Archive pour le 3 décembre, 2007

La Pointe Courte à Sète

Mon oncle, originaire de Sète, m’a donné le virus et, depuis 25 ans, il n’est pas une halte au pied du Mont-Saint-Clair sans que je ne vienne arpenter ce pittoresque quartier de pêcheurs.
Comme son nom l’indique, il occupe la pointe au nord de la ville en bordure de l’étang de Thau. Il se fait discret en contrebas du mur d’une voie rapide ce qui n’est pas pour déplaire aux « Pointus », les habitants du lieu, heureux de leur tranquillité préservée.Une fois déniché, apparaît un enchevêtrement de cabanons, barques et filets qui rappellent certains ports populeux d’Asie.

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On se trouve immédiatement dans l’ambiance en s’engageant de suite à l’entrée sur une petite digue surnommée avec humour, « la pointe du rat ». Ici, c’est le royaume des chats en liberté. En flânant, nous les débusquons ronronnant au soleil au fond des barques, s’abritant du vent au milieu des filets ou se pourléchant des restes de poissons. Un cabanon, facilement reconnaissable par sa girouette à la forme de sirène, a été aménagé pour ces Sans Litières Fixes. Sa propriétaire déclare une trentaine de locataires.

Margoton la jeune bergère
Trouvant dans l’herbe un petit chat
Qui venait de perdre sa mère
L’adopta
Elle entrouvre sa collerette
Et le couche contre son sein
C’était tout c’quelle avait pauvrette
Comm’ coussin
Le chat la prenant pour sa mère
Se mit à téter tout de go
Emue, Margot le laissa faire
Brav’ Margot
Un croquant passant à la ronde
Trouvant le tableau peu commun
S’en alla le dire à tout l’monde

Ces vers tirés de sa chanson « Brave Margot» sont l’œuvre de Georges Brassens qui repose à quelques centaines de mètres de là, au cimetière du Py.
Si vous êtes observateur, vous découvrirez, au cours de votre promenade, plusieurs clins d’œil en hommage au grand poète, amoureux des chats et de l’étang de Thau, qui demeure dans le cœur des Sétois.

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En longeant la berge baptisée à son nom, nous plongeons au cœur de l’activité de ce minuscule port. Les barques frêles tanguent doucement sur l’eau de l’étang. Les filets et nasses qui sèchent, envahissent la chaussée.
Le matin, le spectacle est coloré avec le retour de la pêche et le déversement des casiers grouillant de daurades et anguilles. Goélands et aigrettes garzette juchés de-ci, de-là, guettent les poissons rejetés.
L’après-midi, quelques pêcheurs reprisent leurs filets dans leurs guitounes de guingois, véritables vide-greniers regorgeant des objets les plus hétéroclites. L’activité s’est déplacée de l’autre côté de la pointe, le long du canal, sur le quai du Mistral, devant un alignement de maisonnettes coquettes aux couleurs pimpantes.
Les pointus se reposent en taquinant la daurade et… le verbe haut, les habitants de Pointe Longue en face.
En octobre, quand le vent du nord commence à souffler, c’est au coude à coude et avec ferveur, qu’ils attendent le passage des daurades qui migrent de l’étang vers la Méditerranée.

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Le quartier est un maillage de ruelles perpendiculaires et parallèles. Elles s’appellent rue de la Pétanque, ruelle des Nacelles, traverses des Pêcheurs, des Jouteurs, des Tambours, savoureux témoignages des activités et loisirs du coin.
On trouve aussi la traverse Agnès Varda : la cinéaste a tourné en ces lieux, en 1954, son premier film « La Pointe Courte » dont on dit rarement que ce fut aussi le premier film du courant « La Nouvelle Vague ». Il évoquait l’histoire d’un couple, interprété par Sylvia Montfort et un jeune débutant Philippe Noiret, en proie au doute, faisant le point sur leur vie. La fin était heureuse mais pouvait-on en douter dans ce cadre si hospitalier ?


Publié dans:Ma Douce France |on 3 décembre, 2007 |1 Commentaire »

Ma Douce France

Cette rubrique qui se veut essentiellement une invitation à la flânerie, emprunte son nom à deux grandes chansons du patrimoine français.

J’ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d’autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison.


Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur !
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui je t’aime
Et je te donne ce poème
Oui je t’aime
Dans la joie ou la douleur
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur.


Ce refrain surgit souvent dans ma mémoire lorsque j’arpente mon « cher pays ».
L’insouciance évoquée ici, peut pourtant surprendre voire choquer lorsque l’on sait que Charles Trenet écrit ces vers chargés de souvenirs familiers en 1943, au temps du gouvernement de Vichy.
Il m’est agréable d’y adjoindre une autre ode à notre pays dans un registre bien différent :

De plaines en forêts, de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Ma France


Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France


Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France


Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont Monsieur Thiers a dit qu’on la fusille
Ma France



Dans la foulée de mai 1968, Jean Ferrat, engagé dans la gauche marxiste, teinte les images poétiques des paysages, d’une coloration politique, en prenant parti pour les plus défavorisés, enfants et ouvrières des usines, et en évoquant la mémoire révolutionnaire d’une certaine France qui répond toujours du nom de Robespierre.

