Mon hommage à Gilbert Bécaud, un grand de la chanson trop vite oublié
« … L’indifférence
Elle te tue à petits coups
L’indifférence
Tu es l’agneau, elle est le loup
L’indifférence
Un peu de haine, un peu d’amour
Mais quelque chose
L’indifférence
Chez toi tu n’es qu’un inconnu
L’indifférence
Tes enfants ne te parlent plus
L’indifférence
Tes vieux n’écoutent même plus
Quand tu leur causes … »
Je reprends ses propres couplets pour illustrer l’oubli effrayant dans lequel est tombé Gilbert Bécaud, une des plus grandes figures de la chanson française. Même si à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort, quelques timides hommages lui sont rendus. Et pourtant …. !
« Les chansons ont connu d’autres modes.
Et s’il y a toujours Maurice Chevalier,
Édith Piaf, Tino Rossi et Charles Trenet
Il y a aussi et Dieu merci,
Patachou, Brassens, Léo Ferré.
Moi, j’aime le music-hall
C’est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j’aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frère Jacques
J’aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J’aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m’enchante
J’adore aussi ces grands garçons
De la chanson,
Les Compagnons
Ding, ding, dong
Ça c’est du music-hall
On dira tout c’qu’on peut en dire
Mais ça restera toujours toujours l’école
Où l’on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s’émouvoir
En s’fendant de larmes ou de rire.
Voilà pourquoi, la, do, mi, sol,
J’aim’rai toujours le music-hall ... »
Déjà, dans son hommage au music-hall datant de 1955, Charles Trenet ne manquait pas de saluer Bécaud, nouvel arrivant au firmament de la chanson française.
Allez, je plonge dans mes souvenirs à l’encre violette pour évoquer une époque que mes lecteurs de moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, quitte à passer pour un sacré ringard à leurs yeux ! Je plaide leur indulgence ; qu’ils sachent qu’ils seront victimes d’affronts semblables quand, dans quelques décennies, ils parleront de Bénabar, M ou Vincent Delerm à leurs petits enfants.
Je vous ai déjà raconté comment dans la foulée de mon frère aîné, j’avais suivi le chemin de Georges Brassens. Sensiblement, le même phénomène se produisit avec l’ami Gilbert. À propos, c’est mon vrai second prénom ; celui que l’état-civil enregistra le 27 octobre 1927 à Toulon sous le nom de François Silly, le choisit lui pour monter sur scène. Il ne concevait pas non plus d’embrasser une carrière internationale avec le patronyme de Silly qui signifie idiot en anglais !
Je plante le décor. Après la seconde guerre mondiale, on vit dans la joie retrouvée, ou dans l’insouciance de l’enfance pour les générations du baby boom comme moi. L’heure est à la reconstruction, encore aux restrictions aussi, mais dans le domaine de la culture, il n’y a pas la moindre limite à la création. Après avoir libéré Paris en 1944, les GI américains ont laissé le chewing-gum, les cigarettes et le jazz. Très bientôt, le rock ‘n’ roll va traverser à son tour l’Atlantique.
En 1952, l’arrivée du microsillon constitue une révolution dans le monde du disque. Le 78 tours de (mon) papa est remplacé par le super 45 tours, quatre titres, puis le 33 tours, huit titres. Bientôt, dans la chambre de mon frère, si l’alcool ne coule pas à flots, les pieds battent le rythme du swing. Montez le son de votre ordinateur pour ce clip très vintage comme on dit aujourd’hui … et allez !
Je suis persuadé qu’à l’écoute du vieux Teppaz, vous aussi avez marqué la cadence, ne serait-ce que par quelques balancements de tête ou tapotements de doigts.
Le 17 février 1955, ce ne fut pas la même chanson si j’ose dire ! À l’Olympia où il se produit pour la première fois en vedette, Bécaud, martyrisant son piano, déchaîne l’enthousiasme de milliers de jeunes qui, emportés par son incroyable énergie, cassent quelques fauteuils. Il gagne ce jour-là le surnom de Monsieur 100 000 volts qui lui collera à la peau même si, au crépuscule de sa carrière, il n’électrisait plus trop son public.
