Archive pour août, 2008

Un dimanche aux estives en Ariège

Lors de la transhumance, je m’étais promis de retrouver les brebis au cœur des estives au cours de l’été. Le temps est venu en ce dimanche d’un mois d’août souvent maussade.

Au petit jour, avec Amédée, parent éleveur d’ovins, nous suivons l’austère vallée du haut Salat encore enveloppée de brume. 6 heures 45, courte halte dans les vieilles rues du village d’Oust ; guidés par une sublime odeur de pain tout frais, nous parvenons devant le « Petit Mitron ». La boutique est encore fermée mais nous accédons au fournil qui regorge d’alléchants pains de campagne qui raviront bientôt le palais des villageois et touristes des vallées environnantes. Provision faite de miches et gros pains longs comme autrefois, nous prenons la direction de Salau, là même où, en juin, j’avais suivi le troupeau pendant quelques kilomètres. Quelques banderoles hostiles au projet de percement d’un tunnel reliant la vallée à l’Espagne, décorent les façades du village encore endormi. Au détour de quelques virages, en levant les yeux, apparaît le sommet de la montagne déjà éclairé par le soleil levant. La journée promet d’être splendide.

Bientôt, nous abandonnons la chaussée goudronnée pour emprunter la route forestière autorisée aux seuls véhicules des chasseurs et bergers. Pendant quelques centaines de mètres, un troupeau d’ânesses nous accompagne jusque non loin de la spectaculaire cascade de Léziou. Un âne d’une autre race, maugrée que notre camionnette dérange son excursion pédestre ; à sa décharge, mon appareil photo en bandoulière n’a rien de pastoral !

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8 heures, à l’extrémité du chemin carrossable, le moment est venu de prendre notre bâton de pasteur et de charger sur le dos, notre sac plein de victuailles à partager avec les bergers et éleveurs qui, chaque dimanche selon un roulement bien défini, se rassemblent à l’estive pour soigner le bétail. Les bocaux de cous d’oie et galantines de canard, farcis au foie gras, la tome de montagne et la bouteille de vin ariégeois pèsent dans ma besace ! Amédée s’est alourdi entre autre de quelques boîtes de macédoine de légumes, de 3 kilos de pommes de terre, de tomates et de salades, du gros pain et d’une bouteille de … son eau-de-vie de prune maison ! La mule qui descend chaque semaine pour le ravitaillement du berger permanent et des bêtes, nous aurait été précieuse.

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Nous traversons à gué le torrent du Salat dont les rives sont ensoleillées par les pieds de grande gentiane jaune puis commençons l’ascension sous les frondaisons bienvenues du bois de la Lanette. Une demi-heure plus tard, nous sortons des sous bois et découvrons la combe majestueuse de Pouill au-dessous du Port de Salau, crête frontalière avec l’Espagne.

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Une gorgée d’eau fraîche du ruisseau, un dernier effort et apparaissent la cabane du berger culminant à 1560 mètres, et, en contrebas, le parc où sont regroupées près de deux mille brebis.

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Les bêtes entrent une à une dans un couloir sous l’œil inquisiteur des bergers. Celles qui nécessitent d’être soignées, sont interceptées par l’un d’eux qui les détourne vers un second enclos tandis que les autres pataugent dans une sorte de pédiluve rempli d’eau et de sulfate de cuivre. C’est le « piétain » ou lavage des pattes qui prévient de l’échauffement des membres et des risques de boiterie.

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Le spectacle du troupeau s’égayant ensuite sur l’estive verte et rase de la combe ainsi que le concert des sonnailles, est grandiose. En quelques minutes, les brebis, surveillées par les chiens, disparaissent de notre regard par delà les crêtes. Nous ne les reverrons plus de la journée. Il n’est pas rare qu’elles se mélangent aux troupeaux espagnols, improvisant une « pujada » ovine, du nom de cette manifestation qui s’est déroulée le week-end précédent et qui réunit, au sommet du Port de Salau, les Catalans de la vallée du Pallars et les Occitans du Salat pour partager le fromage et le vin de l’amitié entre les deux peuples.

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Bergers et éleveurs s’activent maintenant auprès des brebis souffrantes. L’un scie une corne qui menace de blesser sa propriétaire. Deux autres, à l’aide d’une épingle, empêchent une matrice de sortir. Plus loin, on rafistole un collier avec une cloche, qui irrite le cou d’une bête.

On nettoie quelques sabots en coupant des ongles. On extirpe avec une pince à épiler, le pus d’une plaie, véritable nid à asticots, avant de pulvériser un désinfectant dont la couleur bleue souille la jolie toison laineuse.

