Archive pour le 5 novembre, 2008

Obama président, Noirs et blancs en couleurs

Nuit blanche devant mon petit écran pour qu’enfin, à 4h 58, l’immense espoir devienne réalité, Barack Obama entrait dans l’Histoire en devenant le premier président à la peau noire à la Maison Blanche.

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« Je ne vois rien devant moi
Rien qui arrive par derrière
Je me fraie un chemin dans le noir
Je ne sens que cette chaîne
qui m’entrave
J’ai perdu la trace de ce que
j’ai parcouru
De la route accomplie, des hauteurs gravies
Sur mon dos une pierre de 400 kilos
Sur mon épaule une corde de
800 mètres

Allez, debout pour l’élévation
Allez, mets tes mains dans les miennes
Allez, debout pour l’élévation
Debout pour l’élévation ce soir

 

Suis sorti de chez moi ce matin •
Le son des cloches emplissait l’air
Je portais la croix de ma vocation
Sur des roues de feu j’ai roule jusqu’ici …

 

II y a des esprits au-dessus et derrière moi
Visages devenus noir, yeux étincelants
Que leur sang précieux m’entrave
Seigneur, tandis que je me tiens dans ta
lumière ardente …

 

Je te vois Mary au jardin
Au jardin des mille soupirs
II y a des images sacrées de nos enfants
Qui dansent dans un ciel si lumineux
Puisse-je sentir tes bras autour de moi
Puisse-je sentir ton sang se mêler au mien
Un rêve de vie m’apparaît
Comme un poisson-chat dansant au bout d’une ligne… »

Il s’agit de quelques couplets de The Rising, une superbe chanson, écrite à la suite de la tragédie du 11 septembre 2001, par Bruce Springsteen, planétairement connu pour ses refrains militants sur l’Amérique profonde et ouvrière.
Comment ne pas penser à ces paroles du « boss » du rock en ce jour d’élection du nouveau « boss » des Etats-Unis ? Une histoire de « boss » en somme !
D’ailleurs The rising ouvrait tous les meetings du candidat démocrate avant même qu’il y a trois jours, le 2 novembre, Springsteen, en chair et en os, « casse la barack » et le reprenne lors d’une ultime réunion de campagne, devant 80 000 personnes, à Cleveland dans l’Ohio, un de ces fameux « swing states », un de ces états-clés qui a basculé en faveur d’Obama.
Cette nuit, un « rêve de vie » mouillait de bonheur, les yeux de millions d’américains.
Aujourd’hui, pour communier avec la population noire des Etats-Unis, je pense aussi à ce sublime « negro spiritual » sorti des veines de Claude Nougaro qui m’émeut tant lorsqu’il prend à ma petite fille préférée de le fredonner :

« Armstrong, je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l’espoir
Quel manque de pot
Oui, j’ai beau voir le ciel, l’oiseau
Rien rien rien ne luit là-haut
Les anges… zéro
Je suis blanc de peau

Armstrong, tu te fends la poire
On voit toutes tes dents
Moi, je broie plutôt du noir
Du noir en dedans
Chante pour moi, Louis, oh oui
Chante chante chante, ça tient chaud
J’ai froid, oh moi
Qui suis blanc de peau

 

Armstrong, la vie, quelle histoire?
C’est pas très marrant
Qu’on l’écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge, du rouge
Sang, sang, sans trêve ni repos
Qu’on soit, ma foi
Noir ou blanc de peau

 

Armstrong, un jour, tôt ou tard
On n’est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d’eau
Oh yeay »

Merveilleux texte qui dénonce la ségrégation entre noirs et blancs et prône la tolérance de toutes formes de différences.
L’ami Claude, avec talent et humour, regrette ici sa non négritude ; « quand on veut chanter l’espoir, quel manque de pot d’être blanc de peau » !
Ce matin, sur l’écran en couleurs de ma nuit blanche, « je me suis fait mon cinéma », c’était rigolo, nous étions nombreux à être « noir », alléluia !
Vous rappelez-vous de la voix extrêmement grave de Louis Armstrong chantant It’s a wonderful world ? Le 5 novembre 2008 , « it’s a wonderful day »!

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Curieusement, hier, je me recueillais, au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe de Victor Schoelcher, « libérateur des esclaves » en France.

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Il se murmure aussi que le prochain album de Bruce Springsteen avec la chanson Working in a dream dédiée à Obama à Cleveland, sortirait en janvier 2009, aux alentours de l’entrée en fonction du nouveau prèsident à la Maison Blanche.

