Obama président, Noirs et blancs en couleurs
Nuit blanche devant mon petit écran pour qu’enfin, à 4h 58, l’immense espoir devienne réalité, Barack Obama entrait dans l’Histoire en devenant le premier président à la peau noire à la Maison Blanche.
« Je ne vois rien devant moi
Rien qui arrive par derrière
Je me fraie un chemin dans le noir
Je ne sens que cette chaîne
qui m’entrave
J’ai perdu la trace de ce que
j’ai parcouru
De la route accomplie, des hauteurs gravies
Sur mon dos une pierre de 400 kilos
Sur mon épaule une corde de
800 mètres
Allez, debout pour l’élévation
Allez, mets tes mains dans les miennes
Allez, debout pour l’élévation
Debout pour l’élévation ce soir
Suis sorti de chez moi ce matin •
Le son des cloches emplissait l’air
Je portais la croix de ma vocation
Sur des roues de feu j’ai roule jusqu’ici …
II y a des esprits au-dessus et derrière moi
Visages devenus noir, yeux étincelants
Que leur sang précieux m’entrave
Seigneur, tandis que je me tiens dans ta
lumière ardente …
Je te vois Mary au jardin
Au jardin des mille soupirs
II y a des images sacrées de nos enfants
Qui dansent dans un ciel si lumineux
Puisse-je sentir tes bras autour de moi
Puisse-je sentir ton sang se mêler au mien
Un rêve de vie m’apparaît
Comme un poisson-chat dansant au bout d’une ligne… »
Il s’agit de quelques couplets de The Rising, une superbe chanson, écrite à la suite de la tragédie du 11 septembre 2001, par Bruce Springsteen, planétairement connu pour ses refrains militants sur l’Amérique profonde et ouvrière.
Comment ne pas penser à ces paroles du « boss » du rock en ce jour d’élection du nouveau « boss » des Etats-Unis ? Une histoire de « boss » en somme !
D’ailleurs The rising ouvrait tous les meetings du candidat démocrate avant même qu’il y a trois jours, le 2 novembre, Springsteen, en chair et en os, « casse la barack » et le reprenne lors d’une ultime réunion de campagne, devant 80 000 personnes, à Cleveland dans l’Ohio, un de ces fameux « swing states », un de ces états-clés qui a basculé en faveur d’Obama.
Cette nuit, un « rêve de vie » mouillait de bonheur, les yeux de millions d’américains.
Aujourd’hui, pour communier avec la population noire des Etats-Unis, je pense aussi à ce sublime « negro spiritual » sorti des veines de Claude Nougaro qui m’émeut tant lorsqu’il prend à ma petite fille préférée de le fredonner :
« Armstrong, je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l’espoir
Quel manque de pot
Oui, j’ai beau voir le ciel, l’oiseau
Rien rien rien ne luit là-haut
Les anges… zéro
Je suis blanc de peau
Armstrong, tu te fends la poire
On voit toutes tes dents
Moi, je broie plutôt du noir
Du noir en dedans
Chante pour moi, Louis, oh oui
Chante chante chante, ça tient chaud
J’ai froid, oh moi
Qui suis blanc de peau
Armstrong, la vie, quelle histoire?
C’est pas très marrant
Qu’on l’écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge, du rouge
Sang, sang, sans trêve ni repos
Qu’on soit, ma foi
Noir ou blanc de peau
Armstrong, un jour, tôt ou tard
On n’est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d’eau
Oh yeay »
Merveilleux texte qui dénonce la ségrégation entre noirs et blancs et prône la tolérance de toutes formes de différences.
L’ami Claude, avec talent et humour, regrette ici sa non négritude ; « quand on veut chanter l’espoir, quel manque de pot d’être blanc de peau » !
Ce matin, sur l’écran en couleurs de ma nuit blanche, « je me suis fait mon cinéma », c’était rigolo, nous étions nombreux à être « noir », alléluia !
Vous rappelez-vous de la voix extrêmement grave de Louis Armstrong chantant It’s a wonderful world ? Le 5 novembre 2008 , « it’s a wonderful day »!
Curieusement, hier, je me recueillais, au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe de Victor Schoelcher, « libérateur des esclaves » en France.
Il se murmure aussi que le prochain album de Bruce Springsteen avec la chanson Working in a dream dédiée à Obama à Cleveland, sortirait en janvier 2009, aux alentours de l’entrée en fonction du nouveau prèsident à la Maison Blanche.
La traduction de The rising est tirée d’un site sympa dont je vous ai déjà parlé à l’occasion du concert de Springsteen au Parc des Princes : http://www.brucespringsteensite.com

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Cet hommage m’a beaucoup plu…
Un ami m’a envoyé les coordonnées de votre blog, trouvant qu’il y avait une parenté d’esprit entre mon blog (accessible en page accueil de mon site) et le votre puisque nous parlions du Festival de Dinard, ensuite j’ai découvert que nous avions d’autres sujets communs, Brel, etc… Je suis en train de découvrir votre travail et il est très émouvant : beau et sensible, je vais continuer à lire, je vous espère aussi sur le mien, donnons nous des nouvelles. Je suis écrivain et votre travail me semble un beau bouquet de pages et d’écriture, bien à vous,
Anca
Je rougis devant votre commentaire.
Je ne suis pas écrivain mais comme lui sans doute,je suis fébrile devant la feuille blanche quand j’envisage un instant de partage avec mes futurs lecteurs, et envahi de bien-être quand j’achève le billet après avoir réfléchi et trouvé ce que je pense être le mot ou l’expression juste.
J’ai commencé à parcourir avec intérêt votre blog et vous donnerai bientôt quelques nouvelles.
Très cordialement.
C’est malin une nuit blanche pour l’élection d’un noir ! Depuis que SARKO est élu en France, remarque, Sarko qui est un blanc pur jus, c’est la nuit noire ! Mais, bon, comme dit l’autre, faut nuancer, les choses sont souvent ni noires ni blanches !