Cette année-là, on brise aussi quelques sièges de l’Olympia pour le récital du jazzman Sidney Bechet. Quelques années plus tard, en juin 1963 précisément, pour célébrer le premier anniversaire du magazine Salut les copains, la radio Europe 1 organise un concert gratuit rassemblant, place de la Nation à Paris, la nouvelle vague de la chanson française, Richard Anthony, les Chaussettes noires, les Chats sauvages, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. On dénombre entre 150 000 et 200 000 jeunes et le service d’ordre est vite débordé. Le lendemain, une certaine presse conservatrice clame « Salut les voyous » ; le sociologue Edgar Morin se livre dans le quotidien Le Monde à une analyse plus intelligente, qu’il intitule Le temps des yéyé, en référence aux multiples yeah qui entretenaient le rythme dans les refrains. L’expression restera ! Et pour rendre hommage à cette nouvelle génération, Bécaud compose la chanson Âge tendre et tête de bois qui devient même le titre d’une émission de variétés très populaire, dédiée à cette jeunesse et animée par Albert Raisner :
« Elle s’habille comme lui
D’un pantalon, d’un blouson
Quand on les rencontre la nuit
On dirait deux garçons
Leur visage paraît masqué
Comment deviner qu’ils s’aiment
Ils ont des jeux dangereux
C’est là qu’ils trouvent leurs joies
C’est le temps des n’importe quoi,
âge tendre et tête de bois… »
En tout cas, la vraie première idole des jeunes, c’est Gilbert Bécaud. Il émerge d’une époque où des orchestres tels celui de Jacques Hélian, sont à la mode, intégrant le bebop et le jazz West Coast. D’ailleurs, Charles Aznavour qui vient de se séparer de son partenaire de duo Pierre Roche, se nourrit aux mêmes sources, rappelez-vous Pour faire une jam dans son interprétation originale. Un excellent album Jazznavour en témoigne.
Sur une musique de Gilbert, il écrit les paroles de Viens qui apparaît sur la même galette que Quand tu danses. « La pluie ne cesse de tomber / Allez viens plus près ma mie / Si l’orage te fait trembler », … allez, venez, je souffle sur l’aiguille du saphir pour enlever la poussière :
Certes, « on fait pécho » de manière plus directe et triviale dans les clips d’aujourd’hui, mais reconnaissez qu’à l’époque, ce flirt en swinguant ne manquait pas d’élégance !
Les deux nouveaux monstres sacrés de la chanson collaborent aussi pour un cha cha cha endiablé.
« Le navire est à quai, Y a des tas de paquets, Des paquets posés sur le quai, là. Dans un petit troquet D’un port martiniquais Une fille belle à croquer, là, Pleure dans les bras d’un garçon de couleur, Car il s’en va et lui brise son cœur. Elle, dans un hoquet, Lui tendant son ticket, Lui dit: « Chéri, que tu vas me manquer! » »
Si l’ado d’aujourd’hui, interloqué, vous « agresse » en vous demandant « mais qu’est-ce que c’est ? », plongez-le dans un océan de perplexité en lui disant que cela aurait pu être une dictée de tous les jours au temps de l’encre violette ! Quoiqu’avec mé qué mé qué, on n’est pas loin de l’orthographe de ses textos !
En tout cas, cette histoire valait beaucoup mieux que les tristes refrains identitaires que nous troussent maintenant monsieur Guéant et consorts avec leurs charters.
Gilbert Bécaud a modernisé la chanson française en lui insufflant un rythme et une pulsation inédits. Ses chansons ont coloré l’humeur de la France d’après-guerre. Je manifeste toujours un attachement tout particulier à son premier disque microsillon 25 cm que je me suis approprié lorsque mon frère en fut moins fan.
Il ne se résumait pas à quelques amourettes narrées sur des rythmes nouveaux. Ainsi, Les Croix est une belle chanson mystérieuse voire mystique :
« Mon Dieu, qu’il y en a des croix sur cette terre
Croix de fer, croix de bois, humbles croix familières
Petites croix d’argent pendues sur des poitrines
Vieilles croix des couvents perdues parmi les ruines
Et moi, pauvre de moi, j’ai ma croix dans la tête
Immense croix de plomb vaste comme l’amour
J’y accroche le vent, j’y retiens la tempête
J’y prolonge le soir et j’y cache le jour
Et moi, pauvre de moi, j’ai ma croix dans la tête
Un mot y est gravé qui ressemble à « souffrir »
Mais ce mot familier que mes lèvres répètent
Est si lourd à porter que j’en pense mourir
Mon Dieu qu’il y en a sur les routes profondes
De silencieuses croix qui veillent sur le monde
Hautes croix du pardon dressées vers les potences
Croix de la déraison ou de la délivrance … »
De même, un de ses grands succès d’alors, C’était mon copain, constitue un hommage très émouvant à un ami mort prématurément.
« J’avais un seul ami
Et on me l’a tué
Il était plus que lui
Il était un peu moi
Je crois qu’en le tuant
On m’a aussi tué
Et je pleure la nuit
Mais on ne le sait pas
C’était mon copain
C’était mon ami
Pauvre vieux copain
De mon humble pays
Je revois son visage
Au regard généreux
Nous avions le même âge
Et nous étions heureux … »
Aujourd’hui, lorsque je l’écoute, je pense inéluctablement à un copain qui m’a aussi quitté injustement trop tôt, et les larmes me viennent aux yeux. Preuve sans doute qu’elle possède les ressorts d’une grande chanson !
