Ma Guerre des boutons avec Yves Robert et Louis Pergaud
Les jours d’intempéries, cela arrive dans nos régions tempérées, ou en début de soirée, à l’heure des programmes lénifiants de la télévision, c’est encore plus fréquent, la projection d’un dvd peut constituer un dérivatif attrayant pour occuper les enfants. Reste à faire le bon choix !
Cet après-midi là, foin des Brice de Nice et autre Camping, je proposais donc La Guerre des boutons à la petite voisine de huit ans dont nous avions la garde. Par expérience, je savais que je jouais sur du velours.
Sorti sur les écrans en 1961, au cœur de mon enfance, ce film d’Yves Robert est tiré du roman éponyme de Louis Pergaud paru en 1912, il y a un siècle déjà. Une première adaptation La Guerre des gosses datant de 1936 mettait en scène la rivalité de deux villages du Midi avec le jeune Mouloudji dans le rôle de La Crique et Charles Aznavour comme figurant.
La guerre des boutons fut le premier film de la maison de production La Guéville créée par Yves Robert et son épouse Danièle Delorme, du nom d’une petite rivière prenant sa source dans le parc du château de Rambouillet et coulant non loin de là dans leur propriété. J’eus le bonheur d’être reçu au Moulin neuf, je vous conterai en quelles circonstances plus loin.
Coup de maître pour un coup d’essai, le film connut un succès phénoménal pour l’époque avec près de dix millions d’entrées et reçut le prix Jean Vigo 1962, une récompense qui distingue les jeunes réalisateurs du nom de l’auteur de Zéro de conduite, un autre superbe film sur l’enfance. Il fit aussi un triomphe au Mexique et au Japon où à cause d’une faute de calligraphie, les affiches l’annoncèrent en tant que La guerre des boxons !!!
Tandis que le générique défile, je fournis quelques informations pour motiver la jeune spectatrice à entrer plus aisément dans la fiction qui date tout de même d’un demi-siècle. Sans doute, par respect, elle m’épargne du péremptoire « c’est nul » ou « c’est rance » que me lança en d’autres temps, une petite fille très chère lorsqu’elle constata que le film était en noir et blanc. J’attise sa curiosité en lui racontant que je vécus ces rivalités de gamins sinon de village à village du moins de quartier à quartier, et que la quasi totalité des scènes du film furent tournées à quelques kilomètres de chez nous.
Yves Robert rapportait qu’un jour, à la fin d’une projection, un gosse l’interpella : « Mais ils font comment les enfants de votre guerre des boutons pour, à la sortie de l’école, aller courir en forêt, courser un lapin, se bagarrer avec les autres ? Pourquoi ils ne rentrent pas chez eux ? ». Alors, un tout petit (Gibus ?) assis à côté de lui, se leva et reprit : « T’es con ou quoi ? Ils ont pas la télé … » ! En effet, nous n’avions pas la télé ou si peu avec une seule chaîne en noir et blanc ne diffusant que quelques heures dans la journée. Thierry de Janville dit Thierry la Fronde ne surgit dans la petite lucarne qu’en 1963 pour délivrer le roi de France Jean II prisonnier des anglais. Le manège du père Pivoine ne commença à enchanter qu’un an plus tard et Dorothée ne sévit qu’à la fin des années 1980 … gare elle revient ces jours-ci à l’Olympia ! Bref, il est utile de rappeler ce vent de liberté qui soufflait avant l’explosion de la télé nounou. C’est peut-être aussi la nostalgie d’un état d’esprit perdu que je me plais à faire partager aux enfants.
Allez, c’est parti ; je surveille du coin de l’œil les réactions de la jeune enfant. Deux écoliers, cartables sur le dos, apparaissent dans le champ, c’est le cas de le dire, hélant le père Lebrac sur son tracteur :
GRANGIBUS :
Des timbres ! Des timbres !
M’sieur, m’sieur, vous voulez t’y des timbres ?
Des timbres tuberculeux… !
TIGIBUS :
C’est contre les tuberculeux… !
C’est contre les tuberculeux… !
Il n’y a qu’un enseignant à la retraite pour sourire de la syntaxe très approximative autour de la vente de vignettes dans le cadre de la lutte contre la tuberculose. Et puis, cela parle d’un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître lorsque l’instituteur nous confiait ces carnets de pseudo timbres qu’en bons représentants propagandistes, nous devions « fourguer » dans notre famille ou notre voisinage. Une année, ils affichaient le slogan Savoir se protéger, qui serait de mise pour un autre fléau trois décennies plus tard. Cette vente créait parfois des rivalités et des guéguerres entre camarades de classe car déjà la notion de rentabilité était récompensée !
