Alain Bashung est mort, « Play blessures »
« … Par la meurtrière
Guette l’horizon
Guette la vie
Je n’attendrai pas l’automne
Ses sonates à mon sonotone
Je n’attendrai pas
Que s’abaisse le pont-levis … »
Il n’a même pas attendu les symphonies du printemps … « La ficelle« , une de ses chansons dont sont tirés ces vers, s’est rompue. Alain Bashung n’est plus mais ses mots demeureront. Loin de l’émotion médiatique de ses dernières Victoires de la Musique, ce matin, en hommage, en éloge, je réécoute son chef d’œuvre L’imprudence.
Certains artistes ont leur disque blanc. Alain Bashung a son disque noir crépusculaire.
Accompagné de cordes et d’un piano aux accents de Sati, il y psalmodie son testament musical. Je me serre dans ses bras qu’il nous tend :
« J’étais censé t’étourdir
Sans avion sans élixir
J’étais censé te soustraire
À la glu
Les impasses
Les grands espaces
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s’éteindre
J’étais censé te ravir
À la colère de Dieu
La douceur d’un blindé
Le remède à l’oubli
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
La menace du futur
Les délices qu’on ampute
Pour l’amour d’une connasse
J’étais censé t’encenser
Mes hélices se sont lassées
De te porter aux nues
Je me tue à te dire
Qu’on ne va pas mourir
Sauve toi
Sauve moi
et tu sauras où l’acheter le courage
J’étais censé t’étourdir
Sans aviron sans élixir
J’étais censé te couvrir
À l’approche des cyclones
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts
La promesse d’un instant
La descente aux enfers
Mes bras connaissent
Mes bras mesurent la distance
Sauve toi
Sauve moi
Et tu sauras où l’acheter le courage
J’étais censé t’étourdir
Sans aviron sans élixir
J’étais censé t’extraire
Le pieu dans le coeur
Qui t’empêche de courir
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s’éteindre
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Sur le bout des doigts
Mes bras connaissent
Mes bras connaissent
Une étoile sur le point de s’éteindre
Mes bras connaissent
Sauve toi
Sauve moi
Mes bras connaissent »
Alain Bashung a rejoint le firmament de la chanson française pour y retrouver son « cousin » Serge Gainsbourg. « Play blessures » de la vie !
« Je dédie cette angoisse à un chanteur disparu
Mort de soif dans le désert de Gaby
Respectez une minute de silence
Faites comme si j’étais pas arrivé… »
Alain, Oh Gaby, je n’ai pas la frite, j’ai les boules!
