Vous reprendrez bien un coup d’Antoine Blondin!
À cause de mes fantaisies poético-militaires (voir billet précédent du 15 juin 2011), j’ai passé sous silence la délicieuse exposition Le muscle et la plume, organisée à l’occasion de la commémoration du 20e anniversaire de la mort d’Antoine Blondin, à la mairie du VIe arrondissement de Paris, juste en face de l’église Saint-Sulpice.
Mes plus fidèles lecteurs savent combien j’adore cet écrivain dont les romans et les chroniques font partie de mes lectures de chevet. J’ai donc sauté sur l’occasion de le retrouver à travers des documents souvent inédits.
Et comme en préface, lui qui s’en était fait une spécialité et en comptait plus d’une centaine à son palmarès, des Souffrances du jeune Werther de Goethe à la Vélobiographie de Louison Bobet (!) en passant par Bergson, j’entre, boulevard Saint-Germain, dans la librairie L’Écume des pages (la trompette de Boris Vian jouait tout près!) qui consacre une de ses vitrines au héros du jour. J’y achète même Blondin 20 ans déjà !, un ouvrage (assez mineur mais néanmoins très chaleureux) dans lequel ses proches amis, sa famille et même quelques admirateurs lui rendent hommage. Cependant, je me réjouis d’un court extrait du témoignage de sa première épouse Sylviane (le même prénom que mon premier amour d’adolescent !) : « En août 1939, à Lyons-la-Forêt, nous étions alors une bande d’amis âgés de 15 à 19 ans insoucieux du spectre de la guerre. Nous nous retrouvions chaque été dans ce petit village de Normandie où nos parents avaient tous une résidence secondaire … Quelques jours après la déclaration de guerre, les parents décidèrent que nous passerions toute l’année à Lyons, dans la crainte de bombardements sur Paris. C’est ainsi que je fus inscrite à un cours par correspondance tandis qu’Antoine et d’autres se retrouvèrent à Forges-les-Eaux, où le lycée Corneille de Rouen avait été délocalisé. » En consultant … les livres sur le Pays de Bray écrits par mon père, je découvre qu’effectivement, le lycée où j’effectuerai plus tard mes études secondaires, avait été transféré, durant quelques mois, dans des locaux appartenant au casino de ma ville natale ; ceux-là même qui furent réquisitionnés par la suite comme hôpital militaire avant de devenir dans les années 1950, l’école primaire des garçons (la photographie figure dans l’avant-propos du blog). Pardonnez-moi, j’ai la faiblesse de croire aux signes, aux concordances du destin, au rappel des mots, comme Blondin d’ailleurs. Qui sait si, moi l’enfant du baby-boom, je ne suis pas habité par sa plume, parce qu’il avait préparé le baccalauréat dans ce qui deviendrait mon école à l’encre violette.
Encore un signe, la librairie d’où je sors, jouxte le café de Flore. Voyez ce qu’en disait l’Antoine : « Sous l’occupation, les cafés intellectuels, parmi lesquels le Flore jouait un rôle prépondérant, étaient tendus de lourds rideaux bleus qui permettaient d’abriter quelque besogne insolite et grandiose. Un beau jour, les rideaux s’écartèrent et l’on vit surgir, tout armés, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, bientôt flanqués d’un état-major doté d’un tour de tête respectable. « Ils pensent … Souscrivez ! » s’écrièrent les limonadiers. Après Passy, la province puis l’étranger vinrent coller leurs nez aux vitres. Ce qu’ils virent fut bien propre à les enchanter. Un agrégé replet et une amazone exemplaire troussaient des concepts en toute simplicité, à deux pas du croquant, comme on fabrique des gaufres. Jamais la métaphysique ne parut plus accessible. Peut-être, était-on « existentialiste » sans le savoir ? Une certaine jeunesse d’après-guerre trouva là une caution à ses débordements. « Il faut choisir de vivre ou de raconter » a écrit Sartre. Elle choisit de vivre comme Sartre raconte. On ne saurait toutefois confondre le doctrinaire universellement reconnu et les figurants plutôt sordides de l’existentialisme by-night. Il reste que ce rigodon des consciences qui se réclamait de lui avait pris des dimensions inimaginables et confuses. Juchés sur des tabourets distraits à la pénombre, secoués par le be-bop, attendris par le punch, des penseurs prétendument nocifs se métamorphosaient en noceurs prétendument pensifs … »
Soixante ans plus tard, la terrasse du Flore ne désemplit toujours pas de gens désireux de s’afficher en guettant l’entrée de quelque personnage important, BHL ? !
Je traverse le boulevard Saint-Germain pour visiter enfin l’exposition.
En voici les mots de préambule : « Je ne franchissais jamais le boulevard Saint-Germain ou alors pour me rendre à Tokyo.» Pour les Jeux Olympiques? Antoine Blondin exagérait à peine. Son quadrilatère originel était restreint et contraint. Confiné entre le quai Voltaire (où il a grandi), la rue Mazarine(où il a vieilli) et la rue du Bac (où il a publié). Là, point besoin de boussole et de cartes d’état-major, seules la solidarité et l’amitié lui tenaient lieu de laisser-passer. Blondin était chez lui et avec les autres en perpétuel voyage buissonnier. »
S’en suit un carnet d’adresses, essentiellement situées dans les VIe et VIIe arrondissements, avec lequel, le flâneur peut partir en pèlerinage pour humer un petit air de Blondin. J’en avais évoqué quelques-unes dans un ancien billet (voir Rive gauche à Paris: de Saint-Germain-des-Prés au Pont des Arts du 18 janvier 2010).
