carte Vermeil » , « Trop de nuits, de soleils, ça se paye / On dérouille, on se rouille / On se quoi ? Dur d’oreille … pourquoi tu nous fais ça, mon Dieu / Nous aiguiser en jeune, nous déguiser en vieux ... »
« Les vieux sont des braqueurs de bancs
Oh oui ! J’aime les bancs, public.
Ces canapés du pavé
Ces barques à quai qui mouillent, immobiles
Dans le tourbillon citadin, ces îles
Tous les bancs sont en bois des îles
Y compris les bans de la société
En bois d’exil … »
Langue sublime qui n’est pas de bois et donne envie de m’asseoir, comme Claude dans son récital, pour regarder les pigeons du square :
« Les pigeons du square Viviani
Pique-niquent sans relâche
Le pain dur, le pain de mie
Que les gens leur lâchent
Quand plus rien n’est à piquer
Les pigeons jouent à pigeon-vole
Ils font des raids, des piqués
Vers d’autres pactoles
J’en connais un, le gros Léon
Le pigeon de Notre-Dame
Qui joue du bandonéon
Pour sa gente dame
Il roucoule comme un con
Dottière venu de Venise
Malgré les gros poux qui con
Stellent sa chemise … »
Puisque Claude taquinait les vieilles branches, c‘est l’occasion de dire que ce square a la particularité d’abriter un robinier faux-acacia planté en 1601. Haut de 11 mètres et d’une circonférence de 3,85 mètres, il est considéré comme le plus vieil arbre de Paris.
J’accomplis maintenant la vingtaine de mètres qui me séparent de la façade du cabaret Aux Trois Mailletz, un club qui, au début des années 1950, accueillit de grandes figures du jazz comme Bill Coleman, Mezz Mezzrow, Guy Lafitte, Memphis Slim et Stéphane Grappelli.
Il faut se souvenir que Claude Nougaro, grand amateur de jazz, mit ses mots sur des musiques de Dave Brubeck (À bout de souffle), Louis Armstrong, Charles Mingus, Thelonious Monk, Sonny Rollins, Ornette Coleman Eddy Louis, Neal Hefti, et bien d’autres encore.
Incroyable, il marquait le tempo déjà dans le ventre de sa mère, à en croire les savoureuses menteries biographiques proférées par Christian Laborde dans son livre L’homme aux semelles de swing. Je me suis replongé dedans depuis cette promenade :
« Un après-midi, elle était alors enceinte de six mois, Madame Nougaro se rendit chez son luthier » … lorsqu’elle fut prise d’un malaise. « Elle posa une main sur son ventre rond et de l’autre chercha un appui. Le luthier la fit immédiatement asseoir sur un fauteuil Voltaire.
– Claude vous a donné un vilain coup de pied !dit-il en lui présentant des sels placés dans une boîte à musique en acajou.
– Non, pas vraiment ! C’était comme un petit gazouillis avec des vibrations, de la mousse au chocolat et une petite hélice, je ne pouvais plus marcher.Vous n’entendez rien ? poursuivit-elle.
– Si,le pick-up, Armstrong ! avec Lil Hardin au piano et Kid Ory au trombone !
– Non, là, dans mon ventre ! Écoutez !
– Perplexe, le luthier s’agenouilla et posa une oreille attentive quoique maladroite sur le ventre de Madame Nougaro. Il se redressa, regarda la future maman.
– Alors, Monsieur, qu’avez-vous entendu ?