Comme pour Les Croix, le texte est l’œuvre de Louis Amade, alors haut-fonctionnaire à la préfecture de Versailles, qui fut l’un des trois paroliers majeurs de Bécaud avec Pierre Delanoë et Maurice Vidalin.
Toujours dans le même disque et encore écrite par Louis Amade, le « sous-préfet aux chants » pour presque parodier Alphonse Daudet, figure La Ballade des baladins, un petit bijou de poésie qui m’enchante toujours :
« …Les baladins qui serpentent les routes
Qui sont-ils donc dans leur costume d’or ?
Des vagabonds ou des dieux en déroute ?
Ils n’ont que des chansons pour seul trésor
Quand ils n’auront plus soif, ayant bu à la brume
Ils danseront pieds nus sur des fils argentés
Que cinq mille araignées tisseront sous la lune
D’une branche de houx jusqu’aux sapins gelés
Ils sont accompagnés dans la ronde divine
Par les enfants des rois aux longs cheveux bouclés
C’est un cortège bleu de mille mandolines «
Voici ce qu’Amade écrivait au dos de la pochette de ce microsillon culte :
« Troubadour d’un moderne Moyen Âge, Gilbert Bécaud apporte à la chanson française en ce début 1953, au travers d’une personnalité étonnante – comme le fit Charles Trenet – l’angoisse douloureuse et l’enthousiasme exacerbé à la fois d’une jeunesse sportive qui va torse nu au soleil … Son chant s’élève contrasté : c’est un appel un cri de joie une plainte discrète… Son visage marque lui-même les étapes de cette course au soleil. Ce soleil qui dessine de lui une ombre immense à peine estompée, svelte et lourde comme une croix de hantise et d’espoir. »
Il est exact qu’à ses débuts, sa voix, pas encore altérée par la cigarette et le whisky, était claire, gaie et ensoleillée ou émouvante voire tragique selon l’atmosphère des chansons.
Bécaud possède alors un autre atout loin d’être négligeable, c’est son côté glamour, jeune premier ténébreux avec son physique méditerranéen. D’ailleurs, très vite, comme pour Charles Trenet avant-guerre, le cinéma lui fait les yeux doux en l’enrôlant comme vedette de films musicaux tels Le pays d’où je viens de Marcel Carné, qui ne connaissent qu’un succès mitigé.
Il vivra même un début ou du moins un espoir d’idylle avec Brigitte Bardot l’égérie de l’époque. Á défaut de la réalité, la fiction les met en scène dans Alors raconte, une chanson sketch très populaire qui fut reprise par Les Compagnons de la chanson, un groupe très en vogue aussi. Gondolier, Le marchand de bonheur, ça ne rappelle rien aux plus anciens d’entre vous ?
Moi, je n’ai rien à raconter même sur mes amourettes d’enfance et je suis plus sensible à La corrida, nouveau grand succès de Gilbert, on ne parlait pas de tube, qui me signifie d’autant plus que trois ans de suite, j’accompagne mes parents en été à la découverte de la péninsule ibérique : « Les arènes gonflées d’une foule en délire/Regorgent de couleurs et d’âpre envie de sang/Il y a des soupirs et des éclats de rire/Et des épées pointues comme des cris d’enfants/On y vend des serments, des enjeux et des âmes/Des cacahuètes, des jus de fruits et des drapeaux/ Des chapeaux de papier dont se parent les dames/On y vend de la mort noire comme un taureau / Soudain, la foule crie/Comme pour un éclipse/Cyclone de folie/Remous d’Apocalypse/Car voici / Celui de, celui dont, celui qui, celui quoi/Celui que l’on attend : Le matador porté par la lumière/Le matador, qui porte de la peur … »
J’ai déjà conté l’anecdote, quitte à révolter les comités anti corridas, même si la Méditerranée ne se trouvait pas à deux pas de la cour de l’école normande de mes parents, je décrivais avec ma cape rouge et mon épée de bois argentée, quelques véroniques devant un taureau imaginaire lâché des W.C en bois au fond de la cour qui faisaient office de toril. Je n’avais nul besoin de console dernier cri pour égayer mes après-midis d’été.
Á la même époque, autre ambiance, Bécaud composa Le Pianiste de Varsovie, une sublime chanson, trop abstraite pour le gamin que j’étais encore, mais qui devint l’une de mes préférées lorsque je fus en âge d’en comprendre le propos :
« Je ne sais pas pourquoi
Cette mélodie me fait penser à Chopin
Je l’aime bien, Chopin
Je jouais bien Chopin
Chez moi à Varsovie
Où j’ai grandi à l’ombre
A l’ombre de la gloire de Chopin
Je ne sais pas pourquoi
Cette mélodie me fait penser à Varsovie
Une place peuplée de pigeons
Une vieille demeure avec pignon
Un escalier en colimaçon
Et tout en haut mon professeur… »
Écoutez-la intégralement.