Et puis, dans ce qui reste des campagnes d’aujourd’hui, les paysans n’ont plus l’accent ahuri de Jean Richard ! Ne vous moquez pas, je crois vous avoir déjà dit que dans ma prime enfance, la maison familiale jouxtait le cinéma du bourg et qu’ainsi je fus nourri entre autres à tous les nanars de Darry Cowl et Jean Richard. Je ne résiste pas à vous livrer le synopsis de Nous autres à Champignol :
« Guerre de clochers entre deux villages français sur fond de football… Gardien de but de l’équipe de Fouzy, Claudius Brioche est changé contre une vache et devient le nouveau gardien de Champignol. Au cours de la finale mémorable, il est métamorphosé par l’apparition de la belle Solange. Il gagne la coupe à lui tout seul et le baiser de la jeune fille… »
Comme quoi il faut balayer devant notre étable et être indulgent avec certains navets qui envahissent aujourd’hui les écrans. Il est difficile d’ailleurs d’estimer trivialement que Jean Richard ne casse rien alors que dans le film, le père Lebrac brise tout ce qu’il manipule !!!
Je m’égare, cet après-midi il ne s’agit pas de franchouillardes rivalités entre Fouzy et Champignol mais d’une guerre prochaine entre les enfants de Longeverne et de Velrans. Et comme dans tout conflit armé, c’est un épiphénomène qui déclenche les hostilités, en l’occurrence une insulte, une paire de « couilles molles ».
Ça y est, l’attention de la gamine est captée ; comme ceux de Longeverne, couille elle connaît (peut-être) mais molle ?! C’est presque gagné avec l’expédition nocturne pour inscrire en représailles sur le tableau des informations municipales avec une craie subtilisée en classe que Tous les Velrans sont des peigne-culs ! Lebrac écrit sans faute sous la surveillance du fort en thème La Crique alors que dans le bouquin, livré à lui même, son orthographe est beaucoup plus fantaisiste : Tou lé Velrans çon dé paigne ku ! Pendant ce temps, P’tit Gibus apprécie plus que modérément le calvados du père de l’Aztec alias Jacques Dufilho : « C’est bon la goutte ! »
Si la petite savait, la scène relève presque du documentaire. Au temps de la communale, j’avais quelques camarades qui venaient à pied des hameaux voisins avec la fiole de lait coupée d’un peu de gnôle ! En guise de quoi, dans le cadre d’une lutte contre l’alcoolisme, Monsieur Mendès-France nous invitait à boire un grand bol de lait frais et … pur à la sortie des cours sous la halle au beurre de mon village normand.
Elle est définitivement conquise avec le retour joyeux à Longeverne :
« Mon pantalon
Est décousu !
Si ça continue
On verra le trou
De mon… pantalon
Qu’est décousu… »
Comme un raccourci de l’enfance pervertie par les adultes, cette petite ritournelle légère entonnée par P’it Gibus « rond comme un boudin » et ses camarades deviendra carrément une chanson d’ivrogne dans la bouche des paysans au retour de leur battue. Si je vous en troussais d’autres couplets bien plus lestes contant les frasques de la femme du garde-barrière et du duc de Bordeaux, vous constateriez qu’il s’agit d’une chanson de corps de garde bien égrillarde.
J’ignore si la petite pourrait répondre à la question que pose l’instituteur à Lebrac mais elle sourit des conditions pour être électeur mimées et soufflées par La Crique … l’absence de poil au menton et au cul ! Cela me rappelle l’anecdote contée par un enseignant lors de son oral d’entrée à l’IUFM. Victime d’un trou de mémoire au sujet des lois de Jules Ferry sur l’école publique, un de mes amis appartenant au jury lui mima la gratuité dans le dos de l’inspecteur en frottant le pouce et l’index. Comme quoi, certains adultes furent plus « enfants » que d’autres!
Maintenant que la gamine est subjuguée, si, chers lecteurs, je vous parlais un peu de celui par qui le délicieux scandale arrive ? Louis Pergaud naît le 22 janvier 1882 à Belmont dans le Doubs, d’un père instituteur public descendant d’une longue lignée de paysans francs-comtois. C’est sur ces parcelles de terre et dans les villages d’alentour qu’il passe ses années d’enfance et d’apprentissages probablement décisives pour son œuvre future. Reçu en 1894 au Certificat d’Études Primaires, premier sur les quatre-vingt-cinq candidats du canton d’Orchamps, il entre en 1898 à l’École Normale d’Instituteurs de Besançon. À sa sortie comme major de sa promotion, il devient maître d’école à Durnes puis à Landresse qui constitue le village de Longeverne de son roman tandis que Velrans a pour modèle le village proche de Courtelain. Beaucoup de bourgs des plateaux jurassiens revivent dans son œuvre avec des noms inchangés ou habilement modifiés. Il vit comme les enfants, les écoliers, les chasseurs et les paysans de ce terroir : « Je vais me coucher presque en même temps que les poules et je me lève en même temps que les coqs et le soleil. J’ai trois bonnes heures devant moi avant la tâche quotidienne. Je laisse entrer par la fenêtre les bruits de la rue, sonnailles de bœufs, chants de coqs, coups de gueule des indigènes ».