– Eh bien, Madame, tout d’abord « di-dou » puis « di-dou di-dou » puis « di-dou di-dou di-dou dém » cadencé par un tout petit claquement de doigts qui dérape un peu ... »
Son émouvant album sorti quelques mois après sa mort avait procuré à Claude sa dernière grande joie en gravant son nom au fronton de la plus célèbre firme de jazz Blue Note. Au verso, figure un dessin de Claude légendé : C’est fini ou ça commence ? Je n’arrêterai jamais avec toi Claude. Tu es toujours là, les paroles, toujours d’actualité, de Assez en sont la preuve :
« Il serait temps que l’homme s’aime
Depuis qu’il sème son malheur
Il serait temps que l’homme s’aime
Il serait temps, il serait l’heure
Il serait temps que l’homme meure
Avec un matin dans le cœur
Il serait temps que l’homme pleure
Le diamant des jours meilleurs
« Assez ! Assez ! »
Crient les gorilles, les cétacés
« Arrêtez votre humanerie
Assez ! Assez ! »
Crient le désert et les glaciers
Crient les épines hérissées
« Déclouez votre Jésus-Christ !
Assez !
Suffit ... »
Assez, il ne tiendrait qu’à moi, je vous raconterais plein de voyages en Nougarie.
Encore Christian Laborde : « Tu ne parlais jamais de Lénine et du sang. Tu parlais toujours de Verlaine et du son ». Justement :
« Toi, Seine, tu n’as rien. Deux quais, et voilà tout,
Deux quais crasseux, semés de l’un à l’autre bout
D’affreux bouquins moisis et d’une foule insigne
Qui fait dans l’eau des ronds et qui pêche à la ligne.
Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin
Les passants alourdis de sommeil ou de faim,
Et que le couchant met au ciel des taches rouges,
Qu’il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges
Et, s’accoudant au pont de la Cité, devant
Notre-Dame, songer, cœur et cheveux au vent !
Les nuages, chassés par la brise nocturne,
Courent, cuivreux et roux, dans l’azur taciturne.
Sur la tête d’un roi du portail, le soleil,
Au moment de mourir, pose un baiser vermeil… »
Ô Verlaine (pour reprendre le titre du beau roman de Jean Teulé) ! En cette matinée d’automne, je ne pourrai pas épier le baiser vermeil du soleil couchant sur la façade de la cathédrale tel que tu le décris dans Nocturne parisien tiré de ton recueil des Poèmes saturniens. Sache cependant que les quais de Seine avec leurs boutiques de bouquinistes ont un visage plus souriant qu’à ton époque.
Comprenez que je traînasse sur le pont au Double et son environnement chargé d’émotions poétiques. C’est l’un des plus courts ponts de Paris avec sa quarantaine de mètres de longueur. Uniquement piétonnier, il est aussi probablement le plus fréquenté.
À l’origine, en 1631, il s’agissait d’un pont en pierre à trois arches surmonté d’un bâtiment à deux étages pour y héberger les malades de l’Hôtel Dieu voisin surchargé.
Il tient son nom du « double denier par homme de pied » (et six tournois par cavalier) qu’il fallait acquitter pour le franchir. Ce péage subsista jusqu’à la Révolution.
La promenade en aval du pont côté île porte le nom de Maurice Carême, « poète belge d’expression française » comme indique la plaque, qui s’afficha souvent sur le tableau des récitations au temps de mon école communale. Quand je pense qu’Antoine Blondin n’a le droit qu’à un square perdu dans le vingtième arrondissement alors qu’il vécut toute sa vie à proximité du pont des Arts … il est vrai qu’il préférait le vin à l’eau !!!
Pont suivant en amont ! Je choisis de le rejoindre par l’île en traversant le jardin de l’Archevêché, aujourd’hui rebaptisé square Jean XXIII. Pardonnez mon mauvais esprit qui s’envole vers la couverture irrévérencieuse de Charlie Hebdo s’affichant justement depuis ce matin dans les kiosques. Elle fustige la prise de position (si j’ose dire) d’un autre Vingt-Trois, prénommé André, actuel archevêque de Paris.
Au chevet de Notre-Dame, le square était, au Moyen-Âge, un terrain vague appelé la Motte aux papelards (rien à voir donc avec Charlie Hebdo !) qui servait de réceptacle aux gravats et déchets accumulés lors de la construction de la cathédrale.
Au centre, se dresse une fontaine avec une Vierge à l’enfant, œuvre du sculpteur Louis Merlieux.