 

La traduction de The rising est tirée d’un site sympa dont je vous ai déjà parlé à l’occasion du concert de Springsteen au Parc des Princes : http://www.brucespringsteensite.com

 

Publié dans:Coups de coeur |on 5 novembre, 2008 |4 Commentaires »

Au Parc Monceau, Paris VIIIème

Cet après-midi là, nous nous cassons le nez devant la boutique Nespresso du XVIIe arrondissement, fermée pour cause de travaux. Je me mets un instant dans la peau de Georges Clooney, le temps de lancer à ma compagne, sa célèbre répartie : « What else ? »… quoi d’autre ? Le Parc Monceau dont les grilles dorées brillent au fond de l’avenue de Prony.

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Curieusement, depuis les décennies que je vis en Ile-de-France, je n’avais jamais envisagé d’arpenter les allées de ce parc, apeuré, qui sait, par l’aspect cossu du quartier, lui préférant les ruelles populaires de la butte Montmartre qui domine pas très loin.
Il y a près de trois siècles, c’était le temps des « folies », ces maisons qui abritaient les amours des grands seigneurs et des financiers, dans la ceinture champêtre de Paris.
Ainsi, le duc de Chartres, futur duc d’Orléans, acquiert, en 1769, une parcelle de terre « à Mousseau » et commande à l’architecte Colignon, la « folie de Chartres », un pavillon en marbre dont les quatre angles constituent des avant-corps vers les allées. Outre cet édifice, aujourd’hui disparu, le cousin du roi charge Louis Carrogis dit Carmontelle, en 1773, de concevoir un jardin d’un genre nouveau, donnant l’illusion de « tous les temps et tous les pays ». Carmontelle, relayé vers 1783 par l’inspiration anglaise du jardinier écossais Thomas Blaikie, joue sur l’amoncellement et, au milieu de bosquets, il juxtapose des « fabriques », desservies par un lacis de chemins sinueux, telles qu’une tour et son pont-levis, un moulin à eau, un moulin à vent hollandais, un minaret, le bois des tombeaux, une vigne à l’italienne, une ferme suisse, des tentes turques, je ne vous cite que les éléments disparus en attendant de vous faire découvrir ceux qui demeurent lors de ma promenade. Un petit temple rond en marbre fut transféré par Louis-Philippe sur l’île du Pont à Neuilly avant de gagner, en 1930, la pointe sud de l’île de la Jatte.
En 1784, le ministre des finances Calonne charge l’architecte Claude Nicolas Ledoux de concevoir les plans de la future Ceinture des Fermiers Généraux qui entourera Paris avec des barrières d’octroi. J’ai déjà évoqué quelques vestiges de cet ouvrage lors de ma balade au bord du bassin de la Villette, près de la Place de Stalingrad.
Ledoux crée donc la Rotonde, pavillon d’octroi entouré d’un péristyle de seize colonnes, contre lesquelles quelques promeneurs se réchauffent au soleil timide d’aujourd’hui, à l’entrée nord avenue de Courcelles.

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En 1793, le duc d’Orléans, devenu alors Philippe Egalité (député à la Convention nationale, les noms de nobles à particules étant interdits), vote la mort de son cousin Louis XVI (à 1 voix de majorité !) puis est guillotiné, dix mois plus tard, au début de la Terreur. Les biens de la famille d’Orléans confisqués, le parc revient, sous la Restauration au futur Louis-Philippe bien plus attiré par son domaine de Neuilly.
En 1860, le percement du boulevard Malesherbes (placement d’excellent rapport avec l’avenue de Courcelles au Monopoly !), entraîne l’expropriation par la ville de Paris de ce domaine de dix-huit hectares dont une moitié est vite vendue au banquier Pereire pour un projet immobilier dont on remarque encore le caractère luxueux à travers les nombreux hôtels particuliers du quartier.
Sous Napoléon III, dans le cadre du programme d’un aménagement de bois et parcs (voir billet du 21/02/2008, Parc Montsouris), le préfet Haussmann confie à Adolphe Alphand, ingénieur en chef des Promenades et Plantations, le remodelage du jardin de Monceau.
C’est à cette époque qu’aux quatre points cardinaux du parc, l’architecte Gabriel Davioud demande à Ducros de se décarcasser en forgeant les grilles monumentales rehaussées d’or.
Inutile, cet après-midi, de les escalader à la manière d’Adèle Blanc-Sec, la célèbre héroïne du dessinateur Tardi, dans une de ses aventures « Momies en Folie » … de Chartres, bien évidemment !