1905, c’est l’année de la séparation des Églises et de l’État et le maître d’école est un acteur éminent de la vie villageoise au quotidien, témoin des querelles « bisontines » de clochers et des batailles entre cléricaux et anticléricaux : « on était calotin à Velrans et rouge à Longeverne ». C’est dans ce contexte que Pergaud s’adonne à sa passion de l’écriture. En 1910, il écrit De Goupil à Margot, un roman où il met en évidence tout son talent et sa connaissance des bêtes dans la description de leurs robes, leur démarche, leurs attitudes, leurs mœurs. Il obtient le prix Goncourt devançant Hérésiarque et Cie d’Apollinaire et La vagabonde de Colette. L’année suivante, il publie La revanche du corbeau, un autre recueil d’histoires de bêtes, genre dans lequel il excelle, certains critiques le surnommèrent le « Balzac des animaux » ! Si un jour, il me prend dans mes leçons de choses d’évoquer le coq de basse-cour, nul doute que je puiserai dans sa description d’un poulailler de La guigne de Chantegrave. À la différence de La Fontaine qui met en scène les animaux pour railler les humains, Pergaud, maître ès psychologie animale, les décrit pour ce qu’ils sont. C’est avec le même sens de l’observation qu’il présente, l’année suivante, l’enfant dans sa liberté, son langage et ses gestes, avec La guerre des boutons, roman de ma douzième année comme il est précisé en sous-titre. Pour mieux vivre de sa plume, Louis est « monté » à Paris où il continue à enseigner notamment à l’école de la rue de la Victoire … en chantant ?
« La victoire en chantant
Nous ouvre la barrière
La Liberté guide nos pas.
Et du ‘No-rau Midi’, la trompette guerrière
A sonné l’heure des combats… »
Ce couplet repris à pleins poumons par Lebrac et son armée appartient au Chant du Départ, hymne révolutionnaire et de guerre écrit en 1794 par Nicolas Méhu pour la musique et Marie-Joseph Chénier pour les paroles. Préféré à La Marseillaise par Napoléon, il devint l’hymne officiel du Premier Empire puis, prémonition littéraire de Pergaud, il fut souvent clamé pour exalter les soldats partant au front lors de la première guerre mondiale.
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L’Histoire a voulu que les aventures des sympathiques écoliers se situent peu de temps avant le grand conflit de 1914-1918. Même si Pergaud scande les chapitres de son roman avec des titres empruntés à la stratégie militaire, la déclaration de guerre, tension diplomatique, premiers revers, les conséquences d’un désastre, plan de campagne, nouvelles batailles, justes représailles, il ne faut surtout pas assimiler les explosions de vie enfantines avec l’inhumanité de la guerre.
Le cinéaste Yves Robert, né à Saumur dans le Val de Loire, montrait une admiration sans bornes pour ces instituteurs, les hussards noirs de la république, qui lui avaient appris une grande partie de ce qu’il savait et lui avaient inculqué le goût du savoir. Je parle ici sous son contrôle car en partie, je lui permis de concrétiser son rêve d’être enseignant durant quelques demi-journées. En effet, en 1995, je sollicitai la collaboration de quelques unes de mes connaissances pour honorer dignement le cinéma qui soufflait ses cent bougies. Ainsi pour l’avoir côtoyé quelques années plus tôt lors du travail passionnant d’un instituteur autour de La gloire de mon père, je contactai Yves pour évoquer le cinéma et l’enfance à partir de La guerre des boutons et accessoirement Bébert et l’omnibus (dans lequel il faisait encore jouer l’interprète trognon de P’tit Gibus) avec des écoliers de cours moyen d’un modeste village rural des Yvelines.
Un après-midi durant, avec son sens inné de la pédagogie et ses mimiques théâtrales, il subjugua les chères têtes blondes. Ayant étudié conjointement le roman, le film et même le scénario qu’il m’avait gentiment offert, elles l’assaillirent de questions. Avec sa bonhomie bourrue, Yves Robert ne fut nullement décontenancé : « J’ai gardé en mémoire le bruit des galoches cloutées qui résonnaient sur le chemin gelé de l’école. J’ai fait mes humanités à la communale. Les bandes et les bagarres, je connais ! » Il se sentait un enfant de cette guerre. De son enfance ligérienne, il savait l’usage de la fronde, les pièges pour appâter, les grains de sel qu’on met dans le creux de la main pour que viennent picorer les oiseaux, comme le lieutenant de Lebrac, Camus, ainsi surnommé parce qu’il n’a pas son pareil pour dénicher les bouvreuils ou camus. Il avait déjà montré sa connaissance de la nature dans Ni vu ni connu, un délicieux film narrant les aventures du braconnier Blaireau joué par un Louis De Funès encore très supportable. Il possédait aussi l’expérience du mouvement des Auberges de jeunesse dans lequel il avait été animateur après le Front Populaire.
