Le Printemps à Paris

C’est le printemps, c’est aussi la guerre en Libye car il faut bien appeler ainsi l’opération de la coalition « visant à faire appliquer la résolution 1973 de l’ONU ». En la circonstance, on l’a baptisée d’un nom poétique : « Aube de l’Odyssée ». Elle est chargée d’anéantir les forces du dictateur Kadhafi qui bombardent ignominieusement la population civile. Pour être dans l’ambiance, de ma banlieue francilienne, je vous propose le Chant de guerre parisien, un des poèmes qui accompagnent la lettre dite Seconde lettre du voyant envoyée par Arthur Rimbaud à son ami Paul Demeny.
C’est le printemps de la Commune de Paris, une tentative de démocratie citoyenne. Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers envoie sa troupe récupérer les 227 canons entreposés à Belleville et Montmartre que les Parisiens considèrent comme leur propriété, les ayant payés par la souscription lors de la guerre contre la Prusse. Mais Thiers manquant de chevaux, devant le soulèvement des Fédérés, renonce et se retire avec son gouvernement à Versailles Rappelez-vous des « Versaillais », par le hasard d’un concours d’entrée dans l’Éducation Nationale, j’en fus un cent ans plus tard, beaucoup plus pacifiste et dans l’autre camp ! Goûtez à la poésie sublime d’un autre Arthur que celui de mon précédent billet. Elle est encore d’actualité. Il y parlait déjà de pétrole, ces bombes incendiaires avec lesquelles les (Z)Eros, Thiers et Picard, son ministre de l’Intérieur, faisaient des tableaux impressionnistes rouge sang (les Corots) en couchant sur le pavé les Communards héliotropes (plantes qui suivent le soleil comme le tournesol). « Familiers du Grand Truc » … Dans les années 1960, le général de Gaulle qualifia l’ONU de « grand machin » !!!

Chant de guerre parisien

Le Printemps est évident, car
Du coeur des Propriétés vertes,
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes !
Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
Ecoutez donc les bienvenus
Semer les choses printanières !
Ils ont shako, sabre et tam-tam,
Non la vieille boîte à bougies,
Et des yoles qui n’ont jam, jam…
Fendent le lac aux eaux rougies !
Plus que jamais nous bambochons
Quand arrivent sur nos tanières
Crouler les jaunes cabochons
Dans des aubes particulières !
Thiers et Picard sont des Eros,
Des enleveurs d’héliotropes ;
Au pétrole ils font des Corots :
Voici hannetonner leurs tropes…
Ils sont familiers du Grand Truc !…
Et couché dans les glaïeuls, Favre
Fait son cillement aqueduc,
Et ses reniflements à poivre !
La grand ville a le pavé chaud
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle…
Et les Ruraux qui se prélassent
Dans de longs accroupissements,
Entendront des rameaux qui cassent
Parmi les rouges froissements !
Arthur Rimbaud

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