« Au parc Monceau
Entre les grilles et les arceaux
Les enfants sages ont des cerceaux
Au fil de l’eau
Dissimulés dans les roseaux
On entend piailler les oiseaux

Le parc Monceau
Petit morceau de mon histoire
Le vieux monsieur des balançoires
Les cygnes noirs
La ville
Etait à l’autre bout du monde
Entre le lac et la Rotonde … »

Les enfants, évoqués avec nostalgie par Yves Duteil, sont rares en ce jour de classe ; seuls quelques bébés dans leurs poussettes hantent les allées, accompagnés de leurs nurses. De suite, je remarque sous les ombrages mordorés, le monument dédié à Guy de Maupassant qui inaugure ici, sous la Troisième République, un engouement pour la statuaire consacrée à des figures marquantes de la littérature et de la musique.

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L’élégante accoudée au pied du buste de l’écrivain, incarne, selon le souhait du sculpteur Raoul Verlet, l’héroïne du roman Fort comme la mort ainsi qu’une lectrice anonyme « pensive à l’évocation des vies gâchées et des destins brisés dans les œuvres de l’auteur ».

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Emile Zola, par ailleurs auteur de superbes photographies du parc sous la neige, débute ainsi son discours d’inauguration du monument, le 24 octobre 1897 :
« Je ne suis qu’un ami ; je parle simplement au nom des amis de Maupassant, non pas des amis inconnus et innombrables que lui valurent ses oeuvres, mais des amis de la première heure, qui l’ont connu, aimé, suivi dans sa marche vers la gloire.
C’est près d’ici que je le rencontrai pour la première fois, il y a déjà plus d’un quart de siècle, chez notre bon et grand Flaubert, dans ce petit appartement de la rue Murillo, dont les fenêtres donnaient sur les verdures de ce parc. Je me revois, penché là-haut, coude à coude avec lui, regardant tous deux les beaux ombrages, apercevant un coin luisant de la nappe d’eau qui est là, causant de ce portique dont les colonnes s’y reflètent. Et quelle étrange chose, après plus de vingt-cinq ans, que ce jeune homme, alors inconnu, revive même dans le marbre, et que ce soit moi qui aie la joie d’y saluer son immortalité ! …
»

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Maupassant situe une scène de Bel-Ami à proximité de l’endroit où il demeure pour la postérité :
« … Il (Du Roy) allait riposter avec ironie ; on lui apporta une dépêche contenant cette seule phrase, sans signature : ‘J’avais perdu la tête. Pardonnez-moi et venez demain, quatre heures, au parc Monceau’.
Il comprit, et, le cœur tout à coup plein de joie, il dit à sa femme, en glissant le papier bleu dans sa poche :
‘Je ne le ferai plus, ma chérie. C’est bête. Je le reconnais’.
Et il recommença à dîner.
Tout en mangeant, il se répétait ces quelques mots : ‘J’avais perdu la tête, pardonnez-moi, et venez demain, quatre heures, au parc Monceau’. Donc elle cédait. Cela voulait dire : ‘Je me rends, je suis à vous, où vous voudrez, quand vous voudrez.’
Il se mit à rire. Madeleine demanda :
‘Qu’est-ce que tu as ?
-Pas grand-chose. Je pense à un curé que j’ai rencontré tantôt, et qui avait une bonne binette.’
Du Roy arriva juste à l’heure au rendez-vous du lendemain. Sur tous les bancs du parc étaient assis des bourgeois accablés par la chaleur, et des bonnes nonchalantes qui semblaient rêver pendant que les enfants se roulaient dans le sable des chemins.
Il trouva Mme Walter dans la petite ruine antique où coule une source. Elle faisait le tour du cirque étroit de colonnettes, d’un air inquiet et malheureux. »

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Cent vingt ans plus tard, les choses ne changent guère ; deux jeunes amoureux se retrouvent fiévreusement devant la fameuse réplique de naumachie, nom savant qui désigne dans le monde romain, un spectacle représentant une bataille de navires et par extension, le lieu où se déroule tel spectacle. Le bassin, vestige d’une des folies de Carmontelle, offre un aspect un peu négligé et les colverts ont du mal à barboter parmi les bouteilles en plastique et le tapis de feuilles mortes qui s’amoncellent à la pelle à la surface de l’eau.

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Telles les rues traditionnelles, les allées principales portent le nom de personnalités plus ou moins célèbres, ainsi j’ignore qui fut Garnerin.