Sa construction, hors du schéma classique couplet-refrain-couplet, est très novatrice pour l’époque. Son inspiration est multiple et plusieurs lectures peuvent en être faites. C’est d’abord un hommage à Chopin que Bécaud adora très jeune, initié par sa maman qui aimait jouer du piano ; à la fin de la chanson, on perçoit même dans le lointain la Grande Polonaise Héroïque. De manière émouvante, les deux musiciens, car Bécaud en est un talentueux, je vous le démontrerai plus loin, sont presque voisins pour l’éternité au cimetière du Père-Lachaise. Et qui sait, si certaines nuits au paradis, ils ne font pas un bœuf avec Michel Petrucciani, autre pianiste de jazz de génie inhumé tout à côté.
C’est ensuite sans doute un clin d’œil à son professeur du conservatoire de Nice qu’il fréquenta plusieurs années, en classe de piano et d’harmonie. Dès l’âge de quatorze ans, il composait des mélodies.
C’est possiblement encore une référence au pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman dont l’histoire dans le ghetto de Varsovie en 1943 inspira récemment un film magnifique de Roman Polanski. La musique adoucit les mœurs puisque un officier allemand lui offre à boire et à manger lorsqu’il découvre que Szpilman est pianiste.
Jean Ferrat dénonça de façon réaliste l’horreur des camps dans Nuit et brouillard, Bécaud évoque avec un soupçon de poésie le ghetto juif de Varsovie sous les bombes allemandes : deux traitements des heures sombres de la seconde guerre mondiale, peut-être tout simplement, la différence entre une chanson rive gauche et une chanson rive droite, à une époque où on aimait ranger les artistes de variétés dans des catégories. Plus encore, on opposait alors les deux grandes salles de music-hall parisiennes, Bobino pour la rive gauche et, de l’autre côté de la Seine, l’Olympia, lieu fétiche de Bécaud puisqu’il s’y produisit plus d’une trentaine de fois au cours de sa carrière. Il y présentait chaque année son nouveau récital en y séjournant plus d’un mois, à la différence des soi-disant vedettes d’aujourd’hui qui s’enorgueillissent de « faire l’Olympia » quelques soirées seulement.
Bécaud jouait toujours sur scène avec le même piano incliné de manière imperceptible. Il avait, en effet, fait couper l’un des pieds de l’instrument pour mieux voir les spectateurs lors de ses concerts. Ah ce sacré piano, comme chantait Aznavour ! Je me souviens d’une anecdote, était-elle vraie, il avait fallu un hélicoptère pour installer son piano dans une des nouvelles tours du quartier de La Défense où Gilbert venait d’emménager.
En 1958, Le pianiste de Varsovie m’était donc logiquement passé au-dessus de la tête. Insouciant et joyeux, je préférais me promener au milieu des Marchés de Provence qui sentaient bon le matin, la mer et le Midi … Combien de fois, ai-je sorti le microsillon de sa pochette orange pour le placer sur le tourne-disque, et mimer Gilbert devant la glace de ma chambre : « A la bella poutinaaaa, beie, beie ! » (en nissart, le patois niçois, la poutina, ce sont les alevins de sardines qu’on cuisine dans la pissaladière). Imaginez un gamin normand « avé l’assent » provençal ! Mes prestations devaient être honorables puisque mes parents exigèrent que je vende la belle échalote de la Marie-Charlotte lors d’un banquet de mariage d’une cousine picarde !!!
L’année suivante, de façon presque aussi joyeuse, on suivit L’enterrement de Cornelius dans la grande tradition des inhumations des jazzmen de La Nouvelle-Orléans :
« … Au bord du trottoir
Une bande de bavards
S’étaient rassemblés pour voir
Et c’est le laitier qui avait prêté
Son chariot pour l’emporter
Couché près de lui
On avait mis
Son saxophone
La veuve pleurait
Les gosses mâchaient
Du chewing gum
Pour le déposer sur le chariot
Où l’attendait sa place
Les copains l’ont porté sur le dos
Comme une contrebasse
C’est à ce moment
Qu’les instruments
S’sont mis à jouer
A jouer en chemin
Tous les refrains
Du trépassé … »
Les grands succès en prise avec l’humeur de l’époque, s’enchaînaient au détriment peut-être de chansons moins comprises du grand public, et pourtant très belles. Se rappelle-t-on par exemple de Le petit prince est revenu composé avec Louis Amade, évidemment, un tendre et poétique hommage à Saint-Exupéry, écrivain que Gilbert appréciait beaucoup :
« O toi, de Saint-Exupéry,
Dans tes royaumes inconnus,
Où que tu sois, je te le dis :
Le Petit Prince est revenu.
Je l’ai vu ce matin qui jouait sans défense
Avec le serpenteau qui le mordit jadis,
Qui le mordit jadis… ouais !