On combat la « mouche » en tartinant de goudron la plaie pour éviter que l’insecte revienne. Seringue en main, on injecte des doses d’Ivomec et de Duracyklin. A voir leur attitude paisible, les brebis semblent être des patients de bonne composition.

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Quelques randonneurs cessent un instant leur progression vers le col, ravis d’assister à la séance des soins. Je reconnais l’âne du matin, rangé à des sentiments plus amènes !

Dans l’azur du ciel, tournent des vautours. Aux jumelles, nous repérons dans un couloir rocheux, la dépouille d’un veau, proie probable des charognards. Dans la semaine précédente, l’ours a également fait des siennes en agressant une brebis.

Je me rapproche de la grange devant laquelle paissent environ quatre vingt vaches et veaux essentiellement de race gasconne. La présence de quelques « normandes » flatte mes origines. Ici, on ne trait pas ; le spectacle des veaux tétant leur mère, est attendrissant.

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« Paparazzo » moyennement courageux, je fuis une vache orpheline de son petit, qui n’apprécie que très modérément, d’être photographiée. Je me replie vers une autre qui se désaltère à l’abreuvoir au fond duquel rafraîchissent quelques bouteilles de rosé !

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A l’ombre, assis sur un antique banc de pierre adossé à la cabane, je me laisse bercer par le tintement des cloches des bovins qui résonnent dans la combe. Cette symphonie pastorale est si étonnamment mélodieuse que, par instant, on imagine une véritable œuvre musicale.

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Maintenant, les bergers devenus vachers, tentent d’isoler du troupeau, un malheureux taureau souffrant sans doute le martyre à cause des plaies causées par la mouche. Une vache un peu coquine aide nos cow-boys ariégeois dans leur entreprise de le conduire jusqu’à l’étable pour qu’ils lui prodiguent les soins nécessaires.

Depuis bientôt trois heures, nos hommes de la montagne n’ont pas chômé un instant, cassant le cliché du berger gardant nonchalamment ses bêtes à l’ombre d’un large parapluie.

Dernière corvée, ils dispersent à la volée, du sel qui donnera encore plus de goût à l’odorante herbe broutée par les bovins.

L’heure est venue d’un repos bien mérité à la cabane. Cette grange équipée de panneaux solaires, offre un confort non négligeable : une petite salle d’eau avec douche et WC, la pièce principale avec évier, plaques de cuisine, réfrigérateur et une mezzanine où dort le berger, enfin une autre pièce où peuvent passer la nuit les pâtres de service et éventuellement quelques randonneurs surpris par le mauvais temps.

Ce midi, toute l’équipe pastorale prend place sur les bancs autour de la grande table que préside Jean, le berger de faction tout l’été. Seul toute la semaine, il est ravi de cette chaleureuse assemblée autour de lui. Faire l’inventaire pantagruélique de tout ce que chacun a apporté vous effraierait ! Tandis que les verres s’entrechoquent pour sabler l’amitié, se répand dans la pièce le fumet d’une délicieuse paella accompagnée de deux poulets rôtis.

La mini chaîne délivre des chants des montagnes pyrénéennes en accord avec l’atmosphère festive qui se prolongera durant l’après-midi.

Plus tard encore, viendra le moment du café et « what else » … du pousse-café et plein de « petits canards » avec la goutte d’Amédée ! Jean, un faux air du chanteur Christophe derrière ses lunettes de soleil, fan absolu de Johnny Hallyday, entonne son requiem pour un fou .

Paco, balai en main en guise de guitare, hurle « toute la musique qu’il aime, elle vient de là, elle vient de Pouill ! ».

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Le muscat coule de la coupe remportée lors de la transhumance, aux lèvres des convives auxquels se sont joints deux randonneurs.

A regret, il est temps de reprendre le chemin de la descente, le sac vide, la tête pleine de bonheur. Bientôt, Jean rejoindra en solitaire son troupeau au-delà des crêtes et dormira à la cabane d’en haut.

Merci Jean, Amédée, Paco, Bruno, Georges, Jean-Claude, Roger, André, Joseph, Cindy, que la montagne est belle avec vous !

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En bas, nous retrouvons les ânesses ; quelques enfants heureux ont assisté à la traite et goûtent au lait tout frais. Le producteur expose ses produits sur un pittoresque corbillard d’autrefois.

Ironie de la vie, le lendemain, un cruel deuil familial mettra en berne ce magnifique bol d’air en altitude.