Je m’arrête devant le buste de Carlo Goldoni, le Molière italien, auteur dramatique du dix-huitième siècle. C’est l’occasion de me souvenir d’une représentation de la Trilogie de la Villégiature au théâtre de l’Odéon. Une mise en scène de Giorgio Strehler avec les acteurs de la Comédie Française, notamment Pierre Dux et Ludmila Mikaël, un enchantement qui durait quatre heures, mais dès le lever de rideau, le temps semblait s’arrêter.
En sortant du jardin, je me retrouve sur le pont de l’Archevêché, le pont le plus étroit de Paris, qui fut construit sous le règne de Charles X dit le Bien Aimé, pas tant que cela en fait car les Trois Glorieuses de 1830 ou Révolution de Juillet le forcèrent à abdiquer.
C’est un amour de pont au propre comme au figuré. À ses pieds, est amarrée pour l’éternité la poupe de l’île de la Cité avec une vue magnifique sur le chevet de Notre-Dame.
Sur les grilles de ses balustrades, les amoureux verrouillent leurs sentiments en fixant des cadenas. Espérons pour eux que l’étudiant de l’École des Beaux-Arts ne les enlève pas pour en faire une sculpture comme il le fit avec ceux du pont des Arts en mai 2010.
Statistiquement, certains d’entre eux devraient connaître le même sort que celui que le photographe Jean-Denis Robert met en scène dans sa galerie de portraits People (voir billet du 27 septembre 2011). Il l’a légendé : Je m’appelle Brigitte !
Sur la pointe de l’île, le square de l’Île-de-France abrite le mémorial des Martyrs de la déportation, inauguré en 1962 par le général de Gaulle alors président de la République. L’architecte Georges Henri Pingusson a relevé le défi de figurer l’infigurable.
Par un escalier raide et étroitement enserré entre des murs granuleux, on descend jusqu’à un parvis cerné de hautes murailles blanches complètement nues. Sentiment d’oppression ! À la pointe, se trouve une seule ouverture, une sorte de meurtrière barrée par une herse aux formes noires acérées. Elle laisse juste entrevoir l’eau de la Seine qui coule.
Une crypte abrite 200 000 bâtonnets de verre, autant de signes particuliers que de Français morts en déportation lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dans deux galeries latérales, des alvéoles triangulaires abritent des urnes contenant de la terre provenant des différents camps ainsi que des cendres ramenées des fours crématoires.
Aux murs sont inscrits en caractères cunéiformes rouges les noms des camps de concentration ainsi que des extraits de poèmes de Paul Eluard, Sartre, Vercors, Saint-Exupéry, Robert Desnos aussi avec ces vers tirés de la Destinée arbitraire. Ils témoignent de l’engagement de Desnos dans la Résistance, qui lui valut la déportation et lui coûta la vie.
« Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté
au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit »
Et aussi cet extrait de La rose et le Réséda de Louis Aragon :
« Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats »
Et encore, ce vers du Chant des marais ou Chant des déportés, « chanson des soldats de marécage », composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration de Börgermoor en Basse-Saxe.
« Ô terre de détresse où nous devons sans cesse piocher piocher … »
C’est l’occasion d’écouter Leny Escudero toujours émouvant et admirable dans ses engagements (lire billet Ay Leny Escudero rum balarum balarum bam bam du 14 mars 2012) :
le chant des marais par Leny Escudero
Après ce devoir de mémoire, un peu secoué, je me retrouve, à la sortie du jardin, immédiatement devant le pont Saint-Louis qui relie la pointe sud de l’île de la Cité à l‘île Saint-Louis en amont.
Sa vie n’est pas (sur) un long fleuve tranquille. En effet, sept ponts au moins s’y sont succédé depuis près de quatre siècles.
À l’origine, vers 1630, le premier ouvrage s’appelle pont Saint-Landry en raison de la proximité du port du même nom qui approvisionnait le centre de Paris. De construction précaire, en bois, il s’écroule le 5 juin 1634 sous le poids de trois processions qui se bousculent pour accéder à Notre-Dame. Comme quoi, il ne suffit pas d’être chrétien pour avoir une bonne conduite !