Loin des grands flux touristiques, parfois tout près aussi, je souhaite susciter votre curiosité en vous entraînant sur des chemins de traverse, à la rencontre de paysages et de gens modestes qui nous font dire que « c’est beau la France ».

Publié dans:Ma Douce France |on 3 décembre, 2007 |2 Commentaires »

Avant- propos

Mon enfance fleure bon l’encre violette dans l’encrier de faïence blanche encastré au coin de mon pupitre d’écolier.
Dans une petite ville où la Seine était encore Inférieure, j’habitais à l’école des filles dont ma mère était la directrice. Je rejoignais à pied, avec mes camarades, celle des garçons distante d’environ 500 mètres. Sur le trajet, nous effectuions une halte quasi-quotidienne à l’épicerie pour faire emplette de carambars, roudoudous et autres mistrals gagnants, tous ces « bombecs fabuleux » chantés par Renaud.

Mon école ne ressemblait à aucune autre. A l’origine, c’était un confortable hôtel, « Le Continental », fréquenté par la clientèle du casino et des thermes voisins. Durant la seconde guerre mondiale, il fut réquisitionné comme hôpital. Plus récemment, ce devint une ménagerie de fortune d’où s’échappa même une panthère semant une certaine panique, avant de retrouver, aujourd’hui, sa vocation hôtelière primitive. A nos yeux de gamins, sa façade offrait une certaine majesté avec un large escalier ouvrant sur un perron.

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Près de 50 ans plus tard, je n’ai oublié aucun de mes valeureux enseignants ; c’est l’occasion de leur rendre un modeste hommage : Madame Sole-Tourette qui m’apprit à lire au cours préparatoire, Mademoiselle Persègol et son accent chantant des gorges du Tarn, au cours élémentaire 1ère année. Je passais directement au cours moyen 1ère année avec une autre méridionale, la jolie Madame Ricard. Nous en étions tous un peu amoureux et je me souviens d’un jour de tristesse de la voir pleurer suite à l’éloignement de son mari muté dans le sud. A sa douceur, succéda au CM2, la sévérité de Monsieur Chauvet teintée cependant d’une grande sensibilité. J’ai encore en mémoire, ses larmes lorsqu’après avoir été victime d’un grave accident de scooter, il vit défiler ses élèves dans sa chambre de clinique.
L’administration tatillonne, après m’avoir dispensé de CE2, m’interdit d’entrer en sixième prétextant mon trop jeune âge…mes parents décidèrent donc de m’aguerrir auprès des adolescents du certificat d’études. Est-ce la découverte trop précoce du pied à coulisse et de la varlope qui explique mon manque d’attrait pour le bricolage ?
Bien plus sérieusement, je conserve une respectueuse reconnaissance pour mon maître Pierre Marrassé. Au-delà de cette année merveilleuse, il devint un compagnon de route sportive au hand-ball et tennis et l’ami de 40 ans qu’il demeure toujours.
Vint le temps du collège avec un père qui, chaque jour, se métamorphosait en professeur mais cela, je l’évoquerai dans une autre rubrique.
Je fais donc partie de ceux, de plus en plus rares ou vieillissants, qui ont appris à écrire au porte-plume, ont connu la petite boule sur le majeur, les « pâtés » sur le cahier, le buvard. J’adorais la plume Sergent-Major pour ce qu’on n’appelait pas encore son design. Son doux crissement sur le papier rythmait le silence de la création. Je me délectais de la beauté du tracé avec les pleins et les déliés.

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Ces sensations s’effacèrent avec l’usage du stylo à bille. Aujourd’hui, le clavier de l’ordinateur a formaté l’écriture qui s’est faite scripte.
Si je m’attarde, avec un brin de nostalgie, sur ce temps de l’insouciance, c’est que je suis persuadé d’y avoir puisé le goût du savoir et de la pensée, l’intérêt pour la lecture et l’écriture, le plaisir des images et des sons, la curiosité.
Cela devrait transparaître dans ce blog et ses rubriques d’hier et d’aujourd’hui.

P.S : Ces rubriques ou catégories s’enrichissent de nouveaux billets, tout naturellement au fil des semaines et des mois. Aussi, certains articles anciens n’apparaissent plus dans la page de garde des catégories. Vous pouvez les retrouver en fouillant dans les archives. Bonne lecture.

 

Publié dans:Avant-propos |on 3 décembre, 2007 |13 Commentaires »

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