Avec son ami, journaliste sportif, Michel Clare, il se rendait, à une époque, à l’aérogare des Invalides pour se mêler aux voyageurs en partance. « Là, ils écoutaient la voix de l’hôtesse « bus numéro 117 pour Roissy ». Et ils voyaient se lever des gens qui parlaient portugais avec l’accent brésilien. Alors, ils partaient pour Rio en laissant voguer leur imagination… Ainsi, faisaient-ils le tour de la terre avec un café crème. »
Pour être exact, l’enfant terrible de Saint-Germain-des-Prés prit aussi racine en plein champ, au cœur du Limousin, lorsque sa belle-mère acheta une fermette au lieu-dit Salas, près du village de Linards. L’idée était de placer Antoine loin des tentations, dans un coin perdu où il pourrait se dévouer à l’écriture. Peine perdue car l’épicière du coin, fan de l’écrivain, adjoignit très vite un bistrot-tabac à son commerce, rapidement baptisé le Jadis Bar en référence au beau roman Monsieur Jadis ou l’École du soir, qui venait de paraître.
Au risque de vous faire injure, pour clarifier mon propos, je me dois de rappeler aux moins érudits d’entre vous sur la chose « blondinesque », qu’Antoine fut un écrivain alcoolique même si je déteste le qualifier ainsi. Ses outrances de comptoir me le rendent même plus sympathique encore. « On n’a jamais su si le fait de boire le libérait pour écrire ou s’il avait du mal à écrire parce qu’il buvait » raconte Pierre Assouline dans son livre d’entretiens Le flâneur de la rive gauche. Blondin confiait : « Je ne bois pas pour être saoul mais pour changer les couleurs de la vie ».
Un élément de réponse se trouve peut-être dans son truculent roman Un singe en hiver récompensé du prix Interallié et adapté magnifiquement au cinéma par Henri Verneuil avec Gabin et Belmondo dans les rôles de Quentin et Fouquet. Justement, ils sont là rassemblés sur un dessin de l’exposition.
Et régalons-nous un instant de quelques séquences magistrales des princes de la cuite avec les savoureux dialogues de Michel Audiard :
Fable poétique de l’ébriété, « picole épique de celle qui repeint le ciel en rouge », comme avec la scène finale du feu d’artifice !
Je suis d’autant plus bienveillant devant ces comportements éthyliques qu’au nom de l’amitié qui se décline au présent des boissons fortes, j’y fus moi-même confronté avec un être très cher qui me manque beaucoup aujourd’hui. Comme Blondin fut orphelin de Roger Nimier, l’ami de la bande des Hussards, mort accidentellement en 1962. D’autres amis disparurent, Antoine n’écrivit plus ou presque, et éclusa beaucoup par désenchantement et tristesse.
Je souris de la recommandation d’Antoine à celui qui envisage de se confronter à l’exercice délicat de l’écriture : « N’oublie pas qu’on écrit avec un dictionnaire et une corbeille à papier. Tout le reste n’est que litres et ratures. » Le calembour dont il était un irrésistible maître est bien dans sa manière de tordre le cou à toute velléité de paraître sentencieux. Voilà qui rassurera peut-être une de mes lectrices qui, détentrice elle-même d’un blog, se désolait récemment de l’usage du clavier numérique et des correcteurs d’orthographe.
Au temps où Antoine écrivait ses chroniques quotidiennes sur le Tour de France, pour le compte du journal L’Équipe, il entrait en salle de presse, à l’arrivée de l’étape. Et « au bout de une, deux ou trois heures de bataille avec son texte, il présentait toujours sa feuille endimanchée pour la grande communion du bouclage, l’écriture immaculée. L’impeccable calligraphie d’instituteur, dans les cahiers de ses manuscrits, tout en rondeur sereine, est d’ailleurs une provocation à peine soutenable pour tous les aspirants écrivains. »
Justement, un agrandissement d’un de ses manuscrits ouvre l’exposition, comme un constat doux-amer de ce que fut sa vie :
« Si je cherche du solide, autour de moi, je n’aperçois ni murs ni meubles, rien que des êtres. L’amitié ou l’amour des autres aura été mon manteau et ma maison. J’espère leur avoir donné en échange les satisfactions que je leur devais, mais je crains de les avoir déçus sur bien des points. Je ne déteste rien autant que de décevoir les gens. Je ne supporte pas d’entendre le bruit d’une porte ou d’un cœur qui se ferme.
Et si vous me demandez quel doit être le sens d’une vie, je vous dirais que, faute d’accepter de lui donner un sens unique (quel qu’il soit), on risque beaucoup d’en faire un sens interdit. »
Mise sur pied par l’Association des écrivains sportifs, l’exposition intitulée explicitement Le muscle et la plume, fait la part belle au chroniqueur sportif d’exception, amoureux fou notamment de cyclisme et de rugby. Comme il est écrit en préface du livre éponyme que j’acquiers à l’accueil : « Grâce à sa plume caracolante, la Grande Boucle a trouvé naturellement sa place entre la quête du Graal, le retour de Don Quichotte et les Pieds Nickelés. De 1954 à 1982, il fut pour L’Équipe le chroniqueur médiéval du Tour de France, héraut des grandes échappées, Joinville de la flamme rouge, Commynes du gravillon, croquant aussi bien un cador du peloton que la silhouette d’une spectatrice sur le bord de la route, un hôtel de province, un âne dans un pré, un poète oublié de la Pléiade.
Au creux du peloton pelotonné, flâneur devant l’éternel, vagabond de haut lignage, le chroniqueur buissonnier ne cesse de faire la cour à la France, celle de Rabelais et de Doisneau, celle de Stendhal et de Fallet, celle de Marcel Aymé et d’Audiard. »
Mon petit doigt me dit que prochainement, à l’occasion du départ du Tour de France, je vous offrirai quelques échantillons de ses chroniques, véritables bijoux littéraires. Dans ma jeunesse, chaque été, trois semaines durant, j’attendais avec impatience que mon père revienne des courses avec le quotidien sportif. Après un rapide coup d’œil sur les classements de l’étape de la veille, je me régalais de ses exercices de style dans les pages intérieures.