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Les nuages s’amoncellent également sur le cheptel ovin et bovin avec, au moment où je rédige ce billet, la menace en Ariège de la fièvre catarrhale appelée aussi maladie de la langue bleue. Le coupable est un moustique en provenance des pays exotiques via le sud de l’Espagne, signe du réchauffement climatique. Des mesures prophylactiques sont imposées par arrêté préfectoral. On vaporise sur le dos des bêtes, le long de la colonne vertébrale, du Butox, un insecticide répulsif pour le moucheron qui transmet la fièvre avant de les vacciner contre le virus SéroType1. Heureusement, pour les bêtes en estives, il semblerait que l’altitude les protège du moustique mais qu’en sera-t-il lorsqu’elles redescendront dans les vallées en octobre ?

 

 

Publié dans:Coups de coeur, Ma Douce France |on 27 août, 2008 |3 Commentaires »

Le Festival de Lama (Haute-Corse)

Lorsqu’en ferry, on quitte L’Ile-Rousse pour rejoindre la Riviera italienne, on distingue par temps clair, au-delà du rivage de l’Ostriconi, accrochés à la montagne de Balagne, quelques villages perchés ; parmi ceux-ci, Lama qui accueillait fin juillet, pour la quinzième année, le Festival européen  du Cinéma et du monde rural. Intrigué par le bouche à oreille élogieux vantant cette manifestation, j’ai souhaité me rendre dans ce minuscule village de Haute-Corse dont on dit  « qu’il est rempli des toiles qui se projettent la nuit à ciel ouvert et qui résonnent dans toute l’île comme un écho enchanteur ». 

En cet après-midi de chaleur écrasante qui ne décourage pas les cigales de chanter, à un détour de la route pentue sinuant dans le maquis, entre les murettes de pierres, il apparaît bientôt adossé au Monte Astu.

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Sur les troncs des oliviers, quelques affichettes annonçant le festival confirment que nous sommes sur le bon chemin. 

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Nous abandonnons notre véhicule dans le sens de la descente à l’entrée de ce petit bout du monde, en prévision du retour sans doute encombré, et rejoignons à quelques pas de là, un amour de placette, un décor de cinéma, un décor en hommage au cinéma. Allez savoir pourquoi, la lumière corse digne de sa cousine italienne peut-être, le savoureux accent des villageois, je pense immédiatement à Cinema Paradiso

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A gauche, légèrement en contrebas, à l’ombre d’un arbre centenaire, deux tables de camping recouvertes pêle-mêle d’affiches des éditions précédentes du festival et de catalogues de la programmation de cette année ; sur un guéridon, dans une corbeille d’osier, d’appétissantes prunes et grappes de raisin : nous sommes au bureau d’information et d’accueil du festival où, d’ores et déjà, nous réservons nos billets pour la séance du soir.

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Pour l’instant, la voix d’un conférencier nous invite à entrer dans le « Stallo », d’anciennes écuries de la maréchaussée aux allures d’église transformées en un magnifique centre culturel qui accueille, outre une exposition permanente de photographies anciennes offertes par toutes les familles du village, les toiles colorées de José Lorenzi. Cet agrégé d’arts plastiques bastiais a participé à de nombreuses manifestations d’art contemporain à travers le monde. A droite, de l’autre côté de la chaussée, des agaves avant et pendant leur étonnante inflorescence, s’épanouissent devant l’église San Lorenzu construite au XVème siècle. A l’intérieur, le maître autel est surmonté d’un baldaquin soutenu par deux colonnes de style toscan. On y admire aussi un tableau daté de 1840, œuvre du peintre italien Begnini  … la vie est belle décidément ici ! 

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Derrière l’église, adossé à la nef, le terrain de boules est pour l’instant désert. Seuls quelques autochtones devisent assis à l’ombre d’un mur tapissé de quelques affiches des films projetés cette semaine : Rumba, Gomorra lauréat du récent Festival de Cannes, Le dirigeable volé un film tchèque pour enfants, Versailles l’alléchante errance d’un gamin abandonné avec Guillaume Depardieu, qui sort ces jours-ci sur les écrans nationaux.   Fuyant le soleil brûlant, nous nous engouffrons dans l’ombre des ruelles, des passages voûtés et des escaliers de pierres qui mènent vers le quartier haut du village. Lama respire l’authenticité ; ici pas d’échoppes pour touristes, rien que des maisons au charme suranné avec leurs portails de bois et leurs marteaux de bronze, leurs façades mangées par les lauriers et les bougainvillées sur lesquelles s’appuie parfois la meule d’un ancien moulin à huile qui rappelle cette activité florissante durant trois siècles. Les deux guerres mondiales et un immense incendie en août 1971 consumant 35 000 pieds d’oliviers précipitèrent le déclin de cette culture laissant le village exsangue économiquement. 