« M’sieur, pourquoi il y a beaucoup moins de gros mots dans votre film que dans le livre ? ». Il attendait évidemment cette question et il jubilait que l’institutrice n’ait point censuré les passages les plus crus du roman quitte à s’attirer les foudres de quelque parent, un de ces « caïmans, laïques ou religieux, en mal de morales plus ou moins dégoûtantes » auquel dans la préface de son livre, Pergaud ne reconnaît nul droit de se plaindre : « j’ai voulu restituer un instant de ma vie d’enfant, de notre vie enthousiaste et brutale de vigoureux sauvageons dans ce qu’elle eut de franc et d’héroïque, c’est-à-dire libérée des hypocrisies de la famille et de l’école ». Le romancier se réclame même de Rabelais, un grand et vrai génie français, dans son épigraphe : « Cy n’entrez pas, hypocrites, bigotz, vieux matagots, marmiteux borsouflez … ».
« M’sieur, vous donnez une place beaucoup plus importante au personnage de P’tit Gibus » … et Yves Robert d’expliquer les subtilités de l’adaptation d’une œuvre littéraire au cinéma. En effet, le cadet des Gibus qui tient une place tout à fait subalterne dans le livre, devient le héros principal du film, cristallisant par sa spontanéité et sa naïveté la sympathie des spectateurs.
Le coup de génie d’Yves Robert et de François Boyer, son dialoguiste, est d’avoir introduit cette réplique culte que P’tit Gibus répète comme un leitmotiv : « Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu » ! Il n’y a rien de correct dans cette phrase à faire hurler n’importe quel linguiste. Vous constaterez cependant qu’elle ne déclenche pas les rires massifs des enfants fâchés qu’ils sont souvent avec la conjugaison du conditionnel. Leurs parents aussi d’ailleurs ; tenez-le vous pour dit, « les si n’aiment pas les rait » … Si j’avais su, je ne serais pas venu !!!
Par contre, vous serez sans excuses si vous ignorez encore les règles d’emploi du participe passé et de l’infinitif après la lecture au tableau par Lebrac de son petit mot intercepté par l’instituteur !
Yves Robert captiva ses élèves d’un jour d’autant mieux qu’il évoquait des lieux de tournage connus d’eux car situés aux confins de la Beauce, dans la forêt de Rambouillet toute proche, la sablière d’Auffargis, les grés de Saint-Hilarion, la petite école beauceronne.
Qui sait s’ils étaient nés quarante ans plus tôt, si l’un d’eux n’aurait pas été retenu lors du casting pour combattre sous l’étendard des Longevernes ou Velrans (je doute un instant avec mes tournures au conditionnel !). Lebrac fut choisi parmi des gamins du coin ; aujourd’hui sexagénaire, il vit dans le département de l’Eure. Les Gibus étaient les petits-enfants du photographe renommé Jacques-Henri Lartigue ; bien vivant, P’tit Gibus est artiste peintre dans les Landes quoiqu’ait pu déclarer récemment la police de Gennevilliers lorsqu’elle retrouva mort dans son appartement un certain Marcel qui depuis plusieurs décennies, s’était inventé une deuxième vie. Profitant de l’homonymie du nom de jeune fille Lartigue de sa maman, il prétendait dans sa bonne ville de Levallois, avoir été le jeune héros du film poussant même l’usurpation jusqu’à affirmer qu’il avait inspiré au cinéaste le fameux « si j’aurais su… » non prévu dans les dialogues ! Voilà comment tous les copains vous appellent abusivement P’tit Gibus pendant un demi-siècle ; cocasse supercherie qui n’aurait sans doute plus cours maintenant avec l’omniprésence d’internet.
« Ils réaliseraient leur volonté; leur personnalité naissait de cet acte fait par eux et pour eux. Ils auraient une maison, un palais, un panthéon, où ils seraient chez eux, où les parents les maîtres d’école et le curé, grands contrecarreurs de projets, ne mettraient pas le nez, où ils pourraient faire en toute tranquillité tout ce qu’on leur défendait à l’église, en classe et dans la famille… » En bon franc-comtois qui se respecte, Louis Pergaud à travers la construction de la cabane, se réfère à son « pays » le philosophe Charles Fourier, en imaginant un phalanstère juvénile, un lieu à usage communautaire créé par la libre association et l’accord affectueux des « libres enfants de Longeverne ». Qui parmi les lecteurs de ma génération, pendant les vacances ou chaque jeudi chômé de classe, n’a pas construit avec les copains une cabane de fortune pour s’isoler durant quelques heures du monde des adultes sinon abriter quelques amourettes platoniques ? Encore aujourd’hui, ma petite fille préférée qui a plutôt bon goût, dégote de vieux draps et coupe quelques branchages pour s’en confectionner une l’été le long de la rivière Fango sous l’œil bienveillant des nationalistes corses jaloux de la protection de leur littoral et de quelques vaches porteuses de primes à défaut de lait ! De plus, la veinarde n’a que deux ou trois pas à faire pour extraire une kyrielle de grenouilles de la vase d’un marigot. Vous comprenez que la petite sauvageonne apprécie particulièrement la séquence du film de la cueillette des champignons, la traque du renard et la capture des vipères. Tant qu’elle n’est pas sollicitée pour montrer ses « o-edèmes » (du sein) sous la tente comme l’est la Marie Tintin par les Longevernes éméchés et enfumés à la fin de leur festin… !!!