Même lorsqu’il nous contait la légende des cycles, l’expression lui appartient en hommage au romantisme, Blondin faisait de la littérature, « transformant en genre majeur ce qui, d’ordinaire, n’excède pas l’habileté du bien dire ».
Il est cocasse de noter que deux de ses compilations consacrées à des textes littéraires, qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec le monde du sport, s’intitulent Certificats d’études et Devoirs de vacances. Lorsque le Tour commençait, la distribution des prix se profilait à l’horizon, l’année scolaire s’achevant alors la veille de la fête nationale. C’était plutôt le temps de l’école buissonnière. Mais j’ai toujours rêvé d’un instituteur qui choisirait le Tour de France comme thème d’éveil avec notamment l’étude des textes ciselés d’Antoine.
Devant une vitrine, je me réjouis de constater que le petit Blondin comme le petit Coffin (il s’agit de moi, pas d’un des gamins du Grand Meaulnes !), mais avec infiniment plus de talent sans doute, rédigea, tel un journal intime, son cahier de sport. Moi, je collais, infatigablement, photos et articles de presse concernant Jacques Anquetil, l’idole de ma jeunesse (voir billet des 15 avril et 22 août 2009). Lui, il dédiait son cahier de marque Université à son club de football préféré, le Racing Club de Paris. Commencé le 24 septembre 1934, fini le …, il le parsème de photographies et de petits textes de sa composition à la gloire des vedettes de l’équipe, Emile Veinante, spécialiste des corners directs, Raoul Diagne, le premier joueur noir sélectionné en équipe de France (on ne parlait pas de quotas à l’époque !), et l’autrichien Rudi Hiden qu’il qualifie de plus grand gardien de but du monde !
En forme de clin d’œil et d’hommage au club qui le fit rêver dans sa jeunesse, plus tard, il appela la Comédie Française, le Racine Club de France !
À 13 ans, le collégien Blondin participa à un concours national où il fallait rédiger un petit essai sur le thème du Tour de France. Les auteurs des meilleures copies étaient invités à suivre une étape de la grande épreuve cycliste. Il fut recalé au profit des premiers de la classe qui n’en avaient que faire. Il se rattrapa largement par la suite en glanant un accessit au Concours général de littérature et en suivant assidûment la grande boucle, entre 1954 et 1982, comme journaliste … jusqu’au jour où il s’aperçut qu’il avait envoyé le même texte deux fois consécutivement !
Voici l’introduction de sa première chronique au soir d’une étape de transition à travers les Landes :
« Prendre le Tour de France en marche, c’est pénétrer dans une famille avec des gaucheries de fils adoptifs, des réticences d’enfant de l’amour tard reconnu. Tout un rituel s’est instauré sans vous, dont on vous livre patiemment les clés. Vous apprenez à mettre des noms sur des visages, et ce sont les suiveurs … des visages sur des numéros, et ce sont les coureurs … Les suiveurs s’identifient à la hauteur du nombril qu’ils ont en forme de macaron à leur effigie. Les coureurs se déchiffrent du côté de la fesse gauche. Pour s’y retrouver, il faut avoir l’œil qui vole bas. Les vétérans se distinguent en ceci qu’ils regardent droit devant eux. Les nouveaux venus comme moi doivent avoir l’air plutôt sournois. Les seuls personnages que je reconnaisse sans détours, sous l’empâtement, ou la calvitie, ce sont les anciens coureurs. Il est vrai que je les ai connus au maillot. Nous avons cheminé toute la journée entre Berrendero, Sylvère Maes, Guy Lapébie, André Leducq, Charles Pélissier, Ducazeaux, Guiramand … et il me semblait accomplir, enfin les rêves du cancre que je fus au temps où les meilleurs de ma classe remportaient dans des concours assez rebutants le droit prestigieux d’accompagner les « géants de la route » pendant une étape ou deux. Chez moi, la classe a parlé tardivement. »
Comme il disait joliment : « Ma madeleine de Proust, si elle dégage un parfum d’embrocation, a aussi une lointaine odeur de revanche. »
Pensif, une plume d’oie à la main, revêtu du maillot jaune, tenue distinctive du leader du Tour de France, Blondin fixe l’objectif. « Je préfère le maillot jaune à l’habit vert » de l’académicien, avoua-t-il un jour, peut-être avec une pointe de frustration. Sans doute, aurait-il aimé entrer sous la coupole de l’Institut qui le narguait à environ deux cent mètres de son domicile, rue Mazarine. Mais, avec son sens de la pirouette pour taire un regret, il faisait remarquer qu’entre chez lui et l’Académie Française … il y avait cinq bistrots de trop !
Quelques dessins humoristiques forcent affectueusement le trait sur son addiction à l’alcool. Il en est un, particulièrement savoureux, intitulé la voiture 101 (la fameuse Peugeot 403 rouge du journal L’Equipe dans laquelle il prenait place) ou le Pisse-Coppi, en référence à l’épisode de l’encrier avalé par l’Antoine en lieu et place d’un verre supplémentaire, pour manifester son agacement envers Jacques Goddet, le directeur du quotidien sportif, inquiet du sort de la chronique, ce soir-là à l’étape.
Une photographie qui me tient à cœur, réunit Jacques Anquetil et Antoine Blondin revêtu du maillot floqué du numéro 13 de la finale du championnat de France de rugby, offert par Guy Boniface. Blondin avait une admiration sans bornes pour les frères Boniface, trois-quarts de génie du Stade Montois (club de Mont-de-Marsan), et rebelles comme lui : « Si j’étais plus jeune, j’aimerais mener ma vie dans la perspective des Boniface. Je crois que j’ai été marqué par Guy, que n’ai-je l’âge d’être transformé par André. Il me semble que je parle comme un essai. Tout au plus comme une ébauche ». Les amoureux du ballon ovale savoureront. La mort de Guy, dans un accident automobile sur une route des Landes, le 1er janvier 1968, fait partie des blessures jamais cicatrisées d’Antoine, au même titre que celle de Roger Nimier, six ans plus tôt, au volant de son Aston Martin.