Reconstruit avec neuf arches pour une meilleure assise, il ne résiste pas aux crues de la Seine de 1709. Il est remplacé, en 1717, par un pont en bois de sept arches, peint au minium, baptisé subtilement Pont Rouge qui s’effondre à son tour lors des inondations de 1795. Nul besoin d’un cyclone Sandy pour mettre à mal les édifices fluviaux de la capitale !
Quand ce ne sont pas les flots furieux de la Seine, c’est un automoteur qui percute le pont en 1939 entraînant la rupture et l’explosion des conduites de gaz qu’il renferme.
L’ouvrage actuel a été construit après 1968, ne cherchez cependant pas quelconque rapport avec les émeutes évoquées plus haut! Structure métallique d’une seule travée sans pile intermédiaire, elle possède une esthétique minimaliste contestable souhaitée par ses architectes la désirant discrète dans la multiplicité des points de vue remarquables autour de Notre-Dame et des deux îles.
Ce midi, trois mannequins posent au-dessous, pour un magazine de mode. En 2009, J.R, l’artiste de rue, colla au même endroit une gigantesque photographie d’une dame du temps présent, une femme africaine alanguie nue (voir billet Street Art à l’île Saint-Louis du 16 novembre 2009).
Piétonnier, le pont Saint-Louis favorise l’installation de saltimbanques et de musiciens pour le plus grand plaisir des touristes.
Je poursuis maintenant ma déambulation du côté septentrional de l’île de la Cité et du grand bras de la Seine, par le quai aux Fleurs, ainsi nommé par la présence du marché aux fleurs, installé un peu plus loin de nos jours. Certaines de ses façades méritent une attention plus soutenue.
De 1938 à 1985, à l’exception des années de guerre passées dans la clandestinité, le philosophe Vladimir Jankélévitch vécut au numéro 1 du quai. Une plaque cite une phrase de son essai L’Irréversible et la Nostalgie, « Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été : désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir vécu est son viatique pour l’éternité ». Voici une feuille blanche et un stylo, asseyez-vous pour méditer au soleil du bord de la Seine, je ramasse votre copie dans trois heures! …
… Bon, j’ai l’impression que je vous ennuie avec ma question existentielle.
Deux plaques apposées au numéro 5 rappellent que René Coty y vécut de 1936 à 1954 avant de devenir président de la République, et que le poète et romancier Edmond Haraucourt y mourut en 1941.
Je reconnais humblement que ce dernier était pour moi un illustre inconnu jusqu’à ce que lors de ma visite, je découvre qu’il est l’auteur du Rondel de l’adieu :
« Partir, c’est mourir un peu.
C’est mourir à ce qu’on aime.
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
C’est toujours le deuil d’un vœu
Le dernier vers d’un poème…
Partir, c’est mourir un peu.
Et l’on part, et c’est un jeu
Et jusqu’à l’adieu suprême,
C’est ton âme que l’on sème,
Que l’on sème à chaque adieu.
Partir, c’est mourir un peu… »
Francis Lemarque s’en inspira dans sa chanson Quand un soldat :
« ...Partir pour mourir un peu
À la guerre à la guerre
C’est un drôle de petit jeu
Qui n’va guère aux amoureux
Pourtant c’est presque toujours
Quand revient l’été
Qu’il faut s’en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Car la guerre car la guerre
Se fout des serments d’amour
Elle n’aime que l’son du tambour ... »
Si mon sujet de philosophie ne vous a pas enthousiasmé, je risque d’avoir plus de succès avec l’évocation de la grande histoire d’amour d’Héloïse et Abélard qu’abrita une ancienne maison sise à hauteur des numéros 9 et 11 du quai, ainsi qu’en témoignent une plaque et des éléments décoratifs sur les portes.