Le soleil arrivait sur les terres de France
Et le vent tôt levé chantait sur les maïs,
Chantait sur les maïs… ouais !… »
Qui sait si cela n’explique pas un peu l’indifférence manifestée aujourd’hui à l’égard d’une vedette pourtant de notoriété internationale.
Bécaud appartient au cercle très fermé de compositeurs français qui se sont exportés à travers le monde. Je témoigne que, lorsque j’habitais à Mexico City, j’entendis souvent sur les ondes ou dans les dancings, Let it be me, la version américaine de Je t’appartiens, interprétée par les Everly Brothers, Elvis Presley, Dean Martin, Bob Dylan et bien d’autres encore. De même, Et Maintenant, repris sous le titre What now my love, a été popularisé outre atlantique notamment par Frank Sinatra, Aretha Franklin et Barbra Streisand. Il paraîtrait qu’avant le passage à l’euro, ce hit mondial avait déjà rapporté plus d’un milliard de centimes à l’économie française. Nul besoin de délocaliser en Roumanie pour écrire un tel tube, en effet, l’idée surgit à Gilbert lors d’un vol entre Paris et Nice en compagnie d’Elga Andersen, une blonde actrice allemande que j’avais kiffée (comme on ne disait pas à l’époque) dans un film de la série du Monocle avec Paul Meurisse. La pauvre, anéantie par un gros chagrin d’amour (pas avec moi, je précise !), ne faisait que répéter : Et maintenant, que vais-je faire ?
https://www.ina.fr/video/I15271711
Vers 1964, un oncle très cher dont je vous ai entretenu dans un ancien billet, me permit d’assister pour la première fois à un concert de Gilbert Bécaud. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’étais heureux. Cela se passait à Rouen, à l’occasion d’un gala annuel dit la féérie des bâtons blancs, au cinéma l’Omnia, une salle mythique couverte de fresques chargées de faunes, de cerfs et de déesses jouant de la lyre.
J’en garde un souvenir précis et surtout radieux : en chair et en os, à quelques mètres devant moi, il y avait le grandissime Bécaud dans son costume d’alpaga bleu, avec sa chemise blanche et sa sempiternelle cravate bleue à pois blancs, accessoire porte-bonheur dont il ne se séparait jamais depuis qu’à ses débuts, pour être accepté comme pianiste dans un bar, il avait dû en confectionner une à la hâte en découpant un morceau de la robe de sa mère. En un temps où je devais encore porter une cravate, je fis l’acquisition d’une semblable à celle de Bécaud. N’y voyez cependant pas une forme de fétichisme comme ce galet bleu à pois blancs déposé par une adoratrice sur sa tombe.
Sans exagérer, cela demeure avec les récitals de Jacques Brel, dans des registres très différents bien sûr, de fabuleux moments de music-hall. Avec eux, l’expression « bête de scène » prenait toute sa signification.
Deux ou trois heures durant, avec un dynamisme et une énergie extraordinaires, toujours en mouvement, Gilbert parcourait la scène en tous sens, une main souvent sur l’oreille comme les chanteurs polyphoniques corses, chantant au milieu de ses musiciens, guidant ses choristes, s’asseyant quelques secondes devant son piano, montant même dessus parfois, interpellant le public complice, et interprétant ses chansons au sens théâtral du mot en se glissant de l’une à l’autre dans la peau des personnages qu’elles décrivaient.
« Ein tag in Paris mit einen grosse Mademoiselle, Paris, Tour Eiffel und die Folies Bergère », il mimait le grand-père contant ses souvenirs lors d’une Grosse noce alsacienne avant, espiègle, de parler de ses Tantes Jeanne puis esquisser quelques pas de polka Quand Jules est au violon ou quelques figures de casatchok pour suivre Nathalie, son guide au charme slave, puis prendre à témoin une spectatrice dans la salle :
« Est-ce que c’est par hasard
Que t’es au promenoir ce soir ?
Ou bien est-ce que t’as vu
Mes affiches dans les rues ?
C’est plus Rosy and John,
C’est seulement John and John,
Et John, il va très bien,
Et John, il n’a besoin de rien.
D’ailleurs, tu n’as qu’à voir
Si t’as payé pour voir ce soir.
C’est pas plus mal qu’avant,
C’est même plus dans le vent.
Tu te souviens de ce pas ?
Tu n’y arrivais pas.
Faut partir du pied droit comme ça.
Excusez-moi, messieurs mesdames :
C’est Rosy, c’était ma femme… »
L’orange était le clou du concert lorsque, voleur traqué, presque lynché, acculé contre le rideau, réfugié sous le piano, caché dans son orchestre, à bout de force, au bout de sa fuite effrénée, il dégringolait sur le dos, la tête la première, l’escalier descendant vers le premier rang. Standing ovation comme on ne disait pas !