Le sport l’intéressait quand il atteignait l’esthétisme. C’était le cas avec les frères Boniface-si vous saviez comme c’était beau quand ils manoeuvraient les adversaires avec leurs « cadrages débordements »- et avec Jacques Anquetil qu’il surnomma le « Yehudi Menuhin de la bicyclette ». Ceux qui me lisent régulièrement comprendront que je me régale à la lecture d’un article paru dans la revue Arts et titré « ANQUETIL a réussi à faire passer le cyclisme français de l’âge commercial à l’âge esthétique ».
Je ne résiste pas à vous livrer un extrait de ce qu’il avait écrit à la gloire du rugby, réédité dans l’ouvrage Le muscle et la plume. Je ne me souvenais plus que je l’avais déjà lu dans Le match des matches, un beau livre regroupant de superbes photographies et textes sur le royaume d’Ovalie.Il faudra que je le ressorte de mes cartons. « Sur cent mètres de gazon à conquérir ou à préserver, le rugby est d’abord un sport stratégique où l’occupation de l’espace suggère en profondeur les images du patrimoine et du terroir. La touche et la mêlée, ces fabuleuses usines essaimées sur les terrains vagues des stades, y broutent leur lopin de pelouse à la conquête d’un objet de cuir qu’on peut considérer, selon l’humeur, comme une matière première ou comme une fin dernière.
Il est permis, en effet, de s’en remettre à un grand coup de pied du soin de se débarrasser pour longtemps de ce trésor trop brûlant dont la possession vient de provoquer une telle débauche d’efforts. L’attitude peut paraître paradoxale, désinvolte, voire ingrate. Elle ne saurait en aucun cas qualifier ceux que l’exercice séculaire du rugby a baptisé du fier nom d’attaquants… »
« … À un rugby de matière bien calé sur ses règles, elle oppose un rugby de manière, où la tradition ne se perpétue que dans le renouvellement.
C’est alors qu’éclate une vérité qui nous confirme qu’en 1823, l’étudiant William Webb Ellis, en prenant soudainement un ballon de football entre ses bras, n’a pas fait son voyage pour rien : à savoir que le ballon de rugby, élaboré dans les fabuleuses usines de la touche et de la mêlée, est destiné par la meilleure des providences à devenir un produit « manufacturé ». »
Antoine serait probablement déçu des dérives du rugby actuel qui a un peu perdu son âme en devenant plus un sport de contact que d’esquive.
Blondin appréciait dans le rugby, outre sa dimension esthétique, son côté franc viveur et notamment les débordements festifs des troisièmes mi-temps ! Comme il se faisait torero en improvisant quelques passes avec les automobiles de passage dans sa rue, il s’identifiait aussi à un rugbyman, dans son exaltation. Ainsi, dans cet esprit, il convia tous les clients des bistrots de Saint-Germain-des-Prés qu’il fréquentait, à lever leur verre en l’honneur du titre de champion de France de Mont-de-Marsan. À cette occasion, il inventa un jeu en obligeant chaque quidam à endosser la tunique zébrée jaune et noire de l’équipe landaise, et en leur imposant une série de passes et d’arrêts de volée avec un sucrier transformé en ballon de rugby. Il paraît qu’un soir, au Bar-Bac, un de ses cafés de prédilection, il « sélectionna » Michel Debré, ancien premier ministre ! Une autre fois, au soir d’un match de sélection France A-France B, à l’auberge d’Uchacq, près de Mont-de-Marsan, il osa défier dans son ivresse intrépide, le colossal troisième ligne Walter Spanghero qui, surpris, alla voler dans un fracas de chaises. C’est lors d’une frasque semblable que sa compagne de l’époque, trouvant son comportement lamentable, le qualifia de singe en hiver !
Après la mort de Guy Boniface, Antoine reporta sa tendresse sur Jean-Pierre Rives, capitaine emblématique du XV de France. Casque d’or devint son « blondinet » !
Blondin n’était indifférent à aucun sport. À ses yeux, « le sport était le dernier espéranto et le champion le dernier passe-frontières ». Pour lui, « Le foot, c’est une âme collective partagée entre le désir et la crainte de voir un ballon passer entre trois poteaux. ». Voyez comment il présente la finale de la première Coupe d’Europe, l’ancêtre de la Ligue des champions actuelle, disputée en 1956 à Paris : « Il est toujours assez émouvant d’assister à la naissance d’une tradition. La minute historique est une occasion à enlever « de suite ». Il y avait, l’autre soir, de la crèche et du berceau dans ce Parc des Princes ouvert à la belle étoile, sous laquelle la première Coupe d’Europe de football affrontait les regards de quarante mille rois mages venus lui apporter la myrrhe et l’encens d’un enthousiasme neuf. »
Du fond de sa Galilée normande, mon papa emmena son (divin ?) enfant ébloui par les étoiles du Stade de Reims et du Real Madrid. Cinquante-cinq ans après, malgré les dérives mercantiles, les gamins d’aujourd’hui n’ont d’yeux que pour un Messi !