« La Crique religieusement avait partagé chaque poisson en quatre … Il avait l’air d’un prêtre faisant communier ses fidèles… ». Quand on voit qu’on gomme la pipe de Jacques Tati sur l’affiche de Mon oncle, cette scène des agapes, je devrais presque écrire Cène, serait censurée aujourd’hui à cause des lois draconiennes régissant la publicité et la consommation d’alcool et de tabac. « Lebrac, en connaisseur, agitait son litre d’eau-de-vie où des bulles d’air se formaient qui venaient s’épanouir et crever en couronne au goulot. – C’est de la bonne, affirma-t-il. Elle a de la religion, elle fait le chapelet. » Cela rappelle la séquence mémorable de beuverie dans la cuisine des Tontons flingueurs !
Le film tire à sa fin d’ailleurs mieux aboutie que celle du roman. « Je vous préviens, j’connais toutes mes leçons par cœur, si y’en a un qui veut m’envoyer en pension, ça s’ra d’l’injustice ! » Très symboliquement, Yves Robert a imaginé quelques gros plans paisibles de la nature forestière puis l’abattage du chêne où s’est réfugié Lebrac au cri de vive la liberté lancé par ses camarades, clin d’œil à tous les arbres de la Liberté qui furent plantés à l’époque de la Révolution à l’exemple du curé de Saint-Gaudent dans la Vienne faisant transplanter en 1790 un chêne de la forêt voisine sur la place de son village. Quelques mois après, plus de soixante mille de ces arbres (parfois des peupliers) s’élevèrent dans toutes les communes de France.
Puis survient la frustration de l’enfermement avec le placement en pensionnat des deux chefs de bandes Lebrac et l’Aztec des Gués qui se réconcilient : « -C’est à cause de mon père, -c’est à cause du mien aussi. -Et dire que quand on sera grand, on sera aussi bête qu’eux ! »
Peu de gens le savent mais en 1914, Louis Pergaud fut mobilisé alors qu’il travaillait à un nouveau roman qui, avec les mêmes personnages et dans le même cadre, constituait la suite de La guerre des boutons. J’ai la chance de posséder l’ébauche de ce roman inachevé qui s’intitule Lebrac Bûcheron. Pergaud aurait pu le sous-titrer cette fois, le roman de ma vingtième année : « La génération de Lebrac et de l’Aztec s’était signalée jadis par des exploits quasi fabuleux, et bien qu’on n’en fût plus à ces gamineries héroïques, un vieux fonds de méfiance et un désir de rogne rendaient encore épineuses les relations entre jeunes gens. »
Les rivalités ancestrales ne se réglaient plus à la sablière mais sur le plancher de bois de l’auberge Belin. « Vous perdez un peu vot’ temps. Pour les quilles comme pour les filles, déclara l’Aztec, faut pas trop venir ici, y a rien à frire pour vous. » Ce qui n‘empêchera pas Lebrac et Camus, pas si couilles molles que cela, de s’acoquiner avec les deux sœurs du peigne-cul de Velrans, leur ex-ennemi Touegueule !
La guerre des boutons, ça recommence, c’est d’ailleurs le titre d’un film réalisé en 1995 par un presque homonyme d’Yves Robert, John Roberts, mettant aux prises les écoliers de deux villages irlandais.
Et ça continue même avec Lebrac trois mois de prison, un roman documentaire pour lequel l’auteur Bertrand Rothé a eu la savoureuse idée de demander à des juges, des policiers et des éducateurs de relire l’œuvre de Pergaud et de revoir le film d’Yves Robert en perspective de leurs professions actuelles avant d’inscrire la fiction dans le contexte social des années 2000. Que risqueraient aujourd’hui Lebrac et les Longevernes pour les coups de bâton donnés à l’Aztec des Gués ou pour la rouste infligée au traître Bacaillé ?
Au temps des injures et des bagarres avec des épées en bois à la sortie de l’école entre gamins de deux villages voisins, a succédé une époque de violences armées entre bandes déscolarisées de cités avec plaintes des parents, interventions de la police dans les collèges, enquêtes non du juge des enfants ; au final, la petite frappe Lebrac, caïd des Longevernes, écope de trois mois de prison ! Effrayant constat, la société d’aujourd’hui a renversé la République des enfants écrite par Pergaud et mise en images avec tant de tendresse et de truculence par Yves Robert.
C’est pour se baigner dans cette enfance avide et respirer l’air de la liberté en compagnie des garnements de Longeverne et Velrans qu’une chère petite fille a fait du film d’Yves Robert, son dvd de chevet. Je ne désespère pas qu’elle se plonge avec autant d’envie dans mon exemplaire du livre de Pergaud, cinquante ans après que j’en eus séparé les pages avec un coupe-papier comme il était d’usage alors.