Passe encore pour Jankélévitch, mais ne me dites pas que vous ne connaissez pas ce couple célèbre. Au collège, vous avez sûrement appris, à tout le moins étudié, en vieux françois ou en français moderne, la célèbre Ballade des Dames du temps jadis de François Villon :
« … Où est la très sage Heloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ?
Pour son amour eut cest essoyne.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust jetté en ung sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan ! … »
Georges Brassens mit ce poème en musique. Je vous l’offre :
Pierre Abélard, philosophe et théologien scholastique de grand talent, né d’une famille noble de Nantes, rejoint Paris pour poursuivre ses études puis parfaire l’éducation d’Héloïse, la nièce de Fulbert chanoine de Notre-Dame. La jeune fille a dix-huit ans, son précepteur trente-neuf. La mission de ce dernier dépasse bientôt largement sa fonction puisque : « Sous prétexte d’étudier, nous nous livrions entiers à l’amour … Notre ardeur connut toutes les phases de l’amour, et tous les raffinements insolites que l’amour imagine, nous en fîmes l’expérience. »
Amoureux éperdus, Héloïse et Abélard se marient dans le plus grand secret et ont un fils prénommé Astrolabe. Mais vous n’avez pas attendu les Rita Mitsouko pour savoir que les histoires d’amour finissent mal en général !
Abélard place Héloïse au couvent d’Argenteuil pour la protéger de la colère de tonton Fulbert. Le chanoine commandite alors deux hommes de main pour émasculer Abélard.
Vous imaginez le foin que cela fait au sein du chapitre de Notre-Dame. Les deux coupeurs de testicules sont condamnés au même traitement selon la loi du Talion, Fulbert est suspendu de ses fonctions pendant deux ans, Héloïse prend le voile à Argenteuil et Abélard se retire comme moine à l’abbaye de Saint-Denis.
Désormais éloignés, les deux amants transforment leur amour charnel en amour mystique en s’écrivant des longues lettres demeurées célèbres telles celle-ci de la « très sage » Héloïse cloîtrée : « Au cours même des solennités de la messe, où la prière devrait être plus pure encore, des images obscènes assaillent ma pauvre âme (…). Loin de gémir des fautes que j’ai commises, je pense en soupirant à celles que je ne peux plus commettre. »
Séparés dans la vie, Héloïse et Abélard se retrouvèrent dans la mort. À son décès, Héloïse fut enterrée auprès d’Abélard à l’abbaye du Paraclet dans l’Aube. En 1817, la ville de Paris autorisa la construction d’un mausolée à leur mémoire au cimetière du Père-Lachaise.
Pour l’éternité, ils se regardent par médaillons interposés.
Je descends quelques marches pour me retrouver en contrebas dans la vieille rue étroite des Ursins. Il paraît que Jean Racine y vécut.
« À Lutèce voguant aux aurores de nacre
Clocher, sonne là-haut la cloche des patries
À la cité des rois, des croix, des gueux, des sacres
Que retentisse encore le glas gras des tueries
À la ville lumière éteinte en simulacres
Fous-nous le gros bourdon, beffroi du capital
Carillons sonnez tous à cette capitale
Que la guerre épargna et que la paix massacre … »
C’est tiré de Montparis, chanson de Nougaro ! Encore, assez! Oui, excusez-moi !
Je me présente au numéro 4 de la rue de la Colombe, devant un immeuble chargé de sept siècles d’Histoire. Le nom de la rue et de la maison proviendrait d’un épisode tragique et poétique. Un couple de colombes nichait là sous la fenêtre d’un artisan, lorsqu’un soir de l’an 1223, la maison s’effondra. L’artisan fut tué et le nid enseveli sous les décombres. Seul le mâle parvint à sortir, la femelle et sa couvée restèrent coincées sous les pierres. Pendant plusieurs semaines, la colombe mâle nourrit son épouse et sa progéniture. Ce spectacle attendrissant émut les habitants du quartier qui décidèrent de vouer un culte à la Colombe à la désapprobation de l’Archevêché qui interdit toutes les manifestations païennes liées à cette vénération.