Antoine appréciait aussi le tennis et les fameux Mousquetaires (Lacoste, Cochet, Borotra et Brugnon) furent les héros de sa prime enfance. « Le souvenir est une résidence secondaire. Ses servitudes exquises sont celles du jardin secret. Le mien emprunte parfois ses allées au chemin qui, longeant, les serres d’Auteuil, aboutit aux frondaisons où s’abrite le stade Roland-Garros. Les jours qui s’annoncent vont y faire resurgir le charivari distingué des Championnats internationaux de France où le tennis proliférant, protégé des rumeurs intruses par ses rites et ses codes, de plus ou moins bonne compagnie, n’est cependant là pour personne. Vous sonnerez en vain à la porte, dans l’espoir d’accéder à ses gradins râpeux et tumultueux, au revers desquels les initiés se croisent le long d’une falaise de béton dans des suavités de garden-party. J’ai connu ces lieux par des printemps d’amandes vertes et par des cinq à sept en cinq sets où l’ondée vous confinait sous le parapluie prestigieux des marronniers les plus snobs du monde. Voici venue l’époque où l’étudiant sèche les cours, l’artisan son atelier, l’employé son bureau, le fiancé son rendez-vous pour un autre, bref, le vrai triomphe du congé de maladie. Celle-ci n’était pas honteuse … »
À mon arrivée en région parisienne, j’ai goûté aussi au charme bucolique de ce stade – un court annexe s’appelait même joliment « la campagne » – et aux ambiances feutrées qui laissaient entendre le bruit suave des balles. Je me souviens d’y avoir admiré Ken Rosewall, l’une des légendes du tennis, en nocturne, avec guère plus de deux cents autres mordus. Il est probable qu’aujourd’hui, Antoine serait exaspéré par les queues dans les allées et les vociférations d’un public turbulent. Il y a longtemps maintenant que, pour des motifs semblables, j’ai renoncé à prendre le chemin d’Auteuil.
Je ne peux tout de même pas vous refuser un morceau (d’anthologie) d’une de ces merveilleuses chroniques consacrées au cyclisme. Antoine aimait puiser dans son exceptionnelle culture littéraire pour conter les faits et les à-côtés de la course. Il excellait à pasticher Victor Hugo, Madame de Sévigné ou Marcel Aymé. Ici, il se réfère à Alexandre Dumas pour rédiger sa chronique de la course Paris-Roubaix de 1956, intitulée Va-t-en après .. . !
« Comment Louis, ayant d’abord percé à jour un complot, perça ensuite sa chambre à air, et comment le duc de Bruyne, prononça deux mots historiques dans la même journée.
Roubaix.- Le lecteur nous excusera d’ouvrir le 55ème chapitre d’une œuvre aussi classique que « Paris-Roubaix ou les ferrets de la petite reine » par quelques considérations historiques.
Cette année-là, aux approches de Pâques, pour ce que la France tout entière était plus ou moins la capitale de l’Angleterre, une partie des regards se tournait vers Roubaix que Sa Majesté britannique, la reine Élizabeth II, devait honorer prochainement de sa visite. Depuis quelque douze mois, cette cité était en apanage au jeune roi Louis, dit « le Bobet », qui y avait établi sa suzeraineté après avoir triomphé successivement à Lens et à Rocroi. Aussi bien prêtait-on à ce prince le dessein de quitter Paris pour devancer dans son fief l’arrivée de la souveraine aux fins de lui en remettre les clés, fussent-elles à molette. Ce projet généreux n’alla pas sans exciter l’intrigue et la cabale. Donc par un dimanche voilé de printemps qui était celui de la Passion, un spectateur, insensible à la bise, eût pu apercevoir un parti de cavaliers rangés à l’ombre de la basilique de Saint-Denis où dorment les rois de France, et dans la personne de deux hommes dissimulés sous des casaques jaunes, il eût pu reconnaître Louis et son frère Jean, rentré précisément depuis quelque temps d’une mission en Angleterre et qui se faisait passer pour un jeune clerc chargé de course à l’université d’Hutchinson.
« Jean, mon frère, disait Louis, si vous êtes prêt à recevoir un secret, suivez-moi dans la crypte et jurez-moi sur les sacrés tombeaux de nos devanciers, ne dévoiler ma roue arrière que si je vous le demande et, en aucun cas, ce que j’ai à vous confier …
… Entre la sépulture de saint Rebry et celle de Pélissier1er, Louis prit la parole :
« J’ai eu un tuyau. Comme son nom l’indique c’est Condé qui me l’a donné : l’escadron qui doit nous conduire dans les Flandres est à la solde du duc de Bruyne. C’est Rome qui tire les ficelles ou plutôt le cardinal Coppi. Feignons d’ignorer tout mais ouvrons l’œil. Chaque passage à niveau nous sera une barricade, chaque bocage du pays de Somme cachera une embuscade et dans chaque coron de la plaine du Nord, il y aura pour nous terril en la demeure. Je compte sur ta vigilance et dis-toi bien qu’en retour, le souci de mon cadet ne sera jamais le cadet de mes soucis … »
Au premier étage de l’exposition, je m’assieds sur un banc pour regarder sur un petit écran, quelques archives de l’INA. Je m’amuse du montage cocasse qui met en scène un entretien entre un Blondin des villes, celui de Saint-Germain-des-Prés, et un Blondin des champs, « le gentleman-fermeur » (de bars) de Linards en Limousin.
On retrouve, étrangement, le même paradoxe dans son ascendance. Sa mère était issue d’une grande bourgeoisie parisienne. Son aïeul Jean Casimir-Perier fut même président de la République de juin 1894 à janvier 1895, date à laquelle il donna sa démission suite à celle du ministère Dupuy. Son père, originaire de l’Allier, venait d’une famille de bergers transhumants qui menaient les moutons des autres du Bourbonnais au Cantal. Un de ses ancêtres était surnommé Blondin d’Amour.
Antoine justifiait sa fascination pour le noctambulisme par son appartenance à une génération de jeunes gens ayant connu le couvre-feu pendant la seconde guerre mondiale. Dans le petit film projeté, il va à la rencontre de Jean-Marie Rivière, prince de la nuit, patron de l’Alcazar, tout à côté de son domicile rue Mazarine. Clin d’œil au cyclisme, ils convainquirent une veuve millionnaire, danseuse et reine des nuits parisiennes, de mettre sur pied l’équipe De Kova-Lejeune, revêtue d’un maillot rose fluo très avant-gardiste en 1973 ! Son principal fait d’armes fut de classer cinq de ses coureurs aux cinq dernières places du Tour de France.
