TOUS AU LARZAC Cesar du meilleur film documentaire
Plutôt que d’essuyer quelque invective présidentielle du genre « casse-toi pauvre con », au salon de l’Agriculture, un petit troupeau de brebis aveyronnaises a pris la tangente, vendredi soir, vers le théâtre du Châtelet où se déroulait la cérémonie des César du cinéma 2012.
Bien leur en a pris puisque les éleveurs de leurs aïeules ont été honorés à travers le César du meilleur documentaire qui a récompensé Tous au Larzac réalisé par Christian Rouaud.
Je ne vais pas vous faire l’article à propos de ce superbe film puisque je vous l’ai déjà chaudement recommandé dans un récent billet (http://encreviolette.unblog.fr/2011/12/01/).
Occupé ce soir-là, dans un petit village d’Ariège, avec quelques vaches dont je vous relaterai prochainement les facéties, je n’ai pas suivi la remise du trophée à la télévision. Mais quand j’ai appris la bonne nouvelle, je fus ému, heureux et fier, sans doute comme beaucoup des anciens compagnons de route du réalisateur. D’ailleurs, certains m’ont téléphoné le lendemain pour partager notre joie.
Au moment des remerciements, Christian Rouaud, ancien professeur de lettres, a cité en substance une phrase d’Étienne de La Boétie tirée de son Discours de la servitude volontaire, un texte posant la question de la légitimité de toute autorité sur une population : « Les tout-puissants ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Ce soir, vous avez honoré des hommes et des femmes debout », les protagonistes du film, ces gens admirables qui ont bravé l’armée dix ans durant pour défendre leur terre du Larzac.
Pour pasticher Brassens, nous les copains de Christian Rouaud, ne sommes pas des amis de luxe, ni des amis choisis par Montaigne et La Boétie, mais sur le ventre, nous nous sommes tapé fort qu’il fête son triomphe avec tous les nommés à la brasserie du Fouquet’s. Comme un symbole ?
Chers lecteurs, courez vite Tous au Larzac si le film est projeté dans votre région. Entre western et thriller, il raconte une révolte joyeuse et vous enseigne une passionnante leçon de citoyenneté et de militantisme, autrement enrichissante et épanouissante que les débats pitoyables de la campagne présidentielle.
« Ave Cesar Christian morituri te salutant » Nous attendrons quand même un peu avant de mourir pour saluer tes prochains documentaires.