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Bientôt, après être passé sous une arcade Renaissance provenant de l’ancien hôtel de ville, je parviens au monument dédié à l’écrivain Edouard Pailleron, écrivain de comédies de mœurs mettant en scène la bourgeoisie de l’époque, élu à l’Académie française en 1881.

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Au pied de la statue, deux masques d’inspiration grecque symbolisent la Tragédie et la Comédie. Comme pour Maupassant, une femme, sous les traits de Jeanne Samary actrice de la Comédie française très populaire en ce temps-là, rend hommage à l’artiste en déposant une guirlande de roses.

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Pailleron serait tombé dans l’oubli si, retour de flamme macabre, son nom n’avait été associé à l’incendie d’un collège parisien, en 1973, causant la mort de vingt et un enfants. Par extension, de nombreux établissements scolaires de même architecture, ont été qualifiés de type « Pailleron ».
Une stèle m’informe qu’André-Jacques Garnerin effectue dans ce parc, le 22 octobre 1797, le premier saut en parachute de l’histoire à partir d’une montgolfière.

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A quelques mètres d’un curieux monument, une plaque discrète sur la pelouse mentionne le pacte d’amitié scellé le 14 juillet1982 entre les villes de Paris et de Tokio, par Jacques Chirac, maire de Paris, et M. Shun-Ichi-Susuk, gouverneur de Tokyo. Une lanterne japonaise construite en 1786 par le dixième Shogun, donc sensiblement contemporaine de la Folie de Chartres, a été offerte en 1986, en symbole d’amitié éternelle entre les deux capitales.
Encore quelques pas et je me retrouve en lieu et place de Félicien Mouginot, savant spécialiste de la vie après la mort, devant la mystérieuse pyramide fréquentée par les adeptes de la secte Pazuzu et où se serait réfugiée la momie d’Adéle Blanc-Sec.

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Que d’émotions, cette nuit-là ! Filant quelques personnes dans des fauteuils roulants, Mouginot est témoin de meurtres en série dans le monument d’inspiration égyptienne. C’est d’abord Simone Pouffiot qui, malgré son grand âge, décoche une flèche empoisonnée dans la troisième vertèbre cervicale de Louis-Ferdinand Chapoutier puis une seconde fléchette dans l’aorte de son neveu Jérôme Plumier avant d’être abattue par Carlo Gelati, un handicapé au pied bot, lequel, dans la foulée, descend deux créatures monstrueuses, le démon Pazuzu et le diable des catacombes derrière lesquelles se dissimulaient le commissaire principal Dugommier et un haut fonctionnaire de la 3ème République dont le nom sera tu. Puis, Gélati s’entretue avec le gardien de la pyramide tandis que la comédienne Clara Bernhardt déguisée en momie masquée, transperce la pauvre Adéle (qui ressuscitera dans l’aventure suivante). A l’extérieur, l’inspecteur Carboni et ses hommes, n’ayant pu forcer les portes de la pyramide, repartent bredouilles au petit matin.

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Si je vous dis que Chapoutier, Gelati et Plumier, à la solde de la secte Pazuzu, avaient, auparavant, coulé le Titanic à l’aide d’un faux iceberg, vous désirerez vous plonger très vite dans les savoureuses aventures des héros de Tardi dans multiples décors de la capitale.
Cet après-midi, deux enfants sautillent joyeusement devant les deux momies de pierre gardant l’entrée, à cent lieues (en l’occurrence, deux ou trois mètres) d’envisager la boucherie prédécrite.

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Un peu plus loin, après un obélisque et quelques colonnes grecques taguées, autres marques de fabriques de Carmontelle, je m’avance sur une pelouse pour contempler le monument à Charles Gounod, œuvre d’Antonin Mercié. A ses pieds, encore des femmes, trois en l‘occurrence, évoquant trois opéras célèbres du compositeur, Faust, Roméo et Juliette et Sapho. Plusieurs instruments de musique dont un violon et un orgue ornent le socle.

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Juste derrière, démarre un étroit chemin en escaliers qui sinue dans une rocaille recouverte d’une abondante végétation, malheureusement interdite au public.
Demi-tour jusqu’à la grille sud du jardin que j’atteins après avoir emprunté la courte avenue Ruysdaël, véritablement enclavée dans le parc. Avenues Velasquez, Ruysdaël, Van Dyck, rues Murillo et Rembrandt, la peinture espagnole et néerlandaise du XVIIe siècle est honorée. Qui sait d’ailleurs si quelques toiles de ces maîtres ne trônent pas aux murs des luxueux hôtels particuliers dont les terrasses et les jardins privatifs donnent sur Monceau. Au numéro 3, une superbe façade néo-classique cache le siège de la firme Rolex.