Antoine n’aurait pas compris qu’on commémorât le vingtième anniversaire de sa mort, sans lever le coude. L’exposition décline donc toute une série de documents iconographiques faisant allusion aux comptoirs de bistrots, ces arches de Noé accueillantes pour célébrer l’amitié autour d’innombrables verres de contact.
Ainsi s’est tenue deux jours après mon passage, la treizième édition du marathon des leveurs de coude. Les quarante-deux kilomètres de l’épreuve reine de l’athlétisme, sont remplacés par une dégustation dans quarante-deux bars du quartier.
Ce jour-là, chez nous, dans les estaminets de Saint-Germain-des-Prés, retentit comme à Jean Dauger (le stade de Bayonne du nom d’un très grand trois-quarts centre ami aussi de Blondin) :
« C’est la peña
Qui crie sa joie
Sur cet air là…
Allez allez
Les bleus et blancs
De l’Aviron Bayonnais
C’est la peña
C’est la peña baiona »
Il y eut même du côté de la rue des Canettes, une Marseillaise très franchouillarde, façon Tournoi des Six Nations !
Dans une vitrine, des coupures de journaux de l’époque rappellent la mort d’Antoine. France-Soir titre même malicieusement : « Même l’église (de Saint-Germain-des-Prés) était bourrée » ! Jean-Paul Belmondo, son double dans Un Singe en hiver, Jean d’Ormesson et Maurice Druon, de l’Académie française, Jacques Laurent, son copain des Hussards, Jacques Goddet pour le journal L’Équipe, le chanteur Carlos, le copain des troisièmes mi-temps, étaient au premier rang pour lui rendre un dernier hommage.
Antoine Blondin repose au Père-Lachaise où il aimait se promener : « Le Père Lachaise est un lieu très poétique . C’est un cimetière où l’on sait vivre. » Il y situe le chapitre 4 de L’Humeur vagabonde : « J’ai vu tout de suite que ce cimetière n’était pas comme les autres, pas comme celui de notre village par exemple, qui est situé derrière le tennis, et d’où une main invisible vous renvoie la balle chaque fois qu’elle passe par-dessus le mur …
… À gauche, en entrant, on trouve non pas les bureaux de Saint Pierre comme on s’y attendrait, mais un corps de garde, devant lequel bavardent des personnages vêtus d’un uniforme délavé, intermédiaire entre celui des sergents de ville et celui des gardiens de square, d’un bleu d’outre-tombe. Ils sont armés d’un lourd revolver contre les chacals, les feux follets, les profanateurs, véritables gardiens de la paix. Ils échangent des ragots ténébreux. Ils sont également un peu guides et tolèrent qu’on leur graisse la patte sous la pèlerine. -Vous cherchez la tombe de Chopin ? -Moi ? Pas du tout ! Je voudrais aller sur celle » … d’Antoine Blondin. Il se trouve dans la 74ème division, dans le caveau de famille des Vierne-Romanet, presque un nom de grand cru de Bourgogne !
L’exposition s’intéressant presque uniquement au chroniqueur sportif, je ne saurais tout de même passer sous silence le Blondin romancier. « Aux approches de la cinquantaine, je ne porte pas de cravate. Je suis resté mince, mon œuvre aussi ». Ainsi, se décrit-il dans Monsieur Jadis ou L’école du soir, roman très autobiographique. Bien que parcimonieuse, cinq romans en tout et pour tout, sa plume excelle aussi dans ce genre.
Lorsqu’il prononça son homélie, Michel Déon, encore un de la bande des Hussards, essaya de montrer que, « doté de trop de cœur et d’esprit, il n’avait cessé de gaspiller ses dons par générosité, comme les gaspillent les prodigues qui meurent les poches vides, ayant tout donné à leurs amis ». Dans le livre acheté avant l’exposition, Bernard Pivot raconte avec enthousiasme les raisons qui font qu’il admire Blondin depuis ses 18 ans : « On a l’impression que chez lui, tout coule de source. Ce n’est qu’une impression. Son écriture est fluide, mais elle est le fruit d’un travail et d’un talent de tous les instants. Chez les mauvais écrivains, on sait très bien comment la phrase va se terminer. Les derniers mots arrivent parce qu’ils obéissent à une espèce de suite logique. Chez Blondin, non ! D’un seul coup, il bifurque, il va ailleurs ».
Voyez le début de L’Europe buissonnière : « Passé huit heures du soir, les héros de roman ne courent pas les rues dans le quartier des Invalides. Muguet n’ était encore qu’ un adolescent médiocre lorsqu’ il tourna l’ angle de l’ Avenue de Ségur. Une fillette qui lisait le journal assise sur un petit pliant, fut sollicitée par la silhouette du garçon. Elle le suivit un instant des yeux; puis, comme on avait l’ époque la cuisse cocardière, elle se replongea dans le récit des actualités. »
Et L’humeur vagabonde commence ainsi : « Après la Seconde guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. On rétablit le tortillard qui reliait notre village à la préfecture. J’en profitai pour abandonner ma femme et mes enfants qui ne parlaient pas encore. »
Comment ne pas poursuivre la lecture après les deux premières phrases d’Un singe en hiver : « Une nuit sur deux, Quentin Albert descendait le Yang-tsé-kiang dans son lit bateau : trois mille kilomètres jusqu’à l’estuaire, vingt-six jours de rivière quand on ne rencontrait pas les pirates, double ration d’alcool de riz si l’équipage indigène négligeait de se mutiner. Autant dire qu’il n’y avait pas de temps à perdre. »
En cette période anniversaire, plusieurs de ses romans sont réédités en format de poche. Dans un billet ancien, je vous avais recommandé l’Antoine Blondin de la collection Bouquins chez Robert Laffont. Pour 32 euros, vous y retrouverez ses cinq romans, ainsi que quelques nouvelles, essais et chroniques.