« Tout est dans les livres, lis, lis, lis », Yves Robert, lecteur passionné, concluait souvent ainsi ses rencontres avec les écoliers. Il conseilla à ceux que je lui avais présentés, la lecture du Dernier des Mohicans de Fenimore Cooper que d’ailleurs, Louis Pergaud cite plusieurs fois dans son roman. Je suggérai aussi les véritables odes à la nature que constituent les ouvrages de Maurice Genevoix, un romancier très populaire dans l’école de mon enfance, aujourd’hui injustement oublié. Pour le remercier de les avoir fait rêver quelques heures, ils lui offrirent les œuvres complètes de Céline dans la collection de La Pléiade. Ce n’était évidemment pas fortuit, je savais qu’un ami quelque peu indélicat lui avait « emprunté » définitivement l’ouvrage de son écrivain préféré ! Curieusement, une amitié peu scrupuleuse m’a délesté du livre de souvenirs d’Yves Robert !
Dans la nuit du 7 au 8 avril 1915 le sous-lieutenant Louis Pergaud monta à l’attaque de la cote 233 au sud de Marchéville en Lorraine. Quelques jours auparavant, dans l’infect bourbier du front, il notait dans ses lettres : « Enfin, nous revoyons le soleil ; nos tranchées sont un peu moins boueuses, quelques pâquerettes apparaissent dans le gris uniforme de la terre et les alouettes chantent éperdument, se foutent des 77 et des 150, autant que du premier duvet qui leur ombragea le croupion… Peut-être enfin reverrons-nous les champs reverdir et les fleurs pousser. Déjà, quelques marguerites apparaissent dans le gris des herbes sèches et, l’autre jour, malgré les pluies de marmites, j’ai vu pousser des violettes … » On ne retrouva pas son corps et divers témoins affirmèrent qu’il aurait été tué et déchiqueté par les obus français tirés sur les positions allemandes.
« Lebrac recachait le trésor jusqu’au jour de la nouvelle déclaration de guerre … Comme on redescendait entre les buissons de la Saute, La Crique, très ému, plein de la mélancolie de la neige prochaine et peut-être aussi du pressentiment des illusions perdues, laissa tomber ces mots : – Dire que, quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! » Conclusion prémonitoire, La « Grande guerre » et la connerie des adultes avaient terrassé l’auteur de la joyeuse Guerre des boutons !
Yves Robert décéda le 10 mai 2002. Son épouse me remercia en m’écrivant une émouvante lettre dans laquelle elle évoquait « un vieux clown grave qui s’en est allé, et sûrement pas au paradis dont il ne connaissait pas l’adresse ! » Il avait réalisé pourtant une délicieuse comédie Nous irons tous au paradis. Il repose au cimetière Montparnasse non loin de son ami « Jeanjean » Carmet et d’Alexandre le bienheureux alias Philippe Noiret. L’épitaphe Un homme de joie … est gravée sur sa tombe. Des visiteurs reconnaissants de toutes celles qu’il nous procura, déposent régulièrement des boutons sur la pierre.
Louis Pergaud et Yves Robert, mêmes combats, même guerre pour que Vive la République des enfants encore longtemps !
Et pour conclure cet hymne à l’enfance et au cinéma, je vous offre en clin d’œil cette récente couverture de Charlie Hebdo ; nul doute que le regretté Yves aurait apprécié !
Épilogue ou « Si j’aurais su, j’aurais v’nu plus tôt » : j’étais prêt à mettre en ligne ce billet quand pour vous faire plaisir cher lecteur, l’envie me prit de photographier la petite école beauceronne fréquentée par les enfants de Longeverne dans le film. Aménagée en mairie, il y a bien longtemps que n’y résonnent plus la voix de son maître et les cris des écoliers. Et voilà qu’un aimable employé municipal m’invite à franchir la grille puis à traverser la cour puis à entrer dans la classe vide. Moment intense d’émotion ! Je me retourne vers la porte que j’ai laissée entrouverte et je m’attends à voir dans l’encoignure se glisser la trogne de P’tit Gibus.
Vide pas tout à fait, un homme d’une quarantaine d’années écrit à une table. David Ramolet est romancier et puise son inspiration dans les personnages pittoresques et truculents qui ont bercé son enfance. En 2008, il s’est installé dans cette classe pour écrire un roman Si j’aurais su dont le héros principal est obsédé par un film, La guerre des boutons d’Yves Robert. Et depuis, il a fait son bureau de cette salle où Lebrac, La Crique, Camus, Gambette, les frères Gibus, il y a un demi-siècle, à défaut d’études toujours studieuses, fomentaient leurs batailles du soir !
Visiblement heureux de rencontrer un autre obsédé, David Ramolet m’entraîne alors dans la rue du Village, pardon, un décor naturel de cinéma. Il me montre les maisons de Lebrac et de Bacaillé, me conte multiples anecdotes mais … cela fera l’objet d’un futur billet car nous nous sommes promis de nous revoir avant l’été d’autant vous savez quoi, il est aussi fou que moi de cyclisme et de Ferrat (entre autres) ! Patience donc !