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Coup d’œil attentif aux motifs de la grille reprenant le blason de la ville de Paris avec les fleurs de lys et le navire symbole de la corporation des Nautes, gérante de la municipalité au Moyen Age. La devise « Fluctuat nec mergitur », « il est battu par les flots sans être submergé », est également une allusion au bateau.

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Rolex ou pas, le temps passe, je reprends donc ma flânerie. L’automne met en valeur les nombreuses essences d’arbres qui peuplent le parc, parmi lesquelles un platane d’Orient de sept mètres de circonférence, un érable sycomore aux branches tordues, un érable pourpre à « peau d’éléphant », un tulipier de Virginie.

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A hauteur de l’entrée ouest, je m’engage dans la vaste allée de la Comtesse de Ségur. Le week-end, les poneys y promènent les enfants, en hommage peut-être à l’âne Cadichon dont la comtesse conta les mémoires.

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En bordure de l’allée, est installé, depuis 1981, le monument à Alfred de Musset, inauguré en 1906, à l’angle de la Comédie Française. Il s’inspire du poème La nuit de Mai :

« … LA MUSE

 

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant.
La rose, vierge encor, se referme jalouse
Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.
Ecoute ! Tout se tait ; songe à ta bien-aimée
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.
Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature
Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

 

LE POETE

 

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
Qu’ai-je donc en moi qui s’agite
Dont je me sens épouvanté ?
Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M’éblouit-elle de clarté ?
Dieu puissant ! Tout mon corps frissonne.
Qui vient ? qui m’appelle ?-Personne.
Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ;
Ô solitude ! Ô pauvreté ! … »

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Les Nuits, écrites entre 1835 et 1837, relatent un dialogue entre la Poésie, incarnée par la Muse, et le poète accablé par ses souffrances. Auparavant, Musset avait vécu des amours tumultueuses et douloureuses avec George Sand, souvenez-vous des amants du siècle, une lune de miel en Italie qui lui inspire Lorenzaccio, la maladie, Sand éprise de son médecin, la rupture … On ne badine pas avec l’amour !
Musset inspira furieusement Sand, ainsi cette fameuse lettre érotique :

 

« Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite… »


Lisez un vers sur deux, vous serez édifié !

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Hasard ou pas, nous baignons en plein romantisme, de l’autre côté de l’aire de jeux d’enfants, Frédéric Chopin, qui succéda à Musset dans le cœur de la dame de Nohant, compose La marche funèbre sur son piano de marbre tandis que pleure à ses pieds la figure de la Douleur.

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Qui sait si parfois, au clair de lune, réunis dans l’éternité, Chopin, jouant un de ses nocturnes, ne reçoit pas le bonsoir d’Alfred déclamant ses Nuits ?
Qui sait encore si Chopin n’entend pas parfois quelques unes de ses notes portées par le vent d’ouest depuis la salle Pleyel proche où il donna son premier concert parisien en 1832 (le salon Pleyel était en fait, à l’époque, rue Cadet) ?

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Il est probable, par contre, que les joggers, avalant inlassablement les mille cent mètres de circonférence du jardin, ne l’entendent pas de cette … oreillette de baladeur, de même, les quelques adolescents évoluant sur la piste de roller, plus sensibles aux musiques actuelles. La rotonde est en vue ; pour achever ma promenade, un crochet vers une fontaine aménagée de l’autre côté de la rocaille entrevue précédemment.

 

« Qui se souvient encore du père de Mignon ?
Chacun de ces auteurs que le grand parc honore
S’assoupit sur un socle auprès d’une Lénore,
Sa muse à robe longue au sévère chignon.

Devant l’ancien grand homme, éteint sous une palme
Une cascade saute aux roches de béton,
Devient un vert ruisseau paressant sous un pont,
Refuge d’amoureux étreints dans le soir calme… »

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Paul Blondel dans ses Cascatelles, évoque le monument à Ambroise Thomas, compositeur célèbre grâce à ses opéras Mignon d’après Goethe, et Hamlet d’après Shakespeare.
Aujourd’hui, un fontainier répare la cascade tandis que deux adolescents soupirent d’amour sur le pont.

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Un dernier regard vers Maupassant, mon « pays » dont de nombreuses nouvelles ont pour décor le plateau cauchois de ma Normandie natale, avant de retrouver à l’extérieur de cette oasis de verdure, les embouteillages et l’inaccessible rond-point de l’Etoile !

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Publié dans:Coups de coeur, Ma Douce France |on 5 novembre, 2008 |2 Commentaires »

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