J’émets quelques réserves sur la véracité de cette légende (!) compte tenu des erreurs grossières relevées sur la pancarte fixée au mur de la taverne qui fait régner Louis XIV en 1240. Je rends à Louis IX alias Saint-Louis ce qui lui appartient.
Vers 1715, l’immeuble aurait été le repaire du brigand au grand cœur, Cartouche, le vrai, pas Jean-Paul Belmondo ! Pour échapper à la maréchaussée, il empruntait un souterrain, qui existerait toujours en partie, débouchant sur les berges de la Seine.
À partir de 1954, ça c’est authentique, la Colombe devint un repaire d’artistes avec l’ouverture du célèbre cabaret éponyme. Ainsi, y débutèrent leur carrière, les chanteurs Guy Béart, Anne Sylvestre, Pierre Perret, Jean Ferrat, Maurice Fanon, Francesca Solleville, Hélène Martin, Jean Vasca, Henri Gougaud, Georges Moustaki, Marc Ogeret ainsi que Bernard Haller, Avron et Évrard, ou encore Romain Bouteille. Cette génération née après la Libération de la France à la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous fait entrer dans l’émergence d’un esprit nouveau avec des chansons à texte auxquelles on colle l’étiquette de « rive gauche » … de la Seine.
Sur sa rive droite, la chanson cherche à plaire parce qu’elle se vend. La chanson rive gauche est essentiellement de gauche, exigeante, engagée, délivrant un message. « Elle est à l’écart du courant. Elle sent la vase. Il n’y a nul autre endroit d’où l’on voie mieux le fleuve couler ». Il est certain que dans notre société actuelle très consensuelle et consumériste, la distinction est moins flagrante.
Cet après-midi, je suis ému à la pensée que des chanteurs, célèbres par la suite, coururent le cacheton, autour de minuit, dans la rue de la Colombe. C’était une époque où n’existaient pas de Star Ac’ ou de Graines de stars pour promouvoir des talents factices. Hommage à deux d’entre eux, Maurice Fanon, trop tôt disparu, et Marc Ogeret:
Aujourd’hui, le cabaret est devenu un restaurant, bar à vins baptisé la Réserve de Quasimodo. Je doute que Garou le fréquente !
L’enseigne du restaurant voisin fait référence Au Tambour d’Arcole.Vos lointaines études d’Histoire vous renvoient peut-être à la bataille du pont d’Arcole, commune italienne de la province de Vérone, au bord de l’Adige, au cours de laquelle, du 25 au 27 Brumaire an V (novembre 1796), les troupes du futur empereur Bonaparte vainquirent l’armée autrichienne. Il paraîtrait que Bonaparte ordonna à ses tambours de se placer sur les arrières des Autrichiens et de faire le plus de vacarme possible afin de faire croire l’arrivée de nouveaux renforts. Parmi eux, se trouvait le jeune tambour André Estienne sculpté par David au fronton du Panthéon, et dont un monument est érigé sur la place de son village natal de Cadenet dans le Vaucluse.
Cet intermède musical aurait pu constituer une transition subtile pour évoquer le pont d’Arcole vers lequel je me dirige maintenant.
En fait, le nom du pont qui relie l’Hôtel de Ville à l’île de la Cité serait tiré non pas de la campagne de Vénétie mais d’un épisode des Trois Glorieuses de juillet 1830. Désireux de chasser le souverain Charles X, des insurgés républicains dont Alexandre Dumas, venant de l’île de la Cité, se dirigent vers l’Hôtel de Ville. Pour cela, ils empruntent le pont de Grève, ancienne dénomination du pont d’Arcole, mais se heurtent au feu des soldats de la garde royale. C’est alors qu’« un jeune homme, bravant les balles monte sur l’arc du pont, et, un drapeau tricolore à la main, encourage les assaillants ».