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Merci pour cette passionnante présentation qui donne envie de pousser la porte et de lire » Lebrac bûcheron. » mais pourquoi, pourquoi cette guerre n’a t-elle pas permis à cet écrivain d’aller jusqu’au bout de son entreprise ? Je vis dans le département de la marne où les cimetières militaires sont nombreux mais c’est aussi le département de François Boyer,injustement méconnu. Ses parents étaient des instituteurs dévoués. L’école étant occupée lors de la seconde guerre, leur salle à manger était devenue la salle de classe et le jardin était la cour de récréation. Un vieux sézannais me l’a raconté en retenant ses larmes. Quoi d’étonnant à ce que François Boyer ait partagé la passion de l’enfance avec Yves Robert ! Pour rendre justice à François Boyer j’ai étudié l’essentiel de son œuvre et je m’efforce de la faire connaître comme je peux.
Née en 1946, j’ai grandi dans un village et étudié dans une école publique rurale avec des instituteurs passionnés adaptant l’esprit de Freinet avec intelligence. Je n’ai participé à aucune guerre après la classe mais il m’était permis de rentrer à la maison par les chemins de jardin et de rêver à ma guise. Nous étions libres.
Voici, si vous le permettez, une petit exposé sur François Boyer.
François Boyer.
Conférence donnée par Hélène Charpentier le 7 avril 2009 au lycée Oehmichen de Châlons en Champagne.
François Boyer est né à Sézanne en 1920 où ses parents sont instituteurs, profession exercée dans la famille depuis 1830. Il est décédé à Saint-Germain en Laye en 2004. A l’issue de sa scolarité effectuée à Sézanne jusqu’au baccalauréat, il enseigne en 1941 dans la classe unique de Peas, puis entre à la SNCF, avant d’être reçu en 1943 au tout premier concours de l’IDHEC – Institut des Hautes Etudes Cinématographiques- dont Marcel Lherbier est le directeur. Pour échapper au STO il se cache jusqu’à la Libération dans une ferme isolée de la Sarthe, reprend ses études et sort diplômé de l’IDHEC en 1946 avec la spécialité : réalisation, production, régie. Toute cette période est relatée dans son dernier ouvrage : Le match du siècle. publié en 1989 et quasiment introuvable aujourd’hui. Le titre désigne le match de football du 17 mars 1935 où les joueurs allemands battent les joueurs français, signe prémonitoire de la montée des périls à venir.
François Boyer nous laisse six romans : Les Jeux inconnus (1947) qui deviendront six ans plus tard Jeux interdits à l’écran, le réalisateur René Clément ayant su convaincre un producteur d’adapter ce roman qui sera ensuite traduit dans 18 langues sans que son auteur touche la moindre part de ce succès car les éditions de Minuit avaient vendu les droits à un éditeur anglais qui fit fortune en publiant l’ouvrage dans tous les pays de langue anglaise. François Boyer publiera ensuite L’Émeute en 1953, La gare du ciel en 1954 – cette gare est en réalité un barrage hydroélectrique situé à 2113 m d’altitude dans les Pyrénées pour fournir l’électricité des chemins de fer du midi, lieu isolé et symbolique où un personnage aigri et misanthrope va redécouvrir le dévouement et la tendresse – Bébert et l’omnibus en 1963, Le petit bougnat en 1970 et enfin Le match du siècle en 1989. Les jeux inconnus, Bébert et l’omnibus et Le petit Bougnat seront portés à l’écran. Isabelle Adjani, âgée de 13 ans choisie par François Boyer lors d’un casting, débutera au cinéma dans Le petit bougnat réalisé par Bernard Toutblanc-Michel.
Homme de lettres, François Boyer est aussi homme de cinéma. Il participe à plus de 30 films, comme adaptateur, scénariste ou dialoguiste, la répartition des tâches n’est pas toujours aisée à établir dans le cadre d’un travail d’équipe où les avis s’échangent. Il travaille avec plus de 20 réalisateurs dont Louis Daquin, René Clément, Jean Delannoy, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Jean-Paul Le Chanois, Yves Allégret pour ne citer que ceux là. Une véritable complicité avec le réalisateur Yves Robert aboutira à l’adaptation inoubliable du roman de Louis Pergaud La Guerre des boutons. François Boyer travaille également avec Jean Aurenche, Pierre Bost et Michel Audiard, scénaristes et dialoguistes renommés. Certaines répliques de François Boyer ont été attribuées à Audiard mais François Boyer considérait cette méprise comme un compliment.
A l’énumération chronologique des films auxquels il a collaboré nous préférons une présentation qui en dégage les grandes lignes et les engagements qui sont ceux de son oeuvre littéraire : dénoncer tout ce qui peut constituer une entrave à l’élan de la vie et à la quête du bonheur véritable qui ne saurait se confondre avec la volonté de puissance et de domination.