Il y a quelques saisons, les candidats chantaient L’orange sur le générique de la Star Ac’, appréhendaient-ils seulement la cuisante actualité de cette chanson montrant la panique d’un homme, coupable idéal face à la rumeur, victime innocente de la vindicte populaire ? L’orange est une chanson magnifique que Bécaud interprétait avec le même swing que Nougaro dans son Á bout de souffle.
Cela me fit chaud au cœur qu’un enseignant la mît au programme d’une écolière qui m’est chère, avec d’ailleurs Un p’tit oiseau de toutes les couleurs, où tu m’emmènes, dis, où tu m’entraînes, dis, t’as rendez-vous, dis, là où tu vas, dis, j’vais encore avec toi Gilbert !
Je me souviens de la fin surprenante de ce concert. Après moult rappels, Bécaud revint une dernière fois et, sur la scène désertée par ses musiciens, il interpréta en play-back une chanson de circonstance.
« Quand le spectacle est terminé
Les bravos retombés
Le théâtre démaquillé
Respire
Car voici l’heure familière
Du bonsoir des dames vestiaires
Et du bal des dames poussières
Aussi
Quand le spectacle est terminé
Les bravos retombés
J’ai pas le cœur à m’en aller
Je reste
Et je traîne dans ce théâtre
Dont le cœur continue de battre
Même s’il bat au ralenti… »
Personne ne lui chercha querelle de cet artifice technique et de ce baisser de rideau surréaliste.
Au début des années 1970, je revis Bécaud une seconde fois dans sa salle mascotte de l’Olympia. La magie opérait toujours. Écoutez-le par exemple tel un pasteur dirigeant un chœur dans une église de Harlem, chanter le gospel Charlie, t’iras pas au paradis.
Bateleur de talent, avec le concours de Monsieur Pointu, il haranguait la salle lors de La vente aux enchères. Comme j’ai lu je ne sais plus où, il y avait quelque chose de démesuré, d’étrange, de fellinien, dans ses spectacles. C’est peut-être pour cela qu’en l’absence de cette dimension scénique qui transcendait ses chansons, Bécaud paraît mièvre aux générations actuelles. Et pourtant … !
Je ne saurais terminer ce billet sans mettre en avant ses qualités de musicien qui dépassaient largement le domaine de la chanson de variétés, un art mineur comme disait Gainsbourg. Ainsi, en 1960, il composa L’enfant à l’étoile, une cantate de Noël puis, peu de temps après, le grand rêve de sa vie, L’Opéra d’Aran, un drame lyrique en deux actes qu’il présenta au théâtre des Champs-Élysées et qui est toujours joué à l’étranger. En 1987, fut créée aux États-Unis et notamment à Broadway, sa comédie musicale Madame Roza.
Comme pour Trenet et Aznavour, le meilleur de Bécaud s’éteint sans doute avec les années 1970. Épiphénomènes, un certain public lui reprocha Tu le regretteras, son hommage au général de Gaulle, savez-vous qu’il participa, dans son adolescence, par jeu et inconscience peut-être, à des opérations de résistance avec son frère. Jacques Brel évoqua les dimanches à Orly avec ou sans Bécaud. Le fantaisiste Thierry Le Luron brocarda L’important c’est la rose dans un pastiche d’un goût douteux contre le parti socialiste. La chanson de Bécaud avait uniquement une coloration poétique. Curieusement, aujourd’hui, à six mois d’une grande échéance électorale, elle pourrait constituer un début de programme pour certain candidat :
« …Toi qui cherches quelque argent
Pour te boucler la semaine
Dans la ville tu promènes ton ballant
Cascadeur, soleil couchant
Tu passes devant les banques
Si tu n’es que saltimbanque
L’important…
L’important c’est la rose
L’important c’est la rose
L’important c’est la rose
Crois-moi … »
Et maintenant, qu’en est-il ? Je vous ai fourni la preuve, sans crainte du ridicule, qu’on peut apprécier à la fois Trenet, Brassens, Brel, Nougaro, Gainsbourg, Ferrat et Bécaud pour des raisons artistiques différentes et parfois même opposées. Je reconnais que, sans doute contaminé par l’incompréhensible silence médiatique auquel sa mémoire est confrontée, j’écoute moins Gilbert Bécaud aujourd’hui. Mais l’homme électrique des concerts avec son extraordinaire puissance scénique me manque beaucoup. C’était là qu’il s’affirmait comme un artiste incomparable.
Il est mort sur sa péniche amarrée à une rive de la Seine, près du pont de Saint-Cloud, et non pas à Capri comme il chantait sur un microsillon 45 tours. Sur la couverture de la pochette, il nous fait un petit salut comme il aimait dire à son public. Ici, il a symbole d’un adieu.
Puisse mon billet vous donner envie de redécouvrir ce très grand nom de la chanson française !

Vous pouvez laisser une réponse.
