Le vieux cheval
Un vieux cheval, un grand vieux cheval aux dents vertes
En liberté, si l’on peut dire, dans un pré
Nonchalamment fait un festin de touffes d’herbe
Regain jauni, dernier vestige de l’été…
Ce vieux cheval, au demeurant, n’est pas à plaindre
Quand la nuit vient, il dort debout sous un hangar
Il ne sait pas qu’un jour on meurt et ne peut craindre
Le coup mortel d’un assassin de Vaugirard…
Le vieux cheval reste en deçà de la clôture
Il se souvient qu’un jour il y a déchiré
Sa robe claire, alors le goût de l’aventure
A tout jamais, du fond de lui, s’est retiré…
Son maître vient, il n’a ni chapeau ni cravate
La main ridée caresse les naseaux mouillés
Dans la forêt tombent des feuilles écarlates
C’est un moment de doux silence et de pitié…
Un double bang, tout à coup, bombarde l’espace
Mais le cheval et son maître n’ont pas bougé
Et l’animal entend qu’on lui parle à voix basse:
«Mon vieux copain, tu vois, les temps ont bien changé…
Les bulldozers viendront cerner nos solitudes
Ils ont pour eux force d’Argent, force de Loi
Je voudrais bien pouvoir crever sans inquiétude
Mon innocent, fais-moi chagrin, meurs avant moi !»…
Jean-Roger Caussimon
Jean-Roger Caussimon (1918-1985) était un auteur-compositeur-interprète dont le grand talent fut un peu vampirisé par Léo Ferré. Il en fut le parolier contemporain privilégié et lui offrit par exemple les textes des célèbres chansons Comme à Ostende, Monsieur William, Le temps du tango.
Il obtint le Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros en 1970. Il fut également acteur dans de très nombreux films.
Quand il n’était pas à Paris, ce poète au « cœur pur » (comme le titre d’une de ses très belles chansons) aimait se retirer près du Perray-en-Yvelines. Je l’aperçus deux ou trois fois au camping caravaning, en lisière de la forêt de Rambouillet. C’est peut-être là qu’il trouva l’inspiration de ce joli texte libertaire.
« La poésie de Caussimon n’est pas dans les mots, mais loin derrière, dans le sentiment, peut-être dans quelque chose de pas fini, une brume matinale qui va bientôt se lever comme un rideau sur le spectacle lassant de la journée qui commence. » (Léo Ferré)

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Ce « bang bang » claquant dans le val,
Les caresses du Vieil homme au cheval…
De Léo Ferré, les mots et demi
Pour les paroles de son ami…
Il n’y a rien à ajouter…
Le Coup au Coeur est porté !
Avec tant d’intensité…
Cruel,à la larme de couler…
Auriez-vous deviné que vous me faites
De votre plume si douce et amie
Tout trempé d’encre violette
Un beau chagrin de Poésie…
Quant aux paroles de cette chanson, voici la retranscription que j’en ai faite, à l’écoute du CD « Jean-Roger Caussimon Volume 2″ (plage 16) (Saravah/ADDA 591002) extrait du coffret de quatre CD (« l’intégrale »)datant de 1991. Quelques menues différences se remarquent.
Un vieux cheval, aux yeux très doux et aux dents vertes,
En liberté, si l’on peut dire, dans un pré
Nonchalamment fait un festin de touffes d’herbe,
Regain jauni, dernier vestige de l’été.
Ce vieux cheval, au demeurant, n’est pas à plaindre.
Quand la nuit vient, il dort debout sous un hangar.
Il ne sait rien de l’avenir et ne peut craindre
Que son destin le mène un jour à Vaugirard.
Le vieux cheval reste en deçà de la clôture.
Il se souvient qu’un jour il y a déchiré
Sa robe claire, alors le goût de l’aventure,
A tout jamais, du fond de lui, s’est retiré.
Son maître vient, il est nu-tête et sans cravate.
La main ridée caresse les naseaux mouillés.
Dans la forêt tombent des feuilles écarlates.
C’est un moment de doux silence et d’amitié.
Un double bang, tout à coup, fait trembler l’espace,
Mais le cheval et son maître n’ont pas bougé.
Et l’animal entend ces mots, dits à voix basse :
« Depuis longtemps, tu vois, les temps ont bien changé.
Les bulldozers cernent déjà nos solitudes.
Ils ont pour eux force d’argent, force de loi.
Où iras-tu ? Voilà quelle est mon inquiétude.
Efface-là, mon vieux copain, meurs avant moi ! »
Un vieux cheval, aux yeux très doux et aux dents vertes,
En liberté, si l’on peut dire, dans un pré
Nonchalamment fait un festin de touffes d’herbe,
Regain jauni, dernier vestige de l’été.
Natif du PERRAY, je me souviens de ce grand monsieur qui arpentait les rues du village, stationnait sa DS blanche devant la boulangerie ou souvent la charcuterie de l’avenue de la gare .
C’était bien de sentir qu’une personnalité s’intéressait à notre village .
Bonjour,
Vous dites » vampiriser », mais c’est oublié que Léo Ferré criait souvent le nom de ses auteurs en spectacle.
Et JR Caussimon était bien cité, » AVEC le CAPITAINE CAUSSIMON » criait-il avant d’entamer OSTENDE, cela donnait le gout d’aller chercher les chansons et disques d ece dernier, de voir qu’il chantait à l’aide d’autres musiciens que L FERRE.
L FERRE a été exclu des médias tout comme JR Caussimon, et c’est cela qui a fait qu’ils ont été quasi inconnu de toute une génération.
Qui voulait pouvait connaitre JR CAUSSIMON.
Je ne savais pas qu’il avait habité près de Rambouillet comme Luc Bérimont.
J’étais à coté dans le 28 , mais il est vrai , trop jeune pour avoir connu ces merveilleuses présences.
Aujourd’hui le net rend, plus encore, floue l’origine des chansons, you tube ne donne pas si souvent les Auteurs compositeurs etc.. merci dons de parler de cet auteur de talent découvert par Ferré d’abord puis par Barouh ensuite qui le mit plus en lumière avec SARAVAH.