Selon les témoignages de l’époque et les spécialistes de l’histoire de Paris, les versions diffèrent ensuite. Notre jeune héros cria-t-il « Comme à Arcole » en s’engageant sur le pont ou se nommait-il Arcole comme il l’aurait déclaré avant de tomber sous les balles ? Quoi qu’il en soit, les émeutiers s’emparèrent de l’Hôtel de Ville, Charles X fut renversé et le pont de Grève fut baptisé Arcole. Au-delà de tout scepticisme, il est réjouissant de constater que le nom actuel de ce pont aurait donc pour origine l’acte héroïque d’un jeune insurgé révolutionnaire plutôt que le fait de guerre d’un futur empereur.
Le tableau d’Amédée Bourgeois visible au musée du château de Versailles, montre que l’ancien pont suspendu de Grève avait fière allure avec sa pile en pierre sur laquelle était érigé un portique supportant les câbles de retenue.
En 1856, Alphonse Oudry le remplace par le premier pont parisien sans appui, entièrement réalisé en fer, avec une arche unique de 80 mètres de portée sise entre deux culées en pierre de taille. Cette prouesse technique n’est cependant guère rassurante car en février 1888, le pont subit un affaissement de vingt centimètres sous les tensions engendrées par le poids du tablier. L’ingénieur Barbet le consolide à l’époque par l’ajout de deux fermes supplémentaires et … de cordes et de bouées.
L’intérêt majeur du pont réside dans la superbe vue qu’il propose sur l’Hôtel de Ville. Érigé au seizième siècle, le monument fut brûlé sous la Commune de Paris (1871) puis reconstruit dans son esprit néo renaissance entre 1878 et 1889. Si votre patience vous conduit à en faire le tour, vous pouvez dénombrer plusieurs centaines de sculptures de personnages marquants de la ville de Paris tels savants, artistes, industriels et hommes politiques. Je vous en épargne la liste fastidieuse, mais vous détournerez votre jeune progéniture quelques secondes de son portable en lui montrant Charles Perrault célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye ! Moi, je choisis Germain Pilon et Pigalle, les sculpteurs sculptés, il y a bien des arroseurs arrosés.
En bordure du quai de l’Hôtel de Ville, je jette un œil à l’imposante statue équestre d’Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris sous le règne de Jean le Bon au quatorzième siècle.
Délégué du Tiers État, il joua un rôle considérable au cours des États généraux tenus pendant la guerre de Cent Ans, qui avaient pour objectif le contrôle de la fiscalité.
Sans y voir un lien direct de cause à effet, il fut assassiné le 31 juillet 1358.
Autres temps, autres mœurs, notre ministre de l’Économie et des Finances ne devrait pas craindre pareil châtiment malgré l’imposition à 75 % des classes les plus riches.
Aujourd’hui, un prix Étienne Marcel récompense les petites et moyennes entreprises faisant preuve de responsabilité dans la crise économique et financière que nous traversons.
Camille Saint-Saëns composa un opéra à sa gloire en 1879.
Je pourrais poursuivre ma balade en aval de la Seine en longeant la rive droite en direction du pont Notre-Dame. C’est là qu’étaient amarrés autrefois nombre de bateaux-lavoirs bien exposés au soleil. Sur l’un des panneaux contant l’Histoire de Paris, on peut lire : « Le plus imposant d’entre eux est l’Arche Marion, formé de 12 barges et long de 200 mètres, amarré entre le pont d’Arcole et le pont Notre-Dame ; 250 personnes peuvent y travailler ensemble. »
Les lavandières lessivaient au raz de l’eau sous des auvents tandis qu’à l’étage supérieur, une vaste salle couverte accueillait le linge à sécher. Au centre, se trouvait la haute cheminée d’une chaudière définitivement détruite en 1937.
Chères lectrices, plutôt que de vous ennuyer avec ces basses corvées ménagères, je traverse la Seine pour rejoindre le marché aux fleurs et vous offrir un odorant bouquet.
Je n’ai fait qu’un demi-tour de l’île de la Cité, mais je ne coupe pas les ponts avec vous. Rendez-vous donc au pont Notre-Dame pour mon prochain billet !
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