« Nous n’adhérons à nos lectures que pour autant qu’elles suscitent en nous ce petit choc à quoi l’on reconnaît une grande vérité humaine. » Je ne sais meilleure conclusion que cette phrase de Blondin lui-même, tirée de Ma vie entre des lignes.
« Mon univers se borne à deux cents mètres carrés de bitume, une plantation de cafés-tabacs. Je continue d’habiter les ruines d’un palais sur le quai Voltaire où j’ai connu autrefois un bonheur baroque entre mes parents et mes amis. L’âge, à sa façon, a eu raison d’eux qui sont morts dans leurs lits, de vieillesse ou de jeunesse, certains dans des draps de ferraille atrocement froissés- si tôt, si vite, comblés de telles promesses au regard du souvenir, qu’il me semble aujourd’hui survivre à des enfants ».
En sortant de l’exposition, sans véritablement le vouloir, poussé peut-être inconsciemment par la nostalgie des années Blondin qui enchantèrent ma jeunesse, je retrouve de ruelle en ruelle, quelques lieux emblématiques que l’Antoine hanta, de véritables institutions du quartier, ainsi, Aux Charpentiers, rue Mabillon, un restaurant créé en 1856, très marqué par le compagnonnage. On y mange toujours de bons plats du terroir comme le chou farci campagnard et le filet de bœuf limousin à la ficelle avec son os à moelle, au milieu de maquettes de chefs-d’œuvre de compagnons du Devoir. Sans doute, l’addition est-elle un peu plus onéreuse que lorsque je le fréquentai dans les années 1980.
Dans mon enfance, comme Blondin écrivait ses chroniques, Maurice Vidal, directeur de l’hebdomadaire Miroir-Sprint, publiait trois fois par semaine, durant le Tour de France, un bloc-notes intitulé Les Compagnons du Tour. Comme le compagnonnage constitue un système de transmission des connaissances par l’apprentissage et la formation tout au long de la vie qui s’adapte sans cesse à l’évolution des environnements sociaux, Maurice Vidal et Blondin avaient bien compris que la grande boucle était un ensemble composé des coureurs, des spectateurs et des journalistes.
Rue des Canettes, le temps de tremper les lèvres dans un verre de bourgogne aligoté, je m’arrête Chez Georges, un bistrot à vins qui figurait dans le carnet de voyage buissonnier de Blondin.
En arpentant la rue Mazarine en direction de l’Institut dont l’or de la coupole brille dans la perspective, je jette un regard au numéro 72 où habitait Antoine, puis à l’Alcazar cher à Jean-Marie Rivière.
Au 50, la galerie Lélia Mordoch consacre une exposition à un sculpteur plein de drôlerie et de poésie. Funambule dansant sur le fil de fer de la création, James Chedburn recrée le monde merveilleux du cirque d’antan. Le bouillon Kub soutient le monde autour duquel tourne un petit train rempli d’animaux de ménagerie. Il y a du Prévert là-dedans.
Au 19, une galerie d’art a remplacé Le Rubens, un café dont l’arrière-salle était devenue le bureau de Blondin. « Longtemps j’ai cru que je m’appelais Blondin, mon nom véritable est Jadis ». Le temps passe, pourtant, les livres d’Antoine Blondin s’empilent toujours sur ma table de chevet. À la période du Tour de France, plutôt que lire une presse spécialisée d’une grande mièvrerie, je me replonge dans ses savoureuses chroniques.
Vous pouvez laisser une réponse.
Je suis moi aussi venue me replonger dans vos savoureuses chroniques, une fois qu’on y a goûté … on en reste un peu addict … j’ adore le mélange savamment dosé de bons mots, picorés chez ceux que vous admirez et que vous citez pour mettre en valeur leur plume et le petit grain de sel, exhausteur de goût, de la vôtre qui se trempe si bien dans l’humour, dans l’ émotion, dans la fidélité du souvenir … toujours un régal finalement après avoir dépassé l’idée première « oh !… Blondin … il va encore parler de vélo.. » et bien non, pas que … et c’est toujours récréatif, instructif ! Bon j’ arrête là … « trop de sucre gâte les dents » comme dirait MMe de Sévigné … Je vous dépose un bisou, en forme de merci parce que … sur ce blog , la tendresse n’ est pas chose déplacée, on l’y croise un peu partout donc je l’ ose …
Je suis très touché par ces quelques réflexions qui, finalement, illustrent tout l’art de Blondin.
Son écriture brillante savait séduire les lecteurs les moins acharnés à la chose sportive.
Plus qu’un rayon de bicyclette, c’est sa plume savoureuse qui servit de scarificateur pour me vacciner contre la maladie d’amour pour le vélo contractée très tôt dans ma jeunesse.
Excusez-moi si je vous ressers, très prochainement, une autre tournée de Blondin. À consommer sans modération.
Bien amicalement.
Encore un régal de vous lire et de retrouver Antoine Blondin…
Je n’ai pas visité cette exposition, j’ai de plus en plus de mal à aller à Paris… Merci donc de me la faire visiter par procuration.
Pourtant, Blondin je l’ai découvert tardivement.
Enfant, on ne lisait pas L’équipe chez moi mais Ouest France et c’est ce journal que je découpais pour coller les articles et photos dans des petits cahiers que je n’ai plus, hélas !
Plus tard, je fus un grand lecteur de « Miroir du Cyclisme » et des papiers de Vidal (qui s’en est allé cette année au paradis du Tour de France), Claude Parmentier, Marc Jeuniau et, bien sûr, des dessins de Pellos.
Blondin, je ne le découvris que bien plus tard, dans les années 80 : les années Hinault.
Continuez à nous raconter le vélo comme vous l’aimez, comme sur les petites routes de campagne où j’aime tant rouler. D’ailleurs, il faut que je vous laisse : ma femme est en train de préparer le pique-nique, les vélos doivent s’impatienter…
Bonjour Jean-Michel,
Me voilà de retour à la maison, à la Réunion et vous êtes un des premiers que je viens lire.
