Bonne année 2012 !
d’après VR KC n°6 de Jean-Denis Robert
C’est parti pour l’ultime année avant la fin du monde à moins que vous ne décidiez de déménager à Bugarach, modeste village de la haute vallée de l’Aude, un des rares lieux prétendument épargnés par l’apocalypse prévue le 21 décembre 2012. C’est du moins, en référence au calendrier maya, la prophétie annoncée par quelques agités du bocal, surprenant effet ésotérique dû, peut-être, à une consommation abusive de blanquette de Limoux, la spécialité locale. Faut-il voir là, non loin de Montségur, une illustration de la cathar(e)sis ?! En tout cas, en ce temps de crise, il y a quelques méridionaux du coin qui ne perdent pas le nord, espérant vendre à des pigeons new age des lopins de terre et des granges délabrées au triple des prix pratiqués.
En France, le Jour de l’An ne fut pas toujours célébré le 1er janvier. S’il avait imaginé de téléporter ses passagers de l’an avant 1564, Michael Crichton, auteur du Parc Jurassique et des Prisonniers du Temps, maître du techno roman à suspense, aurait dû envisager différentes époques ou des éditions régionales pour son probable best-seller. En effet, aux VIe et VIIe siècles, dans de nombreuses provinces, la nouvelle année était célébrée le 1er mars. Sous Charlemagne, l’an neuf commençait à Noël, jour de son sacre à Rome et de la Nativité de Jésus. Du temps des rois Capétiens, l’année débutait à Pâques.
Sous Charles IX dont le triste règne est surtout marqué par le massacre de la Saint- Barthélémy, c’était déjà un peu la chienlit et selon les diocèses, l’année commençait à Noël à Lyon, le 25 mars à Vienne en Isère, à Pâques ailleurs. Jacobin avant l’heure, Charles IX fixa le début de l’année au 1er janvier par l’article 39 de l’édit de Roussillon (Isère) du 9 août 1564 :
« Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances, édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l’année commence doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. Donné à Roussillon, le neufiesme lour d’aoust, l’an de grace mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme. Ainsi signé le Roy en son Conseil »
Prise de la Bastille oblige, le calendrier républicain ou calendrier révolutionnaire français apparut le 22 septembre 1792, premier jour de l’an IV de l’ère de la liberté. Avouons que Vendémiaire, le mois des vendanges, était une bonne période pour trinquer !
Mais cela ne dura pas et, le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon abrogea le calendrier républicain et instaura le retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806. Encore heureux que notre petit Napo à nous n’ait pas eu l’idée de signer un nouveau sénatus-consulte la nuit du 6 mai 2007 au Fouquet’s !
Finalement, nous réinventons l’eau tiède et rendons à Jules César ce qui lui appartient puisque vers 46 avant notre ère, il avait décidé que le jour de l’An serait le 1er janvier dédié à Janus dieu païen des portes, des passages et des commencements. Faut-il trouver là une explication aux étrennes versées au personnel de maison, aux gardiens et aux concierges ?
En ce changement d’année, dans la Rome antique, on s’échangeait des pièces et des médailles, une tradition qui perdure dans les étrennes remises aux enfants. Avant que le pâté Hénaff et le mousseux ne succèdent, pour cause de crise, au foie gras et au champagne lors des réveillons des ex pays développés, il est encore quelques habitudes festives dans les pays de la vieille Europe.
Ainsi, à Rome et à Naples, le soir du 31 décembre, la tradition veut qu’on jette par la fenêtre de vieux objets, symboles de l’année terminée, aux risques et périls des passants en goguette en cette nuit de la saint Sylvestre, et au désespoir des éboueurs. Les Italiens ont coutume aussi de manger des plats à base de graines comme les lentilles, supposés apporter richesse et abondance. Ayant sacrifié à la tradition chez des amis, j’ai plutôt constaté une baisse de ma retraite.
En Belgique, dans la province de Liège, on a l’habitude de manger de la choucroute en famille, avec une pièce sous l’assiette ou dans la main ou dans la poche pour avoir de l’argent pendant toute l’année. Coluche aurait dit que c’était bien une idée de Belges et qu’il aurait mieux valu qu’ils placent leur euro dans un coffre suisse !
En Russie, on boit du champagne sous les 12 coups de minuit et après le 12ème coup, on ouvre la porte ou la fenêtre pour que le nouvel an entre dans la maison. Brrrr, pourtant ça caille là-bas à cette époque, pas étonnant que la Place Rouge soit vide !