Bonjour Jean-Michel,
Quel plaisir de lire ce long billet sur ce chanteur que j’ai apprécié, mais sans vraiment en être fan, je ne sais dire pourquoi.
Il a été le « zazou » de son époque et je me souviens des personnes âgées dans mon enfance qui ne l’appréciaient guère. Mais j’avais une tante, décédée maintenant, originaire de Bordeaux comme lui, et de son âge, qui en était gaga !
En fait, tout est un éternel recommencement.
Pourquoi parle-t-on moins de lui que d’autres, je ne saurais dire non plus. Les programmations radio et télé doivent dépendre des goûts de certaines personnes et il ne doit pas en faire partie !
Voilà, je te laisse et te souhaite un bon week-end.
Bonjour,
Je viens de découvrir votre merveilleux et émouvant hommage. C’est magnifiquement écrit et superbement documenté. Bravo !
Oui, c’est décevant de voir les médias oublier à ce point ce chanteur qui a imprimé pendant de si longues années sa marque de la belle et bonne chanson française.
Sachez que j’essaye avec mes très modestes moyens, de palier cet oubli de Bécaud en chantant régulièrement ses chansons lors de récitals que je donne parfois en Belgique.
Je connais près de 300 chansons de Gilbert Bécaud quasi par cœur et je les chante avec beaucoup de passion mais aussi beaucoup d’émotion.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez voir quelques extraits sur YouTube « pairiot youtube » (attention, je n’ai pas les moyens d’avoir des enregistrements de qualité).
J’ai commencé à chanter Bécaud en public il y a 6 ans, au début de ma pré pension. J’ai eu la chance de rencontrer un pianiste qui possédait toutes les partitions de notre chanteur préféré et avec lui nous avons interprété plus de 25 chansons. J’aimerais recommencer cette expérience en trouvant à nouveau le pianiste qui pourra m’accompagner.
De tout cœur merci pour ce que vous avez réalisé.
Cordialement
Ralf
J’ai eu l’immense chance et l’honneur de voir Gilbert Bécaud sur scène en banlieue parisienne.
Spectacle grandiose avec une présence superbe et généreuse.
Chansons toutes magiques interprétées par l’un des plus grands artistes de music-hall. J’étais littéralement sous le charme scotché à ma chaise mais j’aurais voulu également danser comme un fou si la salle me l’avait permis.Spectacle à jamais gravé et dans ma mémoire et dans mon cœur tant le plaisir ressenti avait été intense.
Un orchestre à la hauteur de ce formidable Gilbert Bécaud.
J’écrivais à l’époque déjà des textes et des paroles pour en faire des chansons. C’est sans doute grâce et à cause de lui que cette envie perdure à l’heure actuelle. Lui et aussi ses auteurs attitrés, P.Delanoé, L.Amade, M.Vidalin, C.Lemesle etc….
C’est un des plus beaux spectacles que j’ai pu voir dans ma vie.
Bravo! Gilbert je t’adore… Tes chansons restent éternellement vivantes et actuelles avec un punch hors du commun…
Johnfrédéric Jones.
Oui, Bécaud c’était exceptionnel.
Mais, aux yeux des médias d’aujourd’hui et même déjà vers la fin de sa trop courte vie, il avait un défaut impardonnable: il n’était pas de gauche!
Bonjour je m’appelle Laurent , j’ai vraiment découvert Bécaud Gilbert il y a quelque mois seulement. C’est vrai, il y a ses tubes mais surtout tout l’ensemble que le grand public ne connait pas et j’ai pris avec plaisir le temps de parcourir sa carrière sur le web et le net et ce que j’ai découvert c’est qu’il était très spirituel. Il y a des chansons où je me dis que c’était un ange sur terre pour qui savait le voir il y a eu des moments artistiques spirituellement très fort subtils, et je suis très sérieux franchement Gilbert il avait le niveau il assurait grave et très bel homme viril, aussi féminin et avec un cœur fantastique une sensibilité rare et quelle joie de vivre; il faut être évolué pour avoir une telle attitude , il faisait passer plein de messages profonds et si pertinents je pense qu’il avait une grande intelligence » cachée » un homme accompli et artiste en plus. J’ai eu la chance de le rencontrer la nuit dans un rêve, on a un peu parlé je lui ai dit qu’il était superbe et il est parti en rigolant. C’était un moment intense et je m’en souviendrais longtemps je suis sûr c’était lui. Il avait beaucoup de choses à communiquer aux hommes qui sont très loin de son élégance. C’était un homme complet je suis devenu fan.
Effectivement, Bécaud est très injustement oublié par les médias qui se contentent de le réduire à quelques chansons comme Nathalie comme ils réduisent Barbara à L’aigle noir. Bien sûr, ces deux chansons sont réussies, mais elles ne doivent pas être un prétexte à se donner bonne conscience pour occulter les autres.
