Le grand « footoir »!

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Des « citoyens français » qui refusent de visiter un bidonville sud-africain en compagnie d’une secrétaire d’État, un doigt d’honneur d’un « sportif » à un journaliste, un autre « sportif » qui injurie grossièrement son supérieur hiérarchique, d’autres « sportifs » qui cautionnent cette insulte et  par solidarité, refusent de s’entraîner, un entraîneur sans amour-propre qui lit à la presse leur communiqué trop bien écrit pour qu’ils en soient les auteurs, des mutins reclus tels des otages derrière les rideaux tirés d’un bus customisé tous ensemble pour un rêve en bleu, une ministre qui fait pleurer des « caïds immatures », un philosophe qui « vomit une génération caillera à la morale de mafia », des dirigeants qui invoquent l’amour d’un maillot que des argentiers affublent de logos et sigles sans aucun lien avec le coq gaulois, un sélectionneur qui ne serre pas la main de son collègue de l’équipe adverse, une chaîne d’information qui diffuse en direct du Bourget durant une heure et demie les images du retour au pays, du ballet des jets privés à l’écart des supporters puis la traversée de Paris (vers le Fouquet’s ?) du capitaine fracassé au fond d’une berline allemande, un président de la République qui annule des rendez-vous pour recevoir un footballeur milliardaire au moment même où les grèves paralysent le pays, … Il s’agit là d’un inventaire affligeant sans la poésie de Prévert. Au fait, je vous parle du jeu de football ! Il y a un demi-siècle, juché sur les épaules de son papa dans les gradins vétustes du stade de Colombes, un petit garçon écarquillait les yeux devant les exploits de « vrais » footballeurs : Kocsis, Puskas, Yachine, Kopa, Di Stéfano, Pelé. Il se souvient qu’une heure avant le coup d’envoi d’un match international, Roger Marche surnommé le « sanglier des Ardennes », capitaine de l’équipe de France de football, traversa la cendrée du stade pour lui serrer la main et signer un autographe. L’événement fut même immortalisé par la caméra de son père. Le petit garçon ne rêve plus. Durant cette « quinzaine du bleu », des Varois ont perdu la vie ou leur logement, un soldat français est mort en Afghanistan et des millions de Français battent le pavé pour défendre leurs modestes retraites. Sans doute, nos zéros, les baladeur et portable collés aux oreilles, sont-ils sourds à la réalité de notre monde ! On a définitivement cassé le jouet du petit garçon ; il a envie pour une fois d’être irrespectueux (encore que ce soit du vocabulaire usité dans les sphères les plus hautes) et de crier : Cassez-vous pauvres cons  !

Publié dans : Non classé |le 24 juin, 2010 |2 Commentaires »

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 25 juin, 2010 à 12:33 Jean-Pierre écrit:

    Vraiment génial ton article. La gestion du foot français me fait vraiment penser à la gestion d’une grosse boîte qu’on a bien connue tous les deux : même gouvernance absurde, même mépris, même fonctionnement, même autisme, même fiasco… Encore bravo.

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  2. le 1 juillet, 2010 à 16:02 JPP écrit:

    C’est clair, net ,précis et cinglant…mais où est donc passé notre référentiel bondissant?Tout est dit avec cet humour caustique nécessaire pour ne pas sombrer dans une déprime grave car tous les jours un scandale s’ajoute aux scandales…Quand je pense que pendant toute ma carrière je ME suis payé mes cigares! C’était vraiment une autre époque…
    PS: le sanglier des Ardennes m’en rappelle un autre, mais dans un genre bien différent!

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