Nos voisins ibériques mangent un grain de raisin à chacun des douze coups de minuit et les femmes s’offrent des sous-vêtements rouges en gage de prospérité … à moins que cela soit pour aiguiser la libido de leur « petit taureau », celui que Nougaro fait entrer dans la reine des abeilles !
Pour rester dans l’esprit de la tauromachie, qu’une corrida de la Saint Sylvestre se déroulât, chaque année, à Sao Paulo, me rendait perplexe quand j’étais gamin. Mon père m’expliqua que cela n’avait rien à voir avec les manifestations taurines, et consistait en une célèbre course à pied disputée dans les rues de la cité brésilienne.
À revoir mes souhaits de bonne année depuis la création de mon blog, je constate que, de manière prémonitoire, ils possédaient malheureusement une bonne dose de perspicacité. En 2008, année bissextile, j’espérais 366 jours de fête, en 2009, la pente fut raide pas seulement pour les vététistes, en 2010, la bécane du facteur cher à Jacques Tati était en piteux état, quant à l’année 2011, j’aspirais déjà à la suivante … Pas sûr cependant qu’il faille en faire un fromage, suivez mon regard vers la gauche … de l’échiquier politique !
En tout cas, s’il est un endroit où je ne me sens pas trop mal, c’est ici sur mon blog, encore qu’il affronte quelques coups de vent depuis quelques semaines avec la « modernisation » de la plate-forme du serveur d’hébergement. Veuillez m’excuser de trouver porte close de temps en temps. Je sais que vous me pardonnez puisque, très prochainement, le cap des 300 000 visites sera atteint ; un encouragement à poursuivre l’aventure.
Vous aurez remarqué que mon vieux bouquin, aux pages racornies, a rendu l’âme, pour la satisfaction de nombreux touristes d’Atol les opticiens, et à la grande déception de quelques passéistes. Je comprends d’ailleurs ces derniers et qui sait, il suffit de presque rien, juste un clic, si je ne le sortirai pas de son étagère à l’occasion. Les plus attentifs d’entre vous auront peut-être également noté que certains articles sont orphelins de leurs illustrations en images. Elles se sont égarées lors de la grande migration technologique! Tout n’est pas perdu et, en attendant que les administrateurs du serveur remédient au problème, vous pouvez toujours lire les billets dans leur intégralité en passant par les archives mensuelles et en les déroulant avec le curseur. Ah là là, où est passé le temps quand, à l’aide d’un coupe-papier, nous séparions les pages encore attachées du livre neuf…!
Pour commencer l’année 2012 sur une note optimiste, j’ai ouvert ce billet avec une photographie de Jean-Denis Robert, une de mes belles rencontres humaines et artistiques vécues en 2011. Trinquons avec enthousiasme, le verre blanc brisé, ça porte bonheur !

Vous pouvez laisser une réponse.
bonjour Jean-Michel,
Je viens tout d’abord te souhaiter une très bonne année, qui je l’espère, t’apportera le meilleur !
Peut-être pas une augmentation de ta retraite quand même ! (rires, mais jaunes). J’espère qu’un changement de président améliorera un peu notre vie, mais là aussi, je reste sceptique.
Toi qui es si savant, dis-moi pourquoi le monde entier a adopté le 1er janvier comme début de l’an et depuis quand ?
Quant à ton blog, j’aimais bien l’ancienne présentation, mais je trouve celle-ci plus claire.
Bien amicalement.
En effet, un peu inepte cette date fixée en 2012 par le calendrier maya pour la fin du monde. Il semblerait déjà s’agir d’une erreur de calcul qui reporterait alors ce cataclysme en 2220. Et pourquoi se fier au calendrier maya puisque 2012 pour les Islamiques correspondrait à 1433, à 1391 pour les Persans, 4709 pour les Chinois, 2555 pour les Bouddhistes et enfin 5772 pour les Hébreux ?
A part cela, sur un autre sujet, au risque de me faire cataloguer de « passéiste », j’avoue regretter votre « vieux bouquin », qui donnait une note d’originalité à votre blog, mais il est vrai « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », puisque le contenu y est toujours aussi enrichissant et remarquable.
Alors, meilleurs voeux et continuez si possible à nous distraire par vos articles si toutefois les Mayas le permettent encore quelques mois.
Cordialement.