J’ai eu la chance de voir G.Bécaud en spectacle (« live »). Je n’ai jamais vu une telle bête de scène (ses improvisations au piano et aussi ses improvisations dans ses jeux de scènes). Il séduisait, il enflammait toute une salle.
C’était aussi un vrai compositeur dont les musiques se sont parfaitement mêlées aux paroles de Pierre Delanoë, Maurice Vidalin ou Louis Amade, (entre autres) pour offrir des chansons éclectiques allant de la légèreté, à des registres plus sérieux (réaliste, lyrique…).
Son éclectisme nous permet de trouver un répertoire original qui peut faire côtoyer aussi bien le thème amérindien (l’Indien), que le thème napoléonien (A remettre à mon fils quand il aura seize ans), ou le thème gaullien (Tu le regretteras)… On ne peut, effectivement pas lui reprocher l’expression d’une pensée opportuniste bien formatée…comme celle de beaucoup de nos vertueux voca-moralisateurs bobos d’aujourd’hui.
Comment pourrait-on s’y prendre pour faire le forcing dans les médias afin d’inverser cet oubli ingrat et inique?
Merci pour votre très beau texte. J’ai vu Bécaud en 59, dans une salle du nord de la France. A la fin du spectacle, iil est descendu de scène et a entonné a capella “ Les Baladins ». Dieu de dieu.
Sa relation avec BB ne fut pas platonique. C’est lui qui rompit.
A mon tour, je propose ce témoignage :
http://bernard-gensane.over-blog.com/article-gilbert-becaud-67619821.html
j’ai eu le bonheur de voir 2 fois GILBERT, homme irremplaçable dans la chanson française, il avait tout, le talent, la voix, de beaux textes, une musique merveilleuse et par dessus tout ça une présence exceptionnelle sur scène, une énergie inégalable. Je l’ai adoré et je l’écoute encore tous les jours j’ai 66 ans il a été et restera mon « idole » Personne n’est arrivé à sa cheville sur scène.Merci pour ce merveilleux article écrit sur lui, il le mérite bien.
Pour quelles raisons Gilbert Bécaud fut si vite oublié?
Merci de la réponse MM
J’avoue que ce profond oubli me plonge dans un abime de perplexité. Comment expliquer qu’Aznavour dure encore et que Gilbert Bécaud soit tombé aux oubliettes? Des effets de mode sans doute, mais pas seulement. Peut-être que la vague yéyé et la chanson dite rive gauche lui firent de l’ombre, sa sensibilité affirmée de droite également.
Il reste en tout cas ancré dans le souvenir des générations des années 1950. Bécaud était alors au firmament du music-hall français et ses concerts demeurent d’exceptionnels souvenirs.
Bonjour,
Je m’appelle Edwige. Je suis restée 10 ans à l’Ecole de la Maîtrise de la RTF avec laquelle j’ai tellement appris et voyagé…( de 1952 à 1962 ). Puis j’ai également fait partie du Groupe les » djinns « , formé par la Radio. Encore des longues tournées, des enregistrements et des Concerts partout !..Nous chantions TRENET etc..et beaucoup de G.BÉCAUD qui est devenu notre Parrain !!..Tous les Jeudis on enregistrait et il était souvent présent…Quelle époque !!…Puis ma voix se développant beaucoup, sans transition j’ai été admise au CNSMDP en 1962….Juste à temps pour avoir la chance de participer à la création de l’ » OPÉRA d’ARAN » de Gilbert !…au Théâtre des Champs-Elysées..La salle était bondée, c’était beau, émouvant ; quel succès !!!….Depuis, je suis devenue Artiste Lyrique et mon mari étant Chef d’Orchestre et Compositeur, il a écrit une magnifique version pour Orchestre d’Harmonie de cet Opéra. …et chaque fois que j’écoute le solo de Trompette, j’ai vraiment la gorge serrée tellement c’est sublimement interprété..De plus, notre ami est décédé assez récemment, alors….Les mots me manquent..Voila . Je souhaitais simplement mettre en lumière ce souvenir de Gilbert BECAUD, faisant suite à votre magnifique article que je viens de découvrir avec votre site. C’est très spontané car cette démarche épistolaire n’est pas dans mes habitudes. J’espère vraiment que ce petit commentaire vous parviendra…Merci par avance pour votre attention et encore tous mes compliments pour vos écrits sur ce véritable Artiste qu’était Gilbert BÉCAUD.
Madame,
Je suis d’autant plus touché par votre commentaire qu’il semble que ce soit un exercice assez rare de votre part.
Il est heureux que des témoignages comme le vôtre valident mon billet et attestent du grand artiste et musicien que fut Bécaud, étrangement oublié aujourd’hui.
J’ai souvenir du groupe les Djinns et j’ai quelque part dans la collection de disques vinyles héritée de ma maman directrice de collège, deux ou trois 45 tours. Peut-être y chantiez-vous dessus.
Avec mes remerciements, bien respectueusement.