Une première remarque s’impose : celle de l’intérêt porté à l’enfance dont il sera un observateur fin et lucide en dépit des attaques exprimées par François Truffaut à l’encontre de Chiens perdus sans collier. En 1949 il travaille avec Louis Daquin réalisateur d’un film sur la dure vie des mineurs : Le point du jour, où un enfant sensible, rêveur et fragile se cuirasse et cherche à faire ses preuves. En 1976, pour son dernier film avec Yves Allégret, il rédige le scénario de Mords pas on t’aime soulevant le problème des enfants du divorce.Entre temps il aura participé à Jeux interdits, les fruits sauvages, Chiens perdus sans collier, Elisa, La guerre des boutons, Bébert et l’omnibus et La foire aux cancres.
Il dénonce l’horreur de la guerre dans les premières images de Jeux interdits et reprend ce thème avec Week-end à Zuydcoote, La 25° heure, Prêtres interdits ou Le bar de la Fourche, ces deux derniers films dénonçant par ailleurs l’hypocrisie religieuse.
En dehors de la guerre, la vie des petites gens s’enlise dans la grisaille du quotidien et de l’ordre établi. Des gens sans importance, film d’Henri Verneuil, évoque la vie des chauffeurs routiers et le problème de l’avortement clandestin. Dans Les fruits sauvages une adolescente travaillant en usine pour élever ses frères et sœurs tandis que son père veuf sombre dans l’alcoolisme et veut livrer la cadette à la prostitution, formule ce constat amer : « C’est pire que la guerre. ». Sous le signe du taureau met en scène le cynisme de la bourgeoisie et du monde des affaires affichant leur plus parfait mépris à l’encontre du génie créateur et des ouvriers non payés. Dans Un singe en hiver deux personnages échappent à cette grisaille le temps d’une soirée consacrée à l’ivresse libératrice ravivant les souvenirs de guerre transfigurés par le rêve, le délire verbal et la mise en scène d’un feu d’artifice bien particulier.
D’autres solutions, pas forcément les meilleures, sont proposées pour échapper à tout ce qui broie l’élan de la vie. Les copains offrent une satire de la bêtise, de l’Armée, de l’Eglise et des institutions et nous retrouvons ce rire lourd dans Gross paris film héroï-comique où deux joueurs de courses incorrigibles ne cessent de frôler le danger durant la seconde guerre. L’attrait de l’argent , de la vie facile et du pouvoir ne connaissent pas une issue heureuse dans Le jardinier d’Argenteuil, Les intrigantes, Le joueur, Que les hommes sont bêtes ou Une manche et la belle. Selon Jean-Jacques Bauchet, instituteur devenu psychologue, il semble que les enfants soient seuls capables de « s’affranchir et de se cuirasser en recréant un monde à eux d’où les adultes sont absents » et de trouver ainsi la moins mauvaise des solutions possibles.
Il convient d’ajouter que François Boyer est allé en URSS en 1961 et 62 pour travailler avec les réalisateurs Iakov Seguel et Léonid Krisky. Il reçut dans ce pays un accueil chaleureux et y rencontra Yves Robert, cinéaste passionné de l’enfance et de la vie simple et bon enfant.
Homme de lettres, homme de cinéma, François Boyer est aussi homme de théâtre. Son unique pièce Dieu aboie-t-il ? mise en scène en 1971 au théâtre des Mathurins par Jean Negroni avec Anne Alvaro et Jean-Pierre Darras est régulièrement jouée en France et dans le monde entier. Madame Claudine Boyer nous en a apporté le témoignage.
Nous achèverons cette présentation en précisant que l’enfant de Sézanne a travaillé pour la télévision : Lumières dans la nuit, Deux épisodes de Vidocq, les aventures du capitaine Lückner, Nick Verlaine ou comment voler la Tour Eiffel, Où vont les poissons rouges ? L’homme au petit chien et La vie de Berlioz. Il n’a pas trouvé dans ce milieu la ferveur créatrice qui était la sienne mais, passionné de musique, La vie de Berlioz lui a laissé un souvenir enthousiaste.
Fidèle à ses origines il revenait à Sézanne à l’occasion des retrouvailles des anciens élèves du lycée.
Je vous remercie chaleureusement pour votre témoignage émouvant et documenté à propos de François Boyer. On en a, en effet, trop peu parlé lors de la commémoration du cinquantenaire de la Guerre des boutons. Je suis fier que réparation soit ainsi faite dans mon blog. J’ajoute juste à titre anecdotique qu’il apparaissait en curé tout au début du film quand les enfants distribuent leurs « timbres tuberculeux ».
Je suis très touché également par l’évocation des instituteurs de votre école communale de campagne. Pour l’avoir entendu le confier de vive voix à des écoliers, Yves Robert (et bien sûr François Boyer) était très attaché à ces maîtres de l’école publique qui nous ont accompagnés sur la route du savoir.
Bien cordialement.
Jean-Michel
Merci pour ce rappel de doux souvenirs de mon enfance. (57 printemps et autant d’hivers). Rassuré quand même puisque j’y suis revenu en parlant avec mon fils de treize ans de cette fameuse réplique « Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu. Merci encore. Gilbert