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Et puis, surprise, dans ce pittoresque dédale, au détour d’une des sentes étroites et abruptes, apparaît suspendu au mur d’une de ces maisons accotées aux rochers, un écran de cinéma : ici, au lieu-dit Mercatu, c’est le site du festival réservé aux enfants ; assis en tailleur sur les larges marches des escaliers, le regard brillant de joie ou d’émotion, chaque soir, leur cœur bat avec Elsa, la petite fillette fuguant avec un vieux monsieur campé par Michel Serrault à la recherche de l’Isabelle, un merveilleux papillon de nuit, ou encore avec les deux enfants martyrisés par « Folcoche » leur mère dans l’adaptation du roman Vipère au poing réalisée par Philippe De Broca. Pour l’instant, la ruelle résonne juste des accents de quelques villageois acteurs de la vie quotidienne, comme descendus de l’écran à l’instar du subterfuge imaginé par Woody Allen dans La rose pourpre du Caire. 

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Plus loin, c’est l’Ombria, site destiné au documentaire. En attendant que Raymond Depardon offre la dernière livraison de ses Profils paysans, trois jeunes filles disputent une partie de scrabble acharnée, en plein milieu du chemin. 

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Tranquillement, nous redescendons vers le boulingrin qui, l’heure de la sieste passée, a trouvé vie. Assis sur un banc de pierre, je me régale des dégaines et des dialogues des boulistes dignes d’un film de Marcel Pagnol. Auprès de moi, un vieux corse qu’on dirait sortir d’un film d’Audiard ou de José Giovanni, sifflote Aznavour, « Viens voir les comédiens qui arrivent » … il n’est que dix-neuf heures, ils n’arriveront qu’un peu plus tard, sur l’écran blanc de la nuit noire.

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En attendant, nous rejoignons la fraîche terrasse de l’excellent restaurant du Campu Latinu.Tout en jouissant de la vue sur le village rougi par le soleil couchant, nous nous rassasions d’une savoureuse cuisine méditerranéenne, rafraîchie par un gouleyant rosé de Sartène.

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Puis, il est temps de rejoindre, à l’autre bout du village, la Piscine pour plonger … dans l’univers du septième art. Cinéphiles, touristes, curieux, villageois s’y retrouvent la nuit tombée, les yeux vers la toile et les étoiles. 

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Coïncidence, ce soir, avec Fly me to the moon, on s’envole vers une autre planète. Le scénario subtil du réalisateur belge Ben Stassen, a choisi comme stars, trois mouches qui embarquent discrètement dans le premier vol vers la Lune avec les astronautes Armstrong, Aldrin et Collins. Ce film d’animation utilise la technologie du système 3D qu’on découvre à l’aide de lunettes spéciales prêtées à l’entrée. On nous promet que d’ici dix ans, toutes les salles de cinéma seront équipées pour la vision en trois dimensions. Deux courts clips sont projetés en début de séance, pour vérifier le bon fonctionnement du dispositif. Résultat concluant pour 475 des 480 spectateurs présents, l’organisateur révélant qu’un pour cent de la population ne jouit pas de la vision en relief !!! Frustration évidente car l’effet est saisissant et les sympathiques diptères semblent voleter autour de notre fauteuil. Les nouvelles générations se familiarisent avec la navigation spatiale et l’aventure d’Apollo 11 tandis que les anciennes, nourries aux bandes dessinées alors visionnaires de Tintin, se surprennent à croire en l’odyssée de ces « mouchonautes ». Peu avant la fin du film, le vrai Aldrin vient briser le rêve en affirmant qu’aucun insecte n’a pu l’accompagner dans sa mission. Magie du cinéma !  En me levant de mon siège, je jette un œil vers le ciel constellé d’étoiles. Il manque juste la lune, c’est vrai qu’elle était sur l’écran ! Le public, en file indienne, s’écoule lentement sur le chemin escarpé et peu éclairé qui ramène à flanc de colline, au centre du village. Je pense au prologue de Aguirre ou la colère de Dieu et cet interminable cordon d’indiens accrochés à la vertigineuse montagne andine … Ah, Cinéma quand tu nous tiens ! Cette année, la présidente du jury était Sandrine Bonnaire, une actrice vraie, sincère, modeste et talentueuse comme l’est le Festival de Lama. Venez un jour dans ce minuscule village de montagne qui voit la mer en bas, au fond de la vallée. 

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