Je regrette de ne pas avoir découvert votre article la semaine dernière, alors que j’étais à Paris, j’aurais pu aller voir cette exposition et rencontrer un peu plus Blondin, qu’à ma grande honte, je ne connais que très peu, je ne dis pas que je l’ignore mais peu s’en faut.
J’ai, comme toujours apprécié votre prose, et l’extrait d’ »un singe en hiver », quand Gabin veut créer un fleuve vert plein d’espoir, m’a beaucoup plu. Je me rends compte de l’ampleur de mon inculture. Et dire qu’il y a pire que moi… Une de mes amies dirait « Malheur des autres ne guérit pas mais il soulage ». Soit, mais j’aimerais tant savoir tous les jours davantage. J’y arrive mais ce n’est pas très rapide, il m’apparait sans cesse des domaines que j’ignore.
J’ai quand même fait d’autres découvertes dans la capitale.
Je vous souhaite d’agréables journées estivales et vous dis « à bientôt ».
Bonjour,
Quel formidable travail!!
Est-ce que cela m’a échappé,je cherche une référence du quotidien L’Equipe (un numéro spécial ?)publié après la mort de Antoine Blondin, le 7 juin 1991.
Encore bravo et merci,
bien cordialement, Michel Porcheron
Merci et bravo
J’ai été ami et avocat d’Antoine,et recherche désespérément « tours de France », un de ses rares recueils à me manquer.
Antoine m’avait dédicacé « le tour de France en vingt et quatre jours ».
Mais vous m’avez donné bien du plaisir
Bonjour monsieur,
Si vous êtes toujours en quête de « tours de France » je peux vous l’envoyer au format électronique (epub).
Cordialement,
Thomas Parrot.
Monsieur,
Merci pour cette information. Je m’en tiens à mon vieux livre dont certaines pages se détachent à force de les avoir tant consultées.
Blondin écrivait ses chroniques au soir des étapes sur un cahier d’écolier avec un stylo à encre.
Cordialement
Bonjour,
je recherche des textes de Blondin, en avez-vous ?
Bonjour,
Je vous prie de vouloir bien préciser votre requête. Que recherchez-vous dans l’œuvre d’Antoine Blondin? Ses romans ou chroniques sportives?
Cordialement.
Belle rétrospective pleine d’admiration et zestée de nostalgie.
Au retour d’un Blondin aujourd’hui ?
Le cyclisme semble avoir si changé, sa professionnalisation et son hyper-médiatisation brisent nos repères.
Où sont les héros, les forçats, les véloces de jadis ? On parle désormais de sportifs, de professionnels, de compétiteurs.
Pourtant, hier comme aujourd’hui, la soif d’argent et de notoriété étaient déjà les principaux ressorts animant les champions ; mais la magie semble s’être dissipée comme si le cyclisme s’était désenchanté. On n’y croit moins, tout simplement.
Blondin eut le devoir esthétique, il a esthétisé le sport et d’abord le cyclisme. En soulignant sa beauté, il a érigé en gloire et monuments ce qui n’était que poussière, sueur et fracas métallique.
Le cyclisme devenu épique et magique, le public s’y est fait son idole, idolâtrant le champion au travail et soutenant, à l’arrière, le besogneux en pleine tâche.
De cette fièvre de communion, il demeure les images cathodiques et les sons radiophoniques – suffit-il de se rendre sur la chaussée pour réellement en saisir l’effectivité – mais plus guère d’écrivains et d’artistes pour l’exprimer. Or, l’ info journalistique ne remplacera jamais le ressenti de l’écrivain, du peintre et du cinéaste sur ce même événement.
Puisque les chroniques de Blondin constituent une pièce culturelle qui méritent d’être lues et relues, il est nécessaire que les plus jeunes s’en fassent les récipiendaires et les attachés afin que ce morceau de culture demeure actuel.
Au plaisir de vous entendre de nouveau à propos de nos répertoires d’anthologie.
Tout est remarquablement analysé dans votre commentaire.
Tout a effectivement changé dans l’épopée sportive et la manière de la raconter.
Blondin nous parle en un temps où la légende des cycles nous était contée en direct par les radioreporters et, le lendemain, dans les quotidiens par d’excellentes plumes littéraires.
Aujourd’hui, l’imaginaire n’a plus cours. La course se déroule sur les écrans avec au coin de ceux-ci, au nom du sacro-saint numérique hashtag, des twits bourrés de fautes de téléspectateurs.
Dans mes billets « Ici la route du Tour » relatant les grandes boucles d’il y a cinquante ans, plus que l’événement sportif lui-même, je désire avant tout rendre hommage à la culture, l’intelligence, la documentation la truculence aussi des chroniques et éditoriaux de l’époque.
Blondin fait partie de mes quelques livres de chevet. Je vous remercie pour votre attachant commentaire.
Bonjour
En lisant des messages « récents » (de 2015) concernant un fana de vélo et de rugby, j’ose vous adresser cette question. Quelqu’un aurait il le texte d’une chronique d’Antoine, paru dans les années 70 dans « l’équipe », à propos » de l’influence de l’emplacement des panneaux publicitaires sur les résultats des matchs de rugby et apportant enfin un élément de réponse rationnel qui explique l’avantage décisif des clubs jouant à domicile »
Merci, cordialement
« Numéro 13″
Bonjour,
Je n’ai pas souvenir de cette chronique mais j’imagine qu’elle était évidemment savoureuse, pertinente et impertinente, « blondinesque » en somme. Je me renseignerai pour tenter de la retrouver.
Bien cordialement.
Bonjour,
C’est avec un grand plaisir que j’ai decouvert votre blog sur le formidable Antoine Blondin. Je suis a la recherche de l’hommage de Blondin à Guy Boniface paru dans l’Equipe en janvier 1968 . Pourriez vous m’aider ?
Bien cordialement
Michel